1.3 La théorie de compromis
La remise en cause progressive des hypothèses
proposées par Modigliani et Miller a favorisé l'émergence
de la théorie de compromis qui confirme l'existence d'une structure
optimale de financement a cause des coüts de faillite.
L'appréhension de la relation entre ces coüts et la structure
financière passe, tout d'abord, par la présentation de ces
derniers.
1.3.1 Les coüts de faillite
L'entreprise, en s'endettant davantage, se trouve
confrontée au risque de défaut de remboursement. En effet, il
suffit que les revenus futurs attendus soient inférieurs aux
anticipations pour que l'entreprise soit confrontée au défaut de
paiement. Les entreprises qui ne sont pas loin de la cessation de paiement sont
dites potentiellement en faillite. Ces dernières supportent
généralement des coüts additionnels qui réduisent
leur valeur de marché. Il s'agit essentiellement, des dépenses
réalisées par les dirigeants de l'entreprise pour éviter
la
13 Pour démontrer que l'endettement est sans
effet sur la valeur de la firme, Miller s'appuie sur l'équilibre du
marché de la dette qui correspond au volume total d'obligations
émises par l'ensemble des firmes et qui n'implique nullement un niveau
optimal du ratio d'endettement pour l'entreprise marginale. Cet
équilibre est atteint lorsque ( 1 ) ( 1 ) ( 1 )
- T d = - T x - T a. A ce
moment le gain lié a l'endettement disparaIt complètement.
faillite, des frais de notaires, d'avocats et surtout des
coüts liés a la perte de confiance de la part des clients,
fournisseurs et employés. Ces coüts, qui dépendent de la
taille de chaque entreprise, peuvent être décomposés en
coüts directs et coüts indirects14 (Malécot
(1984)).
1.3.2 Influence des coüts de faillite sur la structure
financière
Comme nous l'avons mentionné auparavant, la
fiscalité favorise l'endettement de l'entreprise15 qui
accroIt la valeur de la firme par le biais des économies d'impôt.
Modigliani et Miller affirment qu'une valeur maximale de la firme va de paire
avec un endettement maximum. Cependant, ce résultat n'est plus valable
s'il y a probabilité de faillite des entreprises.
En effet, un endettement excessif engendre un accroissement du
risque de défaut de l'entreprise qui s'accompagne par des
difficultés financières qui surgissent lorsque l'entreprise ne
remplit plus ses promesses a l'égard de ses créanciers ou quand
elle y parvient avec difficulté.
Ces difficultés financières inquiéteront
les investisseurs et vont se refléter dans la valeur de marché
des titres de l'entreprise endettée. Ainsi, la valeur de la firme est
divisée en trois parties:
Valeur de l'entreprise = valeur de l'entreprise
financée entièrement par fonds propres + valeur actuelle de
l'économie d'impôt - valeur actuelle des coüts des
difficultés financières, l'arbitrage entre les économies
d'impôt et les coüts des difficultés financières
détermine la structure optimale du capital (Baxter (1967)).
La théorie de compromis, qui constitue un apport de
l'approche néoclassique de la firme, permet d'expliquer les
différences sectorielles observées de la structure
financière. En effet, les entreprises dont les actifs sont
essentiellement de nature incorporelle et opérant dans des
secteurs16 qui supportent des risques énormes s'endettent
relativement peu17. A l'inverse, les entreprises disposant d'actifs
de nature corporelle et relativement surs ont des ratios d'endettement
élevés.
Mais puisque la théorie de compromis ne permet pas
d'expliquer pourquoi des entreprises très rentables s'endettent
très peu, et renoncent par conséquent, aux économies
d'impôt, les
14 Parmi les coüts directs, nous pouvons citer
les coüts administratifs intervenant a priori et les coüts de vente
forcée et urgente des actifs intervenant a posteriori. Concernant les
coüts indirects, il s'agit essentiellement des coüts
d'opportunité ou des manques a gagner.
15 Ce raisonnement est valable si l'on fait
abstraction a l'imposition des personnes physiques.
16 Nous donnons a titre d'exemple, le secteur de la
haute technologie.
17 Etant donné leur probabilité de
faillite élevée, les entreprises opérant dans des secteurs
très risqués trouvent des difficultés pour accéder
au financement par emprunt.
développements théoriques qui vont suivre
permettront de donner une réponse a ces interrogations.
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