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Sagesse et pouvoir. une herméneutique du pouvoir

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par Antoine BASUNGA Nzinga
ITCJ - Baccalauréat canonique en théologie 2010
  

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· 3. Principe de vie au fondement de la dignité de l'Africain

Les bases de la dignité supérieure de l'Homme ainsi posées, « la dynamique qui promeut la Dignité humaine n'est pas à chercher dans les tâtonnements intellectuels des idéologues, ni dans les violences politiques et militaires. Il est à chercher dans l'exemple du meilleur des hommes, qui est aussi - qu'ils le sachent ou non- l'Amour dont ils sont tous issus »57(*). Nous disons qu'en Afrique, l'Homme est porteur d'une richesse inaliénable. Une richesse dont l'estime fait l'unanimité de tous : la vie. Il s'agit d'une vie qui va au-delà du phénoménal. Elle tend vers extrémités de l'infini de la réalité disponible et à espérer. Autrement dit, la vie comme valeur primordiale des Africains ne saurait se réduire aux simples faits de respirer, de marcher, de manger etc. Elle est plus que ses différents attributs. La vie est une réalité dans laquelle l'Africain entre et sort sans que celle-ci ne s'épuise. La vie est à situer au-delà de « l'être et le temps », dans le déroulement existentiel des sociétés noires. Si la vie est une réalité dans laquelle l'on entre, il faut admettre que la vie précède l'individu. Celui-ci prend part à cette vie pendant son séjour sur la terre. La vie est une réalité continue à laquelle l'Africain communie sans cesse, même après son séjour sur la terre. La vie intègre toutes les autres réalités, y compris les réalités cosmiques. C'est en ce sens que, considérant l'héritage culturel des peuples de l'Afrique subsaharienne, au-delà de toutes différences, (que ce soient des facteurs psycho-biologiques, de milieu, de la production matérielle ou de la conception du monde) Elungu souligne que la valeur commune à tous ces peuples est celle de la vie. « La vie qui est mienne est aussi fondamentalement ma vie après ma mort, elle est ma vie dans le clan, ma communion substantielle avec les ancêtres, les « vivants », et ceux à venir qui sont les miens, elle est aussi ma participation aux autres vies de l'univers naturel, aux autres réalités ou forces, elle est enfin mon union à la source de vie, le Père de tout, Dieu»58(*). Dans cet ensemble complexe que constitue la vision africaine de la vie, la dignité humaine est forcement liée à toutes les actions mutatis mutandis qui contribuent à l'accroissement de cette vie. Voilà pourquoi, la dignité humaine est reconnue dans les milieux africains. Une vie en péril, quelle qu'en soit la nature, suscite « l'empathie » de tous.

En effet, la dignité humaine, du fait qu'elle est liée à la vie, et parce que la vie est la valeur la plus noble pour les Africains, elle ne laisse personne indifférente. L'on a beau souligner le caractère émotionnel (Senghor) de l'Africain ; mais en réalité, il s'agit d'un « sentir », d'une « intuition » beaucoup plus humaine que l'on ne le pense. Merleau Ponty, en tant que phénoménologue existentialiste, a bien su articuler le concept de « chair »59(*). Pour lui, toute l'humanité est tissée de la même « chair » qui, fondamentalement, nous porte dans un « sentir commun ». Il n'est pas du tout inexact que la tradition africaine a trouvé le fondement de la dignité humaine dans cette « chair africaine » qui n'est autre chose que la vie. L'intuition, en Afrique, est que la vie possède une extension qui dépasse la perception, même si dans l'ontologie africaine60(*)on en a souligné le caractère hiérarchique. La réinterprétation de la valeur de la vie nous semble être le point sensible par lequel il faut « sensibiliser » la conscience des hommes politiques noirs en général et africains en particulier.

Pour nous, la vraie métanoia politique ne peut resurgir que d'une profonde prise de conscience des pratiques aberrantes qui corrompent petit à petit la res publica. Il s'agit donc bien d'une question urgente. Mais quand la corruption s'habille splendides, l'homme qui se couche sur l'or, boit et mange à son aise, peut ne pas se rendre se rende bien compte de la progression du mal. Le déguisement du démon en ange de lumière surprend parfois. Lorsque le goût du vin cesse de plaire seulement la langue pour se saisir aussi de la raison et du coeur de l'Homme, le mal est fait. L'intention première, avons-nous dit, n'est pas de protéger la dignité humaine contre les violences politiques et militaires. Cependant la pratique de la politique, sur la terre africaine, et le traitement dévitalisant infligé à l'Homme réduisent l'humain à l'état d'objet, et partant, attaque aussi sa dignité. Avant que l'ivresse ne brouillent nos jugements, entreprenons une évaluation de la dignité de l'Africain qui se manifeste dans quelques aspects de sa culture, à savoir la communauté, l'hospitalité et la croyance à la survie. Il s'agit de montrer, en spirale, comment la valeur de la vie fait partie intégrale et constante de l'héritage culturel de l'Africain.

* 57 _ J. M. Van Parys. Op., cit., p. 5.

* 58 _ Elungu P.E.A., Tradition africaine et rationalité moderne, Paris, L'Harmattan, 1987, p. 23.

* 59 _ M. Merleau Ponty, Le visible et l'invisible, texte établi et édité par C. Lefort, Paris, Gallimard 1964, p.302.

* 60 _ P. Tempels, La Philosophie bantoue, Paris, Présence Africaine, 1965.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault