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L'amour comme paradigme de la morale chez Vladimir Jankélévitch

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par Marios KENGNE
Grand séminaire Paul VI-Philosophat de Bafoussam - mémoire de fin de cycle 2002
  

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3. L'homme est-il ontologiquement un être moral ?

C'est en considérant l'ontologie comme la science de ce qui est ou le discours sur ce qui est, que nous voulons aborder cette réflexion. Si la morale tend à envahir l'existence entière comme le dit Jankélévitch, est-ce à dire que l'homme est un être fondamentalement moral ?

Nous avons remarqué que l'homme par la médiation de sa conscience est un être dont le caractère moral est indubitable. Ceci veut dire qu'au-delà de tout acte immoral qui surgirait dans le comportement d'un être humain, il demeure qu'il n'y a qu'un être moral pour poser un acte immoral.

Nous en déduisons que quelque chose d'inaltérable demeure en l'homme : la conscience. C'est ce que nous pouvons assimiler à la pérennité d'une manière d'être qui apparaît sous la plume d'Aristote. Cette manière d'être appliquée à la morale, mérite d'être appelée vertu tel que le précise Jankélévitch. La vertu étant liée à la morale, nous pourrons dire que la conscience morale fait de l'homme un être ontologiquement moral. Cependant, il faut tout de même noter que « l'homme est un être virtuellement éthique qui existe comme tel, c'est-à-dire comme être moral. »22(*) Avec Descartes, nous avons remarqué que l'homme est une substance qui pense ; dans le sens de la virtualité de l'homme moral, il faut aussi dire que l'être pensant est loin de penser tout le temps car comme stipule Vladimir Jankélévitch, les somnolences et les distractions de la conscience morale occupent la majeure partie de notre vie quotidienne. Pourtant, le sens de la vertu est encore présent dans la conscience de l'homme moral ; il le dit en substance:

« La vertu reste paradoxalement chronique alors même qu'elle surgit et disparaît dans le même instant... Le sens moral est virtuellement présent chez tous les humains alors même qu'il paraît être chez tous en léthargie. »23(*)

Il en ressort qu'il est de la nature de l'homme de tendre vers la vertu étant donné qu'il se caractérise par sa raison et que celle-ci est comme le dit Descartes, la lumière naturelle permettant de distinguer le bien d'avec le mal. Et comme nous l'avons précédemment mentionné, la conscience est omniprésente en l'homme. Cette présence permanente de la conscience en l'homme fait aussi que la pensée soit permanente en l'homme. Comme dit Jankélévitch, la pensée est l'instance de suprématie que l'homme ne lâche jamais, elle est toujours là. D'où l'analogie que fait Jankélévitch entre l'omniprésence de la conscience morale et celle de la pensée:

« L'omniprésence de l'évaluation morale, malgré sa spécificité qualitative accentuée et apparemment très subjective, ou à cause de cette spécificité même, n'est pas sans analogie avec l'omniprésence du cogito. »24(*)

Nous pouvons conclure ce chapitre en disant que la morale est une évidence, un a priori chez l'être de raison. Tout compte fait, l'homme est caractérisé de manière spécifique par la moralité. Il est pourtant indubitable que le train-train de la vie quotidienne semble contredire l'a priori de la moralité que révèle la conscience humaine. Cependant, il faut dire avec Jankélévitch que « la conscience est un dialogue sans interlocuteur, un dialogue à voix basse, qui est en vérité un monologue. »25(*) Ceci voudrait dire que par la conscience, les principes de la moralité sont toujours vivants en l'homme ; ils sont soit en éveil soit en veille ; ils sont comme une maladie devenue chronique en l'homme et dont aucune cure n'est efficace pour l'extirper. En ce sens, le remords en révèle le caractère authentique car il est considéré comme « une persécution morale qui poursuit en tous lieux et à tout instant le coupable, et ne lui laisse aucun répit. »26(*) Au-delà donc de tout ce qui peut paraître comme immoral chez l'être humain, il faut dire que le caractère moral de l'homme emporte sur toute autre instance : « La morale a toujours le dernier mot ; traquée, persécutée par l'immoralisme, non pas nihilisée, elle connaît toutes sortes de revanches et d'alibis ; elle régénère à l'infini, elle renaît de ses cendres, pour notre sauvegarde. Car on ne peut vivre sans elle. »27(*) Nous pourrons dire que la morale finit toujours par triompher.

Cependant, il est difficile que l'homme soit à tout moment animé d'une bonne volonté morale ; de même, il ne saurait non plus s'enliser dans la mauvaise ; il oscille entre ces deux extrêmes étant donné qu' « on ne va jamais jusqu'au bout et jusqu'à la fine pointe de la bonne volonté, mais on ne touche jamais non plus le fin fond de la mauvaise : celle-ci est insondable autant que celle-là est inattingible ; la volonté morale et le témoin qui la juge oscillent sans fin entre les deux pôles. »28(*) La morale est donc en l'homme un problème jamais résolu de manière exhaustive.

* 22 _ Ibid., p. 10.

* 23 _ Ibid., p. 12.

* 24 _ Ibid., p. 15.

* 25 _ Ibid., p. 13.

* 26 _ Ibid., p. 12.

* 27 _ Ibid., p. 34.

* 28 _ Ibid., p. 112.

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