WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Impact de l'AGOA (African Growth and Opportunity Act) sur les exportations des pays éligibles de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest)

( Télécharger le fichier original )
par Vincent KONATE
Université Ouaga II Burkina Faso - Diplome d'études approfondies en économie 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II : EXPERIENCE DES ACCORDS PREFERENTIELS UNILATERAUX ET ANALYSE THEORIQUE DE LA DYNAMIQUE DES ECHANGES

Un accord commercial préférentiel unilatéral est une convention entre un pays donateur et un pays bénéficiaire permettant à celui-ci de profiter de certains avantages commerciaux notamment l'accès de ses produits au marché du donateur. Le bénéficiaire n'est pas contraint de faire en retour des concessions. L'Afrique sub-saharienne a fait l'expérience de tels accords dans le cadre de ses relations avec plusieurs pays de la Quadrilatérale. Même si le pessimisme de certains auteurs entache les résultats de ses préférences commerciales, il reste que les théoriciens des échanges internationaux encouragent les pays à y participer. L'analyse théorique de ces échanges continue d'être rythmée par les défenseurs et les critiques du modèle libre-échangiste.

2.1. Expérience des accords préférentiels unilatéraux

Le succès de l'AGOA dans la promotion de la croissance des exportations en ASS dépend des gains attendus par les pays et de la capacité des structures économiques nationales à transmettre ces gains aux producteurs. Dans la littérature, plusieurs études économétriques et analytiques l'apprécie non seulement par la grandeur des marges préférentielles, la part du commerce engendré par le programme, le nombre de pays éligibles mais aussi par la sensibilité des consommateurs américains et de producteurs d'ASS (CNUCED, 2003 ; Shapouri et al, 2003).

De façon générale, plusieurs auteurs ont étudié l'impact des accords préférentiels (SGP,

Accord de Lomé/Cotonou, Initiative `'Tout Sauf les Armes», CBI28, ATPA29

) sur les

exportations des pays éligibles. Les premières études sur l'analyse des effets de l'AGOA sur
les exportations ont été peu concluantes à cause de l'insuffisance des données et l'utilisation

28Les USA créèrent en 1983 en plus du SGP, la Caribbean Basin Economic Recovery Act (CBERA) plus connue sous le nom de Caribbean Basin Initiative (CBI) afin de promouvoir le développement économique de l'Amérique Centrale et des pays des Caraïbes. En 1990, la CBERA initialement prévue pour 12 ans a été rendue permanente par la promulgation de la CBI II.

29 La Andean Trade Preference Act (ATPA) promulguée en 1991 puis renouvelée en 2002 par les USA a pour objectif premier de contrer l'expansion du trafic de drogue en fournissant de nouvelles opportunités à près de 5600 produits originaires des pays tels que : la Bolivie, la Colombie, l'Equateur et le Pérou.

KONATE/Mémoire-Master-NPTCI/Impact de l'AGOA sur les exportations des pays éligibles de la CEDEAO

2009

 
 

de modèles peu complets. La littérature sur l'impact des préférences commerciales unilatérales en général et de l'AGOA en particulier laisse entrevoir des pôles de débat.

2.1.1. Débat autour de l'atteinte des objectifs de l'AGOA

Les accords commerciaux unilatéraux ont fait l'objet de débat autour de l'atteinte de leurs objectifs. Quelques années après sa mise en oeuvre en 2000, l'AGOA a suscité un intérêt particulier dans les études d'impact (Nouve, 2003). Dans la littérature, plusieurs auteurs soutiennent la mise en place d'accords préférentiels (2.1.1.1) tandis que d'autres estiment que les gains attendus de l'AGOA sont illusoires (2.1.1.2).

2.1.1.1. Littérature soutenant l'apport des préférences commerciales unilatérales

Les années 2002 et 2003 ont connu une floraison d'études présentant une vision positive des préférences commerciales. En effet, Nielson (2002) évalue l'impact du SGP européen sur les exportations des PED en utilisant un modèle gravitaire pour la période 1973-1992. Les résultats montrent que les variables fictives pour le SGP et l'Accord de Lomé sont toutes deux significatives. Ainsi des estimations de Nielson (2002), il ressort que sur la même période, le SGP a permis aux PED d'augmenter leurs exportations vers les pays de l'OCDE de 34 à 59% contre 45 à 69% pour l'Accord de Lomé.

Suivant les brisées de Nielson (2002), Rose (2002) estime l'effet d'accords commerciaux
multilatéraux sur le commerce international pour 178 pays sur une période plus large (1948-
1999). Après l'usage de variables instrumentales et la résolution des problèmes de manque de

certaines données30

, l'auteur détecte des effets significatifs et substantiels des SGP, des

variables traditionnelles de gravité sur les volumes des échanges qui doublent pratiquement mais des effets non significatifs pour le GATT/OMC. En plus de la robustesse des résultats, Rose (2002) conclut que même si les systèmes multilatéraux n'entraînent pas forcément une augmentation des échanges, les accords préférentiels tels les SGP les stimulent. De plus, cette étude sur les exportations totales montre que les pays membres d'un même espace commercial régional, ceux qui ont en commun une langue, une frontière, une histoire coloniale commercent plus. Mais l'étude par industrie (agriculture, textile) s'avère plus intéressante. C'est ce que feront Nouve et Staatz en 2003.

30 L'économétrie a développé plusieurs techniques pour parer les problèmes de manque de données (Gourieroux et Monfont, 1981 ; Griliches, 1986 ; Peu, 1992). Cela améliore typiquement l'efficacité de paramètres d'intérêt mais introduit quelques fois des biais.

KONATE/Mémoire-Master-NPTCI/Impact de l'AGOA sur les exportations des pays éligibles de la CEDEAO

2009

 
 

Avant eux, Haveman & Shatz (2003) indiquaient que le volume des exportations des PMA pour l'année 2000 augmenterait de 7,6 millions de dollars si l'UE, le Japon et les USA leur ouvraient simultanément leurs marchés en exonération de droits. Environ 90% de cette augmentation serait absorbée par le marché américain. Ces auteurs réalisent ces prévisions à partir de leur étude sur les importations annuelles des USA, de l'UE et du Japon en provenance des PMA pour la période 1993-2000. L'estimation du modèle de gravité utilisé leur a permis de conclure également qu'une préférence tarifaire de 1% entraînerait une augmentation moyenne des exportations des PMA vers les USA, l'UE et le Japon de 19,4%, 8,5% et 13,1% respectivement. Mold (2005) soutient ces résultats dans la mesure où il montre que le taux d'utilisation31 du SGP accordé aux 49 PMA par les pays de la Quadrilatérale32 a augmenté de 20 points de pourcentage entre 1994 et 2001 essentiellement dû à une augmentation des importations américaines de pétrole. Par ailleurs, il note que le SGP américain a un taux d'utilisation très élevé et un taux d'utilité faible c'est-à-dire que sa liste sur les produits éligibles est restreinte.

Nouve et Staatz (2003), 4 ans après la promulgation de la loi américaine se posent la question de savoir comment les exportations agricoles d'ASS ont évolué avec les avantages commerciaux offerts par l'AGOA depuis 2000. En effet, les quelques vraies études qui avaient jusque là évalué l'initiative AGOA comme Mattoo et al. (2002) n'avaient pas traité cette question spécifique. Ainsi ces auteurs comblèrent-ils ce manque en utilisant les techniques de régression sur données de panel pour isoler ceteris paribus les effets de l'AGOA sur les exportations agricoles d'ASS vers les USA. Ils font appel à un modèle de gravité où les variables exogènes sont les variables traditionnelles de gravité (revenu, population, distance) et deux variables dummy (éligibilité, Système de Visa). L'estimation porte d'abord sur les 46 pays d'ASS ensuite sur les 27 plus grands exportateurs agricoles et enfin sur les 8 meilleurs. Le trend croissant des exportations agricoles sur les 4 ans est compatible avec les résultats qui témoignent d'une réponse positive mais la relation entre la variable «AGOA» et la variable endogène « les exportations agricoles» reste marginale. Cependant les profits tirés de l'AGOA à travers les exportations agricoles sont perçus comme statistiquement non différents de zéro. Nouve et Staatz (2003) constatent aussi qu'une grande part des variations des exportations agricoles d'ASS vers les USA reste inexpliquée par ce

31 Le taux d'utilisation est le rapport entre la valeur des importations bénéficiant de préférences et celle des importations susceptibles de bénéficier des préférences. S'il est très élevé, on dit que les préférences proposées sont assez bien adaptées à la structure des exportations des pays bénéficiaires.

32 Il s'agit des USA, l'UE, le Canada et le Japon

KONATE/Mémoire-Master-NPTCI/Impact de l'AGOA sur les exportations des pays éligibles de la CEDEAO

2009

 
 

modèle. La faible qualité des estimations est imputable à l'insuffisance des données. Cela peut être aussi dû à l'omission des particularités des différents pays et à d'autres facteurs. Les études économétriques qui ont suivi, ont paré ses limites.

Mais ces mêmes problèmes ont été rencontrés par Shapouri et Trueblood (2003). Les auteurs qui, comme eux, ont essayé d'estimer les impacts possibles des concessions unilatérales de tarif à travers un modèle d'équilibre partiel (Kirmani et al., 1984 ; Bond, 1987 ; Pelzman et Schoepfle, 1988) montrent aussi des impacts positifs de telles politiques. Shapouri et Trueblood (2003) estiment l'impact de l'AGOA sur la performance des exportations d'ASS vers les USA en traitant trois questions spécifiques. D'abord, ils montrent que les produits susceptibles d'être admis à l'AGOA n'intégraient pas véritablement la structure des exportations africaines et cela est probablement selon eux une raison justifiant la faible participation des pays d'ASS en 2002. Néanmoins, l'intérêt porté à l'AGOA s'est accru (pays éligibles : 16 en 2001 et 22 en 2002) et l'AGOA a modifié la structure d'exportation de quelques pays et certains ont même triplé leurs exportations en un an. Enfin, les résultats indiquent qu'en moyenne, les réponses aux incitations de l'AGOA étaient positives et de façon inattendue importantes même si les bénéfices se sont limités à quelques pays surtout les exportateurs de produits pétroliers et vestimentaires ; ce qui conforte les résultats de Mattoo et al. (2002). Shapouri et Trueblood (2003) suggèrent par ailleurs que les pays se spécialisent dans l'exportation de produits transformés, à valeur ajoutée plus élevée.

A ce propos, Nouve (2005) analyse les effets de l'AGOA sur les exportations des 46 pays d'ASS vers les USA en utilisant cette fois-ci un modèle de gravité du commerce augmenté, inspiré de Anderson & Van Wincoop (2001/2003). Portant sur la période 1996-2004, cette étude aborde les problèmes de données de panel et de regresseurs endogènes et emploie la méthode des variables instrumentales pour étreindre l'endogénéité provoquée par trois variables à savoir les exportations totales, les exportations AGOA et les exportations de textile. Il régresse la première variables sur les deux autres, les variables traditionnelles du modèle, le taux de change, la langue, l'enclavement et des variables institutionnelles. La robustesse du modèle couplée à la significativité de la plupart des coefficients a permis à Nouve (2005) de conclure que l'AGOA a un effet fortement positif sur les exportations d'ASS vers les USA depuis sa mise en oeuvre. Cependant, l'élasticité de substitution constante doit être inferieure à l'unité c'est-à-dire que les produits exportés doivent être peu substituables sur le marché américain. Lorsque cette élasticité est supérieure à 1, le modèle

KONATE/Mémoire-Master-NPTCI/Impact de l'AGOA sur les exportations des pays éligibles de la CEDEAO

2009

 
 

prédit que l'AGOA a un effet négatif sur les exportations. Ainsi, Nouve (2005) note que les efforts de diversification des exportations en ASS seront donc salutaires. Par ailleurs, les exportations de textile dans le cadre de l'AGOA ont un effet négatif sur les exportations d'ASS. L'auteur conclut alors que l'AGOA a dynamisé le secteur des textiles et vêtements qui est d'ailleurs porteur pour les pays d'ASS presque tous producteurs de coton. Enfin, les résultats montrent que ces exportations sont intensives en capital. Cela contredit ses résultats obtenus avec Staatz en 2003.

Fouda (2007) utilise un modèle CMS (Constant Market Share) pour évaluer la contribution de
l'AGOA à l'augmentation des exportations des pays éligibles. Il égalise la variation des
exportations de ces pays entre 2001 et 2004 à la variation de la demande américaine

d'importation, de la composition des biens exportés et de l'effet de la compétitivité33

(effet de

l'AGOA). Cette étude montre que l'AGOA est responsable de seulement 16,07% de l'augmentation des exportations (66,9%) entre 2001 et 2004. Mais pendant qu'elle était de 59,1% pour l'Afrique de l'Est, la part de l'AGOA dans l'accroissement des exportations n'était que de 19,88% en Afrique de l'Ouest.

Au niveau sectoriel, la mise en place de l'AGOA en Afrique de l'Ouest a généré 62,48% de l'augmentation des exportations des produits agricoles, 82,99% de celle des boissons et du tabac, 55,01% de celle des produits chimiques et huiles essentielles mais aussi 63,22% de l'augmentation des exportations des produits manufacturés divers. Cependant, l'effet de l'AGOA sur le secteur des carburants et lubrifiants est limité en Afrique de l'Ouest (21,19%) alors que cette région s'affiche comme la grande exportatrice d'ASS vers les USA à cause du Nigeria qui est le 1er producteur africain de pétrole (le secteur pétrolier occupe plus de 90% des exportations de cette région). Si en Afrique de l'Ouest, les avantages issus de l'AGOA ont surtout été captés par les secteurs primaires (les secteurs agricoles), la mise en place de l'AGOA a toutefois permis le développement d'une industrie manufacturière spécialisée dans le secteur des biens manufacturés divers mais celle-ci reste embryonnaire (Fouda, 2008).

Cette vision positive n'est cependant pas l'apanage des auteurs qui sont sceptiques sur les capacités des préférences commerciales non réciproques en général et de l'AGOA en particulier à créer des conditions favorables et durables de croissance et de développement économique dans les pays bénéficiaires.

33 La variable `'effet de la compétitivité» indique surtout les changements des conditions de marché attribués à l'AGOA.

KONATE/Mémoire-Master-NPTCI/Impact de l'AGOA sur les exportations des pays éligibles de la CEDEAO

2009

 
 

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille