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Analyse de la logique et de la portée de l'intervention de l'Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR) auprès des organisations de producteurs dans la communauté rurale de Gandon:l'exemple de l'ANCAR de Saint-Louis en partenariat avec le foyer de Sanar

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par Mamadou DIAKHO
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Master 2 2009
  

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1.2 - La Période de 1963 à 1979 : L'interventionnisme de l'État dans le domaine agricole

Comme nous l'avons signalé ci-dessus, la politique de l'État sénégalais nouvellement indépendant prenait source dans la doctrine du socialisme africain basée sur le «communautarisme négro-africain» avec comme cadre théorique le paradigme de la dépendance. Au plan opérationnel, on constate un modèle de gestion dirigiste et centralisée avec l'État, comme principal acteur du développement définissant et mettant en oeuvre seul les politiques de développement à travers son administration centrale. Des raisons d'ordre social, politique et économique semblaient justifier cette orientation qui a donné lieu à la mise en place de dispositifs d'encadrement, de vastes programmes de développement et enfin, de structures censées garantir la participation populaire. Ainsi, outre les coopératives agricoles, l'autre mécanisme de cette politique de développement peut être situé au niveau de l'Office National de Coopération et d'Assistance au Développement (ONCAD) créé en 1966. Les autorités sénégalaises ont amorcé une étatisation des circuits commerciaux de l'arachide par la création de cette structure, née de la fusion des Centres Régionaux d'Assistance au Développement (CRAD) et de l'Office de Commercialisation Agricole (OCA). L'ONCAD avait pour vocation de rationaliser et de coordonner les opérations d'une multitude d'organismes étatiques, concernés par la commercialisation de l'arachide.

Ensuite, l'État sénégalais a procédé à un recensement des structures d'encadrement dans le monde rural en créant des sociétés d'encadrement du monde paysan comme la Société d'Aménagement et d'Exploitation des Terres du Delta (SAED en 1965), la Société de Développement et de Vulgarisation Agricole (SODEVA en 1968), la Société de Mise en Valeur de la Casamance (SOMIVAC en 1976), la Société de Développement des Fibres Textiles (SODEFITEX en 1974), la Société des Terres Neuves (STN), etc. Ces sociétés avaient pour vocation de susciter et d'encadrer les groupements de production bien définis (arachide, coton et riz). Face aux paysans, l'État est un expert au sens crozierien du terme puisque selon lui : « L'expert est le seul qui dispose du savoir-faire, de l'expérience du contexte qui lui permettent de résoudre certains problèmes cruciaux de l'organisation. Sa position est donc bien meilleurs dans la négociation aussi bien avec l'organisation qu'avec ses collègues » (Crozier et Friedberg, 1981, p72).

Cependant, ces organismes n'étaient pas à la hauteur ni des espérances, ni des moyens mobilisés parce que la logique par laquelle ils se sont comportés en milieu rural est une « logique d'encadrement » des paysans qui doivent simplement exécuter les décisions prises

par les agents de développement. Dan cette logique, on retrouve toute la pertinence de cette critique de Adrian Adams quand elle soutient que : « Dans les projets, ils n'associent jamais les paysans à leurs travail ; alors meme que souvent les paysans travaillent mieux qu'eux. (..) Ils viennent seulement ramasser l'argent et ils s'en vont. La terre reste là, elle n'est pas développée Maintenant, ils achètent les paysans pour dire aux financeurs : on a tant de paysans, donnez nous de l'argent » (A. Adams, 1985, p 194).

Ces nombreux échecs enregistrés nous poussent à nous demander si ces structures d'encadrement du monde rural n'ont pas été utilisées au service exclusif d'un système politique qui ne cherchait qu'à se maintenir et à se reproduire. En d'autres termes, il incombe de savoir si l'agriculture n'a pas servi que de prétexte pour mettre en place un appareil public dont l'ampleur, au bout du compte, n'a été plus utile à l'extension du pouvoir qu'au développement du monde paysan. A ce titre, selon le duo Momar C. Diop et Mamadou Diouf, il y a deux principales raisons qui peuvent expliquer cet échec : « La première se réfère à la nature clientéliste de l'Etat et des conflits politiques et idéologiques des différentes personnes au sein de l'Etat, du gouvernement et du parti au pouvoir. La seconde réside dans l'élimination de Mamadou Dia qui marque la fin des tentatives de mise en place d'une administration de type moderne et de participation populaire » (1990, p 63).

Aussi, le rôle joué par les marabouts au bénéfice de Léopold S. Senghor va titre capital puisqu'il renforce le principe clientéliste établi à leur profit dès le référendum de 1958. Ce mouvement coopératif sera ainsi dévié de ses objectifs pour devenir une structure au sein de laquelle divers groupes ou acteurs vont chercher à réaliser des objectifs contradictoires parmi lesquels : A) l'État cherche à contrôler l'économie arachidière, à promouvoir des programmes de modernisation agricole et à s'approprier une plus-value de l'économie rurale ; B) les politiciens s'y appuient pour construire leur clientèle politique en s'assurant un accès facile au crédit et aux autre ressources de la coopérative, C) les notables ruraux et chefs religieux, de leur côté, s'y adossent pour renforcer leur autorité et leur prestige ; D) les paysans perçoivent plus le mouvement coopératif comme un instrument étatique conçu pour centraliser la récolte d'arachide que comme une destinée à promouvoir leur développement (Diop et Diouf, 1990, p 65).

En résumé, les coopératives vont titre transformées en instruments de prédation et l'ONCAD quant à elle, se présente selon les propos de Mohamed Mbodj comme une structure tentaculaire caractérisée par une gestion gabégique et un clientélisme politique (Mbodj, 1992). C'est ainsi que sous le poids du dirigisme et de la tutelle de l'État, les populations ont fini par croire que les structures de participation ne sont en fait que de nouvelles stratégies d'une

administration omnipotente et tentaculaire caractérisée par une expansion massive et une centralisation concomitante de l'appareil d'État. Cela revient tout simplement à souligner que le problème des premières politiques de développement dans la plupart des États africains nouvellement indépendants comme le Sénégal concernait leurs résultats mitigés au travers d'investissements coüteux et irréalistes associés à des dérives financières produisant comme conséquences l'insolvabilité et la vulnérabilité des pays.

L'échec des politiques de développement post-indépendantistes qui s'est surtout manifesté par la perte de compétitivité de l'économie va ainsi amener les pouvoir publics à s'endetter pour financer le développement, accentuant ainsi la dépendance du pays aux capitaux étrangers. Mais au-delà de ce contexte explosif, ce seront surtout les exigences des bailleurs de fonds internationaux pour un redimensionnement de l'État dans l'activité économique qui vont entre autres, impulser à travers l'ajustement structurel, le processus de désengagement de l'État et de responsabilisation des populations rurales. Ainsi sous le diktat des bailleurs de fonds, les pouvoirs publics vont s'engager dès la fin des années 70 à rectifier les déséquilibres macro-économiques en mettant sur pied des réformes destinées à changer le modèle de développement post-colonial. C'est justement cette période qui coïncide avec ce qui est communément connu sous le nom de Politiques d'Ajustement Structurel.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand