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Environnement des affaires et relance économique post-crise en Côte d'Ivoire

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par Mathias Yao KOUADIO
Université d'Auvergne - CEFEB - Matser Economie et Développement Internation - Maà®trise d'Ouvrage Publique et Privée 2011
  

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I.1.2. Supprimer ou réduire les risques microéconomiques

L'éradication des risques microéconomiques suppose d'améliorer la gouvernance économique et politique assortie de la prévisibilité des politiques et des règles de droit en vigueur, de faire respecter la force de la loi et de créer les conditions d'une économie formelle de marché. En vue de l'atteinte de tels objectifs, les pouvoirs publics doivent prendre les mesures suivantes.

a) Garantir la sécurité des biens et des personnes

Il est impérieux de parachever le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants et milices, afin d'accroître l'efficacité de la lutte contre la criminalité, la prolifération et la circulation illicite d'armes dans le pays et de juguler ainsi le grand banditisme permettant de rassurer les populations en général et les investisseurs en particulier. Au besoin, il faut réexaminer les textes en vigueur en matière de lutte contre la criminalité afin de les adapter au contexte post-conflit.

Aussi, convient-il d'instaurer une meilleure collaboration entre les institutions d'intégration régionale et internationale telles que l'Organisation Internationale de Police Criminelle (INTERPOL). Ces dispositions doivent être appuyées par une vaste campagne de sensibilisation de la population.

b) Renforcer la lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite

Les effets pervers de la corruption sur l'activité économique sont pluriels. La Banque Mondiale estime que la corruption peut réduire le taux de croissance des pays de 0,5 à 1 point. La corruption a également pour effet d'induire des distorsions de prix et de marché, et de s'opposer au jeu de la concurrence libre et équitable. Dès lors, pour garantir une relance optimale de l'économie ivoirienne au sortir de la crise, la lutte contre ce phénomène - que ce soit la petite ou la grande corruption, la corruption banalisée (discrète) ou non - doit être le leitmotiv de tous les acteurs de la vie économique du pays : pouvoirs publics, secteur privé et communauté.

Pour y arriver, l'Etat de Côte d'Ivoire doit mettre en place un cadre réglementaire et institutionnel conforme aux normes et standards internationaux de lutte. Il est donc indispensable de ratifier de façon diligente la Convention de Mérida (2003) des Nations Unies contre la Corruption, signée le 10 décembre 2003 par l'Etat de Côte d'Ivoire. Conformément à cette convention des Nations Unies, le Gouvernement devra impérativement mettre en place un organe anti-corruption par le biais d'une loi votée par le législateur ivoirien, lequel organe devra bénéficier de l'indépendance institutionnelle et de l'autonomie financière vis-à-vis des pouvoirs publics. Il faut par ailleurs renforcer le dispositif réglementaire et institutionnel de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, en ratifiant la Convention de Vienne (2000) contre la criminalité transfrontalière organisée et en renforçant les conditions de l'efficacité des structures nationales de lutte anti-blanchiment existantes.

Une fois que le cadre réglementaire et institutionnel est bien défini, il convient de renforcer les contrôles à tous les niveaux et de procéder à la répression par des sanctions exemplaires et non discriminatoires. Dans ce cadre, le CTCFR doit renforcer ses actions de sensibilisation et de contrôle sur l'ensemble du territoire national afin de mettre un terme définitif au racket et aux tracasseries routières.

Par ailleurs, pour garantir l'efficacité de l'Administration, il faut en finir avec l'enchâssement de la corruption dans les pratiques administratives et son corollaire de pesanteurs bureaucratiques dans les services publics. Cela suppose que chaque service public se dote d'un code de déontologie et une charte de bonne conduite qui favorisent et récompensent l'intégrité et le professionnalisme.

De plus, la mise en oeuvre de politiques de management des services de l'Etat basées sur des processus clairement élaborés, et non plus sur des fonctions ou postes, est aussi souhaitable : c'est la recommandation de l'adoption du Management par activité ou "Management Based on Activity" dans l'Administration publique ivoirienne. A ce titre, il est préconisé que les services publics adoptent la démarche qualité en vue de la certification à la norme ISO de leurs activités respectives décrites dorénavant sous forme de processus. Quant au secteur privé, il lui revient de développer et de promouvoir la culture d'entreprise orientée vers l'éthique et le civisme. Dans ce cadre, les entreprises nationales sont fortement invitées à adopter les politiques RSE dans leur système de management.

Finalement, toutes ces dispositions doivent être appuyées par la sensibilisation des acteurs à travers les masses media et autres supports de communication : presse audiovisuelle et écrite, affiches et panneaux publicitaires, slogan, musique, ateliers de formation, etc. Le Gouvernement peut rigoureusement s'appuyer sur le plan national de gouvernance et de lutte contre la corruption 2010-2014 élaboré en décembre 2009.

c) Renforcer la primauté du droit et la prévisibilité des règles

La primauté du droit se rapporte à un régime où les décisions des autorités nationales sont prises conformément à un ensemble de textes de lois et de règles écrites auquel doivent se conformer tous les citoyens du pays, où ces règles sont appliquées de manière cohérente sous la gestion d'une administration professionnelle et avec l'intervention d'un pouvoir judiciaire équitable et transparent. En Côte d'Ivoire, il existe plusieurs facteurs majeurs responsables de la méfiance actuelle des populations et des opérateurs économiques vis-à-vis de l'appareil juridique et judiciaire en place : impunité, corruption du personnel judiciaire, absence d'indépendance, complexité et longueur des procédures, etc.

La corruption et la confusion qui règnent au niveau de l'application des règles se traduisent souvent par des coûts d'observation élevés. Les formalités administratives, les décisions arbitraires, les diverses exigences particulièrement lourdes et les pratiques inefficaces font ainsi obstacle à l'activité privée. L'arbitraire ou la corruption au niveau de l'application tournent les lois prévues comme protection, notamment pour la sécurité du travail, la protection de l'environnement et la sécurité des consommateurs et les détournent de leur but. Par conséquent, outre les mesures relatives à la lutte contre la corruption ci-dessus énumérées, les pouvoirs publics doivent s'atteler à :

- adapter et consolider l'environnement juridique et judiciaire national afin de favoriser et sécuriser les activités économiques et financières ;

- faire la promotion du droit des affaires régional, en l'occurrence les règles édictées par l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) en vue de son appropriation ;

- renforcer les moyens d'actions des juridictions suprêmes de la République, notamment la Cour des Comptes ;

- créer des tribunaux de commerce et réformer le registre du commerce, du crédit
mobilier et du greffe pour le bon fonctionnement de ces juridictions spécialisées ;

- renforcer les capacités de la Cour d'Arbitrage ;

- divulguer les règles de droit en vigueur et les rendre facilement accessibles ;

- former et responsabiliser les experts judiciaires et organiser un vaste programme de formation des magistrats spécialisés au droit des affaires, bancaire, financier, des assurances, anti- blanchiment des capitaux, etc.

d) Consolider la formalisation de l'économie nationale

Le secteur privé formel est défavorisé par les subventions implicites dont bénéficient les entrepreneurs informels du fait de l'application inégale des règlements et mécanismes inférieurs de protection des biens et des contrats.

« Ces deux facteurs exercent un effet de distorsion sur la concurrence, faussent le terrain économique, réduisent l'accès des entreprises formelles aux intrants et aux marchés tout en les décourageant d'effectuer des investissements qui accroîtraient leur productivité21 ». Le Gouvernement doit ainsi s'évertuer à créer les conditions qui réduisent l'informalité et modifient progressivement la composition du secteur privé ivoirien dominé à plus de 80% par le secteur informel. A ce titre, il doit prendre des mesures afin de réduire la forte concurrence déloyale livrée au secteur formel par les nombreux acteurs informels et restaurer ainsi la compétitivité des entreprises nationales. Il importe également que des efforts soient faits pour divulguer auprès de tous les opérateurs économiques, les informations concernant le système fiscal pour une meilleure connaissance de ce système, afin d'optimiser les facilités qui leur sont offertes et permettre aux entrepreneurs informels "ignorant les conditions légales d'exercice" de procéder à la régularisation de leur situation.

Par ailleurs, le Gouvernement doit oeuvrer pour le repositionnement de la Côte d'Ivoire au niveau des indicateurs Doing Business de la Banque Mondiale, par la mise en oeuvre de réformes visant à réduire le nombre d'autorisations requises, la longueur des procédures administratives, les délais d'exécution des contrats et les coûts associés à la création et à la vie de l'entreprise notamment la PME/PMI en Côte d'Ivoire. Pour ce faire, il est recommandé aux pouvoirs publics de procéder notamment :

- au renforcement du rôle de guichet unique du CEPICI pour accélérer les formalités de création des entreprises ;

- à la révision du mode opératoire d'attribution des lots industriels pour plus d'efficacité.

L'amélioration de l'appropriation privée et subséquemment du rendement de l'activité économique passe également par la levée des facteurs à l'origine des déficiences des marchés en Côte d'Ivoire.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein