WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'amour comme paradigme de la morale chez Vladimir Jankélévitch

( Télécharger le fichier original )
par Marios KENGNE
Grand séminaire Paul VI-Philosophat de Bafoussam - mémoire de fin de cycle 2002
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2. Le siège permanent de la moralité : la conscience

La moralité englobe la totalité de la personne humaine. Si la morale est au coeur de la philosophie, elle est également au coeur du sujet philosophant. Ceci voudrait dire que la moralité est dans la conscience de l'homme et lui est inséparable : « La moralité est co-essentielle à la conscience, la conscience est tout entière immergée dans la moralité. »13(*) Avec cette assertion de Jankélévitch, nous pouvons faire un lien avec ce que dit Dominique Ndeh au sujet de la distinction entre morale et non morale ou a-morale, et entre morale et immorale. Ceci nous aidera à comprendre davantage l'indissociabilité de la morale et de la conscience.

En ce qui concerne la distinction entre morale et non morale, il faut déjà signaler que « la moralité caractérise l'existence humaine. »14(*) Nous pouvons en déduire qu'il n'y a pas de nature humaine sans morale car comme dit encore Dominique Ndeh, « vivre sans morale, c'est vivre sans raison. »15(*) La morale est donc un domaine privé de l'homme qui, seul, peut faire la distinction entre ce qui est bien et ce qui est mal. De par sa raison, l'homme apparaît comme un être moral, comme un être qui pense l'axiologie. Il s'ensuit que les animaux qui agissent par instinct ne seront jamais des êtres moraux ; ils sont en dehors de la sphère de la moralité car « la raison et la liberté sont la base de la moralité. »16(*) Etant donné que les animaux sont déterminés par l'instinct, ils se situent dans le domaine de la non moralité car « est non moral, tout ce qui se situe dans le déterminisme de la nature et ne laisse aucune place à la liberté. »17(*)

De même, la morale se distingue de l'immoralité. Nous avons déjà remarqué que la morale relève du domaine de la raison et de la liberté. L'immoralité qui s'oppose à la morale, est un vice, un défaut, ou encore pourrons-nous dire, une mauvaise foi que manifeste un être moral par ses actes immoraux. L'on comprend que ne peut être immoral qu'un être moral. L'immoralité se situe encore dans la sphère de la moralité :

« Il est clair que l'immoralité, sous la forme du vice, qui est pourtant le contraire de la moralité, sous l'aspect de la vertu, fait partie de la sphère morale: l'opposition moral/immoral est donc inscrite dans l'opposition précédente moral/non-moral. Les êtres non humains sont incapables d'immoralité parce qu'ils sont étrangers par nature à la sphère morale. »18(*)

En reprenant l'exemple des animaux, nous dirons qu'ils ne peuvent jamais être immoraux car l'immoralité est englobée dans la moralité. Un être qui a une conscience morale pourrait bien paraître immoral ; c'est dans cette orientation que la conscience est le siège permanent de la moralité. Et comme nous l'avons déjà signifié, la moralité est co-essentielle à la conscience. Nous pouvons alors en déduire que pour Jankélévitch, la conscience humaine est toujours morale même si de temps en temps elle oscille entre moralité et immoralité :

« Il s'avère après coup que l'a priori moral n'avait jamais disparu, qu'il était déjà là, qu'il était toujours là, apparemment endormi, mais à tout instant au bord du réveil. »19(*)

C'est ici le lieu de faire un rapprochement avec ce que dit Descartes au sujet de la pensée. La pensée fait de l'homme une substance qui pense toujours ; elle est immanente et continuellement pensante, même si l'homme n'en prend pas expressément conscience. Descartes remarque qu'il est une substance dont la nature est de penser : « Je connus de là que j'étais une substance dont l'essence ou la nature n'est que de penser. »20(*) Ceci revient à dire que si la moralité est co-essentielle à la conscience, alors la pensée est également co-essentielle à la conscience étant donné que la pensée ne saurait être en activité en dehors de la conscience. C'est à travers la conscience que la pensée se rend dynamique et peut ainsi procéder à l'évaluation de tout jugement de valeur.

Nous pouvons donc dire avec Jankélévitch, que par le canal de la conscience, l'homme est un être toujours moral, quand il affirme :

«Tout ce qui est humain pose donc tôt ou tard, par un côté ou par l'autre, sous une forme ou sous une autre, un problème moral. Car la morale est partout compétente, même [...] et surtout dans les affaires qui ne la regardent pas. »21(*)

Nous comprenons donc que la moralité englobe tout l'être humain. A ce niveau, se pose la question de l'ontologie de la moralité.

* 13 _ JANKELEVITCH V., Le paradoxe de la morale, op. cit., p.8.

* 14 _ NDEH D., Cours de philosophie morale, philosophât de Kouékong, 2006-2007, inédit.

* 15 _ Ibid.

* 16 _ Ibid.

* 17 _ Ibid.

* 18 _ FOLSCHEILD D., FEUILLET-LE MINTIER B., MATTEI J.-F., Philosophie, éthique et droit de la

médecine, sous la direction de J.-F. MATTEI, Paris, PUF, 1997, p. 18.

* 19 _ JANKELEVITCH V., Le paradoxe de la morale, op.cit., p. 8.

* 20 _ DESCARTES R., Discours de la méthode, les intégrales de la philosophie, Paris, Fernand Nathan, 1981,

p. 55.

* 21 _ JANKELEVITCH V., Le paradoxe de la morale, op.cit., p. 10.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway