WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Réutilisation des eaux usées

( Télécharger le fichier original )
par Jean-Laurent Bungener
Ecole polytechnique fédérale de Lausanne - Thèse 1996
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2.3. Le facteur biologique.

Sous les climats tropicaux, le facteur biologique revêt une importance particulière. En raison des températures élevées, le turn-over des éléments minéraux y est rapide. Mais ce turn-over dépend d'un jeu d'interactions complexes qui conduit à un transfert des éléments chimiques sous des formes variables qui ne sont pas toujours utiles à la plante (Anderson et Ingram, 1993). Les plantes qui sont les producteurs primaires de l'écosystème sol constituent la base de cette chaîne de réactions en fournissant une biomasse sous forme de racines, de feuilles, de tiges ou de fruits (secs ou charnus).

Elles ont également une influence sur le microclimat. Ces effets de la plante sont bien connus et ont fait l'objet de mesures. Le rôle des microorganismes du sol est également largement étudié notamment dans le cadre de la fixation biologique de l'azote. Par contre, la faune des sols reste le parent pauvre de la recherche sous les tropiques. Seuls les éléments les plus évidents tels les fourmis, les termites et les annélides, ou les parasites des cultures ont été étudiés avec attention. Cet état des connaissances évolue rapidement grâce à la mise en place de programmes internationaux.

L'action de la plante.

Nous examinerons en premier lieu l'influence du couvert végétal sur ces équilibres. Cette action limite la dégradation de la fertilité des sols par trois facteurs:

- Atténuation des variations climatiques. - Protection contre l'érosion.

- Amélioration du stock organique et minéral.

Atténuation des variations climatiques

A l'échelle d'une parcelle cultivée, on observe des variations importantes du microclimat selon le type de culture et la densité du couvert ligneux. A cette échelle, la présence de quelques arbres par hectare suffit à réduire notablement la vitesse moyenne du vent en saison sèche ( Baldy et Stigter, 1993). La présence de végétaux limite également l'incidence du rayonnement solaire sur la température du sol (Charpentier et al., 1991). On observe une diminution de l'écart entre l'amplitude des températures maxima du jour par rapport aux maxima de la nuit. Les parcelles avec ombrage ont une variation des températures nycthémérales qui peut être inférieure de 8° C à celle d'une parcelle témoin sans plantes (Baldy et Stigter, 1993).

Ce pouvoir tampon vis-à-vis du climat s'accompagne d'une modification des conditions d'humidité atmosphérique dans la zone sous influence. L'évaporation de l'eau du sol sera ainsi réduite.

Ce constat a conduit à l'expérimentation de mises en culture particulières que l'on appellera les cultures multiples qui permettent d'effectuer des cultures malgré des conditions hydriques défavorables (Osseni et N'guessan, 1987). Mais cette augmentation de l'humidité atmosphérique n'a pas que des effets positifs, car elle risque également de faciliter le développement de la mouche tsé-tsé (Mainguet, 1994) ou de parasites pour les plantes cultivées.

Protection contre l'érosion.

L'action de la plante comme agent de lutte contre l'érosion hydrique est évidente. Elle diminue l'énergie cinétique des gouttes de pluie avant leur impact sur le sol et elle stabilise les particules solides par le biais de son réseau racinaire. La lutte contre la désertification utilise le couvert végétal (ligneux ou herbacé) comme agent de protection à long terme contre l'érosion hydrique (projet Keita de la F.A.O. au Niger, végétalisation des ouvrages anti-érosifs). Le suivi de projets de végétalisation d'ouvrages de lutte anti-érosive tels les cordons pierreux ou les diguettes montre l' intérêt pratique de cette technique (Alexandre, 1994).

Comme nous l'avons vu, la plante permet de diminuer la vitesse du vent, ce qui limite l'érosion éolienne. Ce qui a conduit au développement de haies brise-vent dans les zones où les sols étaient les plus sensibles à ce type d'érosion. Mais ce type de protection augmente la température de la zone protégée jusqu'à une distance équivalente à 10 fois la hauteur de l'écran (Kaisin, 1994). Cette augmentation de température peut être fatale aux cultures sous influence de l'écran.

Amélioration du stock organique et minéral.

En zone de savane, la production de biomasse végétale est plus importante dans le sol sous forme de racines qu'en surface (Fournier, 1991).

Cette biomasse qui est protégée de l'effet du feu permet le maintien d'un stock organique dans le sol. Il est complété par l'aptitude pour de nombreuses essences à fixer l'azote atmosphérique (Swift et al., 1994) et l'amélioration de l'accès aux nutriments par l'intermédiaire des mycorhizes. Du fait de l'amélioration des conditions micro-climatiques, la vie dans le sol pourra se développer, ce qui renforcera les mécanismes de biodégradation de la matière organique. La présence d'animaux permet une humification de la litière, ce qui facilite la constitution d'un stock organique (Kilbertus et al, 1980). La mise à disposition pour la faune des sols de débris végétaux frais (de qualité nutritive supérieure) permet un renforcement de leur population (Zaidi, 1985).

Ce fait est à souligner car il met en évidence une différence qualitative nette entre les parties aériennes et les racines d'une part et entre le matériel végétal frais et le matériel végétal sec d'autre part. Il se crée ainsi une synergie entre la plante et la faune des sols dont chaque partie tire un bénéfice. L'exemple le plus connu de cette association se fait sous Faidherbia albida. Cet arbre perd ses feuilles durant la saison des pluies et met ainsi du matériel végétal frais à disposition des animaux du sol.

Les plantes sont un facteur de protection de la fertilité des sols très important. Mais leur emploi dans ce but réclame des études scientifiques complémentaires. Leur utilisation dans le cadre d'un système cultivé reste sujet à controverse. Les questions de compétition dans l'alimentation hydrique par exemple ne sont pas totalement explicitées. La flore représente par sa biomasse et par sa diversité un indicateur de la régénération de la fertilité du milieu. La présence d'arbres assure une niche écologique particulière dans les milieux tropicaux secs. L'environnement racinaire offre une protection contre la dessication rapide des sols à la fin de la saison des pluies. De nombreuses espèces ont leur niche d'habitation préférentielle sous les arbres durant la saison sèche (Gillon et Gillon, 1979). C'est vers les organismes qui participent à la minéralisation des déchets organiques que nous allons maintenant porter notre attention.

La faune du sol.

D'une manière générale, les rôles des organismes qui vivent dans les sols sont, en l'état actuel des connaissances (Swift et al, 1994), les suivants:

1) Ils sont à la base de la régulation du stockage et de la distribution des nutriments dans le système au travers des processus de décomposition, minéralisation et immobilisation.

2) Ils orientent la synthèse et la distribution de la matière organique du sol (humus).

3) Ils influencent la disponibilité de l'eau pour la plante en modifiant la structure et le régime hydrique du sol.

4) Ils modifient l'état phytosanitaire par le biais des parasites et des pathogènes.

Nous ne développerons ici que les éléments dont la macrofaune et la mésofaune du sol sont responsables.

Description générale.

Les données disponibles recueillies en milieu naturel de savane montrent une diminution globale des effectifs de la pédofaune du sud vers le nord de l'Afrique de l'ouest (Luxton, 1981). Si dans le cas des milieux sahéliens, cette situation peut s'expliquer en raison de la faible productivité du milieu, cela n'est pas directement interprétable en milieu soudano-sahélien.

Si nous observons le cycle phénologique des plantes (Fournier, 1991), nous constatons que pour les herbacées, la saison des pluies est juste assez longue pour leur permettre d'effectuer un cycle. Pour les plantes ligneuses, mis à part Faidherbia albida, précédemment cité, les résidus foliaires ne se déposent qu'un mois après la fin de la saison des pluies. Ainsi, contrairement à ce qui se passe dans des écosystèmes tempérés ou tropicaux humides, la litière qui se dépose sur le sol en savane n'est pas ou peu composée de tissus végétaux frais. Seules les graines de plantes herbacées et les racines sont disponibles durant la saison des pluies. La qualité nutritionnelle (polysaccharides et protéines) de cette litière est plus faible (cf plus haut). En raison des conditions d'humidité qui règnent à la surface des sols, l'activité animale ne peut avoir lieu avant l'année suivante. Durant cette période, les fragments végétaux seront ainsi exposés à une

dessiccation très importante associée à une exposition aux rayonnements solaires et à de fortes températures durant environ 6 mois. A ce phénomène viennent s'ajouter de brefs épisodes d'humidité qui se produiront jusqu'à l'arrivée définitive des pluies. Cette longue période d'exposition à des facteurs abiotiques permet une dégradation physique de la matière végétale (Anderson, 1973). Dès les premières pluies, une succession d'organismes va avoir lieu dans laquelle les bactéries dominent durant les sept premiers jours. Puis apparaissent les moisissures et enfin la faune des sols (Meyer et Maldague cit. dans Bachelier, 1978). Ainsi, non seulement la faune ne bénéficie pas du substrat nutritif le plus riche, mais en plus une partie variable de ce substrat aura été minéralisée avant sa période d'activité.

La mise en culture d'un sol renforce, comme nous l'avons vu, l'effet du climat réduisant d'autant les périodes d'activité faunique et favorisant celles des bactéries. On constate d'ailleurs une diminution rapide des effectifs et de la diversité des populations animales qui habitent ces sols (Dangerfield, 1989; Lavelle et Pashanasi, 1989). Les animaux du sol exercent trois actions principales: une action physique (influence sur la structure et le régime hydrique), une action biochimique (stockage et distribution de nutriments) et une action régulatrice (synthèse et redistribution de la matière organique).

Action physique.

Cette action se divise en trois types précis qui dépendent des espèces impliquées: - Amélioration de la porosité des sols.

Les termites, les fourmis, les millipèdes, les larves d'insectes sont entre autres des agents de la modification de la porosité des sols. Les terriers qui sont creusés par ces organismes améliorent très nettement la vitesse d'infiltration des eaux de pluie car ils créent des pores de dimension importante (diamètre supérieur au mm) (Bachelier, 1978; Valentin et Casenave, 1987).

- Transport des particules minérales.

Les termites et les fourmis sont capables de déplacer des quantités de minéraux importantes. Afin de consolider leurs constructions, certaines espèces de termites et de fourmis ramènent en surface les minéraux argileux et les sables fins (Lal, 1987). Les vers de terre participent également à la réorganisation des sols en libérant progressivement sous forme de turricules ou de pellets des agglomérats où sont intimement mélangées particules minérales et fractions organiques

- Fragmentation de la matière organique.

Les animaux qui composent la faune des sols ne sont pas tous aptes à digérer la cellulose. Après ingestion des tissus végétaux une partie importante sera restituée au milieu. Les bactéries et les champignons disposent ainsi de ressources nutritives accessibles (Luxton, 1982).

Action biochimique.

La sécrétion de mucus par les vers de terre, le passage des aliments dans les tubes digestifs des animaux, libèrent dans le milieu des composés organiques particuliers. Ces composés vont orienter le métabolisme des bactéries et champignons (Cooke et Rayner, 1981).

Les animaux morts, en fonction de leur composition protéinique, peuvent orienter les cycles de la dégradation de la matière organique soit vers la minéralisation soit vers l'humification. Le cycle est orienté vers l'humification si la composition protéinique des cadavres présente une proportion d'acides aminés qui inclut du soufre (Bachelier, 1972).

Action régulatrice.

Par la prédation et la consommation de bactéries et de champignons, ainsi que par le stockage de carbone et de protéines sous forme de biomasse, la faune du sol exerce une action régulatrice sur les activités de minéralisation des microorganismes décomposeurs (Kilbertus et al.1980). Ils contribuent également, comme le font par exemple les fourmis fourragères, à la dissémination des graines dans le sol.

La création de niches écologiques particulières dans les terriers et les termitières permet de stabiliser les conditions physico-chimiques de l'activité bactérienne et fongique (Arshad et al, 1982). Cet ensemble de faits nous conduit à penser que la disparition de la faune des sols est le premier paramètre touché par la mise en culture. Cette forte sensibilité est intéressante à utiliser pour l'analyse de l'impact sur la fertilité de l'irrigation par des eaux usées.

Nous avons vu que les facteurs naturels de la fertilité des sols dans la zone soudano-sahélienne ne peuvent pas réellement être dissociés. Leurs interactions modifient dans des proportions importantes la fertilité des sols. Deux problèmes majeurs sont à retenir, le problème de l'alimentation hydrique des plantes et le problème du fonctionnement des cycles biogéochimiques. Concernant les cycles biogéochimiques, il ne semble pas que dans un écosystème tropical sec, une synchronisation entre la libération des éléments minéraux dans le milieu par la minéralisation des matières organiques et la croissance des plantes soit observée (Myers et al, 1993). La satisfaction des besoins en eau semble être le besoin principal à satisfaire. La mise en culture a comme nous l'avons présenté un effet important sur la porosité du sol, ce qui nécessite des amendements et des travaux culturaux particuliers.

Or, avec l'homme, c'est un paramètre économique qui va intervenir dans son comportement vis-à-vis de la gestion de la fertilité. Le paysan prend en considération le risque agroclimatique (Forest et al, 1991) avant d'investir dans une technique nouvelle.

A cela, s'ajoutent des problèmes d'ordre sanitaire (Tiffen, 1993) et social selon l'aspect foncier, qui limitent également les possibilités d'innovation. Suivant les types de cultures, leur localisation topographique et leur environnement (urbain ou campagnard) différents types de gestion de la fertilité seront pratiqués.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore