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Analyse de la logique et de la portée de l'intervention de l'Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR) auprès des organisations de producteurs dans la communauté rurale de Gandon:l'exemple de l'ANCAR de Saint-Louis en partenariat avec le foyer de Sanar

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par Mamadou DIAKHO
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Master 2 2009
  

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9.2- Nature de l'intervention de l'ANCAR

D'après nos observations auprès des responsables de l'l'ANCAR, la démarche de leur structure apparaît comme le modèle ou la référence en matière d'intervention. Ils pensent même que c'est la solution aux multiples contraintes des producteurs. En effet, le directeur en nous expliquant la stratégie d'appui de l'ANCAR est allé jusqu'à soutenir que « le concept d'encadrement est banni de notre vocabulaire. On ne parle mrme plus de logique d'appui, mais plutôt d'appui-conseil ».

Nos observations sur ce point ont montré que ce discours élogieux des agents de l'ANCAR et plus particulièrement du directeur est à nuancer. En effet, il a été constaté lors de nos enquêtes, que la stratégie sur laquelle l'ANCAR travail avec les OP n'est pas si simple qu'il paraît l'être. Il est vrai que théoriquement, la logique d'appui place le producteur au coeur de l'action, c'est-à-dire que c'est ce dernier qui, en fonction de ses difficultés, des ses besoins ou aspirations, formule une demande d'appui à la structure d'intervention. En plus même si la demande est acceptée par l'ANCAR, la validation du programme qui lui sera proposé reste de son seul ressort. Et à partir de ce moment, la structure sollicitée est censée traiter sa demande et apporter une ou des solutions. M. CISSOKHO, agent de l'ANCAR, soutient « par exemple quand un producteur adresse à notre endroit une demande dans laquelle il manifeste la volonté de faire du maraîchage, on effectue un diagnostic complet, c'est-à-dire toutes les possibilités à la fois techniques et financières et les capacités dont dispose l'intéressé en matière de maraîchage. Après le diagnostic, on lui propose un programme qu'il devra étudier puis valider. Et ce n'est qu'en ce moment qu'on procédera à l'exécution du programme ». C'est également ce que confirme M. MBAYE, un agent de l'ANCAR qui soutient que « l'ANCAR n'intervient qu'à la demande des producteurs Seulement un agent de l'ANCAR peut aussi à travers ces propres observations susciter une demande d'intervention au niveau des producteurs s'il le juge nécessaire. Mais ce cas de figure est très rare et mrme si la demande est suscitée par un agent, il faut qu'elle soit approuvée par l'OP».

9.3- L'appui-conseil : une approche controversée dans sa pratique

Cependant, le véritable problème qui se pose à ce niveau est l'incapacité des producteurs à formuler correctement une demande d'appui parce que ne possédant pas un niveau de formation leur permettant de le faire. A ce propos un agent de l'ANCAR nous

confie « concernant la formulation des demandes d'appui, le problème est que est-ce que l'ANCAR est au courant de l'incapacité pour la majeure partie des producteurs de formuler correctement une demande. C'est là où se situe le véritable problème. Mais sur ce point, la faute n'émane pas de l'ANCAR, elle est relève plutôt du CLCOP parce qu'au moment où le PSAOP a été conclu entre l'Etat, les producteurs et la Banque mondiale, on a mis en place des fonds qui sont gérés par le CLCOP et qui sont destinés au renforcement des capacités des producteurs à restituer leurs demandes et à orienter leurs interventions. Mais là où le bât blesse et on ne le dit pas, c'est que la composante OP (le CLCOP) n'a pas joué son rôle et les

producteurs ne sont pas assez outillés pour rédiger ces demandes. Il y a même un problème

de m obilisation des groupes vulnérables pour accéder aux services de cette composante OP.

Et c'est dommage pour cette catégorie de producteurs qui ne savent pas formuler des demandes parce que l'ANCAR n'intervient qu'au niveau des OP qui l'ont sollicité ». Sur ce point, il ressort que la formulation d'une demande adressée constitue une condition sine qua non pour bénéficier de l'appui de l'ANCAR. L'appui-conseil est pertinent en lui-même c'està-dire dans sa formulation, mais le problème se pose au niveau de sa mise en oeuvre. En effet, pour être effectif, il suppose un certain nombre de préalables comme la rédaction de la demande qui doivent etre remplis. Ce n'est qu'après cette demande que le contrat entre l'ANCAR et l'OP est signé et les programmes exécutés. Ce tableau ci-dessous nous permet d'illustrer notre affirmation.

Tableau 10 : Capacité des producteurs à formuler une demande d'appui à l'ANCAR

Formulation d'une
demande d'appui

Effectifs

pourcentages

Oui

02

6,7

Non

28

93,3

Total

30

100

Source : Données de l'enquête, Diakho, 2010

Sur ce tableau, on observe que les producteurs dans leur totalité ne savent pas formuler des demandes d'appui. En effet, 28 sur un effectif de 30 producteurs, soit 93,3% manifestent leur incapacité à formuler une demande parce que n'ayant pas subi une formation qui puisse leur permettre de le faire. Ainsi, la relation entre l'ANCAR et les OP devient assez

problématique si l'on sait que ceux pour qui elles existent ne savent pas comment procéder pour bénéficier de son soutien.

En outre, en dehors de cette incapacité des producteurs, se trouve un autre grand problème concernant justement l'instrumentalisations des producteurs. En fait nos investigations ont montré une instrumentalisation de des producteurs à un double niveau. D'abord, l'Etat est le premier à vouloir voire à instrumentaliser les producteurs c'est-à-dire leur structure représentative qui est le CLCOP. On note que le CLCOP abandonné à lui seul a maille à assumer ses responsabilités. En effet, Le CLCOP a été institutionnalisé par le CNCR et l'Etat et par conséquent évolue sous leur bannière et n'a aucune marge de manoeuvre lui permettant d'orienter sa vision stratégique à partir de ses propres besoins et aspirations. Cette volonté d'institutionnalisation du CLCOP par l'Etat et le CNCR apparait donc alors un comme moyen permettant d'instrumentaliser les ruraux par l'élite paysanne et l'Etat. Selon M. NDIAYE, « (s'il vous plaît arreter l'enregistrement, je vous dis une chose parce que je suis dedans aussi), tout ceux-ci ne sont que des histoires Là ou se trouve le niveau d'instrumentalisation des OP par l'Etat et ou se situe le niveau d'instrumentalisation des producteurs par l'élite paysanne, c'est ça le vrai problème. L'Etat a instrumentalisé les ruraux et l'élite paysanne les a également a instrumentalisé, mais à l'inverse, les ruraux ont à leur tour instrumentalisé l'Etat. C'est plus compliqué que tu ne le crois et tu ne peux pas comprendre parce qu'il y a tellement de logiques derrière tout ce protocole. C'est pourquoi, certes moi je trouve que l'encadrement dans sa formulation n'est pas un système adéquat, mais au moins avec l'encadrement, on parvient à toucher les couches les plus vulnérables. Mais avec la méthode d'appui, on pense que tout est parfait alors qu'il ya meme des producteurs qui sont membres d'une OP partenaire avec l'ANCAR mais qui ne sont pas au courant de son existence. Si tu regardes bien, tu pourras toi même voir que les projets et programmes de l'ANCAR ne sont destinés qu'à une catégorie de producteurs, et c'est l'élite paysanne. Les autres n'y ont pas accès »

Ainsi, toutes les réalisations qui peuvent assurer une évaluation finale satisfaisante, contribuent à faire espérer un prolongement ou la signature d'un nouveau contrat pour l'équipe dirigeante du CNCR ou du CLCOP. C'est pourquoi Serge Latouche disait que « si le sousdéveloppement n'existait pas, il fallait l'inventer ». Le développement est devenu une entreprise qui fait vivre une certaine catégorie de personnes qui, sans la misère des campagnes, pourraient se retrouver dans la misère ; c'est une classe sociale qui naît des ruines

du sous-développement des populations réceptrices de projets de développement. Le sousdéveloppement des uns n'est-il pas le développement des autres ? Devant de telles logiques cherche-t-on à développer l'autre ou cherche-t-on à le maintenir dans une situation de dépendance existentielle en développant un domaine, en attendant d'autres financements pour en développer d'autres ? Là réside le paradoxe même du développement pris du côté des « développeurs ».

Dans l'approche de l'appui-conseil, nos enquetes ont également pu qu'en dehors de l'inégalité des producteurs devant l'accès aux services de l'Agence, il y a un autre problème qui cette fois-ci est lié au manque de personnels suffisants. En effet, dans la communauté de Gandon avec ses 560 km2 de superficie n'abrite qu'un seul conseiller agricole. Sur ce point également, nos interlocuteurs nous ont évoqué que c'est une erreur dont l'explication ne peut etre trouvée qu'en remontant à l'esprit du PSAOP. Selon un de nos enquêtés, « Il faut revisiter les stratégies Il fallait harmoniser le CAR non pas uniquement à l'ANCAR, mais plutôt à l'ensemble des structures qui font du conseil agricole. Le CLCOP est là pour représenter les OP et recenser toutes les demandes. Alors, une fois toutes les demandes mobilisées, on doit organiser une sorte de conférence d'h armonisation à laquelle doivent participer toutes les structures qui interviennent dans la zone. Et de ce fait, au moment de la programmation, chaque structure pourra voir concrètement la demande qui correspond à son champ d'action et décider de la prendre ou non. A mon avis, toutes les structures doivent adopter et partager la stratégie d'appui et harmoniser la démarche d'appui. Mais cet esprit est faussé c'est pourquoi l'ANCAR est maintenant très fortement remise en question C'est d'ailleurs ce qui a poussé l'Etat du Sénégal à se retirer de l'ANCAR parce qu'en ce moment, même si la SAED existe elle devrait avoir comme approche, celle du conseil agricole. Bref, on devrait harmoniser les approches, les méthodes de planification, les lieux de planification».

Ce manque d'harmonie entre les diverses structures intervenant dans le monde rural peut même parfois être source de conflits entre elles. C'est ce qu'on comprend à travers cette idée du directeur de l'ANCAR quand il dit que c'est l'Etat qui n'a pas tranché sinon depuis que l'ANCAR est créée, aucune autre structure ne devrait plus faire de conseil agricole et rural ou même s'il y a une structure qui veut en faire, cela devrait etre sous la bannière de l'ANCAR parce qu'étant le dépositaire institutionnel du conseil agricole et rural.

Même entre l'ANCAR et ses autres partenaires, il y a certainement des conflits, mais qui sont latents. Il n'y a pas d'adhésion de la part des autres structures aux programmes du CLCOP qui est pourtant la structure autour de laquelle tous les organismes de développement doivent élaborer leurs activités sans quoi, leur intervention n'aurait pas d'impacts. Ceci est nécessaire d'autant qu'aucune structure, dans une communauté rurale, ne peut répondre à la demande multisectorielle des ruraux. Si toutes les structures avaient partagé mais aussi harmonisé la démarche d'appui, c'est-à-dire en travaillant sur la base de la demande les conflits auraient été beaucoup moins compliqués parce que chacun va répondre à une demande selon sa spécificité, selon sa mission. Par exemple, la SAED va faire l'aménagement et l'ANCAR répond pour faire du conseil agricole et les ONG et autres partenaires répondre en y apportant leurs financements. L'ANCAR et ses partenaires doivent se mettre d'accord pour travailler ensemble avec le CLCOP qui doit à son tour être capacité pour mobiliser les groupes vulnérables afin de formuler une demande consensuelle pour toutes les OP mais pas seulement pour une élite.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo