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Financement de navires verts : une rentabilite incertaine ?

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par Guillem Salles
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master 2 Transports Internationaux 2011
  

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B) Navires verts : La finance jouera-t-elle le jeu ?

Le manque de recul et d'expérience sur la rentabilité des navires verts risque de se traduire par une certaine frilosité des banques (1), même s'il y a cependant de bonnes raisons de croire que les financements de navires verts vont se développer à moyen et long terme (2).

1) Un manque de recul et d'expérience synonyme de frilosité de la part des banques

Les banques ont un rôle clé dans la poursuite du développement durable et la réalisation des objectifs qui en découlent. De leur concours et leur support dépend la réalisation de nombreux projets qui sans elles ne pourraient aboutir109.

L'octroi d'un financement vient bien souvent distinguer le possible de l'impossible, surtout en matière de projets verts, novateurs à bien des égards.

Deux grandes questions se posent au banquier lorsqu'il s'agit de financer des projets verts :

- Comment la finance peut-elle régler les questions environnementales ?

- Comment rendre profitables les initiatives et les projets environnementaux ?110

De ce point de vue, le financement de navires verts n'échappe pas a ces deux questions. Ces dernières viennent tarauder la finance car les projets verts reposent bien souvent sur des schémas qui s'éloignent des projets économiques classiques.

Ce manque de recul et de connaissances vis-à-vis des projets verts pourrait bien entraîner une certaine frilosité au moment de les financer.

109 Nikolett Deutsch, Zoltan Ottmar, Eva Pinter, New direction line of sustainable development and marketing in green banking, Industrial Marketing and Purchasing Group Conference, Milan, 2006.

110 Nationa bank of Greece : www.nbc.gr

a) Un recul et une connaissance insuffisants des projets de navires verts

Les navires verts sont un élément nouveau dans le paysage du transport maritime. Leur économie propre, leur capacité d'adaptation au marché, les garanties qu'ils peuvent offrir n'ont pu encore faire l'objet d'une analyse approfondie fondée sur la réalité de leur exploitation.

En d'autres termes, il manque aujourd'hui aux banquiers le retour d'expérience nécessaire a la mise en oeuvre standardisée de contrats de prêt destinés à se prémunir des risques que fait courir au banquier une exposition sur un navire qui a représenté un surcoût a l'achat, qui utilise des technologies nouvelles non encore totalement maîtrisées, et dont les économies de soutes -et donc de coûts fixes- n'ont pas été observées de facto au long de la vie d'un financement, et des rebondissements qui vont avec.

De même, on sait d'expérience que les coûts fixes d'un navire tendent a augmenter avec son âge, ce qui conduit souvent les banques à construire des échéanciers -dans le cadre d'un prêt a terme ou term loan111- dont les remboursements sont plus importants au début du financement qu'à la fin de ce dernier112.

Or ici encore le manque d'expérience grève les prévisions : les avancées en matière de réduction de la consommation d'énergie sont-elles garanties tout au long de la vie du navire ? Les coûts fixes tendent-ils a s'accroître avec le vieillissement du navire ? Si oui, est-ce dans des proportions semblables à ceux des navires standards ?

Autant d'inconnues qu'un retour d'expérience insuffisant de permet pas de lever.

Ainsi, le financement de navires respectueux de l'environnement semble connaître les mêmes carences que les financements de projets environnementaux en matière de production d'énergie (éolienne, photovoltaïque), de fonds carbone, de permis d'émissions etc113.

Les financiers disposent ainsi de peu d'informations et de données sur le long terme, principalement du fait du manque de retour d'expérience.

111 Le term loan est un prêt dont le tirage peut se faire en une seule ou plusieurs tranches (si le navire est un navire neuf) et qui est remboursé à échéances fixes, généralement tous les trois ou 6 mois . Sa durée moyenne est de 10 à 15 ans et il implique généralement un balloon, à savoir un dernier versement relativement important qui pourra être refinancé.

112 Stephenson Harwood, Shipping finance, Euromoney Books, 2006.

113North American Task Force (NATF) of the United Nations Environment Programme Finance Initiative, Green Financial Products and Services, Août 2007.

Dans le même temps, cette expérience réduite n'a pas permis de créer des instruments de mesure propres à évaluer les retours financiers et environnementaux de ces projets114.

Cette carence en matière d'évaluation des retours sur investissement se retrouve également en matière d'évaluation du risque environnemental. La note de l'emprunteur, déterminante dans son accès au crédit, est essentiellement le fait de critères financiers.

Il n'existe pas a ce jour -au sein de BNP Paribas du moins- un système de notation de la performance environnementale des clients par les banques commerciales. Ce critère n'est examiné qu'en négatif : l'activité shipping représentant un risque en termes d'image pour les banques -en cas de survenance d'une catastrophe écologique type marée noire par exemple-, les grandes banques d'affaires s'assurent que leurs clients n'ont pas a leur actif de comportements délictueux en matière écologique (dégazage en mer, rejets non autorisés etc.). Pour autant, la performance environnementale en elle-même, voire la nature « verte » du navire ne constituent en aucun cas un critère de sélection pour les banques.

L'accent est principalement mis sur la rentabilité du navire et la capacité de remboursement du prêt : a quoi bon financer un navire vert qui n'aurait pas d'emploi115 ?

Cet attachement à la réputation du client, qui fait pourtant référence dans le financement du transport maritime -l'ouvrage Shipping finance réalisé par Stephenson Harwood, le fait de « connaitre celui avec qui on est en affaires »116 est une règle de base- n'est pas valorisée à la hauteur des nouveaux enjeux environnementaux.

Ici encore l'accumulation d'expérience avec le temps ainsi que l'entrée progressive des règlementations en vigueur devraient changer la donne. En attendant, l'industrie maritime semble avoir pour l'instant un temps d'avance sur le milieu bancaire.

Ce manque de connaissance de la rentabilité du financement des navires verts pourrait bien aboutir a une certaine frilosité des banquiers d'affaires.

114 Federal reserve bank of Richmond, Green finance : Cultivating new investment opportunities, Marketwise, été/automne 2009.

115 Kee-Hung Lai et al., Green shipping practices in the shipping industry: Conceptualization, adoption, and implications, Resources, Conservation and Recycling 2010.

116 Stephenson Harwood, Shipping finance, Euromoney Books, 2006, p. 74.

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