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Analyses des blocages de l'introduction des langues nationales dans l'enseignement élémentaire formel au Sénégal: étude dans la commune de Fatick

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par pape samba gueye
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Master 1 2010
  

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Chapitre 1 : cadre d'analyse théorique

I-1.Construction de l'objet de recherche

L'éducation est et a toujours été un enjeu majeur dans la vie des sociétés humaines. En cela, elle est selon Durkheim : « l'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et de sa société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné » (Durkheim, Education et Sociologie (1922)).Par l'éducation, l'homme approfondit ses connaissances sur son environnement et transforme le savoir ainsi acquis en aptitudes professionnelles, donc en capacité de maitrise sur ses propres conditions matérielles d'existences.2(*) Par elle, l'homme est capable de retracer son passé, de revitaliser son présent et d'orienter son futur. C'est à ce titre que depuis 1948, avec la déclaration universelle des droits de l'Homme, il y est mentionné :

« Toute personne a le droit à l'éducation .L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé, l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.

L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect du droit de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.

Les parents, ont par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants. » (Article 26).

Ainsi, cette dernière sentence semble être peu prise en considération dans les pays africains qui, par leurs politiques gouvernementales et socioprofessionnelles, incitent les populations à se conformer, parfois contre leur gré au système éducatif formel au moyen de la langue de l'ancienne métropole au détriment des langues maternelles africaines (nationales ou locales).Ainsi comme le rappelle Gerbi HESSELING: « on parle beaucoup actuellement de violations des droits de l'homme. Mais il me semble qu'une des violations les plus fondamentales de ces droits est d'imposer à ceux qui veulent s'instruire l'utilisation d'une autre langue que la leur (...)on peut avancer de nombreux arguments pour soutenir que l'enseignement dans la langue maternelle doit - ou devrait - constituer un droit fondamental » 3(*).Ce qui laisse voir un forçage de système aux populations qui devraient orienter leur choix selon les modalités et les capacités linguistiques appropriées à leur contexte sociohistorique. C'est dire qu'il existe un déphasage entre le système éducatif africain et son contexte sociohistorique dans la mesure où l'expertise africaine est incapable de se dévoiler au moyen des langues empruntées ou qui nous ont été imposées. C'est à ce titre que beaucoup de chercheurs africains, depuis les indépendances, ont eu le sentiment voire le sacerdoce de repenser le statut des langues africaines, leur considération, leurs impacts sur le comportement sociétal...

La question des langues nationales africaines et de leur enseignement, voire de leur officialisation sont une problématique qui implique le continent dans son ensemble. Depuis la colonisation jusqu'à nos jours les pays africains sont marqués par une hybridité linguistique concernant d'une part les langues des colons (britannique, portugais, français..) et d'autre part les langues endogènes ou locales. Ainsi, depuis les indépendances, beaucoup de chercheurs et de penseurs africains ont le réel sentiment de procéder à une sensibilisation pour le recours à nos langues sans lesquelles il n'y aura point de repères vers le progrès. Mais cette situation tant souhaitée est remise aux calendes grecques. A la fin de la colonisation, la plupart des pays africains ont compris que le recours aux langues autochtones africaines peut constituer un enjeu majeur pour le comportement éducatif, socioculturel et économique de l'ensemble des pays de l'Afrique. Pour ce faire, il requiert donc pour certains d'incorporer en fond les langues locales dans le système éducatif formel, pour d'autres il nécessite d'adopter un système éducatif basé sur les langues nationales.

Dans les années 1990, cette perspective est soulevée par Joseph KI ZERBO lorsqu'il mentionne : « l'éducation est une fonction de reproduction et de dépassement social indispensable au progrès de tout pays. Quand cette fonction est abolie, il se produit un dépérissement profond dans le métabolisme de base de la société. C'est le cas en Afrique, où l'école, au lieu de reproduire les sociétés à un niveau supérieur contribue à les mettre en pièces détachées. L'appareil éducatif, au lieu d'être un moteur, est une bombe à retardement qui, compte tenu de la flambée démographie, épuise les ressources économiques sans contre partie suffisante, désintègre les structures sociales et stérilise les cultures »4(*).voilà donc comment KI ZERBO a analysé l'école africaine dans son ensemble qui, vu son déphasage avec nos réalités sociales, ne reflète guère notre identité socioéconomique.

Au Sénégal, depuis l'indépendance, des politiques sur les langues nationales ont été, avec contraste, avancées en vue de leur `'promotion'' dans un système éducatif.

Dans cette optique, l'Etat s'engage dans une perspective de consolidation de l'unité nationale, de construction nationale et ambitionne de prendre en charge l'ensemble des impératifs politiques et socio éducatifs (`'Etat -providence'') en vue de l'instauration d'un `'Etat fort''.

Au plan éducatif, surtout l'école, l'Etat sénégalais avait jugé suffisant au moment de son accession à l'indépendance l'héritage colonial d'un enseignement prétendu moderne avec taux de scolarisation satisfaisant. Il omettait cependant la valeur du contenu de l'école prise sous l'angle socioculturel avec ses impacts dans la société, en reproduisant les valeurs de l'école blanche dont le dessein était d'effacer progressivement les cultures sociales des colonisés. En effet, comme le pense Abdou SYLLA, l'Etat a manqué au début des indépendances :

« Une politique éducative définissant de manière précise les principes et les finalités (....) de l'école sénégalaise, un plan de développement de l'école qui détermine avec précision les phases de son développement avec des projections à cout, moyen et long terme(...) ; il était remarquable que l'école nationale sénégalaise post indépendante soit une simple excroissance, un appendice de l'école française ».5(*)

L'analyse de SYLLA suggère que les langues nationales étaient hors programme en ce qui concerne leur insertion dans l'enseignement dans la mesure où l'élite sénégalaise a maintenu l'enseignement avec la langue occidentale. Mais ce n'est qu'à partir des contestations de Mai 1968 que l'exigence de réforme de l'école se note.

Dans le domaine linguistique, des programmes de revitalisation des langues nationales, avec notamment les décrets des transcriptions, ont vu le jour. En 1968 , le décret n°68-871 relatif à la transcription des langues nationales a été abrogé puis remplacé par celui du 21 mai 1971(n°71-566) et complété par le décret n°72-702 du 16 juin 1972. Le gouvernement a décidé de l'abroger pour les motifs tels que les suggestions adressées au chef de l'Etat par les linguistes, grammairiens ou simples particuliers. Bien avant cette période, SENGHOR6(*), jeune professeur en 1937, réclamait l'introduction des langues nationales dans l'enseignement. Ce qui sera à l'endroit des nombres de critiques venant de certains cadres africains et de l'administration coloniale.7(*)Mais notons que ces litiges ne découragent guère les chercheurs et politiques qui croient aux valeurs de nos langues nationales. Ainsi les politiques envers elles sont renforcées de gouvernement en gouvernement, c'est-à-dire à l'arrivée de chaque nouveau Chef d'Etat. Cependant, malgré cet engouement, nos langues restent davantage au plus bas niveau à l'échelle planétaire. Comment sommes-nous arrivés à ce stade ? Quelles politiques ont subies nos langues nationales ? Quels atouts économiques et socioculturels peuvent -elles regorger si elles sont prises en considération dans l'enseignement formel?

Ces interrogations si lapidaires nous permettent de faire recours à un diagnostic situationnel des langues nationales depuis la période coloniale jusqu'à nos jours.

Comme nous le savons, la colonisation est un processus de domination politique, d'exploitation économique et d'assimilation culturelle d'un pays par un autre. En Afrique, ce processus était dûment assuré par les colonisateurs qui orientaient leur politique de domination et d'assimilation le plus souvent sur la sphère culturelle dont le point de départ constitue la langue. Ainsi l'Afrique francophone était plus exposée à cette forme de politique coloniale (le `'direct rule'').Cette période de l'expansion française, appelée par KI-ZERBO, « l'âge d'or des étrangers », consistait en une mainmise par les colons sur l'économie, les structures politiques, la culture et l'éducation.

Sur le plan économique, il s'agit de tirer le maximum de terres conquises, de rentrer dans ses fonds ; c'est en fait la `'doctrine `'coloniale d'Albert Sarraut en 1923 qui présente les colonies comme le recours décisif qui relèvera la France des misères de la guerre.8(*)Cette politique économique coloniale a changé le comportement intellectuel et socioéconomique des populations africaines. Rappelons ces propos de KI-ZERBO : « En générale, la colonisation a mis en train un processus de transformation intérieure. Des sociétés closes et repliées sur elles -mêmes sont déjà travaillées par le levain de l'argent et des idées nouvelles. La propreté privée connue jusque-là s'implante surtout dans les zones côtières et dans les villes. La dot versée à la fiancée, jusque-là symbole et lien, se transforme surtout dans les villes en un prix comme les autres ».

Sur le domaine sociopolitique, la France contrôlait l'Afrique de l'Ouest qui égalait neuf fois sa propre superficie, soit cinq millions de kilomètres carrés. Deux ensembles composaient les territoires français : les territoires de l'A.O.F (Sénégal, Mauritanie, Guinée, Cote d'Ivoire, Niger, Dahomey, Soudan et Haute Volta) et ceux de l'A.E.F (Congo, Gabon, Oubangui-Chari et Tchad).A la tête de ce système il y'avait le ministre des colonies, responsable de l'administration coloniale devant l'assemblée nationale.il était représenté dans chaque fédération par un gouverneur général, ordonnateur du budget fédéral, maître des forces armées et chef des services administratifs centraux de la fédération. Le gouverneur conduisait le travail pratique par un réseau de commandants de cercle, ultérieurement secondés par des chefs de subdivision.

Par ailleurs, la société africaine colonisée connaît une hiérarchisation mettant en oeuvre deux classes sociales :''les citoyens'' et les `'indigènes''.Les premiers étaient favorisés par rapport à leur statut social et intellectuel. C'est le cas par exemple des natifs de quatre communes du Sénégal (Saint Louis, Gorée, Dakar et Rufisque) qui ont la citoyenneté française.

L'éducation ou plutôt l'enseignement des peuples africains colonisés demeure oppressif dans la mesure ou le système éducatif était inégalement réparti et asservissait les valeurs africaines. L'enseignement laïque avait été crée par Faidherbe. Il est organisé en A.O.F par l'arrêt de 1903 prévoyant l'école de village, l'école régionale pour la préparation du C.E.P.E. et l'école urbaine pour les fils de citoyens. L'enseignement professionnel était donné à l'école Pinet-Laprade de Gorée. L'école normale et l'école primaire supérieure de Saint-Louis (école Faidherbe) deviendra le premier lycée d'Afrique noire, suivi par le cours secondaire Van Vollenhoven de Dakar. Le contenu de cet enseignement fait partie intégrante du système colonial. Il s'agit d'éviter que l'enseignement des indigènes ne devienne un instrument de perturbation coloniale d'où le malthusianisme culturel, les programmes tronqués sacrifiant la culture générale et l'histoire africaine authentique. Les petits wolofs apprenaient à connaître leurs « ancêtres les gaulois » et les Toucouleurs récitaient des leçons présentant EL-Omar comme sinistre agitateur. Les langues africaines sont prohibées dans ces écoles et leur utilisation entraine la mise à genoux dans un coin avec les oreilles d'ânes...9(*) Rappelons nous du fameux `'symbole'' à l'école primaire qui permettait de sanctionner négativement l'élève qui serait le dernier à parler une langue nationale. Il était symbolisé soit par un gros os, soit par un gros bois pour montrer ou faire savoir à la communauté que cet élève n'a pas les aptitudes à manier le français ;et ça devenait une vexation pour ce dernier. Par conséquent, la langue française demeurait à l'égard des colonisés francophones `'une contrainte sociale'' suivant la conception durkheimienne dans la mesure où, ces derniers étaient libres de ne pas parler le Français mais ils ne pouvaient pas faire autrement. En effet, est-il inutile de rappeler que la langue française est imposée à toute l'Afrique francophone sous domination coloniale ? Il nous est possible alors de rappeler le processus d'aliénation, de substitution et d'institutionnalisation des langues coloniales eu égard aux langues autochtones africaines.

Au Sénégal, à l'instar des autres pays d'Afrique francophone, la colonisation a battu son plein durant des siècles. Les recherches scientifiques témoignent de la présence humaine sur le territoire du Sénégal depuis des milliers d'années. L'apparition des métaux date d'au moins 500 ans avant notre ère, mais la fondation de royaumes sénégalais est plutôt récente, soit avant le VIIème siècle. L'islam est alors apparu dans la région occasionnant de nouveaux royaumes musulmans. Aux IXème siècles, les toucouleurs s'installèrent dans le Fouta-Toro et la vallée du Sénégal. Le puissant royaume du Tekrou, pour sa part, domina l'est du pays à partir du XIème jusqu'au XIVème siècle.

Les premiers Européens à fréquenter la région furent les portugais qui, en 1444, atteignent l'embouchure du Sénégal et l'archipel du cap -vert. Ce fut le début des relations commerciales avec les Européens. Les portugais s'installèrent à Gorée, une petite ile à trois kilomètres au large de Dakar, qui, pendant très longtemps, constituera l'entrepôt principal de la traite négrière. Après 1600, les portugais furent chassés par les hollandais et les français, ces derniers dominèrent vers 1700 le commerce de la région côtière. Un premier comptoir français, fortifié, fut installé en 1959 sur l'île de Ndar, à l'embouchure du fleuve Sénégal : ce fut la ville de Saint-Louis fondée par Louis Caullier, agent de la compagnie du Cap-Vert et du Sénégal, en hommage au roi de France, Louis XIV, alors souverain régnant. Malgré la rivalité franco-britannique et de nombreux conflits à la fin du XVIIème siècle et durant tout le XVIIIème siècle, l'influence française s'étendit dans toute la région, hormis la Gambie. Après une brève occupation britannique (1758-1779 et de 1809-1814), le Sénégal redevint français. Saint-Louis resta un centre actif du commerce des esclaves durant tout le XIIIème siècle. Autour de 1789, la ville de Saint-Louis comptait au moins 10 000 habitants (6000 Noirs ; résidents permanents ,1200 mulâtres, 300 esclaves et quelques 600 Européens, y compris la garnison).Il y eut de nombreux mariages mixtes, car il était interdit aux européens qui se rendaient en Afrique d'amener leur femme et leurs enfants. Plusieurs commerçants et trafiquants blancs laissèrent un héritage important à leur femme et leurs enfants, qui prirent le nom d' « enfants du pays ».La France n'abolit l'esclavage qu'en 1848.

Le général Louis Faidherbe (1818-1889) fut nommé gouverneur du Sénégal en 1854.Il entreprit la réunification du pays10(*) en repoussant les Toucouleurs à l'Est du Haut Sénégal (1855-1863), rejeta les maures au nord du fleuve, puis en 1858 il annexa le pays des wolofs (à l'époque : Yolofes).De retour à Saint-Louis, il décida de relier cette ville au Cap-Vert. En 1895, le Sénégal devint officiellement une colonie française administrée depuis Saint-Louis.

Après la seconde guerre mondiale, une assemblée territoriale fut crée au Sénégal, Léopold Sédar Senghor, l'un des députés du parlement français, domina la vie politique locale de son pays. Le français avait été choisi comme langues officielle durant toute la colonisation française. Donc, force nous est de comprendre que durant toute la période coloniale, les langues africaines en générales et sénégalaises en particulier n'avaient guère d'envergure. Et la politique coloniale a fortement contribué à l'effacement de nos langues dans les secteurs administratifs de l'époque.

En effet, quelle est la situation de nos langues nationales dans un Sénégal indépendant ?

Le Sénégal obtint son indépendance le 18 juin 1960.Après une éphémère fédération sénégalo-malienne, le Sénégal est dirigé par Léopold Sédar Senghor (1906-2001) qui laissera la place à son ancien premier ministre Abdou Diouf. Ce dernier dirigea, en outre, la confédération sénégambienne de 1982 à 1989. Au moment de son indépendance, le Sénégal, comme la plus part des Etats africains francophones nouvellement indépendants, a choisi le français comme langue officielle. Cette clause constitutionnelle signifiait que le français devenait la langue de présidence de la république, de l'assemblée nationale, de l'administration publique, des cours de justice, des forces armées et policières, de l'enseignement à tous les niveaux, de l'affichage, des medias etc. Les dirigeants ont ainsi privilégié la langue qui leur parait la plus immédiatement disponible et opérationnelle. Toute la politique linguistique écrite du Sénégal, à cette époque tenait essentiellement de l'article1 de la constitution qui faisait du français la langue officielle. Par conséquent, le français prenait toute la place dans l'espace politique et socio -économique.

Cependant, le français demeure une langue étrangère parlée par 15% à 20% des sénégalais et par 1% à 2% des sénégalaises. Il est la langue maternelle d'une minuscule élite tout au plus 0,2% de la population du pays.11(*)Ainsi, se demander pourquoi le Sénégal compte un si fort taux d'analphabètes en langue française, revient à se rappeler que 55% des jeunes sénégalais vivent dans les régions rurales et que très peu d'entre eux fréquent l'école ;les enfants étaient considéraient comme des bras supplémentaires aux travaux champêtres. C'est ce qui pourrait expliquer que 80% à 90% des jeunes ne parlent pas français. Par ailleurs, 82% des sénégalais vivant en milieu rural ne savent ni lire ni écrire aucune langue.

La politique linguistique du Sénégal peut être caractérisée en deux volets : d'une part, promouvoir les principales langues nationales pour en faire des langues de culture, d'autre part, maintenir le français comme langue officielle et comme langue de communication internationale. D'ailleurs l'article 1 de la constitution du 7 janvier 2007 le reconnaît officiellement.

Jadis, Léopold Sédar Senghor, dans le décret de 1971, rappelait que la langue officielle est le français et aussi comme langue d'enseignement car, selon lui, vouloir faire des langues nationales un instrument efficace pour l'enseignement des sciences et des techniques peut constituer un retard au rendez-vous de l'An 2000.

Plus tard, en 1991, la loi n°91-22 du 16 février définit les principes généraux de l'éducation nationale mentionnés dans l'article 6 qui stipule :

1-« L'Education nationale est sénégalaise et africaine : développant l'enseignement des langues nationales, instruments privilégiés pour donner aux enseignés un contact vivant avec leur culture et les enraciner dans leur histoire, elle forme un sénégalais conscient de son appartenance et dans son identité ».

2-« Dispensant une connaissance approfondie de l'histoire et des cultures africaines, dont elle met en valeur toute les richesses et les apports au patrimoine universel, l'Education nationale souligne les solidarités du continent et cultive le sens de l'unité africaine ».

3-l'Education nationale reflète également l'appartenance du Sénégal à la communauté de culture des pays francophones, en même temps qu'elle est ouverte sur les valeurs de civilisations universelles et qu'elle inscrit dans les grands courants contemporains ,par là, elle développe l'esprit de coopération et de paix avec les hommes ».

En effet, nous remarquons que cet article est axé nuancement sur la langue française et les langues nationales. Qu'en est-il en réalité ? En d'autres termes, que revêt l'éducation africaine en générale et sénégalaise en particulier face à la domination des langues des anciennes métropoles ?

Nous savons évidement que dans la plupart des pays africains comme au Sénégal, la langue du colon reste toujours officielle. Selon les recherches, seuls un petit nombre de pays ont officialisé leur langue autochtone. Il s'agit de l'Ethiopie (amharic), de la somalie (somali), de la Tanzanie (kiswahili) du Burundi (kirundi), du Rwanda (kinyarwanda) et du Centre-Afrique (sango).Pour sa part, le Mali est doté de plus de huit mille centres d'alphabétisation répartis en six mille cent treize villages dont les alphabétisés participent dans les efforts de développements de leurs milieux (relevés pluviométriques, traitements des champs, enregistrements des décès et des naissances etc. Il a aussi mieux à l'épreuve une « Pédagogie Convergente »(PC) qui consiste à commencer à enseigner en langues nationales tout en introduisant progressivement le Français. Par ailleurs, le Sénégal reste loin eu égard à cette volonté de promouvoir nos langues dans les instances administratives et socio-économiques.

Quelle est la politique linguistique menée par le Sénégal depuis son indépendance jusqu'à maintenant ? Quelles théories ou analyses ont fait les penseurs dans le domaine des langues nationales ? Autrement, comment sont analysées les langues nationales par rapport à leur introduction /adoption dans le système d'enseignement formel sénégalais ?

Ces interrogations ci-dessus requièrent de faire le tour de la question en revisitant l'ensemble des théories ou écrits faits sur le domaine de ces dites langues. Cela nous permettra en outre de positionner la cadre actuel des choses.

* 2 _ Abdoulaye NIANG, 2007, « la jeunesse africaine et le changement social » in Regard sur la jeunesse en Afrique subsaharienne, presse universitaire de Laval.

* 3 _ Gerti Hesseling, 1985, Histoire politique du Sénégal. Institutions, droit et société. Editions KARTHALA, p327.

* 4 _ KI ZERBO(J), 1990, Eduquer ou périr, éd l'Harmattan.

* 5 _ Sylla. A, 1992, L'école : quelle réforme ?in Sénégal, trajectoire d'un Etat, Dakar, CODESRIA

* 6 _Premier président du Sénégal (1960-1980)

* 7 _ AEST (association des étudiants sénégalais en France), UGEESS (union générale des étudiants élèves et stagiaires du Sénégal), 1979, Francophonie et néo-colonialisme. Le combat linguistique dans libération du peuple sénégalais.

* 8 _ .Ki-Zerbo, 1978, Histoire de l'Afrique Noire, HATHIER Paris, p429.

* 9 _ Ki-Zerbo, 1978, op.cit, pp 441-442

* 10 _ Le pays était divisé en petits royaumes rivaux.

* 11 _ Sources : internet (www.google.com).

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld