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Contribution de l'artisanat a l'emploi des jeunes : cas des métiers du textile et de l?habillement dans la ville de Ouagadougou.

( Télécharger le fichier original )
par Karim NOUGOUTARA
 - Conseiller de Jeunesse et d'Education Permanente 2009
  

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CHAPITRE III : PRESENTATION DES RESULTATS

Il s'agit de faire une synthèse des résultats de notre enquête par des tableaux qui serviront ensuite à leur analyse et interprétation.

Selon la nature des informations recueillies, nous avons obtenu dix-huit (18) tableaux.

Tableau 2 : répartition des unités de productions artisanales selon le métier et le type d'entreprise

métiers

Type d'entreprise

individuelle

coopératives

S A R L

Total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Tissage/

teinture

18

60

10

33

2

7

30

42

Confection

(couture)

34

83

4

10

3

7

41

58

TOTAL

52

 

14

 

5

 

71

100

Le présent tableau montre que la majorité des Entreprises est constituée d'entreprises de type individuel soit 60% des unités de teinture /tissage et 83 % pour les unités de confection .Le reste est constitué de coopératives (33% tissage/teinture et 10% confection) et de Société à responsabilité limitée (7% tissage/teinture et 7% confection) . .

Tableau 3 : répartition des unités suivant le métier

et le nombre d'employés permanents

Nombre d'employés

permanents

métiers

Tissage/teinture

couture

TOTAL

Effectif

%

Effectif

%

effectif

%

1 à 5

27

44

34

56

61

85

5 -10

2

28

5

72

7

11

+ 10

1

33

2

67

3

4

Total

30

 

41

 

71

100

A la lumière de ce tableau, on peut dire que la confection est le métier qui emploie le plus grand nombre de personnes. En effet il regroupe l'essentiel des employés avec 56% des entreprises ayant entre un(1) et cinq(5) employés permanents, 72% de ceux ayant entre cinq(5) et dix(10) employés et 67% de ceux ayant plus de dix (10) employés. Par ailleurs 85% des entreprises emploient entre un(1) et cinq(5)personnes de façon permanente, 11% d'entre elles entre cinq(5) et dix(10) personnes et seulement 4 % plus de dix(10) employés permanents.

Tableau 4 : répartition des unités suivant le métier et le nombre d'employés temporaires

Nombre d'employés

temporaires

métiers

Tissage/teinture

couture

TOTAL

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

1 à 5

19

48

20

52

39

55

5 -10

7

39

11

61

18

25

+ 10

4

22

10

78

14

20

Total

30

 

41

 

71

100

Ici, le même constat que celui du tableau précédent peut être fait à la seule différence que les entreprises emploient plus de travailleurs contractuels que de permanents. Les entreprises artisanales de confection représentent 52% des entreprises à nombre d'employés compris entre un(1) et cinq(5),61% des celles à nombres d'employés temporaires compris entre cinq(5) et dix(10)et 78% de celles de plus de dix(10) employés temporaires. De plus, 55% des entreprise ont des effectifs de un(1) à cinq (5) employés ,contre 25% qui ont un effectif situé entre cinq(5) et dix (10)employés contractuels et 20% de plus de dix(10) employés.

Tableau 5 : répartition des unités suivant le métier et la rémunération mensuelle versée à

un employé permanent

Rémunération mensuelle versée

métiers

Tissage/teinture

couture

total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

10 000-30 000

24

42

33

58

57

80

30 000-50 000

4

33

8

67

12

17

50 000-100 000

-

-

2

100

2

3

Total

30

 

41

 

71

100

Les résultats de ce tableau présentent la situation des salaires des employés permanents en fonction des métiers. Il révèle que la confection est le métier qui rémunère mieux les employés. Il représente 58% des entreprises versant mensuellement entre 10 000 et 30 000 francs CFA aux employés permanents, 67% de celles qui versent entre 30 000 et 50 000 FCFA et 100% des celles qui versent entre 50 000 et 100 000FCFA.Les métiers du tissage/Teinture se retrouvent avec pour les même catégories de salaires respectivement 42%,33% et 0%. Par ailleurs, 80% des entreprises versent des salaires situés entre 10 000 et 30 000 FCFA à leurs employés contre 17% des entreprises qui versent des salaires compris entre 30 000 et 50 000FCFA et 3% d'entre elles,des salaires compris entre 50 000 et 100 000 FCFA. Les entreprises versant des salaires compris entre 10 000 et 50 000 FCFA constituent à elles seules près de 97% des entreprises du secteur.

Tableau 6 : répartition des unités suivant le métier et la rémunération mensuelle versée à

un employé temporaire

Rémunération mensuelle versée

métiers

Tissage/teinture

couture

total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

10 000-30 000

22

56

17

44

39

55

30 000-50 000

8

35

15

65

23

32

50 000-100 000

-

-

7

100

7

10

+100 000

-

-

2

100

2

3

Total

30

 

41

 

71

100

Ce tableau à l'image du précédent indique que la confection est le métier qui paye mieux les employés. Il représente 65% des entreprises ayant des employés temporaires à salaires compris entre 30 000 et 50 000 FCFA, et 100% de celles versant des salaires compris entre 50 000 et 100 000FCFA et celles de plus de 100 000FCFA.Il révèle aussi que les salaires des temporaires sont plus élevés que ceux des permanents avec des rémunérations qui vont au delà de 100 000FCFA.

En outre, 55% des entreprises versent à leurs employés temporaires des salaires compris entre 10 000 et 30 000 FCFA et constituent avec celles payant des salaires de 30 000 à 50 000 FCFA près de 87% des entreprises. Les entreprises payant des salaires de 50 000 à 100 000 FCFA et plus ne représentent quant à elles que 13%.

Tableau 7 : répartition des artisans chef d'entreprise suivant le métier et le sexe

sexe

métiers

Tissage/teinture

couture

total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Hommes

4

11

31

89

35

49

femmes

26

72

10

28

36

51

Total

30

 

41

 

71

100

Ce tableau nous renseigne que les femmes sont les plus nombreuses dans l'artisanat textile avec 51 % contre 49% pour les hommes. Le tissage/teinture semble être l'apanage des femmes avec 72% contre 28% pour les hommes qui se cantonnent dans la couture où ils sont à 89% contre 11% dans le tissage/teinture.

Tableau 8 : répartition des chefs artisans suivant le métier et

l'age

Age (ans)

métiers

Tissage/teinture

couture

total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

15-35

11

28

28

72

39

55

+35

19

59

13

41

32

45

Total

30

 

41

 

71

100

Les résultats fournis par ce tableau nous indiquent que les jeunes de 15 à 35 ans représentent la majorité dans le domaine de l'artisanat textile avec 55% des artisans contre 45% pour les plus de 35 ans. Cependant les personnes les plus âgées se retrouvent pour la plupart dans le tissage/teinture avec 59% d'artisans de plus de 35 ans.

A contrario les plus jeunes sont dans la couture avec 72% des jeunes artisans.

Tableau 9 : répartition des unités suivant le métier

et le régime d'imposition

Régime d'imposition

métier

Tissage/teinture

couture

total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Aucun

5

100

0

-

5

7

CSI

23

43

31

57

54

76

RSI

2

18

9

82

11

15

Régime normal

-

-

1

100

1

2

Total

30

 

41

 

71

100

Les résultats concentrés dans ce tableau laissent apparaître que la grande majorité des artisans sont dans le secteur informel soit 76% d'entre eux qui paient la contribution au secteur informel (CSI). Seulement 17 % sont dans le formel soit 15 % qui sont au Régime simplifié d'imposition (RSI) et un seul au Régime normal d'imposition. Néanmoins 5% des artisans (entièrement en tissage /teinture) ne paient pas d'impôts parce que travaillant à domicile. Il faut aussi noter que la majorité des artisans qui sont dans le secteur formel sont des couturiers avec 82% pour le RSI et 100% pour le régime normal.

Tableau 10 : répartition des unités suivant le métier et le chiffre d'affaire annuel réalisé par

l'entreprise.

Chiffre d'affaire annuel réalisée (FCFA)

métier

Teinture/tissage

couture

total

Effectif

%

Effectif

%

effectif

%

Moins 1 Million

16

67

8

33

24

34

1 M- 5 M

13

50

13

50

26

37

5 M- 10 M

1

5

18

95

19

27

+ 10 M

-

-

2

100

2

2

 

30

 

41

 

71

100

De ce tableau, on peut retenir que les unités dans le secteur font des chiffres d'affaires annuels allant de moins de 1 million à plus de 10 millions. De plus celles exerçant dans le domaine de la confection (couture) réalisent les plus gros chiffres d'affaires. En effet,la confection représente 50% des entreprises réalisant des chiffres d'affaires annuels situés entre un million et cinq millions , 95 % des entreprises à chiffres d'affaires situés entre cinq et dix millions et 100% des entreprises réalisant des chiffres d'affaires de plus de dix millions. La teinture et de tissage dominent dans les entreprises à chiffes d'affaires inférieurs à un million soit 67% de ces entreprises.

Tableau 11 : répartition des unités suivant le niveau de scolarisation du responsable et le

type de formation reçue

Formation

niveau de scolarisation

Non scolarisé

primaire

secondaire

universitaire

total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Écoles professionnelles et centres

-

-

10

52

6

32

3

16

19

27

Apprentissage sur le tas

25

48

14

27

12

23

1

2

52

73

Total

25

 

24

 

18

 

4

 

71

100

A la lecture de ce tableau, il apparaît que la majorité des responsables des entreprises sont non scolarisés soit 48% contre 27% pour le niveau primaire ,23% pour le secondaire et 2% pour le niveau universitaire. De plus, la plupart d'entre eux, ont appris le métier sur le tas soit 73% des artisans interrogés. Les artisans ayant le niveau primaire représentent la grande majorité de ceux qui sont passés par les écoles professionnelles et techniques et centres de formations avec 52% des interrogés contre 32% pour les secondaires et 16% pour les universitaires.

Tableau 12 : rapport entre le niveau de scolarisation du responsable et le chiffre d'affaires annuel réalisé par l'entreprise.

Chiffre d'affaire annuelle réalisée (FCFA)

Niveau de scolarisation du responsable

Non scolarisé

primaire

secondaire

universitaire

total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

- 1 Million

10

41

9

38

5

21

0

0

24

34

1 M- 5 M

3

12

9

35

13

50

1

3

26

37

5 M- 10 M

0

0

7

37

10

52

2

11

19

26

+ 10 M

-

-

-

-

1

50

1

50

2

3

Total

13

 

25

 

29

 

4

 

71

100

Le tableau fait ressortir le lien entre le niveau de scolarisation du chef d'entreprise et l'évolution de son chiffre d'affaires. Il montre que les artisans ayant un niveau d'étude élevé font plus de chiffre d'affaires .En effet 53% des chiffres d'affaires compris entre un million et cinq millions et 63 % de ceux compris entre cinq et dix millions sont réalisés par des entrepreneurs ayant le niveau secondaire et universitaire. Il en est de même pour les unités faisant des chiffres d'affaires annuels de plus de dix millions où ils représentent 100% des unités (50% des secondaires et 50% du niveau universitaire).

Les entreprises réalisant des chiffres d'affaires inférieurs à un million sont constituées essentiellement d'entreprises dirigées par des artisans ayant le niveau primaire ou non scolarisés soit 38% pour les premiers et 41% pour les seconds.

Tableau 13 : appréciation de la rentabilité des activités

Appréciation

métiers

Tissage/teinture

couture

total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

rentable

28

93

38

92

66

92

Non rentable

2

7

3

8

5

8

Total

30

100

41

100

71

100

Les résultats de ce tableau montrent que la majorité des artisans trouve leurs activités rentables .En effet sur les 71 personnes qui se sont prononcées sur la question 66 d'entre elles ont donné des réponses positives soit environ 92% contre 8% de réponses négatives.

De plus, ce taux est élevé dans tous les métiers avec néanmoins une légère avance pour les métiers de la teinture et du tissage avec 93% de réponses positives contre 92% pour la couture.

Tableau 14 raisons expliquant la faiblesse des recrutements dans les unités

raisons

Nombre de réponses

%

Difficultés d'approvisionnement

2

3

Difficultés d'écoulement

65

94

Manque d'intérêt des jeunes

2

3

Total

69

100

Ce tableau présente les raisons évoquées par les acteurs de la filière textile artisanale pour expliquer le faible nombre de jeunes recrutés dans les unités de production.

La raison qui revient le plus souvent est celle des difficultés d'écoulement avec 94% des réponses. Elle est suivie par le manque d'intérêt des jeunes pour le secteur et les raisons de difficultés d'approvisionnement 3 % des opinions.

Tableau 15: rapport entre activités de promotion et

l'évolution des ventes

Proportion de la production écoulée

Technique de promotion

Pas de promotion

Expositions et foires

Défilés de modes

Publicités

(spots)

total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Moins de 50%

10

60

5

30

2

10

0

0

17

24

Plus de 50%

0

0

21

48

14

32

9

20

44

62

Toute la production

0

0

4

44

3

33

2

23

9

14

Total

10

 

30

 

19

 

11

 

70

100

Les résultats de ce tableau font apparaître les constats majeurs suivants :

Premièrement ,24 % des artisans interrogés n'arrivent à écouler que moins de la moitié de leur production. Cependant, les artisans ne faisant aucune promotion de leurs produits sont les plus atteints avec une taux de 60%.

Deuxièmement, les artisans qui arrivent à écouler plus de la moitié de leurs productions font des activités de promotion soit 48 % qui font des expositions, 32% des défilés de mode et 20% d'autres types de publicités (Spots, prospectus, affiches).

Tableau 16 : raisons expliquant le nombre réduit de

nouvelles entreprises créées dans le secteur

et le développement des anciennes

.

raisons

Nombre de réponses

%

Formation insuffisante

5

6

Difficultés d'obtention de crédit

74

90

Difficultés de gestion

3

4

Total

82

100

Les raisons qui justifient la faiblesse du nombre d'entreprises créées dans l'artisanat textile peuvent être classées par ordre d'importance comme suit :

Les difficultés d'obtention de crédit avec 90% des voix des artisans interrogés. Viennent ensuite l'insuffisance de la formation des artisans et les difficultés de gestion avec respectivement 6% et 4% des opinions.

Tableau 17: moyens de financement des artisans

moyens

Nombre de réponses

%

Fond propre

61

87

Institution de crédit

5

7

Soutien de proches

4

6

Total

70

100

L'accès au financement auprès des institutions de financements pour le démarrage des activités ou la satisfaction du besoin en fonds de roulement est difficile comme l'illustre le tableau ci-dessus. En effet ,61 % des artisans affirment avoir financé le démarrage de leurs activités sur fonds propres. Les institutions de crédits viennent en seconde position des financements et interviennent surtout pour les fonds de roulement. Les proches quant à eux occupent la troisième place dans le financement des artisans avec 6% des opinions.

Tableau 18 : préférence des jeunes pour les emplois dans

les secteurs d'activités

Secteur d'activité

 

femmes

hommes

total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Fonction publique

11

55

9

45

20

50

Secteur privé

6

40

9

60

15

38

Artisanat (textile)

3

60

2

40

5

12

TOTAL

20

 

20

 

40

100

Le présent tableau est une illustration des préférences des jeunes pour les secteurs d'activités en terme de travail. Il laisse apparaître que les jeunes dans leur majorité ne sont pas disposés à exercer un emploi dans l'artisanat (12%).En revanche, les emplois les plus prisés restent ceux de la fonction publique avec 50% des opinions suivis par le secteur privé avec 38%.Ces emplois sont jugés importants, sécurisants et mieux rémunérés par les jeunes.

Cependant, les filles sont plus disposées à travailler dans l'artisanat que les jeunes hommes (60% contre 40% pour les hommes)

Métiers souhaités

Derniers diplômes obtenus

CEPE

BEPC

BAC

Diplômes universitaires

TOTAL

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

aucun

6

60

7

70

9

90

10

100

22

55

Tissage/teinture

1

10

0

0

0

0

0

0

11

27

couture

3

30

3

30

1

10

0

0

7

18

TOTAL

10

100

10

100

10

100

10

100

40

100

Tableau 19 : intérêt des jeunes diplômés pour les métiers de l'artisanat textile en fonction du dernier diplôme obtenu

Les résultats de ce tableau nous indiquent que plus les jeunes ont des diplômes élevés, moins ils s'intéressent à l'artisanat. Seulement 40% des jeunes titulaires du CEPE accepteraient travailler dans le secteur contre 30% pour les titulaires du BEPC et 10% pour ceux du BAC. En ce qui concerne les titulaires de diplômes universitaires aucun des jeunes interrogés n'envisage embrasser un métier de la filière. Cependant les titulaires du CEPE préfèrent la couture (30% des opinions) par rapport au tissage et la teinture (10%). .

CHAPITRE IV. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Ce chapitre de notre travail est consacré à l'analyse des résultats contenus dans les différents tableaux et aux différentes interprétations possibles de ceux-ci.

Pour ce faire, nous allons pour mieux exploiter ces résultats, axer ce chapitre autour des thèmes en rapport direct avec nos hypothèses et objectifs de recherche.

Ainsi, notre analyse s'articulera autour des principaux thèmes suivants :

v les potentialités de l'artisanat textile en termes de création d'emplois et de revenus pour les jeunes

v les obstacles au développement du secteur de l'artisanat textile :

ü les difficultés d'écoulement

ü les difficultés de financement

ü les jeunes, la formation et la qualité des produits artisanaux

IV.1 Potentialités de l'artisanat textile en termes de création d'emplois et de revenus pour les jeunes.

L'artisanat textile à Ouagadougou regorge d'énormes potentialités et joue un rôle non négligeable dans l'économie de la ville. Il est pourvoyeur d'emplois et de revenus pour les ménages et en particulier les jeunes.

Les entretiens avec les personnes ressources le confirment. En effet, la grande majorité d'entre elles est unanime sur la question. Selon elles, l'artisanat textile emploie beaucoup de jeunes et en emploierait davantage si le secteur n'était pas confronté à des difficultés.

Maurice Désiré OUEDRAOGO, expert textile national dans nombre de projets est de ceux là. Son propos illustre bien cette évidence : « En réalité, le Burkina Faso ne devrait pas avoir autant de problèmes de chômage parce qu'il suffit de donner de la valeur ajoutée à notre coton en le transformant nous mêmes. L'artisanat textile est capable de créer beaucoup d'emplois pour les jeunes »31(*)

Ces propos résument parfaitement le fait que le secteur est porteur d'emplois.

Il n'est pas le seul à proclamer ouvertement que le métier fait vivre beaucoup de personnes et de jeunes en particulier. La grande majorité des personnes approchées sur le sujet abonde dans le même sens, à l'instar de ce chef d'entreprise de Teinture/tissage, ingénieur textile, ex-travailleur de Faso Fani, Dieudonné ZOUNDI :

« Après la fermeture de l'usine, il n'y a plus que les unités artisanales pour transformer localement notre coton et ces unités font vivre beaucoup de femmes et d'hommes, de familles »32(*)

Ces paroles tout comme celles du premier intervenant ne souffrent pas de débat surtout au regard des résultats des enquêtes réalisées auprès des unités de productions artisanales. En effet, 92 % des artisans interrogés trouvent leur activité rentable dont 93 % des entreprises de teinture/tissage et 92% des unités de confection. (Tableau 13, page 56)

En outre, ces entreprises sont pourvoyeuses d'emplois. En effet, 85 % des entreprises artisanales du textile emploient de façon permanente entre une(1) et cinq(5) personnes, 11% d'entre elles entre cinq(5) et dix(10) personnes et seulement 4 % plus de dix(10) employés permanents. (Tableau 3, page 47).

Ces chiffres diffèrent un peu quand il s'agit des emplois temporaires où le nombre d'employés est plus élevé avec 55% des entreprises à effectifs compris entre un (1) et cinq (5) employés, contre 25% qui ont un effectif situé entre cinq (5) et dix (10) employés contractuels et 20% de plus de dix (10) employés. (Tableau 4, page 48)

On peut aussi remarquer que le nombre moyen d'employés se situe entre trois (3) et quatre (4) employés.

Les emplois créés bien qu'étant en grande partie non déclarés et temporaires participent à la réduction de la pauvreté et du chômage des jeunes dans la ville en raison du niveau plus ou moins élevé des rémunérations dans le secteur.

Cet extrait d'entretien réalisé avec un styliste burkinabè spécialisé dans le FDF résume bien cette situation : 

«Je n'ai rien à envier à un fonctionnaire ; même si on me proposait un salaire de plus de 200 000 FCFA dans la fonction publique, je ne bouge pas. De plus, tous mes employés sont payés au delà du SMIG »33(*)

Cette déclaration est en partie expliquée par le fait que la plupart des artisans sont rémunérés soit à la tâche, soit au jour ou à la semaine à l'exception de quelques artisans et des agents de bureau (vendeurs, secrétaires et comptables) qui sont payés mensuellement et déclarés à la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

Les résultats de notre enquête (Tableaux 5 et 6, pages 49 et 50) nous donnent plus de précisions. La majorité des entreprises paient des salaires compris entre 10 000 FCFA et 50 000 FCFA ( 97 %) pour les emplois permanents et 87 % pour les emplois temporaires). Les salaires avoisinant 100 000 FCFA et plus sont peu nombreux (3% pour les emplois permanents et 13% pour les temporaires). Outre cela, le salaire moyen calculé se situe entre 35 000 et 40 000 FCFA. Ce qui est une rémunération relativement supérieure au SMIG actuelle (30 000)

Ces résultats sont appuyés par cette autre enquête réalisée en 2001 sur le secteur informel à Ouagadougou34(*)? où la rémunération mensuelle calculée sur l'ensemble des actifs du secteur était de 43 000 FCFA donc supérieur de 58% au SMIG fixé depuis 2001 à 27 050 FCFA pour les manoeuvres (catégorie E).

Le dynamisme du secteur peut aussi se mesurer par les chiffres d'affaires des entreprises. En effet, comme le montre nos résultats (Tableau 10 ,page 53), 64 % des entreprises réalisent des chiffres d'affaires annuelles oscillant entre un million et dix millions. Certaines sont en deçà (34%) et quelques-unes au delà des dix millions (2%).

Par ailleurs, la plupart des entreprises sont dans le secteur informel comme l'indique ces résultats (tableau 9, page 52) où 76% des entreprises sont taxées de la contribution au secteur informel (CSI) contre 17 % au système formel. Ce qui ne favorise pas la déclaration des employés et la participation aux marchés publics.

A tous ces emplois créés dans le secteur, on peut ajouter les emplois dans certains métiers liés à l'artisanat textile, mais moins développés comme le mannequinât (plus d'une vingtaine de mannequins professionnels à Ouagadougou), la coiffure, la décoration, les promoteurs de défilés de modes, les merceries, etc.

En résumé, pour cette partie consacrée aux potentialités de l'artisanat textile en termes d'emplois et de revenus pour les jeunes, nous pouvons retenir que :

v l'artisanat textile permet de faire vivre beaucoup de familles et peut employer encore beaucoup de jeunes si les acteurs faisaient en plus preuve de professionnalisme.

v les rémunérations sont relativement élevées par rapport au SMIG même si les emplois ne sont pas tous permanents.

IV.2 Les obstacles au développement du secteur de l'artisanat textile et à la création d'emplois

L'artisanat textile à Ouagadougou est confronté à un certain nombre de difficultés qui empêchent son développement et sa contribution plus grande à la résorption du chômage des jeunes.

Les artisans qui sont les premiers concernés se sont prononcés sur la question à des degrés différents mais les principales difficultés apparaissent dans toutes les interventions.

Aussi, avons-nous dans une perspective de mieux appréhender ces difficultés, décidé de les présenter distinctement en fonction de leurs impacts sur les artisans.

IV.2.1 Les difficultés d'écoulement

Le but premier de la production qu'elle soit industrielle ou artisanale dans une entreprise à but lucratif est la commercialisation ou l'écoulement sur les marchés. Cette loi est celle qui sous-tend toutes les activités des artisans qu'ils soient teinturiers, tisseuses ou couturiers.

L'écoulement est donc la condition nécessaire à la survie des entreprises. C'est pourquoi il a été abordé en premier lieu chez la plupart des artisans.

En effet, même si certains affirment ne pas rencontrer de difficultés à écouler leurs produits,la majorité reconnaît avoir des difficultés de vente liées à certains facteurs tels que le manque de promotion ,la mauvaise qualité des produits en raison de l'insuffisance de formation et le manque de créativité.

C'est du reste ce qu'a révélé notre enquête lorsqu'elle laisse apparaître que 94% des artisans présentent l'écoulement des produits comme l'une de leurs préoccupations majeures. (tableau14, page 57)

Les réactions des personnes ressources interrogées à ce sujet ne font que conforter ces résultats. Pour elles, l'artisanat textile est un marché porteur mais les artisans n'arrivent pas à saisir cette opportunité pour plusieurs raisons dont les principales sont la non maîtrise des lois du marché, le manque de qualité des produits et la concurrence déloyale des produits importés bon marché. Toutes ces raisons empêchent les artisans de mieux vendre leurs produits comme le précise Zakaria OUEDRAOGO, président de AFORMATEX: «  le marché FDF existe mais les artisans n'arrivent pas à vendre toute leur production à cause de la qualité médiocre des produits et de leur manque de créativité. Ils copient plus au lieu de créer »35(*)

Il y a aussi ce propos du Directeur de la promotion du SIAO et coordonnateur du CODEPA :

 « Les possibilités commerciales du FDF sont énormes surtout avec l'ouverture des produits artisanaux burkinabés au marché américain avec l'AGOA. Il suffit seulement que nos artisans acceptent se regrouper et travailler plus pour faire sortir des produits de qualité et en quantité »36(*)

Ce dernier propos fait référence à un autre aspect non moins important de la commercialisation des produits burkinabè à savoir la quantité. En effet, certains spécialistes du domaine que nous avons rencontrés soutiennent à tort ou à raison que les artisans burkinabè ne sont pas en mesure d'honorer d'importantes commandes. De ceux-là, il y a Dieudonné ZOUNDI de UPROTEX-HAC qui dit ceci : 

« Le textile burkinabè est beaucoup demandé mais les artisans ne travaillent pas assez la qualité pour être compétitifs sur le plan international. Par conséquent, si une grosse commande nous parvenait dans le cadre de l'AGOA par exemple, nous ne serons pas en mesure de la respecter ni en qualité ni en quantité. »37(*)

Cette affirmation résume bien la difficulté des artisans à écouler leurs produits sur le marché extérieur africain et international

Par ailleurs, les résultats du tableau (tableau 15, page 58) montrent l'importance de la promotion dans le processus d'écoulement des produits. En effet, sur les 70 artisans interrogés, 53 affirment vendre bien plus de la moitié ou toute leur production et pratiquement tous font de la publicité (expositions, foires, défilés etc.). Les artisans qui ne font aucune promotion se trouvent quant à eux en majorité dans le lot de ceux qui vendent moins de la moitié de leur production.

Par ailleurs, les couturiers sont moins touchés par les difficultés de vente que les autres métiers de la filière d'une part parce qu'ils produisent pour la plupart sur commande même si certains font des vêtements prêt- à -porter et, d'autre part parce qu'ils sont plus prompts à faire de la publicité à travers les défilés de modes et les spots publicitaires. Cette analyse est appuyée par les résultats de notre enquête qui font ressortir que les couturiers représentent les plus grosses ventes avec 50% des chiffres d'affaires compris entre 1 et 5 millions, 95% des chiffres d'affaires compris entre 5 et 10 millions et la totalité des entreprises de plus de 10 millions de Chiffres d'affaires. Alors que les entreprises de teinture/tissage sont beaucoup plus représentées dans les entreprises ayant des chiffres d'affaires de moins de 1 million soit 67% d'entre elles. (tableau 10, page 53)

Au terme de cette partie de notre analyse, nous pouvons retenir que les difficultés d'écoulement empêchent effectivement le développement des unités et par conséquent la création de nouveaux emplois dans le secteur.

IV.2.2 Les difficultés d'accès au crédit

Le problème de financement est un problème commun à tout le secteur informel et freine considérablement les efforts de création d'entreprises et donc d'emplois. Les artisans du textile n'en sont pas épargnés.

Les entretiens avec les personnes ressources et les enquêtes réalisées auprès des acteurs nous ont permis de nous rendre compte de l'omniprésence du problème dans le milieu.

En effet, la plupart des artisans font face en général à deux difficultés majeures de financement .La première est celle du fonds de démarrage et la seconde celle du fonds de roulement pour l'accroissement de l'activité et l'exécution des marchés.

Mais dans tous les deux cas, les artisans butent sur le problème de garantie matérielle exigée par les institutions de crédits.

Les résultats du tableau (tableau17, page 59) témoignent de façon succincte cette réalité. Ainsi la grande majorité des enquêtés avance l'accès au crédit comme l'une des difficultés majeures qu'ils connaissent aujourd'hui. 90% des personnes interrogées soutiennent avoir eu d'énormes difficultés à obtenir les fonds pour le démarrage de leur activité ou pour l'agrandir (tableau 16, page 58). La plupart a eu recours à des fonds propres (87% des artisans interrogés) à un soutien des proches (6%) à l'exception de quelques uns qui ont pu être financés par les institutions de financement (7% des artisans).

La difficulté de présenter des garanties pour obtenir le prêt est évoquée par pratiquement tous les enquêtés. Ainsi, l'un d'entre eux affirme t-il à ce propos : « on nous demande des garanties avant de nous donner l'argent mais avec quoi allons-nous acheter ces objets de garantie si on n'a pas l'argent pour travailler »

Ce point de vue conforte effectivement les résultats des enquêtes cités plus haut et s'avère d'autant plus juste que les institutions de micro finance jugées plus souples exigent néanmoins des garanties.

Cependant, quelques artisans bien organisés sont arrivés à résoudre le problème en signant des conventions avec les institutions de crédit .C'est le cas de l'Association des Tisseuses du Kadiogo qui a avec la Caisse populaire mis sur pied une société de cautionnement mutuelle qui permet aux membres d'avoir facilement les fonds pour leurs approvisionnements, la location de leurs stands et l'exécution de marchés dans les délais. C'est cette satisfaction qu'exprime Mme KAFANDO Justine ex-présidente de l'association dans son propos :

 « En tout cas nous n'avons pas de problème de financement .Si on veut l'argent, rapidement on l'a »38(*)

Ce genre d'initiatives est malheureusement peu répandu au niveau des artisans parce qu'il demande une véritable organisation.

Pour nous résumer, nous pouvons dire que les difficultés de financements sont un frein au développement des entreprises et à l'arrivée de jeunes entrepreneurs dans le secteur.

IV.2.3 Les jeunes diplômés, la formation et la qualité des produits dans l'artisanat textile

Le rôle des jeunes diplômés dans le développement de l'artisanat est un sujet qui a retenu l'attention de beaucoup de personnes rencontrées lors de notre enquête.

Un autre gros problème de l'artisanat textile qui explique en partie la médiocrité de la qualité des produits et leur compétitivité est le bas niveau de scolarisation des artisans. La plupart des enquêtés travaillant dans le secteur ont de très bas niveaux ou ne sont pas allés à l'école.

Les résultats de l'enquête réalisée auprès des artisans chef d'entreprises l'expliquent. Sur les 71 personnes interrogées ,25 sont sans niveau, 24 ont le niveau primaire, 18 le niveau secondaire et 4 le niveau universitaire (tableau11, page 54).

Cette situation s'explique par le fait que pour la majorité des gens, l'artisanat est réservé aux personnes qui ont échouées à l'école ou qui n' ont pas eu la chance d'y aller.

Ces propos recueillis auprès des artisans concernés ne font que confirmer cette pensée.

« Mes parents m'ont mis à l'école, j'ai refusé voilà pourquoi je suis ici »39(*) un couturier

« Je ne sais ni lire, ni écrire. Mon père ne m'a pas mis à l'école ; tout ce que je sais faire c'est ce travail et je vis de ça depuis trente ans »40(*) un autre couturier

« Je ne suis pas allée loin à l'école, c'était trop difficile pour moi » 41(*) une tisseuse/teinturière

Ces réactions qui sont nombreuses parmi les artisans traduisent l'importance de l'analphabétisme dans le milieu.

Ce faible niveau d'instruction influe sur la formation des artisans et par conséquent sur la qualité des produits fabriqués. Il est difficile pour des artisans non scolarisés ou faiblement scolarisés (au plus le CEPE) de suivre des formations de haut niveau encore moins de produire des articles de haute qualité.

Les résultats du tableau (tableau 11 , page 52) confortent cette position en affichant que sur les 19 artisans qui sont passés par les écoles de formation ,10 ont le niveau primaire,6 le niveau secondaire et 3 le niveau des universités. Toutefois, parmi les 3 qui ont le niveau universitaire ,2 ont fait des cycles d'ingénieurs en Europe.

Par ailleurs les résultats (tableau 12, page 55) appuient en montrant que la totalité des entreprises réalisant les importants chiffres d'affaires (plus de 10 millions) sont tenues par des artisans qui ont le niveau secondaire et universitaire (50% secondaire et 50% universitaire).

En outre, pour plusieurs des personnes ressources rencontrées, l'insuffisance de personnes hautement qualifiées dans le domaine justifie le manque de créativité des artisans et de qualité des produits. C'est donc à juste titre que Désiré M. OUEDRAOGO fait remarquer que : 

«  Il n y a pas de grandes écoles pour former les jeunes à la création dans le textile .Il faut des jeunes ingénieurs dans le textile si l'on veut un artisanat textile professionnel et des produits de qualité » 42(*)

Zakaria OUEDRAOGO de l'Association des Formateurs du textile (AFORMATEX) abonde également dans la même logique lorsqu'il dit que «  certains artisans ont acquis des connaissances de base et ne peuvent se former à cause de leur faible niveau et produisent donc des produits peu compétitifs ».43(*)

Tous ces intervenants ont d'une manière ou d'une autre dans leurs propos, tenu à monter qu'une formation de haut niveau est aujourd'hui nécessaire pour rendre la filière dynamique.

Ce besoin de formation supérieure a pour point de départ les jeunes et plus particulièrement les jeunes diplômés qui pourtant ne s'intéressent que très peu aux métiers du secteur comme le démontre si bien les résultats (tableau 18, page 61) qui révèle que les jeunes dans leur grande majorité n'aspirent pas à travailler dans l'artisanat textile. Seulement 12 % d'entre eux accepteraient d'exercer un métier dans l'artisanat contre 50% dans la fonction publique et 38 % dans le secteur privé formel.

Les jeunes préfèrent ces emplois parce qu'ils les trouvent plus importants, valorisants, mieux payés et sécurisants par rapport à l'emploi dans l'artisanat. Ce qui n'est pas toujours vrai quand on sait que dans l'artisanat, il est vraiment difficile de calculer le salaire d'un patron qui se rémunère lui-même à son gré et selon la rentabilité de son activité. Il est évident qu'il n'a parfois dans ces conditions rien à envier un fonctionnaire de catégorie A.

Ce sentiment de rejet des jeunes vis-à-vis des emplois dans le secteur qu'ils jugent dévalorisant, est exprimé dans le discours de ces jeunes :

 «Ça ne m'intéresse pas de mettre mes diplômes de côté et de venir m'asseoir dans un petit atelier ; c'est inconcevable pour moi. »44(*)(Un étudiant en 3ème année d'économie)

« Ce ne sont pas des emplois pour nous, mais pour ceux qui ne sont pas allés loin à l'école. »45(*)(Une élève de terminale D)

Le problème a même été constaté chez les artisans eux -mêmes comme peut le montrer l'appel de cette teinturière« Il faut nous aider à convaincre nos enfants à apprendre le métier, ils ont des diplômes, ils n'ont pas de travail mais il refusent d'apprendre ; pourtant c'est ce que j'ai fait pour les mettre à l'école et m'occuper d'eux »Justine KAFANDO (ATK)

Cette situation évoquée par cette mère de famille est commune à beaucoup d'artisans qui ont du mal à convaincre leurs enfants à suivre leurs traces avec l'avantage d'être allé loin à l'école.

Le constat est que les jeunes trouvent l'apprentissage de certains métiers comme le tissage difficiles et peu valorisants.

Au regard de cette analyse concernant à ce volet, nous pouvons retenir en substance, que le manque d'intérêt des jeunes diplômés pour les métiers du secteur influe négativement sur la créativité dans le secteur et qualité des produits artisanaux.

Au terme de nos analyses et de nos interprétations, nous pouvons affirmer que les résultats confirment nos hypothèses. En effet l'insuffisance d'appuis aux micro, petites et moyennes entreprises artisanales réduit les possibilités de création d'emplois dans le secteur (hypothèse principale). Aussi, concernant nos hypothèses secondaires, les difficultés d'écoulement des produits de l`artisanat textile empêchent la création de nouveaux emplois dans la filière et les difficultés d'accès aux financements sont un frein au développement des entreprises et à l'arrivée de jeunes entrepreneurs dans le secteur. En outre, l'analphabétisme des artisans et le manque d'intérêt des jeunes scolarisés et diplômés pour les métiers de la filière contribue au manque de créativité et de qualité des produits artisanaux.

SUGGESTIONS

Au regard des opportunités que présente l'artisanat textile pour la lutte contre le chômage des jeunes, nous nous sommes proposé d'apporter notre petite contribution à leur résolution à travers quelques propositions. Mais avant cela, il convient de faire ces quelques remarques en direction de tous les acteurs de la filière.

D'abord, l'Etat dont on ne perçoit que très peu les interventions dans le domaine .La grande partie de son action se limite à l'élaboration de politiques dont les effets restent jusqu'à présent difficilement perceptibles au niveau des artisans. Il ne fait pas assez d'efforts en s'impliquant suffisamment dans l'appui au secteur par des actions énergiques pour l'impulser.

Ensuite, les structures d'appuis issues pour la plupart, de la coopération bilatérale dont les actions sont limitées à une catégorie d'artisans donnée. Chaque structure se focalise sur une frange d'artisans bien définis réduisant ainsi l'efficacité des actions par la dispersion des interventions.

Les associations d'artisans sont quant à elles pour la plupart dans un état d'inertie à l'exception de quelques unes. Elles ne fonctionnent pratiquement plus ou sont au ralenti pour des raisons diverses.

Enfin, les artisans eux -mêmes qui sont beaucoup isolés les uns des autres. Chacun préfère travailler seul dans son coin avec sa petite part de marché .Ils se plaignent de l'insuffisance de l'implication de l'Etat mais ne s'organisent pas eux-mêmes. Chacun se plaisant dans sa position de patron de deux ou trois employés au lieu de s'organiser en groupement ou coopératives pour être plus forts.

Face à toutes ces difficultés nous proposons ce qui suit :

A l'Etat burkinabé

1. Stimuler la consommation locale

· Il faut sensibiliser les burkinabè à acheter le FDF en jouant sur la fibre patriotique. Par exemple, faire comprendre qu'en achetant le FDF, ils font vivre des familles burkinabè.

· Instituer une journée nationale du FDF où chaque habitant pourra s'habiller en tenue traditionnelle ou amener les burkinabè à s'habiller en FDF lors des manifestations comme le 8 mars ou le 11 décembre.

· Fixer un quota pour l'accès de l'artisanat textile au marché institutionnel. C'est -à- dire fixer un quota pour l'accès des entreprises artisanales de transformation du coton au marché de l'ameublement des administrations et des tenues professionnelles (corps militaires et para-miltaires), tenues scolaires. Une telle mesure pourrait soutenir l'émergence d'entreprises évoluant dans le secteur.

· Assurer une plus grande visibilité des produits en leur faisant une part belle lors des manifestations d'envergure nationale ou régionale fortement médiatisées (élection miss, Kundé, etc.)

· Impliquer les leaders d'opinions,personnalités publiques(députés et ministres lors des cérémonies solennelles )qui pourront être des leviers pour la consommation du FDF.

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2. Résoudre la problématique de l'importation de la friperie et de la protection du patrimoine textile burkinabé (motifs, symboles) de la contrefaçon chinoise par des taxations élevées et des contrôlés renforcés aux frontières

3. Créer un fonds de garantie

L'Etat peut créer une institution qui pourra se porter garante des artisans auprès des institutions de crédit (un fond de garantie) ou créer un fonds spécialement réservé aux artisans qui tient comte de la spécificité de leur métiers ;

4. Mettre en place des structures de formations supérieures en créant par exemple une filière réservée au textile à l'Université ou une école des beaux arts pour préparer des diplômes tels que le Brevet de Technicien Supérieur (BTS) arts appliquées en design de mode et textile, D.E.S.S. mode et création textile.Ce qui aurait pour effet de produire des experts dans le domaine et de relever la qualité des produits. Mais également, il conviendrait d'instaurer dans nos établissements techniques existant des disciplines telles que le tissage et la teinture qui ne sont pas encore pratiquées dans ces écoles.

5. Sensibiliser les jeunes à s'intéresser à ces métiers

à travers des campagnes d'information dans les établissements secondaires de la ville . Cette action pourra être menée par le Ministère de la jeunesse et de l'emploi qui sait s'y prendre avec les jeunes.

Aux partenaires et aux structures d'appuis

1. Travailler en synergie les uns avec les autres pour une plus grande efficacité des interventions ;

2. Appuyer les voyages de prospection commerciales dans la sous région et ailleurs pour développer le marché régional et mondial du FDF.

Aux artisans

3. Se former dans leur domaine et faire preuve de plus de créativité dans leurs productions pour avoir accès à d'autres marchés.

Mieux organiser leur travail en recrutant des jeunes qui seront chargés de la gestion, de la commercialisation tandis qu'eux se consacreront à la production. Ce qui permettra une plus grande visibilité dans la gestion de l'entreprise.

4. Se rapprocher les uns des autres pour être plus efficaces et complémentaires et Créer des coopératives ou des centrales d'achat pour faciliter les approvisionnements.

A tous les acteurs (Etat, structures d'appuis, artisans)

5. Accélérer la mise en place de la chambre des métiers qui pourra mieux organiser le secteur et permettre aux acteurs de la filière de participer au dialogue politique en se positionnant comme une force de proposition sur les questions d'enjeu majeur qui déterminent l'avenir de la filière.

Aux Jeunes

6. S'intéresser à l'entrepreneuriat dans le secteur parce qu'il est très porteur et permet de vivre décemment.

* 31 _ Entretien réalisé dans son bureau -UNITEX (Ouagadougou), le 20/02/09

* 32 _ Entretien réalisé dans son Atelier -GARBOKO (Ouagadougou), le 13/02/09

* 33 _ Marcel OUEDRAOGO, Entretien réalisé dans son Atelier -PRINCE DESSUTI INTERNATIONAL, le 3/03/09

* 34 _ INSD, Rapport d'enquête, le secteur informel dans l'agglomération de Ouagadougou : performance, insertion perspective, novembre 2003

* 35 _ Entretien réalisé dans son Atelier COULEURS DU SAHEL -Gounghin (Ouagadougou), le 10/03/09

* 36 _ Entretien réalisé dans son bureau -SIAO (Ouagadougou) , le 5/03/09

* 37 _ Entretien réalisé dans son Atelier -GARBOKO (Ouagadougou), le 13/02/09

* 38 _ Entretien réalisé dans sa cour secteur 11 (Ouagadougou) , le 16/03/09

* 39 _ Couturier GERARD COUTURE, rencontré le 5 /03/09

* 40 _ Couturier CACHICO (Gounghin), rencontré le 10/03/09

* 41 _ Une teinturière membre de ATK, rencontrée le 17/03/09

* 42 _ Entretien réalisé dans son bureau -UNITEX (Ouagadougou), le 20/02/09

* 43 _ Entretien réalisé dans son Atelier COULEURS DU SAHEL -Gounghin (Ouagadougou), le 10/03/09

* 44 _ Etudiant rencontré à l'Université de Ouagadougou le 20/03/09

* 45 _ Elève au lycée Marien N'Gouabi (Ouagadougou), rencontrée le 17/03/09

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