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Sagesse et pouvoir. une herméneutique du pouvoir

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par Antoine BASUNGA Nzinga
ITCJ - Baccalauréat canonique en théologie 2010
  

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· 3.2. L'Hospitalité africaine et la dignité humaine

L'Africain est un être de conscience ; il prend en compte l'existence de l'autre. Mieux, en l'Africain il y a la conscience de « l'autre comme soi-même ». Cela suppose tout d'abord une profonde connaissance de soi-même comme être spécifique, différent des autres. Il s'agit de dépasser le simple fait d'une nature où les oiseaux de même plumage cohabiterent de manière pacifique, pour aller à la « co-naissance » des aspirations les plus élevées qui amènent les hommes à la coexistence. L'Africain communie, dès le sein maternel, au sens de la dignité humaine. Ce sens de la dignité lui est inculqué ensuite par son éducation et aussi par le monde avec lequel il est en constante communion.

L'hospitalité africaine n'a pas son fondement dans l'émotion, moins encore dans un amour sentimental. L'hospitalité est l'une des vertus hautement estimées par les Africains. Elle trouve son fondement dans « l'être » africain, qui est tout d'abord un « être avec » selon les mots chers au Père Matungulu64(*). C'est parce qu'au fond de lui, il reconnaît la présence de la vie que l'Africain est disposé à communier avec l'étranger comme avec un alter ego. Chez l'Africain la vie n'est ni passion, ni naïveté. Elle est l'élément mobilisateur et déterminant dans l'agir et la connaissance de l'Homme. En elle, l'être et l'avoir s'embrassent. Et puisque l'agir ne peut être séparé du savoir, chez l'Africain, l'hospitalité s'impose, comme une obligation incontournable.

L'hospitalité suppose, outre l'intercommunication vitale (intersubjective), et la reconnaissance de l'autre comme soi-même dans sa dignité humaine, un dessaisissement total de soi. Dans l'hospitalité, l'hôte fait place à l'autre avec qui il partage son humanité. En termes bibliques on dira « qu'il grandisse et que moi je diminue » (Jn 3, 30). L'hospitalité est une valeur importante pour l'homme africain. Elle est en fait, un savoir vivre qui façonne le quotidien de l'Africain, et prend forme dans la vie sociale. Tout aussi légitimement, une lecture plus large du sens de l'hospitalité africaine peut être faite: elle peut être saisie comme une disposition intérieure en l'homme, qui trouve son fondement dans la conception de la « vie » commune à tous les Africains. En ce sens, l'hospitalité dépasse largement le simple cadre de relations humaines.

L'hospitalité africaine est plus qu'une disposition : elle se prolonge dans une attitude d'ouverture à l'égard de toute la création et de tout le cosmos. C'est pourquoi l'Africain se sent constamment lié à la création, dans laquelle il perçoit le prolongement de son être. Le sens du concept de « dignité » dans la vision africaine, trouve son fondement dans « cette vie » à laquelle et les humains et les autres créatures participent à différents degrés. La personne humaine, comme synthèse de l'univers et carrefour des forces de vie, situe sa dignité autrement qu'elle ne le fait pour d'autres créatures. « La personne est et [reste] un ordre dans un ordre ; elle est une relation d'être et de vie au monde, une vie reçue, participée à partir d'une même source. Elle n'est pas en dehors du monde, elle n'est pas seulement dans le monde, elle est tissée, fabriquée, faite du monde, dont cependant elle est à la fois archétype et centre »65(*). La spécificité du mode de compréhension de la dignité humaine en Afrique, donne aussi l'Africain un sens propre de sa responsabilité face à la gestion du cosmos. Là encore, soulignons-le, c'est une question qui se pose à l'homme et par l'homme.

En posant des questions écologiques, et en cherchant des réponses, l'Africain ne fait que manifester son souci de préserver l'autre en lui-même, c'est-à-dire la vie dans son caractère englobant. La nature a bel et bien une « dignité », qui n'est pas égale à la dignité humaine mais qu'il faut respecter. L'humain, tout en restant la fin de la création, est tout d'abord un participant, qui prend part à la « vie commune » qui régit l'univers africain. De cette vie lui vient sa dignité spécifique, et elle se prolonge même après son passage sur la terre.

* 64 _ Cf. Matungulu Otene, Etre avec pour vivre vrai. Essai d'une spiritualité bantu, Lubumbashi, Saint-Paul Afrique, 1982.

* 65 _ Buakasa Tkm, Lire la religion africaine, Bruxelles, Noraf, 1988, p. 21.

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