WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Problématique de la pacification des communautés du Nord Kivu à  travers la justice militaire

( Télécharger le fichier original )
par Etienne MBUNSU BINDU
 - Licence 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II. FACTEURS ENDOGENES ET EXOGENES DES CONFLITS AU NORD KIVU

Ces conflits interpellent quiconque. Leur solution est un défi non seulement pour les politiques de notre pays et de la province du Nord Kivu mais aussi pour nos sociétés civiles. La paix est une priorité pour la RDC et plus particulièrement pour la province du Nord Kivu. Aider à la construire est un devoir moral de toute l'humanité.

Pour y parvenir, nous estimons qu'il convient de commencer par rechercher les facteurs endogènes et exogènes qui expliquent l'instabilité quasi chronique de la province du Nord Kivu, nous présenteront ensuite les revendications des communautés du Nord Kivu et c'est seulement après que nous donnerons alors notre approche de la pacification de la province.

En effet, chercher à établir les facteurs qui pourraient expliquer l'instabilité quasi chronique de la province du Nord Kivu semble une tâche primordiale sur le chemin de la construction de la paix. Ainsi que le disent les analystes, les interventions dans ces conflits n'auront les effets désirés qu'à condition de définir correctement et de bien comprendre les causes sous-jacentes des affrontements. C'est ainsi que saisir à fond les facteurs-clés d'ordre historique, politique, culturel, social et économique qui expliquent la propension de certains pays (...) aux troubles civils et aux conflits violents est un premier pas important pour aborder le thème de la gestion des conflits en Afrique.5(*)

II.1. Facteurs endogènes

Un certain nombre d'études suggèrent que les causes structurelles des conflits en Afrique et plus particulièrement en RDC et au Nord Kivu peuvent être regroupées en trois grandes catégories. Il s'agit de la mauvaise gouvernance, de la tension autour des ressources et des différences ethniques et la question identitaire.

En ce qui concerne la gouvernance, ces études suggèrent que l'héritage colonial en Afrique est l'une des raisons expliquant l'instabilité apparemment endémique de ce continent. Certains auteurs vont jusqu'à affirmer que la partition de l'Afrique à la fin du 19e siècle serait la raison principale des conflits actuels. Ainsi les structures de gouvernance issues de la partition du continent ont jeté les fondements d'un jeu politique d'exclusion et de la montée des régimes intolérants, autoritaires qui ont nourri la dissidence et fait le lit des conflits armés.

Plus tard, avec la décolonisation, des années de guerre froide ont ancré des structures de gouvernance faussée, les superpuissances se souciant davantage de se damer le pion dans chacun de ces pays que, d'une part, de rendre la nouvelle génération post-coloniale de dirigeants comptables de leurs actes et, d'autre part, à encourager véritablement un mode de gouvernance démocratique.6(*)

C'est cette situation qui a encouragé la naissance des régimes politiques dictatoriaux qui n'avaient aucune comme source de légitimité du pouvoir. Pendant plus de trente ans, le pouvoir politique n'a eu de légitimité que le soutien des anciennes puissances colonisatrices qui sont devenues aujourd'hui la communauté internationale. Cette dernière offrait les moyens et le soutien politique à ses clients, tout en considérant que la corruption, les violations des droits humains, l'absence d'un Etat de droit, ou les fraudes électorales n'étaient que des problèmes secondaires.

C'est ce qui fait que même les acteurs politiques locaux ne visaient qu'à faire allégeance au Maréchal Président MOBUTU et se souciaient le moins des problèmes de la population. D'autre part, la centralisation du pouvoir n'a pas permis que ces problèmes trouvent solution : il n'était pas inimaginable de voir débarquer un administrateur du territoire de Masisi par exemple qui viendrait de l'Equateur sans aucune connaissance des éléments du terrain. La conséquence était telle que ce dernier ne pouvait rien entreprendre au risque d'attiser le conflit. Sans protection internationale directe et sans argent, les détenteurs du pouvoir dictatorial parvenaient de moins en moins facilement à contrôler les oppositions, les insurrections ou les rébellions internes.7(*)

En ce qui concerne le contrôle de l'économie, il s'agit principalement du contrôle des ressources naturelles. Une thèse soutien d'ailleurs à ce propos que la cupidité, et non les griefs politiques, explique au mieux l'instabilité dans cette province.8(*) L'accès, par tous les moyens, au pouvoir politique et coutumier et le contrôle économique sont des moteurs des conflits violents dans le Nord Kivu. Ces pouvoirs économique et politique et coutumier se concentrent généralement dans les mains de quelques élites locales, qui sont soutenues par des acteurs politiques et économiques tant nationaux qu'internationaux. C'est la raison pour laquelle les conflits gravitent généralement autour des réservoirs de ressources. C'est d'ailleurs ici l'occasion de louer la mesure présidentielle qui vient d'être prise et qui s'est matérialisée par le communiqué du ministre des mines suspendant l'exploitation des tous les minerais au Nord et au Sud Kivu. Nous y reviendrons dans les développements qui suivent.

Par rapport à la question identitaire, la dernière thèse considère les tensions ethniques comme facteurs premiers des conflits en Afrique. Les antécédents antérieurs à la colonisation, des différends ethniques et des guerres intestines suggèrent une disposition culturelle au conflit. Pour les chercheurs qui défendent cette thèse, le colonialisme et d'autres facteurs plus récents en rapport avec les ressources se greffent simplement sur une mosaïque de méfiance et de violence préexistante depuis des générations.

* 5 Centre d'Etude stratégique de l'Afrique, Séminaire sous régional  vers une meilleure gestion des conflits en Afrique Centrale», Cameroun-Yaoundé, 2004, session 1.

* 6 Centre d'Etude stratégique de l'Afrique, Op.cit.

* 7 Idem.

* 8 BALLENGE K et NITZCHKE H, Beyong greed and grievance: Policy lessons from studies in the political economy of Armed conflict, International Peace Academy Report, 2003.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand