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Analyse de la logique et de la portée de l'intervention de l'Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR) auprès des organisations de producteurs dans la communauté rurale de Gandon:l'exemple de l'ANCAR de Saint-Louis en partenariat avec le foyer de Sanar

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par Mamadou DIAKHO
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Master 2 2009
  

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2.10.4- La connaissance des lunettes que portent les paysans :

A ce niveau, le principal obstacle que rencontrent les intervenants lorsqu'ils veulent agir en milieu rural, réside dans le regard qu'ils portent sur les hommes et les choses. Ce qu'ils voient n'est pas ce que les paysans voient. Au contraire, ses derniers perçoivent la vie et ses formes avec une autre sensibilité. En d'autres termes, la population est organisée à sa manière, avec des valeurs, des concepts, des codes différents, parfois tellement différents qu'ils deviennent invisibles, insoupçonnables pour ce qui ne vivent pas dans la même sphère. C'est tout simplement dire que pour faire bénéficier les paysans de leurs connaissances, il faudrait que les agents des structures d'appui respectent l'expérience pratique des producteurs et discutent avec eux d'égal à égal. Ignorer cette réalité dans la vision des choses mène évidemment droit au quiproquo et ainsi, « le dialogue devient dialogue de sourds » (E. S. Dione, 1994, p 81). Donc porter les mêmes lunettes que les paysans est indispensable pour comprendre les situations et la manière dont ils les analysent.

Pour montrer la manière dont on porte les lunettes des acteurs de base, l'auteurs s'appui sur trois domaines : D'abord dans le domaine technique, porter les lunettes des paysans, c'est partir des situations, des pratiques et des compétences déjà existantes ; Ensuite en matière d'organisation, c'est s'appuyer sur les groupes naturels et se brancher sur les réseaux relationnels de la société ; en fin pour l'appui économique, c'est s'intégrer dans les circuits déjà en place et utiliser leur rationalité comme une ressource. Mais cela exige un important travail de redéfinition de la réalité qui n'est possible qu'à travers une interaction ouverte. L'action devient alors l'occasion par laquelle les agents de l'organisme d'appui ont la possibilité de confronter leur vision des choses avec celles des acteurs.

D'une manière générale, pour porter les lunettes des acteurs à la base, il faut ce qu'Emmanuelle Seyni Dione appelle : « l'effet miroir » c'est-à-dire ce que les intervenants provoquent chez les paysans, renseignent ces derniers sur la manière dont ils sont perçus et sur la pertinence de leur vision (E. S. Dione, 1994, p 81).

Cependant « l'effet miroir » doit jouer dans les deux sens : autrement dit, ce que les intervenants provoquent chez les acteurs doit aussi aider ceux-ci à s'interroger à leur sujet. Ainsi l'interaction n'est totale que si elle induit un décentrage dans les deux groupes d'acteurs, c'est-à-dire si elle permet à tous les deux de jeter un regard renouvelé sur leur monde. En cela, « l'effet miroir » est double : d'une part, il enrichit la vision de l'organisme d'appui sur son propre fonctionnement et d'autre part, il élargie le champ d'analyse des

acteurs, en particulier leur compréhension du fonctionnement de leur propre vie sociale. En définitive, « l'effet miroir », constitue le moyen par lequel les intervenants extérieurs ont la possibilité d'ouvrir une fenétre sur le référentiel de ceux avec qui ils désirent agir. Et tout devient alors affaire de communication. Mais cela n'est possible que si l'organisme d'appui construit son intervention sur ce que les populations font déjà elles-mémes et, s'ils utilisent le même langage et adopte la même analyse.

Schema 2 : schématisation de l'évolution de la gestion de l'action dans les projets

Porteur de l'action
« l'action, c'est moi »

· Animateur

Action

L'animateur s'identifie à l'action : le succès de celui-ci conditionne son propre succès en tant qu'animateur. La réussite de l'action justifie son existence vis-à-vis de luimême, vis-à-vis de son employeur, vis-à-vis des villageois (logique de promotion). Monsieur puits, monsieur crédit, monsieur reboisement etc. sont

quelques exemples de perceptions villageoises à son sujet.

L'action est son affaire. Aussi sera-t-il tentéd'imposer ses normes pour la

conduire et ses critères pour l'évaluer.

Co-gestionnaire de l'action « je mets la main à la pâte »

· Animateur

Action

L'animateur aménage les conditions de l'action. Il provoque la réflexion, soulève le problème qui est à l'origine de l'action. Mais celle-ci est portée par les villageois, il peut y avoir cogestion, l'animateur étant partie prenante dans la réussite. Mais sa réussite en tant qu'animateur n'est possible que s'il y a réussite aux yeux des villageois. En un sens, l'animateur

s'identifie et dès lors, s'évalue au succès que les villageois remportent (logique d'appui).

L'action est en même temps son affaire et celle des villageois. Elle est partagée.

Facilitateur de l'action
« j'accompagne l'action si on me le
demande »

· Animateur

Action

L'animateur se situe en dehors de l'action. Ce n'est pas par rapport à elle qu'il justifie sa présence sur le terrain villageois. Il s'y intéresse dans la mesure où on le sollicite à ce sujet (logique de consultation). Il peut éventuellement être à son origine, mais ne s'implique pas dans sa finalisation. C'est l'affaire des villageois, à eux d'en faire ce qu'ils veulent. Par contre, il veillera à ce que les villageois soient en situation et capables d'exploiter le potentiel d'apprentissage et d'innovation que l'action recèle.

L'action est l'affaire des seuls villageois.

Source : Emmanuel Seyni Dione, 1994 :83

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius