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De la reconnaissance de l'individu en tant que sujet de droit international: controverse doctrinale et perspectives d'avenir

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par Edison MUTELA MBAU
Université de Kinshasa - Licence en droit 0000
  

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CONCLUSION

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Les différentes étapes de la pensée, et les voies d'exploration qui en résultent, nous montrent bien que l'on peut envisager deux ensembles normatifs, interétatique et cosmopolitique, qui tendent à se superposer à ce qui demeure bien évidemment la même communauté sociologique humaine mondiale, mais considérée tour à tour comme divisée en Etats ou comme mondialisée. On peut sans difficulté y adjoindre le principe, non encore attesté dans la pratique, d'ordres transnationaux partiels comme pour le droit des marchands et des sportifs qui ne sont certainement pas les phénomènes qui occasionnent le plus de changement.

La prise en considération de ces différents ensembles juridiques, qui sont encore loin de constituer tous de véritables ordres juridiques, demande simplement de les articuler les uns aux autres et d'en limiter les effets éventuellement négatifs. L'ordre juridique international contemporain est de toutes façons déjà marqué depuis plusieurs dizaines d'années maintenant par un pluralisme grandissant d'ensembles normatifs résultant notamment des organisations et des juridictions internationales. Or, certains juristes contemporains ont déjà mené un effort décisif pour développer ce qu'ils appellent de façon suggestive la pensée de la complexité, autrement dit, une pensée de cet univers singulier d'ensembles juridiques enchevêtrés sans chercher à en esquiver la complexité ou la rejeter.

Penser la complexité revient à penser le pluralisme juridique sans être enfermé dans le débat monisme/dualisme et sans abandonner, pour autant, l'idée d'un droit commun en vue d'une harmonisation et non pas d'une uniformisation des normes internes et internationales.

C'est aussi rechercher des techniques juridiques qui permettent d'articuler les différents ensembles normatifs, de prendre en compte leur éventuel conflit en évitant le risque possible d'une désagrégation de leur unité. Autrement dit, il ne suffit pas de faire le constat de leur multiplication mais de savoir les harmoniser ou du moins de les rendre compatibles si cela est nécessaire. Que peux-t-on craindre en effet réellement de cet entrecroisement d'ensembles juridiques issues de versions différenciées de la communauté : droit interne, droit international et droit mondial?

C'est moins les éventuels conflits de normes, que connaît au demeurant tout ordre juridique, que le fait qu'en se constituant en ordres juridiques distincts ce qui n'est pas réalisé pour tous, l'un d'entre eux prédomine au détriment des autres ou qu'il absorbe littéralement les autres ; que la mondialisation ou la transnationalisation

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juridiques signifient la mort des ordres juridique étatiques par leur affaiblissement continu, ou qu'inversement, le maintien des Etats souverains et de relations strictement interétatiques empêchent le développement parallèle d'ordres juridiques transnationalisé ou mondialisé.

Or, c'est à ce stade que la dogmatique et la technique juridique sont particulièrement indispensables pour prendre en compte de façon correcte et concrète cette évolution car, bien souvent, le débat théorique est faussé par une mauvaise compréhension des données juridiques qui la sous-tendent.

On pourrait nommer cela l'épreuve de la réalité. La méconnaissance du fonctionnement réel et de la nature de l'ensemble normatif par certains théoriciens explique parfois leur présentation illusoire ou fantaisiste des processus en cours. Aussi bien, à la vision récurrente qui nous fait concevoir un seul ordre juridique par communauté, il faut substituer l'idée qu'un même ordre juridique peut régir plusieurs communautés différentes ou qu'une même communauté peut être soumise à des ordres juridiques multiples. Et il en va a fortiori de même pour ce qui n'est sans doute pour l'instant que des sous ensembles normatifs d'un même système juridique.

Il est vrai que certains peuvent craindre également avec raison la tendance vers une certaine anomie des communautés humaines étatiques, interétatiques et mondialisées, si les ordres juridiques se révèlent incapables de contrôler certains phénomènes de non droit ou si le droit se trouve absorbé dans l'économie mondialisée, ou encore, si les sujets eux-mêmes ne respectent plus les règles fondamentales dans un système qui ne peut les leur imposer.

C'est ici une question de pur fait où la mondialisation signifierait le basculement de la communauté dans la barbarie d'un état non juridique de nature, qui n'est même pas l'état de nature organisé des Etats puisque dans une telle perspective ils sont considérés comme impuissants. Elle est sans doute la plus alarmante car à la fois la plus éloignée et la plus persistante. Elle ne peut qu'inciter à développer les perspectives envisagées.

Cela étant, on voit bien que ce triple effort contemporain de réflexion passe aussi par une réactivation très nette de quelques concepts fondamentaux qui sont aujourd'hui largement historicisés et dont il faut donc être conscient pour travailler en toute lucidité. On a déjà évoqué le cloisonnement de la pensée que la notion d'ordre juridique avait pu induire à la grande époque des discussions portant sur le monisme et le dualisme.

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Aussi bien, ces deux notions de communauté et d'ordre juridique sont conditionnées par l'histoire de la pensée de telle sorte qu'elles sont susceptibles de nous enfermer nous-mêmes dans une certaine orientation doctrinale. Cela ne veut pas dire nécessairement qu'elles ne contiennent pas une part de réalité, mais simplement qu'elles induisent une certaine façon de la penser qui n'est pas neutre. Elles peuvent ainsi susciter des utopies ou des illusions qui sont peut-être plus avérées et plus dangereuses que le fait même de la mondialisation. Elles doivent donc être ramenées à leur juste place de concepts intellectuels à la fois descriptifs, mais aussi prescriptifs, pour réfléchir l'évolution contemporaine liée à la mondialisation. C'est-à-dire que ce sont de simples représentations d'une réalité qui leur échappe en partie mais qu'elles contribuent aussi à créer.

Bien qu'encore insuffisamment approfondis, ces différentes étapes de l'histoire de la pensée sont déjà l'indice, semble-t-il, de réflexions successives qui nous conduisent exactement au point où nous en sommes aujourd'hui.

Certes, il y aura toujours des auteurs ou des acteurs de la société internationale pour défendre de dangereuses utopies ayant des effets symétriques pervers, comme celui d'une société anarchique mondiale ou celle d'un Etat mondial, fut-il démocratique, ou encore celle d'un trop strict interétatisme. Il n'empêche : il est tout à la fois possible et pensable d'orienter l'action et la réflexion de cette façon pour penser l'évolution de l'ordre juridique international contemporain ; non pas cependant en présentant cette voie comme étant la solution miracle du monde transnationalisé et mondialisé, mais comme représentant une solution à la fois philosophiquement fondée et empiriquement possible ; comme signifiant un horizon possible de cette évolution et le cadre pour penser cette évolution, quitte d'ailleurs à en faire valoir les faiblesses et en mieux articuler les présupposés.

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