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Exploitation et gestion des ressources naturelles dans l'ile à  Morphil. Etude de cas: l'arrondissement de Cas-Cas (département de Podor)

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par Aliou Wane
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009
  

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CHAPITRE I : LES CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES

Ce chapitre permet de connaître la dynamique démographique de l'arrondissement. Tous les chercheurs qui ont travaillé sur la culture Halpuular de la moyenne vallée, ont eu à noter l'importance accordée par ces populations à l'histoire. (Ibrahima Dia, 1988)10(*).

Ce passé encore présent, parce que justifiant la place de chacun dans le jeu social, continue de servir de repères au niveau des relations inter-villageoises, entre les familles et entre les groupes statuaires. L'accent sera alors mis particulièrement sur :

· L'historique du peuplement et son évolution démographique,

· La répartition de la population :répartition spatiale et répartition socioprofessionnelle

I. L'HISTORIQUE DU PEUPLEMENT ET L'EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE

L'île à Morphil fait parti de l'un des foyers de peuplement les plus anciens du Sénégal. Vestige de l'une des plus vieilles organisations sociales et politiques, elle est le bastion du royaume de Fouta Toro, ancien Tékrour. Elle a connu une rapide évolution démographique qui a vu plusieurs ethnies se succéder sur son trône.

I.1 L'historique du peuplement

L'histoire de l'arrondissement de Cas-Cas est celle du Tékrour, où les événements majeurs sont agraires, d'ailleurs selon la tradition orale (Siré Abbas Soh) la capitale de Tékrour se situerait prés de Cas-Cas et Abû Bakr qui aurait islamisé Tékrour, serait enterré à Mboumba.

La terre et le fleuve impriment un cachet particulier à l'économie, à la politique et à l'organisation sociale des différentes dynasties, qui se sont succédées sur le trône. Dés lors, l'île à Morphil de par son inaccessibilité, fut le point de repli principal des populations Halpular, d'après les travaux de Bocoum (en 2000)11(*) et de Chavane (1985), les grands traits historiques de ce terroir se résument comme suit :

La première dynastie qui régna sur le Fouta s'appelait les Dia-Ogo (508 - 720) en provenance de la vallée du Nil (Egypte). Forgerons, ils mirent en place une organisation politique et administrative. Puis le trône passe entre les mains des pécheurs-agriculteurs Sérères les Tonjons (720 - 826) qui forment la deuxième dynastie, ils sont les maîtres d'oeuvres de la première civilisation agraire. Ensuite, le pouvoir revient à la troisième dynastie les Manna (826 - 1082) : ce sont des commerçants Sarakhollés qui font entrer la vallée dans un circuit commercial international (le commerce transsaharien). Ce qui induit un début d'islamisation du Tékrour par les Berbères qui forment d'ailleurs la quatrième dynastie, celle des Laam Taga (102 - 1456). Le séjour de ces maures Almoravides fut écourté par les Fulbés Jawbé, peuple venu du sud, qui forme la cinquième dynastie, celle des Lam Termes (1122 - 1456). Ils ont intégré les cultures de décrue aux cultures pluviales et à l'élevage, entraînant ainsi, des phénomènes de migrations pendulaires et un dédoublement de la toponymie entre la vallée et ses bordures. Durant ce règne, le Farba Wallaldé gouvernait toute l'île à Morphil. Mais le pouvoir fut affaiblit par le Burba Djolof et le Tékrour devient vassal de son royaume. Vingt ans d'anarchie s'ensuivirent avant l'arrivée de la dynastie Peul des Déniyankobé (1512 - 1776) conduit par Koli Tenguella. C'est lui qui changea la dénomination Tékrour en Fouta (en hommage à son guerrier Fouta). Cependant les marabouts mécontents de ce règne animiste se coalisèrent sous la direction de Thierno Sileymane Baal pour effectuer la révolution Torodo (1778 - 1881). L'Almamiyat instauré, Fouta fut divisé en six provinces (feccéré Fouta) : lao, Ebiyabé, Yirlabé, Damga, Ngenaar, et Bosséa gouvernées chacune par un Almamy et accompagnées d'une modification importante à l`affectation des terres. D'ailleurs, notre zone d'étude se situe entièrement dans la province lao. Toutefois, en 1881, les Torobé perdent le pouvoir au profit de l'expansion coloniale en cours. L'île à Morphil a participé au commerce Atlantique, les villages de Dioudé, de Wallaldé, de Thoiubalel et surtout de Cas-Cas étaient des escales et des points de traite.

D'ailleurs, Cas-Cas fut chef de canton dépendant du cercle de Podor (l'appellation Cas-Cas) serait une déformation du nom originel Kasga par l'administration coloniale. A l'indépendance en 1960, il devient un chef lieu d'arrondissement.

En somme, les origines du peuplement de l'arrondissement sont diverses. Un fort métissage caractérise l'ethnie Halpular, considéré comme « autochtone » et qui se définit comme une société fortement hiérarchisée, laquelle est organisée en familles et en lignages regroupé au sein d'un village. Elle est répartie en trois grandes catégories :

· Les rimbé ou hommes libres dirigent la vie socio-économique: au premier rang ce sont

les Torobé qui dirigent les villages (Thioubalel, Cas-Cas, Fondé) ou bien leurs alliés les Soubalbés (Boki, Dioudé, Dounguel...) et les Sébbés (Wallaldé),

· Les nyéembé (artisans et griots) sont des hommes de second rang,

· Les Jiyaabé (captifs) dépendent des hommes libres.

Dans l'ensemble, la société fonctionne sur la base d'une parfaite symbiose entre les différentes classes avec le respect de l'individu.

I.2 L'Evolution démographique

Le village de Cas-Cas compte 3.324 habitants et est le plus peuplé de l'île à Morphil en dehors de la ville de Podor. Il est le siège d'un arrondissement qui compte trois Communautés Rurales : Communauté rurale de Aéré lao - Communauté rurale de Madina Ndiathbé et Communauté rurale de Mboumba, érigées depuis 1980, allongées perpendiculairement à la vallée, associant à chaque fois une partie du Walo à une partie du Diéri.

La population de l'arrondissement connaît une évolution rapide à l'image de la population Sénégalaise. Le recensement de 1988 illustre, qu'elle était de 44.942 habitants et celui de 2002 le plafonne à 75.552 habitants, ce qui laisse penser à une tendance au doublement de la population tous les 20 ans. D'ailleurs, la projection en 2005 qui serait de 96.239 habitants concrétise cette dynamique (tableau 13). Derrière ces chiffres, se cache la jeunesse de la population caractérisée par une forte natalité et une mortalité en baisse.

Tableau 13 : Répartition de la population par communauté rurale

Arrondissement

Communauté Rurale

Populations issues des recensements

Population estimée

RGPH12(*) 1988

RGPH 2002

2004

2005

Cas-Cas

Aéré lao

23.047

33.081

40.501

42.206

Madina Ndiathbé

11.678

17.045

24.618

25.655

Mboumba

10.217

25.426

27.394

28.378

Total

44.942

75.552

92.513

96.239

Source : service régional de la statistique

Selon le recensement de 2002, le département de Podor plus rural de la région de Saint-Louis, présente une pyramide des âges dont la base est large et les rebords concaves. La population active ne représente que 32 ,5% de la population rurale qui doit supporter 67,6% de la population (avec 48 % de moins de 15 ans et 59% de moins de 20 ans). D'après nos enquêtes sur une population de 157 personnes les jeunes représentent 67,9%.

Le sex-ratio révèle une prédominance des femmes sur les hommes, d'autant plus que cette zone est soumise à une forte émigration.

II. LA REPARTITION DE LA POPULATION

La répartition spatiale de la population ainsi que la répartition socioprofessionnelle révèlent des disparités entre espace et activité.

2.1 La répartition spatiale

Avec une population totale de 75.552 habitants (RGPH 2002), répartis dans 75 établissements humains parmi lesquels des villages officiels et des hameaux rattachés, la taille moyenne des villages est de 1007,3 habitants. Seulement, ce chiffre cache des disparités. La plupart des villages ou hameaux dans la zone Diéri, ont une population inférieure à 100 habitants. Par contre, pour certains villages de l'île à Morphil, elle dépasse 1.000 habitants (Cas-Cas, Wallaldé, Thioubalel, Dioudé ...). La population est inégalement répartie dans l'espace.

La densité de l'arrondissement est de 120 habitants/km2 avec la Communauté rurale de Mboumba qui présente la densité la plus élevée (63 habitants / km2). (Tableau 14). Cependant les villages de la zone Walo (île à Morphil) concentre plus de 50% des habitants des communautés rurales sur moins de 30% du territoire. La taille moyenne des localités y est plus de deux fois supérieure à celle du Diéri (moins de 1 habitants/km2).La convoitise des terres de Walo explique la forte concentration aux abords du fleuve, l'habitation y est plus concentrée du fait, de la pression foncière exercée par les autres usages, agricoles principalement.

Tableau 14 : La situation démographique par collectivités locales en 2007

Collectivités locales

Superficies

(ha)

Nombres de villages

Population en 2007

Population CL / par région

Densité

(hts/km²)

Hommes

Femmes

Totale

 
 

CR Aéré lao

1970

29

18.269

20.698

38.967

5%

20

CR Mboumba

309

18

8.922

10.583

19.505

2%

63

CR Madina Ndiathbé

810

28

14.401

15.712

30.113

4%

37

Totale

3.089

75

44.563

46.993

88585

11%

120

Source : ANDS, ARD, Saint Louis

2.2 La répartition socioprofessionnelle

Dans les villages constitutifs de notre échantillon, trois activités (agriculture, pêche et élevage) occupent les populations (tableau 15). En gros, la majorité exerce soit l'agriculture associée à l'élevage (47%), soit l'agriculture uniquement (34%). L'agriculture demeure la principale activité d'occupation de l'espace. Elle concerne la totalité des ménages ruraux soit 94% (151 / 157) de la population du terroir.

Par ailleurs, dans toutes les maisons l'élevage domestique est pratiqué alors que l'élevage de grande transhumance (Walo et Diéri) ne concerne que 1% de la population car dans la majorité des cas les populations confient leurs bovins aux bergers recrutés dans la zone pour effectuer les déplacements saisonniers des troupeaux.

La pêche est toujours exercée par certains ménages ruraux comme seule activité génératrice de revenus (3%). Outre cela, les trois activités primaires que sont : l'agriculture, l'élevage et la pêche se pratiquent en complémentarité 13% de la population l'exercent simultanément.

Toutefois, cette zone est sous l'emprise d'importants flux commerciaux du fait de sa position limitrophe avec la Mauritanie.

Tableau 15 : Répartition socioprofessionnelle des ménages de l'île à Morphil

 

Agriculteur

Eleveur

Pécheur

Agriculteur et Eleveur

Agriculteur et Pêcheur

Exerçant trois activités

Total

Populations

53

2

4

74

3

21

157

Pourcentage

34%

1%

3%

47%

2%

13%

100%

Source : enquête de terrain 2009

*

* *

Le contexte historique dans lequel, s'est formée la population de l`île à Morphil permet de comprendre la formation de l'organisation sociale et sa répartition dans l'espace. La dynamique du peuplement (variation démographique) révèle une croissance de cette population même si l'émigration y exerce une ponction notable surtout au niveau des actifs.

Toutefois, les habitants de l'île à Morphil ont tissé des liens avec le milieu, dont ils tirent profit par l'exploitation des ressources naturelles. Et depuis le XII siècle, elle se calquait sur les grandes divisions du paysage : élevage extensif et culture pluviale dans le Diéri, culture de décrue et pêche dans le Walo.

* 10 _Ibrahima Dia, 1988 « Socio-logiques et écologie dans la problématique des aménagements hydro-agricoles dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal », ISE, Thèse doctorat 3éme cycle, 281 pages.

* 11 _ Hamady Bocoum, 2000 « L'Age du fer au Sénégal » , Coopération française, IFAN

* 12 _ RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus