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L'amour comme paradigme de la morale chez Vladimir Jankélévitch

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par Marios KENGNE
Grand séminaire Paul VI-Philosophat de Bafoussam - mémoire de fin de cycle 2002
  

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II. La conscience morale

1. La primauté de la philosophie morale

Marqué par les événements tragiques susmentionnés, Vladimir Jankélévitch appréhende la question de la moralité comme un problème qui se donne de manière a priori à l'homme. La morale est un problème qui englobe ou qui enveloppe la totalité de l'existence ; c'est ce qui se dessine à travers la pensée morale de ce philosophe, en ce sens qu'il privilégie la vie morale à toute autre chose. Voilà pourquoi dans le domaine purement philosophique, la philosophie morale vient en première position au sein d'une panoplie de problématiques qui incombent à la philosophie. Il faut déjà dire que si la philosophie éprouve de grandes difficultés à se saisir elle-même ou à se trouver un statut, la philosophie morale sera davantage complexe à examiner. Ainsi, Jankélévitch peut faire de la philosophie morale « une problématique omniprésente et prévenante. »9(*) D'où la nécessité de l'appréhender au premier abord de la pensée discursive. Il s'agit de faire de la morale le sujet central de toute spéculation critique, mieux, d'en faire le problème fondamental et primordial de la philosophie. C'est ce que Jankélévitch souligne en ces termes :

« La philosophie morale apparaît comme le comble de l'ambiguïté et de l'insaisissable ; elle est l'insaisissable de l'insaisissable. La philosophie morale est en effet le premier problème de la philosophie : il faudrait donc tirer son problème au clair et s'interroger sur sa raison d'être avant de plaider sa cause. »10(*)

La philosophie morale recèle donc des ambiguïtés et apparaît comme une problématique assez délicate qui peut prêter à confusion avec d'autres disciplines. C'est en ce sens que Jankélévitch la distingue de la science des moeurs. Selon lui, la science des moeurs est la discipline qui se plaît à décrire les moeurs sans toutefois prendre parti, ni formuler des préférences ni proposer des jugements de valeurs. La philosophie morale se démarque de la science des moeurs en étant à la fois une problématique qui se veut prévenante c'est-à-dire délicate, et une problématique qui se veut englobante c'est-à-dire comprise comme un tout. A ce niveau, la philosophie morale apparaît encore comme un a priori par rapport à la science des moeurs. C'est ce que souligne Jankélévitch quand il stipule que « la problématique morale joue par rapport aux autres problèmes le rôle d'un a priori, qu'on entende l'a priori comme priorité chronologique ou comme présupposition logique. »11(*) Nous pouvons découvrir à ce niveau la primauté que Jankélévitch accorde à la philosophie morale ; celle-ci apparaît comme devant avoir le primat sur toute autre instance quelle qu'elle soit.

La philosophie morale, selon notre auteur, prime donc sur toutes les autres problématiques philosophiques. Dans ce sillage, il rejoint Emmanuel Lévinas qui considère l'éthique comme philosophie première. Cette idée lévinassienne s'insurge contre Heidegger qui restreint l'objet de la philosophie à l'ontologie. Or, pour Lévinas, « le primat de l'ontologie heideggerienne ne repose pas sur le truisme : `` pour connaître l'étant, il faut avoir compris l'être de l'étant.''  Affirmer la priorité de l'être par rapport à l'étant, c'est déjà se prononcer sur l'essence de la philosophie, subordonner la relation avec quelqu'un qui est un étant (la relation éthique) à une relation avec l'être de l'étant qui, impersonnel, permet la saisie, la domination de l'étant (à une relation de savoir), subordonne la justice à la liberté. »12(*) Il s'agit pour Lévinas de montrer qu'on ne saurait se prononcer sur la nature de la philosophie du point de vue ontologique en éludant la relation éthique qui lie l'étant à son être propre. Ceci veut dire que la question éthique doit être le premier point de l'ordre du jour du débat philosophique : d'où l'éthique comme philosophie première. Jankélévitch se situe donc dans le même sillage que Lévinas en faisant de la morale le premier problème de la philosophie.

Ce primat de la morale n'est pas seulement d'ordre chronologique, mais il faut dire que la morale est liée à un problème de conscience : il s'agit de la conscience morale, car selon lui, la morale tend à envelopper toute l'existence humaine.

* 9 _ JANKELEVITCH V., Le paradoxe de la morale, op. cit., p. 7.

* 10 _ Ibid., p. 7.

* 11 _ Ibid., p. 8.

* 12 _ LEVINAS E., Totalité et infini, Essai sur l'extériorité, Paris, Martinus Nijhoff, 1971, p. 36.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus