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Lien entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique en Côte d'Ivoire

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par Oumar DIARRA
Université de Cocody (Abidjan) - DESS des hautes études en gestion de la politique économique (DESS-HE-GPE) 2010
  

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INTRODUCTION GENERALE

Du début des années 1960 aux années 1977-78, la Côte d'Ivoire a connu une croissance essentiellement liée aux exportations du café et du cacao. Le PIB s'est accru alors de plus de 7% par an en moyenne. On a parlé de miracle ivoirien et la Côte d'Ivoire a intégré le cercle des pays à revenu intermédiaire (PRI).

Cette croissance qui était fondée sur l'exportation des produits agricoles a tourné à la dérive avec le retournement des cours du café et du cacao qui ont diminué de 40% entre 1978 et 1986 alors que la dynamique d'importations avait continué sur sa lancée. Cette chute de la valeur des exportations a inversé le résultat du solde commercial, qui, de largement excédentaire, est devenu déficitaire à partir de 1979.

L'Etat ivoirien s'était à la faveur de la croissance engagé sur d'importants programmes d'investissement1(*) il devait ainsi faire face à un accroissement continu de ses dépenses d'investissement. En 1981, selon les chiffres de la Banque Mondiale, les dépenses publiques d'investissement ont dépassé de 40% celles inscrites au Plan d'Investissement Public (PIP) pour les cinq années précédentes.

Par ailleurs, la chute brutale de l'épargne privée lui a compliqué la tâche. Face au retournement de la conjoncture, les entreprises étrangères ont rapatrié massivement leurs bénéfices, tandis que les travailleurs étrangers ont transféré une grosse partie de leur épargne en dehors des frontières. L'épargne brute totale a baissé respectivement de 5%, 13% et 70% en 1978, 1979 et 19802(*).

Privé d'épargne domestique et coincé par la baisse des recettes d'exportation, l'État a répondu à ses besoins de financement par un endettement extérieur massif. Le pays a connu en 1980 comme la plupart des pays de l'UEMOA, sa première crise de paiements extérieurs. Le déficit de la balance des paiements a atteint les 18% du PIB, le service de la dette a approché les 40% du PIB. En termes de montant, le service dû de la dette extérieure est passé de 116.6 milliards de FCFA en 1978 à 201.4 milliards de FCFA en 1980 pour atteindre 322.3 milliards de FCFA en 19813(*).

Cette crise de la dette extérieure s'est accompagnée d'un rétrécissement de l'investissement privé et des taux de croissance économique très faibles voir négatifs. En effet, le taux de croissance moyen du PIB a été environ de -0,31% entre 1980 et 1990 et l'investissement privé ne représentait en moyenne qu'environ 5% du PIB sur la même période, pendant que le service payé de la dette extérieure dépassait les 240 milliards FCFA en moyenne par an.

La situation récente n'est guère plus reluisante, car le pays a connu une croissance moyenne annuelle du PIB d'environ -0,23% entre 2000 et 2007. L'investissement privé ne représente qu'environ 10% du PIB sur la même période. Malgré tous les accords d'allègement de la dette extérieure obtenus à la fin de la période4(*), le service payé de la dette extérieure a dépassé une moyenne annuelle de 180 milliards de FCFA.

Au regard de ce qui précède, on est poussé à se demander quel genre de lien a-t-il existé entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique en Côte d'Ivoire ?

Par définition, le service de la dette est composé de l'amortissement du principal emprunté augmenté du remboursement de l'intérêt, il est généralement évalué annuellement. Il faut faire la distinction entre le service dû et le service payé, le service dû représente l'ensemble de la dette (principal et intérêt) échu que l'Etat doit payer, le service payé représente le montant effectivement payé par l'Etat5(*). La différence vient en augmentation des arriérés ;

Selon Guerrien (2002), «l'investissement est une opération qui consiste-pour une entreprise ou pour un pays à augmenter le stock de moyen de production (machines, équipements, de tous types, infrastructures, biens de tout ordre, mais aussi acquisition de connaissance et de formation des hommes), avec pour perspective une production future »6(*)

La seule différence entre l'investissement public et privé provient de l'identité de l'investisseur. L'investissement est donc public ou privé selon qu'il soit effectué par l'Etat ou par un opérateur privé. L'investissement est considéré dans tous les modèles de croissance comme le facteur le plus déterminant de la croissance économique.

Selon PERROUX7(*), la croissance « c'est l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues (chacune de ces périodes comprenant plusieurs cycles quasi-décennaux) d'un indicateur de dimension : pour une nation, le produit global net en terme réels. Ce n'est pas, il est nécessaire d'y insister au rebours d'une attitude qui se repend, l'augmentation du produit réel par habitant ».8(*)

Contrairement à la notion de développement qui a un caractère qualitatif et qui nécessite des changements sur plusieurs plans, la croissance est évaluée de façon quantitative.

Notre étude analyse le lien entre ces trois variables macroéconomiques en Côte d'Ivoire. Plus précisément, elle essaye de répondre aux questions suivantes :

· le service payé de la dette extérieure est-t-il un déterminant important du niveau de l'investissement privé en Côte d'Ivoire ?

· l'investissement privé joue-t-il son rôle de précurseur de la croissance économique dans l'économie ivoirienne? 

· les faibles taux de croissance économique connus à partir des années 1980 en Côte d'Ivoire trouvent-t-ils leur explication dans le niveau élevé du service de la dette extérieure ?

Les avis divergent dans la littérature économique sur le lien entre l'endettement extérieur, l'investissement et la croissance.

Si les Keynésiens considèrent que l'endettement, en général, n'entraîne pas de coût du fait des investissements nouveaux qu'il génère, lorsqu'il existe un sous emploi des ressources productives, les classiques assimilent l'endettement à un impôt futur. Hayek (1989), par exemple, dénonce la croissance réalisée grâce aux prêts extérieurs comme une croissance artificielle, fondée sur un investissement supérieur à l'effort d'épargne de la nation et provoquant un ajustement par l'inflation.

Il n'est pas aisé d'analyser le lien entre le service payé de la dette extérieure l'investissement privé et la croissance économique dans la mesure où les canaux par lesquels le service de la dette extérieure influence la croissance économique sont complexes.

L'analyse de cette relation nous a permis de faire une revue des études antérieures sur la question. Sur le plan empirique, l'étude a permis de déterminer l'existence ou non d'une relation d'équilibre de long terme entre les variables de l'étude c'est-à-dire de déterminer si elles évoluent ou non long terme au même taux. Elle a aussi permis de déterminer si la connaissance des valeurs passées et présentes des unes, permet de mieux prédire la valeur des autres (le sens de la causalité entre les variables). Après analyse de ces différentes relations, nous avons fait des recommandations de politique économique aux autorités ivoiriennes.

L'objectif général de l'étude était d'analyser les relations entre le service de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique.

De façon spécifique, elle a cherché à :

· déterminer le sens de causalité entre le service de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique;

· analyser l'existence ou non d'une relation d'équilibre de long terme entre les variables ;

· rechercher les réactions des unes suite à un choc sur les autres (analyse impulsionnelle).

Notre hypothèse de base stipulait qu'il existe une relation de causalité entre le service de la dette extérieure et l'investissement privé d'une part et entre ce dernier et la croissance économique d'autre part. Les hypothèses suivantes ont été testées :

· il existe une relation d'équilibre de long terme entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et le niveau du PIB;

· l'investissement privé cause au sens de Granger le PIB ;

· l'investissement privé et le PIB réagissent différemment à un choc sur le service payé de la dette extérieure.

L'approche méthodologique a consisté dans un premier temps, à faire une revue des études antérieures et un aperçu sur l'évolution du triptyque en Côte d'Ivoire. Dans un second temps, nous avons procédé à la vérification empirique de nos hypothèses de recherche. Pour cela, nous avons utilisé une approche économétrique basée sur l'étude de la cointégration de Johansen et l'analyse de la causalité au sens de Granger. L'étude économétrique a été faite à l'aide du logiciel EVIEWS 5 à partir des données secondaires fournies par la Direction de la Dette Publique (DDP) et la Direction de la Conjoncture et de la Prévision Economique (DCPE) de la Côte d'Ivoire.

Notre étude a été structurée en deux grandes parties. Une première partie a été consacrée à la revue de la littérature et des études empiriques du triptyque. La seconde partie a porté sur l'analyse empirique des relations.

* 1 La transformation de Yamoussoukro en capitale politique de la Côte d'Ivoire par exemple.

* 2 African Development Indicator 2006.

* 3 JACQUES, Evaluation de l'allègement d'équilibre de la dette de la Côte d'Ivoire, 2006, 74P.

* 4 Selon les chiffres de la DDP, l'encours de la dette extérieure de la Côte d'Ivoire est passé de 6754 milliards de CFA en 2000 à 4100 milliards de CFA en 2007.

* 5 L'objectif principal de cette étude étant d'analyser lien entre le service de la dette, l'investissement privé et le PIB, notre analyse portera sur le service de la dette effectivement payé par l'Etat.

* 6 Dictionnaire d'analyse économique 3ème édition page 269.

* 7Cité par BREMOND et GELEDAN (2002), « dictionnaire des sciences économiques et sociales », Edition Belin, Paris, Page 133

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