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Contribution à  l'étude des effets des travaux d'aménagement forestier (éclaircies et reboisements) sur l'évolution de la faune en forêt classée de Bossematie

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par N'dri Pascal KOUAME
Institut national polytechnique Félix Houphouet Boigny de Yamoussoukro - Ingénieur agronome option eaux et forêts 2005
  

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LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Arbre des objectifs du suivi écologique du projet d'aménagement des forêts de l'Est

Annexe 2 : Schéma d'un dispositif de relevé ou grappe.

Annexe 3 : Carte parcellaire de la F.C.B.

Annexe 4 : Liste des animaux bio indicateurs

Annexe 5 : Tableau récapitulatif des espèces animales observées en forêt éclaircie

Annexe 6 : Degré de présence des espèces animales en zone de forêt éclaircie

Annexe 7 : Tableau récapitulatif des espèces animales observées en forêt reboisée

Annexe 8 : Degré de présence des espèces animales en zone de forêt reboisée

Annexe 9 : Degré de présence des espèces animales recensées en zone de forêt non traitée (témoin).

Annexe 10 : Synthèse des données sur la dynamique des paramètres caractérisant la faune des zones traitées et de témoin (zone non traitée).

LISTE DES SYGLES ET ABREVIATIONS

C.E.: Chef d'Exploitation

E.F.C.P.C.: Ecole de Formation Continue et de Perfectionnement des Cadres

F.C.B.: Forêt Classée de BOSSEMATIE

G.T.Z.: Gesellschaft Fûr Zusammenarbeit (agence de coopération technique allemande)

INP HB : Institut National Polytechnique Houphouët-Boigny de Yamoussoukro

MINAGREF : Ministère de l'Agriculture et des Eaux et Forêts

MINEFOR : Ministère des Eaux et Forêts

P.C.T.: Potential Crop Tree (arbre d'avenir)

S.I.G.: Système d'Information Géographique

SODEFOR : Société de Développement des Forêts

II

INTRODUCTION

Depuis 1992, date de la cession de la gestion du domaine classé ivoirien à la SODEFOR, le concept de l'aménagement forestier intégré a été adopté par cette entreprise comme moyen de réhabilitation des différentes fonctions de production de conservation et de régulation que les forêts classées sont sensées assurer en Côte d'Ivoire.

Cette approche complexe qui prend en compte, tous les aspects biologiques du fonctionnement des écosystèmes contenus dans ces massifs à réhabiliter pose très souvent le problème de l'évaluation de l'atteinte des objectifs en fin de période d'aménagement.

En effet, si les incidences des travaux d'aménagement sur la production de bois d'oeuvre sont bien connues des aménagistes, les effets de ces traitements sur la faune demeurent jusqu'à ce jour, moins maîtrisés. Or l'évaluation d'un aménagement intégré se doit de prendre obligatoirement en compte cet aspect très important de la réhabilitation qu'est la faune.

C'est pour répondre à cette préoccupation, qu'après dix années d'aménagement, la SODEFOR envisage de faire l'évaluation à mi parcours de la réhabilitation de la forêt classée de BOSSEMATIE (F.C. B.) en mettant un accent particulier sur la faune.

Elle a donc accepté de nous confier l'étude des effets des travaux d'aménagement forestier (éclaircies et reboisement) sur l'évolution de la faune de cette forêt de 1994 à 2004.

Le but de cette étude est de fournir des éléments de référence à l'aménagiste pour une meilleure appréciation des effets de l'aménagement sur les populations fauniques. Pour répondre à cette attente, nos travaux s'appuient sur les relevés du bio monitoring recueillis pendant la période de référence pour faire une analyse diagnostique des communautés animales soumises aux effets des traitements forestiers ; l'objectif étant ici, de dégager puis d'expliquer les éventuels écarts imputables à ces traitements.

Après une présentation succincte de la F.C.B. et de son aménagement, nous exposerons l'approche méthodologique et les matériels utilisés pour aborder le sujet.

Ensuite interviendra l'exposé des résultats d'analyse des communautés animales vivant dans les différentes zones traitées. Les comparaisons de la composition et de la structure de ces communautés animales nous amèneront à dégager les principaux effets de chacun des traitements étudiés sur les populations fauniques.

Enfin nous conclurons sur le sujet en nous prononçant sur l'intérêt ou non de poursuivre avec la même ampleur, les traitements d'aménagement et les conséquences auxquelles l'on pourrait s'attendre en ce qui concerne l'avenir de la faune.

1. CONSIDERATIONS GENERALES

1.1. PRESENTATION DE LA FORET CLASSEE DE BOSSEMATIE

La Forêt Classée de BOSSEMATIE (F.C.B.) est située entre 6° 35' et 6° 20' de latitude Nord, et entre 3° 35' et 3° 20' de longitude Ouest. Elle est localisée dans la Région du Moyen Comoé, dans le Département d'Abengourou, et à cheval sur les Sous-préfectures d'Abengourou et de Zaranou, plus précisément à 30 kilomètres au Sud de la ville d'Abengourou (figure 1).

Figure 1 Carte de situation de la forêt classée de BOSSEMATIE (F.C.B.)

Elle a acquis son statut de forêt classée en 1935 par Arrêté n°1419/SF du 1er Mai 1935. Par la suite, elle a subi plusieurs amputations du fait de déclassements successifs ramenant ainsi sa superficie à 22800 hectares selon l'arrêté n° 0044 / MINEFOR / DDAR du 23 janvier 1976.

La F.C.B. couvre actuellement une superficie totale estimée à 21553 hectares (SODEFOR, 2002), obtenue après le traitement d'images satellitaires datant de l'année 2000.

Placée dès son classement sous la tutelle de l'administration forestière de la Côte d'Ivoire, la F.C.B. a connu en 1990, un changement de gestionnaire. En effet, la SODEFOR, chargée d'y conduire un programme de réhabilitation, s'est vue confiée par arrêté n° 0235 / MINAGREF, la gestion entière de ce massif forestier.

Ainsi, la F.C.B. est gérée actuellement par une structure décentralisée de la SODEFOR dénommée « Unité de Production d'Appoisso » et placée sous la dépendance hiérarchique directe de la Coordination Régionale d'Abengourou (SODEFOR, 2002).

1.1.1. Caractéristiques biophysiques du milieu

1.1.1.1. Climat

Le département d'Abengourou auquel appartient la F.C.B. jouit d'un climat subéquatorial caractérisé par :

- Une pluviométrie irrégulière de 1991 à 2003 (figure 2) avec une moyenne annuelle de 1200 mm (ANONYME, 2004) ;

Figure 2 Evolution de la pluviométrie de 1991 à 2003

- un régime bimodal des pluies avec notamment :

o une grande saison des pluies s'étendant d'avril à juin ;

o une petite saison sèche en juillet et août ;

o une petite saison des pluies allant de septembre à octobre ;

o une grande saison sèche de 5 mois (novembre à mars) comportant cependant quelques précipitations isolées (figure 3) ;

Figure 3 Pluviométrie moyenne mensuelle de la région d'Abengourou

- une température moyenne annuelle de 26,7° C avec des moyennes mensuelles variant de 24 à 30° C. Les plus basses températures s'observant en juillet - août et les plus élevées en février et mars ;

- une humidité relative de l'air variant de 44 % en janvier à 85 % en juillet - août ;

- une durée moyenne annuelle d'insolation de 1500 heures ;

- et enfin des vents dominants soufflant généralement du Sud Est vers l'Ouest à des vitesses modérées, voire faibles (1,1 à 1,4 m/sec.), les vents forts étant assez rares (SODEFOR, 2002).

1.1.1.2. Relief et hydrographie

La F.C.B. présente un relief peu vallonné. Les travaux de GEROLD (1994) montrent que ce relief est composé de collines, d'une pénéplaine (crête à ondes plates), et de terrasses. Les altitudes extrêmes sont de 200 m pour le point culminant et 100 m pour le point le plus bas.

Le réseau hydrographique de la forêt est caractérisé par la présence d'un grand nombre de cours d'eau saisonniers dont le plus important est la rivière BOSSEMATIE. Cette dernière a donné son nom à la forêt classée et constitue pour ce massif, une limite naturelle sur le coté Est.

1.1.1.3. Géologie et pédologie

Le matériel de base dans la région d'Abengourou est composé de schistes ponctués de quelques îlots granitiques (GEROLD, 1994).

Les sols de la F.C.B. sont en majorité composés de sols ferralitiques moyennement désaturés sur schistes ou micaschistes, caractérisés par une forte proportion d'oxyde de fer ou d'aluminium. Ce type de sols se rencontre sur les crêtes et les hauts de pentes (figure 4).

Figure 4 Carte pédologique de la F.C.B. (selon système de classification F.A.O. -U.N.E.S.C.O. 1981).

Dans les bas fonds et les bas de pente, on trouve les arenosols (sols peu différenciés, sableux et peu évolués) parfois liés avec des gleysols (sols hydromorphes). Ces types de sols sont caractérisés par un surplus d'eau causé par une couche argileuse impénétrable à une profondeur variant entre 40 et 70 centimètres. Leur forte proportion en sables en surface peut entraîner des manques d'eau dans les horizons explorés par les racines.

Entre les arenosols et les ferralsols (sols ferralitiques), on trouve les cambisols (sols possédant en profondeur, un horizon cambique), présents sur les terrains de pentes moyennes. Ils sont plus profonds et plus riches en éléments nutritifs. De plus, leur structure leur confère une bonne capacité de rétention en eau (SODEFOR 2002).

Parmi les 4 types de sols qui s'y rencontrent, les ferralsols sont dominants (figure 4).

1.1.1.4. Ecologie végétale

Selon GUILLAUMET et ADJANOHOUN (1971), la F.C.B. appartient essentiellement, à la zone de forêt dense semi décidue à Celtis spp. et Triplochiton scleroxylon du secteur mésophile, au sein du domaine guinéen.

Cette forêt est caractérisée par la chute quasi simultanée des feuilles de la plupart des individus d'une espèce (AKÉ ASSI, 1992). En effet, plus de la moitié des arbres de la strate supérieure perdent leurs feuilles pendant la saison sèche entre décembre et avril.

La structure verticale de la F.C.B., donne trois strates surmontées de quelques grands arbres pouvant atteindre une hauteur de 50 à 60 m et appartenant aux familles des Meliaceae et Sterculiaceae. La strate supérieure de 35 à 45 m de hauteur est généralement fermée, tandis que la strate moyenne d'une hauteur de 20 à 35 m est discontinue. La Strate inférieure d'une hauteur de 10 à 15 m, contient surtout des essences sempervirentes (SODEFOR, 2002). Cette structure verticale telle que décrite, ne se rencontre, aujourd'hui, que dans les îlots bien conservés de la F.C.B.

Dans ces zones moins dégradées, la strate herbacée se compose couramment de Leptaspis zeylanica, Streptogyna crinita, Linidium gabunense, Olyra latifolia, Crossandra flava, Justicia extensa, Barleria aenotheroides, la strate arbustive est formée par Diospyros canaliculata, Microdesmis keayana, Baphia nitida, Diospyros heudelotii alors que la strate arborée est composée essentiellement de Celtis adolfi-fridericii, Celtis mildbraedii, nesogordonia papaverifera, Scottellia klaineana var. mimfiensis, Terminalia superba, Triplochiton scleroxylon, Mansonia altissima, Eribroma oblonga, Sterculia rhinopetala.

Ces différents arbres sont souvent couverts par des lianes ligneuses de grande taille telles que Griffonia simplicifolia, Tiliacora dinklagei, Motandra guineensis, Millettia chrysophylla, Neuropeltis acuminata (KOUADIO, 2004).

1.1.1.5. Ecologie animale

La quasi-totalité de la végétation en périphérie de cette forêt présente une structure très dégradée lorsqu'elle n'est pas remplacée par les cultures. Cette situation a accentué au fil des années, l'isolation d'une importante population animale représentative de la faune originelle de la région.

Les frugivores tels que Pan troglodytes Anomalurus peli, Loxodanta africana, les autres primates tels que les cercopythèques, les mégachiroptères, les calaos et les touracos d'une part, et les herbivores tels que les Syncerus caffer, Boocerus euryceros, et la famille des céphalophes d'autre part, y jouent un rôle déterminant dans la dissémination des graines.

D'une manière générale, ces Mammifères et Oiseaux sont importants dans l'équilibre de l'écosystème forestier. Malgré, l'état fortement secondarisée des formations végétales de la F.C.B., la présence de ces animaux bio indicateurs atteste que cette forêt est la mieux conservée parmi les forêts classées de l'Est de la Côte d'Ivoire.

Cependant, le braconnage assez dense dans la F.C.B. menace fortement ces animaux, notamment les Mammifères.

1.1.2. Intégrité du milieu naturel

En vue satellitaire, la F.C.B. apparaît comme une véritable formation forestière constituant avec le complexe forestier MABI - YAYA, les forêts classées les mieux conservées de la région Est de la Côte d'Ivoire.

En réalité, elle est (à l'instar des autres forêts du pays) soumise depuis son classement à une multitude d'agressions telles que le braconnage des ressources fauniques, les défrichements clandestins et l'exploitation forestière.

Longtemps victime des coupes de bois d'oeuvre dont la dernière a eu lieu en 1988 (WÖLL, 1991), la structure de la forêt est dans un état de dégradation avancé. En effet, le peuplement de gros arbres exploitables de cette forêt a pratiquement disparu. La strate supérieure est discontinue ou inexistante et la strate moyenne est envahie de lianes (SODEFOR, 2002). De façon générale, la végétation de la F.C.B. est essentiellement constituée de formations de type secondaire.

Le peuplement dense de gros arbres ne représente plus que 2% de la superficie totale du massif tandis que près de 60% de la forêt est constitué d'un peuplement relativement ouvert au niveau de la strate dominante (WÖLL et WAITKUWAIT, 1994).

1.1.2.1. Infiltrations agricoles

Les infiltrations agricoles en F.C.B. ont pris de l'ampleur au cours de la décennie 1980- 1990.

Ce phénomène que l'on peut qualifier de « récent » au regard de la date du classement de cette forêt (1935), concernait selon les recensements effectués en 1991, 183 Chefs d'Exploitation (CE) occupant une superficie totale de 2255.25 hectares (SODEFOR, 2002).

Figure 5 Occupations agricoles de la F.C.B. en 1991

Depuis Mars 1992, grâce aux actions concertées de la SODEFOR, des autorités administratives et traditionnelles locales, les CE ont démantelé les habitations en forêt et près de 40% des occupations essentiellement constitués de jeunes plantations ont été abandonnées par leurs auteurs, à l'exception de deux grands planteurs occupant environ 500 hectares, pour lesquels aucune solution définitive n'est encore trouvée (CASPARY, 1997) ; (SODEFOR, 2002).

Les occupations agricoles plus importantes au Sud, ont accentué le niveau de dégradation de la végétation dans cette partie de la forêt (figure 5).

1.1.2.2. Etat général des Ressources Naturelles

Les inventaires forestiers réalisés dans la F.C.B. indiquent que l'exploitation forestière a surtout affecté la strate dominante constituée surtout de Méliaceae et de Sterculiaceae.

En 1993, le potentiel exploitable (semenciers de catégorie principale P1) était inférieur au seuil préconisé par la SODEFOR (SODEFOR, 2002a) interdisant du coup, toute nouvelle exploitation dans cette forêt pour au moins une décennie (WÖLL et WAITKUWAIT, 1994).

Pour ces raisons, aucun inventaire d'exploitation n'a encore été mené Jusqu'à ce jour pour situer l'aménagiste sur la disponibilité en F.C.B. d'espèces exploitables en bois d'oeuvre. Mais il est établi que certaines espèces de bois de valeur y sont en voie de disparition.

En ce qui concerne la faune, très peu d'informations sont disponibles sur les densités des espèces présentes dans cette forêt. Le bio monitoring dans sa conception permet d'effectuer les mesures nécessaires à la détermination de ces données pour chaque espèce bio indicatrice prise en compte par le programme. Malheureusement, le programme informatique « Distance Sampling » utilisé pour ce type de calcul n'est pas encore expérimenté au niveau de la SODEFOR Abengourou.

Néanmoins, les travaux de MÜHLENBERG et al. (1996) basés sur cette méthode ont permis de déterminer à partir des résultats du bio monitoring (1994 à 1996), un ordre de grandeur de la taille de la population de quelques espèces en F.C.B. au seuil de probabilité 0.95 :

Tableau 1 Taille moyenne de la population de quelques espèces animales en F.C.B.

Espèces

Intervalle de confiance de la taille moyenne de la population en 1994 - 1995

Intervalle de confiance de la taille moyenne de la population en 1995 - 1996

Cercopithecus mona

67 - 111

69 - 142

Cercopithecus petaurista

44 - 133

95 - 280

Pan troglodytes

22 - 200

20 - 200

Cephalophus maxwelli

89 - 355

200 - 644

Tragelaphus scriptus

9 - 44

11 - 44

Achatina achatina

-

20291 - 23594

Archachatina ventricosa

17417 - 36253

22977 - 44089

1.2. AMENAGEMENT DE LA FORET CLASSEE

L'aménagement de la F.C.B. vise avant tout la réhabilitation de toutes ses fonctions de production (bois, aliments, plantes médicinales...), de protection (sol, eau, ressources biogénétiques) et de régulation climatique (WÖLL, 1991).

La phase pilote du projet d'aménagement intitulé « Réhabilitation de la forêt classée de la BOSSEMATIE» qui a démarré en Avril 1990 s'est déroulée sur une période de trois ans avec pour objectif l'élaboration des bases organisationnelles structurelles et méthodologiques nécessaires pour un aménagement intégré (SODEFOR, 2002).

La phase d'aménagement proprement dite a démarré ensuite avec la rédaction d'un plan d'aménagement prévue pour une durée de vingt ans, (1995 à 2014) avec une révision prévue à mi parcours (dix ans).

1.2.1. Objectifs

L'aménagiste a retenu comme critères de classification des objectifs assignés à cette forêt, à la fois le niveau d'importance et le caractère temporel.

Objectifs principaux :

- à long terme, l'objectif de la forêt en aménagement est la production pérenne de bois d'oeuvre de qualité et des produits secondaires ;

- à moyen terme, c'est-à-dire au cours de cette phase d'aménagement (1995 2014), l'objectif principal est la réhabilitation de la F.C.B. avec l'éventualité d'une récolte contrôlée sur une partie de sa superficie.

Objectifs secondaires :

L'aménagiste a défini ici, quatre objectifs essentiels à atteindre à moyen terme:

- la recherche forestière, notamment l'approfondissement de la connaissance concernant la méthodologie d'amélioration de la forêt y compris le suivi écologique; la F.C.B. devant servir à ce propos, comme un « laboratoire » pour les autres forêts de l'Est en aménagement ;

- la conservation d'écosystèmes particuliers, à biodiversité importante et/ou fragiles ;

- l'amélioration des conditions de vie des populations riveraines à travers leur implication dans les travaux d'aménagement et de protection de la forêt ;

- des objectifs pédagogiques et touristiques.

A partir des différentes investigations menées lors de la phase pilote (1990 - 1993), la prise en compte de ces objectifs s'est traduite par une définition de cinq séries dans la F.C.B. avec des traitements appropriés comme l'indique le tableau suivant (SODEFOR, 2002a) :

Tableau 2 Prévisions de traitements à réaliser en F.C.B dans la phase d'aménagement en cours

Séries

Zones traitées (en hectares)

Zones non traitées

(en hectares)

Total

(en ha)

Amélioration (éclaircie sélective)

Régénération par plantation nouvelle (reboisement)

Régénération assistée (dégagement et enrichissement)

Attente, protection

Forêt naturelle de production

9486

0

1947

379

11812

Reboisement de production

982 (*)

326

0

118

1426

Recherche

0

0

0

1050

1050

Accueil du public

0

0

0

31

31

Réserves biologiques

0

0

0

7234

7234

total

10468

326

1947

8812

21553

(*) il s'agit des éclaircies des reboisements (à ne pas confondre avec les éclaircies sélectives des forêts naturelles).

Parmi ces traitements, seuls l'éclaircie sélective en forêt naturelle et le reboisement sont concernés par notre étude. Elles constituent les traitements les plus importants du point de vue quantitatif et qualitatif.

1.2.2. Niveau actuel des réalisations

Au cours de la phase pilote (1990 - 1993), cent hectares (100 ha) de forêt ont été éclaircis dans la série de recherche tandis que près de quatre cents hectares (394 ha) de zones dégradées par les cultures, ont été reboisées.

La phase actuelle d'aménagement enregistre quant à elle, un niveau de réalisation suivant à la fin de l'exercice 2004:

Tableau 3 Niveau actuel de réalisation des traitements

Traitement

Prévision selon le plan de gestion

1994 - 2004

(en hectares)

Cumul réalisé

1994 - 2004

(en hectares)

écart

Eclaircie sélective

4656

2164

-2492

Reboisement

710

756.19

+46.19

Après 2000, l'éclaircie sélective a été arrêtée par le Secteur d'APPOISSO suite au constat de problèmes sanitaires graves dans les parcelles traitées (KOUADIO 2004).

Quant aux reboisements, ils ont été arrêtés en F.C.B. en 2002 car la plupart des zones libérées des occupations paysannes présentaient un potentiel de régénération suffisant pour assurer leur reconstitution par voie naturelle.

1.2.3. Caractéristiques de l'éclaircie sélective et des reboisements en F.C.B.

1.2.3.1. Eclaircie sélective

L'éclaircie sélective est un traitement d'amélioration de la forêt naturelle visant à favoriser la croissance des jeunes arbres de valeur et/ou le développement de la régénération d'espèces principales (WÖLL et WAITKUWAIT, 1994).

Les arbres d'avenir sont préalablement identifiés et sélectionnés selon des critères liés à la vitalité, l'état sanitaire et des caractères phénologiques recherchés par l'aménagiste. Les arbres de moindre valeur gênant les arbres d'avenir dans leur développement sont alors dévitalisés par annelage (suppression de l'écorce sur toute la circonférence) à environ 1.5 mètre de hauteur.

L'opération se justifie dès lors que les arbres d'avenir sont concurrencés ou dominés au niveau des cimes par les arbres de qualité secondaire. Un délianage est éventuellement effectué dans le cas où l'arbre d'avenir est envahi par les lianes.

L'objectif recherché est de favoriser la croissance des arbres de valeur disposant des qualités requises pour une production à terme, de bois d'oeuvre de qualité.

Dans sa mise en oeuvre, l'éclaircie sélective fait appel aux opérations suivantes :

- la sélection des arbres d'avenir ;

- l'identification des arbres à dévitaliser ;

- la dévitalisation des arbres par annelage ;

- le délianage des arbres d'avenir.

Ce traitement qui exige de l'opérateur, une grande technicité repose sur l'étape essentielle du choix des arbres d'avenir selon plusieurs critères (SODEFOR, 2002).

Contrairement à l'éclaircie systématique, elle s'avère une méthode souple qui intègre autant que possible, les recommandations du programme écologique notamment, les indications pour la préservation des arbres fruitiers importants pour la survie de certaines espèces animales.

Mise en oeuvre dans la F.C.B. depuis 1991 dans la série de recherche, l'éclaircie semble n'avoir pas eu que des résultats positifs sur les peuplements traités.

Selon KOUADIO (2004), si ce traitement a eu des effets positifs sur la croissance des arbres d'avenir, les effets de cette application semblent défavorables en ce qui concerne l'état sanitaire du peuplement d'avenir. En effet, l'envahissement des lianes a le plus affecté les arbres d'avenir ou Potential Crop Trees (PCT), ce qui a entraîné avec les effets conjugués du vent, de nombreux dégâts (chablis, casses de cimes, etc.).

1.2.3.2. Reboisements

Les plantations forestières réalisées en F.C.B. sont essentiellement issues de reboisements de reconversion, c'est-à-dire des plantations d'arbres effectués sur des layons ouverts dans des zones défrichées et occupées par des cultures. L'objectif premier recherché est une domination des cultures par les arbres afin de provoquer leur disparition et la reconversion de l'espace en forêt.

Les essences forestières utilisées sont Terminalia superba et Terminalia ivorensis, deux espèces à croissances suffisamment rapides pour dominer dès la quatrième année le recrû particulièrement dense.

Les écartements de plantation sont de six (6) mètres entre lignes et six (6) mètres sur les lignes soit une densité de 277 tiges par hectare.

1.3. PROGRAMME D'ACCOMPAGNEMENT ECOLOGIQUE DE L'AMENAGEMENT.

Le programme d'accompagnement écologique de l'aménagement de la F.C.B. a démarré depuis Mars 1990 avec des investigations directes sur le terrain en vue de jeter les bases scientifiques et techniques d'un programme de «bio monitoring» devant permettre une évaluation continue des ressources biologiques de la forêt avec un accent particulier sur la faune.

1.3.1. Objectifs assignés au programme

Le «bio monitoring» se présente comme un moyen de contrôle biologique de l'état de la forêt et vise comme objectif principal, le suivi écologique des effets de son aménagement. Il s'agit donc d'un processus à long terme.

La présentation des objectifs sous la forme d'un arbre (annexe 1) permet de mieux faire ressortir l'étendue du champ d'intervention de ce programme.

Au terme de l'aménagement, l'évaluation de cet arbre à objectifs permettra de se prononcer avec plus d'assurance sur l'atteinte de l'objectif global de la réhabilitation de la F.C.B. à savoir : son aménagement durable à orientation écologique

1.3.2. Méthodologie de mise en oeuvre et premiers résultats

Le programme a connu deux phases de mise en oeuvre :

- La première (de 1990 à 1993) a été consacrée à :

§ la proposition d'un modèle de suivi continue de l'évolution des ressources naturelles («bio monitoring») fondée sur une liste exhaustive d'espèces bio indicatrices sélectionnées au préalable;

§ la conception et l'installation équitable des dispositifs de collecte des données sur le terrain.

- La deuxième phase (en cours d'exécution depuis 1994) a été consacrée à :

§ La collecte mensuelle des données sur une période de 10 ans (1994 - 2004) au moyen de fiches de relevé ;

§ La saisie et l'organisation des données dans une base de données ;

Grâce à des équipes de prospecteurs faune recrutés parmi des anciens braconniers reconvertis et formés, la mise en oeuvre pratique de l'opération a consisté à réaliser les tâches suivantes :

- relevés de traces et observations directes d'animaux sur des transects et des ceintures matérialisées autour de points d'attraction avec points d'eau et salines (annexe 2) ;

- observations et relevés d'informations sur la phénologie des arbres fruitiers importants pour la survie des animaux ;

- collecte de données précises concernant les animaux entendus au niveau de poins d'écoute (points d'affût).

Les premiers résultats du suivi écologique sont consignés dans des rapports disponibles à la Coordination Régionale de la SODEFOR à Abengourou.

Très généralistes pour la plupart, ces publications donnent des indications importantes sur les espèces bio indicatrices retenues pour le programme dans l'ensemble des forêts classées de l'Est. Elles décrivent les tendances évolutives de quelques espèces sur de courtes périodes.

2. MATERIELS ET METHODES

2.1. MATERIELS

2.1.1. Matériel de transport

Des sorties sur le terrain ont été effectuées au moyen d'une motocyclette pendant six jours de travail avec deux objectifs principaux :

- faire dans un premier temps, un état des lieux de l'ensemble des dispositifs de relevé sur le terrain ;

- vérifier ensuite la conformité des données recueillies sur les cartes de végétation à savoir les zones de traitements effectivement traversées par les transects des dispositifs de relevé.

2.1.2. Matériels techniques et moyens humains

Sur le terrain, la détermination précise des mesures des sections des transects traversées par les différentes zones de forêt traitées a nécessité l'utilisation d'un ruban gradué en acier flexible de 50 mètres.

Le dégagement de la végétation sur les accès aux dispositifs a nécessité l'usage de deux machettes et les services d'un prospecteur faune.

2.1.3. Matériels informatiques et logiciels

Le matériel informatique utilisé au cours de cette étude se compose d'un micro-ordinateur équipé du système d'exploitation WINDOWS XP et des logiciels de la famille OFFICE 2003. Il a servi au traitement des données et à la production du document final.

Les cartes ont été produites à partir du Système d'Information Géographique ATLAS GIS disponible à la Coordination Régionale de la SODEFOR Abengourou.

- base de données GESBIO

GESBIO est une base de données développée avec ACCESS 2003 par la SODEFOR pour la saisie, le stockage et le traitement des données recueillies mensuellement sur les différents dispositifs des forêts classées.

Installé à Abengourou au siège de la Coordination Régionale, elle prend en compte en plus de la F.C.B., six autres forêts dans lesquelles se déroule également le suivi écologique.

Les axes de recherche offerts d'office par cette base sont :

- recherche selon la méthodologie de relevé (points d'attraction ou transects),

- la phénologie des arbres ;

- l'intensité du braconnage ;

- l'impact des aménagements sur la faune ;

- l'étendue du domaine vital des espèces animales ;

- l'utilisation des différentes strates forestières par les espèces animales.

Les sorties se présentent sous la forme de listes d'espèces exportables sur un tableur pour un traitement ultérieur.

2.2. METHODES

Selon MÜHLENBERG et SLOWIK (1994), la qualité biologique d'une forêt doit être appréciée en fonction des animaux qui y vivent.

Les différents traitements forestiers appliqués par les aménagistes à la F.C.B. entraînent une modification de ses qualités structurelles et biologiques avec une incidence sur la faune qu'elle contient.

Afin de mieux apprécier ces effets, des comparaisons entre les populations animales vivant dans les zones traitées s'avèrent nécessaires

La méthodologie générale retenue pour notre étude consiste donc à constituer à partir de la base de données existante et pour chaque type de traitement (éclaircie, reboisement), un ensemble de données continues sur onze années (1994 - 2004) permettant de calculer les fréquences annuelles d'observations des différentes espèces animales.

2.2.1. Dispositifs de relevé retenus

Les dispositifs de relevé installés en F.C.B. ont été conçus de sorte à pouvoir servir à la mise en oeuvre de deux méthodes de relevés :

- la méthode de relevé à partir des points d'attraction ;

- la méthode de relevé à partir des transects.

La seconde méthode a été retenue pour notre étude car elle n'exclut à priori, aucune espèce animale identifiable par les équipes écologiques. De plus, les transects permettent d'explorer une gamme plus large de formations forestières.

L'examen de la carte du parcellaire de la F.C.B. (annexe 3) a permis de constater que sur les 16 dispositifs de relevé qu'elle contient, seulement sept (7) d'entre elles ont certaines parties de leur transects à l'intérieur de parcelles reboisées ou traitées selon la méthode de l'éclaircie sélective.

Pour tenir compte de la période d'étude, seuls les traitements effectués avant 1993 ont été prises en compte ; ce qui nous a amené en définitive à ne retenir que quatre dispositifs (les grappes 2 ; 5 ; 6 et 11).

2.2.2. Techniques d'échantillonnage

L'établissement du profil des transects de chacun des dispositifs retenus a permis de définir pour chaque traitement, les portions de transects à prendre en compte pour la constitution des données des fréquences d'observation d'espèces animales à partir de la base de données GESBIO.

(T)

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1800

2000

d2

d5

d11

d6

ES

R

F

F

R

F

ES

F

F

R

F

Longueur des transects en mètres

ES = éclaircie sélective

F = forêt non traitée

R = reboisement

(T) = témoin

dispositifs

Figure 6 Schématisation des sections de transects traversant les zones de traitement

En définitive, pour permettre une comparaison des données par type de traitement, la longueur totale des portions de transects a été ramenée à 1150 mètres pour chaque type de traitement comme le montre le tableau suivant :

Tableau 4 Définition des sections de transects à retenir par traitement

traitements

Année de traitement

Dispositif ou grappe

Longueur de portions de transect

Total

Eclaircie sélective

1991

2

200 mètres

1150 mètres

5

950 mètres

Reboisement

1992

2

700 mètres

1150 mètres

1991

5

300 mètres

1993

6

150 mètres

Zone non traitée (témoin)

 

11

1150 mètres

1150 mètres

2.2.3. Choix des espèces bio indicatrices

Selon MÜHLENBERG et al. (1993), un bio indicateur est un individu, un groupe ou une communauté d'êtres vivants dont la présence d'une part ou la relation facile à constater d'autre part, se laisse si étroitement corréler avec des paramètres bien précis de l'environnement que l'on peut l'employer comme indicateur ou test quantitatif.

Sur la base des travaux de MBAKE et al. (1993), WAITKUWAIT (1994) a établi (après une étude sur la préférence des habitats, la facilité d'observation et les possibilités d'identification des espèces animales), une liste d'animaux bio indicateurs repartis dans dix (10) groupes systématiques (annexe 4).

2.2.4. Exploitation et traitement des données de la base GESBIO

La formulation et l'exécution des différentes requêtes ont permis l'extraction et le transfert des données de la base au tableur EXCEL.

Les données recueillies cumulent à la fois le relevé de traces (empreintes, crottes, touffes de poils...), les observations directes et les écoutes de cris. La combinaison de ces types de relevés (directes et indirectes) est indispensable afin d'être certain de prendre en compte, la majorité des espèces discrètes dont on ne peut observer aisément que les traces, ou certains animaux devenus plus farouches ou craintifs du fait de l'activité anthropique.

Le traitement a consisté à déterminer pour chaque zone étudiée, quatre paramètres importants concernant la faune :

- le nombre d'espèces identifiées ;

- le degré de présence de ces espèces ;

- la diversité spécifique des communautés animales ;

- l'équitabilité de ces communautés.

2.2.4.1. Détermination du nombre d'espèces

Il consiste à comptabiliser le nombre d'espèces animales identifiées par toutes les méthodes de relevé disponibles (vue, cris, traces poils crottes...).

2.2.4.2. Détermination du degré de présence

La détermination du degré de présence de chaque espèce consiste à opérer un classement des animaux en trois groupes en fonction de leur fréquence d'observation (F):

- les espèces constantes regroupent celles dont la présence est confirmée dans 50% ou plus des relevés considérés (F>50%) ;

- les espèces communes sont celles dont la présence est confirmée dans 10 à 49% des relevés (F entre 10-49%) ;

- et enfin les espèces rares sont celles dont la présence est confirmée dans moins de 10% des relevés (F < 10%).

Etant donné que les données sont présentées annuellement, le paramètre F sera le rapport entre le nombre d'années au cours desquelles l'espèce a été observée et le nombre total d'années d'observation (11 années).

2.2.4.3. Diversité Spécifique

Pour mesurer la diversité des espèces sur un territoire donné, il faut dénombrer le nombre d'espèces différentes qui y vivent. Dans cette étude, on parlera plutôt d'évaluation car la méthodologie d'investigation ne prend pas en compte toutes les espèces animales du milieu.

L'évaluation de la diversité spécifique de la faune dans les zones de forêt traitées et non traitées a donc consisté dans un premier temps, à comptabiliser pendant les onze (11) années, les fréquences d'observation de toutes les espèces observées sur les transects.

La diversité spécifique est en réalité constituée de deux entités: la richesse en espèces et l'abondance relative de chaque espèce ou la régularité de leur distribution de fréquence.

D'où l'intérêt d'introduire en un deuxième temps, le calcul de l'indice de diversité spécifique de Shannon-Weaver (noté Ish ou H) qui prend bien en compte les deux aspects de cette notion.

La formule de calcul littérale de cet indice selon BARBAULT (1992) est la suivante :

 

Avec :

H  = l'indice de diversité

s   = le nombre de groupes taxinomiques

Ni = le nombre d'observations dans le « i ème »  groupe taxinomique

N  = le nombre total d'observation dans la station.

Cet indice permet de donner une mesure de la composition en espèces d'un écosystème, en termes du nombre espèces et de leurs abondances relatives. 

2.2.4.4. Méthode de calcul de l'Equitabilité

Il peut arriver que des peuplements à physionomies très différentes aient une même diversité.  Il convient donc de calculer, parallèlement aux indices de diversité H ou Ish, l'Equitabilité E encore noté Es, en rapportant la diversité observée à la diversité théorique maximale par équipartition des effectifs entre les S espèces présentes (BARBAULT, 1992).

La formule littérale de calcul de cet indice est la suivante :

 

L'Equitabilité varie de 0 à 1;  elle tend vers 0 quand la quasi-totalité des effectifs est concentrée sur une même espèce; elle est de 1 lorsque toutes les espèces ont même abondance.

.

2.2.5. Présentation et évaluation des résultats

Les fréquences d'observations et le degré de présence des espèces animales sont regroupés par type de traitement et présentés sous forme de tableaux.

En ce qui concerne les indices de diversité et l'équitabilité, l'usage de graphiques a été choisi pour représenter les tendances évolutives observées dans chacune des zones étudiées. Cette forme de présentation permet une meilleure visualisation de la dynamique de ces paramètres pendant la période d'étude.

3. RESULTATS

3.1. CARACTERISTIQUES DE LA FAUNE EN FONCTION DES TRAITEMENTS D'AMENAGEMENT APPLIQUES À LA FORET

3.1.1. Zones traitées en éclaircie sélective

3.1.1.1. Nombre d'espèces identifiées et fréquences d'observation

Au cours de la période l'étude, des signes de présence de vingt quatre (24) espèces de mammifères, quarante quatre (44) espèces d'oiseaux, une (1) espèce de reptile et deux (2) espèces d'achatines ont été relevés sur les 1150 mètres de transects en forêt éclaircie soit au total soixante onze (71) espèces (annexe 5).

Tableau 5 Fréquence d'observation des espèces animales en zone éclaircie

classes

Nombre d'animaux vus ou entendus

Nombre de traces relevées

Total

Invertébrés

5

0

5

Reptiles

1

0

1

Mammifères

353

2469

2822

Oiseaux

6552

419

6971

Total

6911

2888

9799

Les oiseaux constituent le groupe le plus observé, soit plus du double de celui des mammifères. Les espèces Tauraco macrorhynchus, Treron australis et Bleda canicapilla sont les plus représentées.

Chez les mammifères, les observations directes semblent peu nombreuses lorsqu'elles sont mises en comparaison avec les traces relevées, sans doute pour les raisons déjà évoquées au paragraphe 2.2.4

L'analyse des données sur les traces est assez délicate. En effet, si l'on considère le cas des animaux liés au sol comme Loxodonta africana par exemple, un nombre de traces très élevé peut être le fait d'une petite population très active. Il en est de même pour Tragelaphus scriptus.

Pour ces raisons, seules, les données concernant les observations directes seront prises en compte dans le calcul des paramètres permettant de caractériser les populations fauniques. Les observations de traces serviront à confirmer la présence des espèces dans la zone même si elles n'ont jamais été vues ou entendues. Elles serviront également à mieux apprécier l'importance de l'activité de certaines espèces dans les zones traitées.

3.1.1.2. Degré de présence des espèces

Le calcul du degré de présence a permis de classer l'ensemble des espèces observées (annexe 6). Le tableau suivant présente une synthèse de ces résultats avec un regroupement des espèces selon la classe.

Tableau 6 Degré de présence des espèces animales dans les zones éclaircies (regroupement selon les classes)

Degré de présence

mammifères

oiseaux

reptiles

Autres

Espèces rares

13

4

1

1

Espèces communes

7

13

0

1

Espèces constantes

4

27

0

0

Total

24

44

1

2

On constate que le nombre d'espèces d'oiseaux augmente avec le gradient du degré de présence tandis que celui des espèces de mammifères suit le sens inverse.

3.1.1.3. Diversité spécifique

Le calcul donne pour ce paramètre, une valeur de 1,366 en zone de forêt éclaircie.

3.1.1.4. Equitabilité

La valeur de ce paramètre est de 0,759. Il traduit une assez bonne répartition des effectifs entre les espèces de la communauté animale vivant dans ce milieu.

3.1.2. Zones traitées selon la méthode de plantation de reconversion

3.1.2.1. Nombre d'espèces identifiées et fréquences d'observation

Sur les 1150 mètres de transect traversant les zones reboisées, au total soixante neuf (69) espèces dont vingt cinq (25) appartiennent à la classe des mammifères, quarante deux (42), à celle des oiseaux et deux (2) invertébrés (annexe 7).

Tableau 7 Fréquence d'observation des espèces animales en zone reboisée

classes

Nombre d'animaux vus ou entendus

Nombre de traces relevées

Total

Invertébrés

22

2

24

Reptiles

0

0

0

Mammifères

341

2157

2498

Oiseaux

11922

199

12121

Total

12285

2358

14643

Les oiseaux représentent encore ici, le groupe le plus observé avec 12 122 signes de présences relevées, suivi de celui des mammifères (2497 signes de présence relevés).

En ce qui concerne les observations directes (animaux vus ou entendus), les oiseaux viennent encore largement en tête avec les espèces Treron australis, Tockus semifasciatus, Tauraco macrorhynchus, Pycnonotus barbatus et Andropadus virens (annexe 7).

Les mammifères qui arrivent en seconde position sont dominés par Cercopithecus mona Nandinia binotata, Cercopithecus petaurista et Genetta pardina.

Bien que le nombre d'espèces relevés dans les zones de plantation forestière (71) est légèrement inférieur à celui de la forêt éclaircie (69), le constat est que d'une façon générale, les observations d'animaux sont beaucoup plus importants dans les reboisements (14643 contre 9799 indices de présence relevés).

3.1.2.2. Degré de présence

Le degré de présence des espèces identifiées dans les reboisements a été déterminé selon le même procédé de calcul adopté au paragraphe 3.1.1.1. (annexe 8).

Le regroupement des espèces selon la classe permet de présenter ces données de manière synthétique.

Tableau 8 Degré de présence des espèces animales dans les zones reboisées (regroupement selon les classes)

Degré de présence

mammifères

oiseaux

reptiles

Autres

Espèces rares

13

7

0

0

Espèces communes

5

5

0

1

Espèces constantes

7

30

0

0

Total

25

42

0

1

La moitié des espèces de mammifères identifiées dans les reboisements se compte parmi le groupe des espèces rares tandis que près des deux tiers des espèces d'oiseaux identifiées sont constants dans ce milieu.

3.1.2.3. Diversité spécifique

L'indice de diversité spécifique de la faune des zones reboisées est égal à 1,266. Il est inférieur à la valeur trouvée en zone de forêt éclaircie qui était de 1,366.

3.1.2.4. Equitabilité

Le calcul de l'Equitabilité des populations animales dans les reboisements donne une valeur de 0,718 légèrement inférieure à celle trouvée dans les zones de forêts éclaircies. Elle indique donc un équilibre relatif moins prononcé de la répartition des effectifs entre les différentes espèces identifiées.

3.1.3. Zones non traitées

Les zones non traitées qui serviront de témoin dans nos analyses, sont constituées de formations forestières de la série de protection biologique très peu perturbées par les activités anthropiques et pour lesquelles, l'aménagiste n'a spécifié aucune intervention pendant la période d'aménagement en dehors de la surveillance et des relevés du « bio monitoring ».

3.1.3.1. Nombre d'espèces identifiées et fréquences d'observation

De 1994 à 2004, les données recueillies ont permis de mettre en évidence 70 espèces animales dont 24 mammifères, 43 oiseaux, 1 reptile et 2 invertébrés.

3.1.3.2. Degré de présence des espèces identifiées

Le degré de présence de toutes les espèces identifiées dans les zones non traitées a été également déterminé (annexe 9). Le regroupement des espèces selon la classe donne le tableau suivant :

Tableau 9 Degré de présence des espèces animales dans les zones non traitées (regroupement selon les classes)

Degré de présence

mammifères

oiseaux

reptiles

Autres

Espèces rares

17

7

1

1

Espèces communes

4

9

0

0

Espèces constantes

3

27

0

1

Total

24

43

1

2

Du point de vue quantitatif, on constate que les tendances constatées dans les zones traitées se retrouvent dans les zones de référence. En effet, le degré de présence de mammifères demeure faible. Celui des oiseaux se maintient également à un niveau assez élevé.

3.1.3.3. Diversité spécifique

L'indice de diversité spécifique de la faune des zones non traitées est égal à 1,346. Il est légèrement inférieur à la valeur trouvée dans les éclaircies (1,366), mais supérieure à celui des zones reboisées (1,266).

3.1.3.4. Equitabilité

L'Equitabilité de la faune de la zone de référence est égale à 0,766. Elle est plus élevée que les valeurs trouvées dans les zones traitées, témoignant ainsi, d'une meilleure stabilité de la faune dans les formations forestières les moins soumises aux facteurs anthropiques.

3.2. TENDANCES EVOLUTIVES DES ESPECES ANIMALES SOUS L'EFFET DES DIFFERENTS TRAITEMENTS

3.2.1. Zones traitées en éclaircie sélective

3.2.1.1. Evolution des fréquences d'observation des espèces animales

De 1994 à 2004, l'évolution du nombre d'espèces observé annuellement en zone éclaircie (toutes espèces confondues) se présente de la manière suivante :

Figure 7 Evolution du nombre d'espèces relevées dans les zones de forêt éclaircies de 1994 à 2004

On constate que le nombre d'espèces relevés annuellement a évolué entre les valeurs extrêmes de 41 (2001) et 30 (2002). L'allure générale de la courbe est irrégulière mais légèrement positive (courbe de tendance ascendante).

L'évolution des fréquences d'observation peut également s'apprécier au niveau de chaque espèce en comparant les observations des cinq premières années de la période (1994 - 1998) à celles des cinq dernières années (2000 - 2004) au moyen d'un type de graphique particulier (figure 8).

Parmi les espèces identifiées, certaines ont été rencontrées très fréquemment tandis que d'autres n'ont été observées que très rarement. Afin de pouvoir rassembler des données aussi disparates sur un même graphique, une échelle logarithmique a été choisie pour les deux axes (abscisse et ordonnée).

Ce type de présentation a l'avantage de comparer deux situations précises :

- la situation des observations en début de période ;

- la situation en fin de période.

Ce qui permet ainsi de faire la part entre les espèces en hausse, celles qui sont devenues moins observables et les espèces dont les fréquences d'observation n'ont pas sensiblement varié.

Figure 8 Tendances évolutives des fréquences d'observation des mammifères de 1994 à 2004

Les espèces apparaissent par ordre de fréquence croissant le long de la bissectrice en partant de l'origine des axes. Elles peuvent par conséquent être regroupées par classes de fréquences d'observation.

La bissectrice de l'angle formé par les axes du graphique est une droite théorique illustrant la situation fictive où toutes les espèces sont observées le même nombre de fois en début et en fin de période. Elle permet de repartir les espèces animales en trois catégories :

- les espèces situées au dessus de la bissectrice sont celles dont les fréquences d'observation ont augmenté pendant la période d'étude ;

- celles situées en dessous sont celles dont les fréquences d'observation ont diminué pendant la période d'étude ;

- enfin celles qui sont situées sur la bissectrice ou dans ses alentours immédiats sont celles dont les fréquences d'observation n'ont pas varié ou très peu.

Figure 9 Tendances évolutives des fréquences d'observation d'oiseaux de 1994 à 2004 en forêt éclaircie

Sur ce graphique, on constate que la plupart des espèces d'oiseaux sont regroupées le long de la bissectrice, ce qui signifie que les observations ont peu varié du début à la fin de la période d'étude.

3.2.1.2. Evolution de la diversité spécifique pendant la période d'étude

L'analyse de l'évolution de la diversité spécifique peut se faire à travers l'observation de la tendance évolutive des indices de Shannon-Weaver et de l'Equitabilité de 1994 à 2004. Cela revient à calculer les valeurs annuelles de ces deux paramètres et à faire une interprétation de l'allure des courbes obtenues après évaluation.

Les calculs effectués à partir des données de base ont fourni des résultats (annexe 10) dont l'évaluation graphique est la suivante :

a

b

a

Figure 10 Evolution de l'Indice de Diversité Spécifique et de l'Equitabilité de la faune en zone de forêt éclaircie

Au cours de la période, on constate une irrégularité de l'indice de diversité spécifique (valeurs oscillant entre 1,129 et 1,370), mais avec une tendance moyenne positive (allure de la courbe de tendance associée). Cette tendance de l'Ish à l'augmentation peut laisser transparaître un gradient de stabilité du milieu tout le long de la période d'étude.

La courbe représentant l'Equitabilité adopte à quelques inflexions près, la même allure que celle de l'Ish. Les valeurs prises par ce paramètre au cours de la période d'étude, sont élevées (de 0,757 à 0,874) traduisant un relatif équilibre entre les espèces représentées (bonne distribution de l'abondance relative entre les espèces).

Ici également, la tendance générale est à la hausse tout comme le montre la courbe de tendance associée.

3.2.2. Zones traitées selon la méthode de plantation de reconversion

3.2.2.1. Evolution annuelle des fréquences d'observation des espèces animales

Le nombre d'espèces animales observé annuellement sur les transects en zone de forêt reboisée varie entre 33 et 42 espèces par an.

Figure 11 Evolution du nombre d'espèces animales observées annuellement dans les reboisements de 1994 à 2004

L'allure de cette courbe présente deux parties distinctes :

- une première partie correspondant à la période de 1994 à 1998 caractérisée par une stagnation du nombre d'espèces relevés ;

- une deuxième partie correspondant à la période de 1999 à 2004 marquée par une brusque augmentation suivie d'une phase irrégulière du nombre d'espèces relevées.

La courbe de tendance associée décrit également ici, une croissance générale du paramètre mesuré au cours de la période d'étude (pente = 0,663).

Les graphiques suivants montrent l'évolution de chacune des espèces identifiées dans les reboisements au cours de la période d'étude :

Figure 12 Tendances évolutives des fréquences d'observation de mammifères dans les zones reboisées de la F.C.B.

Figure 13 Tendances évolutives des fréquences d'observation d'oiseaux dans les zones reboisées de la F.C.B.

Les espèces de mammifères identifiées sont pour la plupart en hausse au regard de leur fréquence d'observation. Les tendances les plus remarquables dans ce sens sont : Nandinia binotata, Megaloglossus woermanni, Thryonomys swinderianus et Cephalophus sylvicultor.

Les espèces ayant enregistré une baisse sont : Colobus verus, Tragelaphus scriptus et Genetta pardina.

En ce qui concerne les oiseaux, les espèces identifiées sont pour la plupart relativement stables (regroupement le long de la bissectrice).

Celles qui ont fait l'objet d'une hausse remarquable au cours de la période d'étude sont :

Turtur tympanistria, Columba iriditorques, Andropadus virens, Chrysococcyx flavigularis, Guttera edouardi, Nicator chloris et Cercococcyx olivinus.

3.2.2.2. Evolution de la diversité spécifique pendant la période d'étude

L'indice de Shannon-Weaver et l'Equitabilité ont été calculés annuellement, de 1994 à 2004 (annexe 10). L'évaluation graphique de ces données est la suivante :

a

b

a

b

b

a

b

b

b

Figure 14 Evolution de l'Indice de Diversité Spécifique et de l'Equitabilité de la faune en zone de forêt reboisée

La courbe de l'Indice de diversité spécifique présente pour cette communauté animale, une allure beaucoup plus régulière mais avec des valeurs inférieures à celles des zones éclaircies. Elle est croissante sur toute la période d'observation mais avec un rythme plus élevé que celle de la zone éclaircie au regard de la pente des deux courbes de tendance (figures 10 et 14).

L'Equitabilité connaît également une allure assez régulière avec des valeurs variant entre 0,696 et 0,837. Ces valeurs élevées pour ce paramètre traduisent comme dans le cas des zones éclaircies, un meilleur équilibre interspécifique et assurément une absence de compétition entre espèces animales pour les ressources du milieu.

3.2.3. Zones non traitées

3.2.3.1. Evolution des fréquences d'observation des espèces animales

De 1994 à 2004, l'évolution des espèces observées annuellement (toutes espèces confondues) se présente comme suit:

Figure 15 Evolution du nombre d'espèces animales relevées de 1994 à 2004 en zone de forêt non traitée

On constate que le nombre d'espèces relevés annuellement a évolué entre les valeurs extrêmes de 21 (1994) et 39 (2001). L'allure générale de la courbe est assez irrégulière mais positive (courbe de tendance ascendante).

3.2.3.2. Evolution de la diversité spécifique pendant la période d'étude

Les tendances évolutives de la diversité spécifique ont été également appréciées dans la zone de référence à travers le calcul des valeurs annuelles de l'indice de diversité spécifique et de l'Equitabilité pendant la période d'étude, conformément à la démarche de calcul adoptée dans les zone traitées (annexe 10).

L'évaluation de ces données a permis d'établir le graphique suivant :

a

b

b

a

Figure 16 Evolution de l'Indice de Diversité Spécifique et de l'Equitabilité de la faune en forêt non traitée (témoin).

Au cours de la période, l'indice de diversité spécifique évolue assez régulièrement (valeurs oscillant entre 1,107 et 1,384), avec une tendance moyenne positive (voir allure de la courbe de tendance associée). Cette tendance de l'Ish à l'augmentation qui est constatée sur l'ensemble des zones étudiée semble être un phénomène général dû certainement aux actions de réhabilitation de la F.C.B..

La courbe représentant l'évolution de l'Equitabilité présente une allure plus régulière que celle des zones traitées. Les valeurs prises par ce paramètre au cours de la période d'étude, sont les plus élevées (de 0,800 à 0,896).

L'Equitabilité évolue très peu pendant la période d'étude quand bien même la tendance générale soit à une légère hausse (voir courbe de tendance associée).

La zone de forêt non traitée apparaît ici comme un milieu abritant une faune très diversifiée et assez stable en ce qui concerne l'équilibre entre les espèces (abondance relatives). Ces caractéristiques sont en général communes aux forêts peu perturbées ; elles laissent transparaître par ailleurs, une compétition interspécifique faible du fait de l'abondance des ressources alimentaires.

4. ANALYSES ET SUGGESTIONS

4.1. ANALYSE DES EFFETS DE L'ECLAIRCIE SELECTIVE SUR LA FAUNE

L'éclaircie sélective est un traitement qui est appliqué essentiellement sur la strate moyenne du peuplement forestier. Elle s'avère dans sa mise en oeuvre, un traitement adapté aux forêts fortement perturbées en ce sens qu'elle n'occasionne pas une ouverture brutale du peuplement et elle ne supprime à terme, seulement 10 % de la surface terrière totale du peuplement (WÖLL, 1994).

4.1.1. Influence sur les habitats et les ressources alimentaires

En définitive, l'éclaircie sélective n'entraîne pas une modification majeure de la structure de la forêt. Mais elle peut avoir des incidences sur les micro habitats et niches écologiques de certaines espèces animales.

L'opération qui consiste à supprimer les lianes sur les arbres d'avenir peut constituer un handicap pour le déplacement de certaines espèces de primates.

Même s'il est admis que l'éclaircie sélective n'occasionne pas une ouverture importante du peuplement, elle est à l'origine d'un éclairement progressif du sous bois, ce qui a pour conséquence une modification de la composition floristique du fait de la prolifération d'espèces végétales herbacées et lianescentes au niveau des strates inférieures (KOUADIO, 2004).

Cette modification influe notablement la faune vivant dans ces strates forestières. Une étude conduite par WALTERT (1996) dans la série « recherche« de la F.C.B. sur les oiseaux du sous bois, indique la présence significative d'au moins 5 espèces d'oiseaux dans les zones éclaircies au détriment des zones de forêt non traitée.

En ce qui concerne les effets de l'éclaircie sélective sur les ressources alimentaires, aucune étude n'a encore été menée sur ce sujet. Il faut retenir cependant que ceux-ci ont été fortement atténués par les mesures de protection préconisées par le protocole en faveur des arbres fruitiers importantes pour l'alimentation de la faune (paragraphe 1.2.3.1).

Si on ajoute à ce fait, le caractère peu nuisible de l'opération évoqué plus haut (faiblesse du taux d'arbres supprimés), on peut admettre que l'éclaircie sélective n'a pas affecté le potentiel en ressources alimentaires de la zone.

Les modifications des habitats dans les strates moyennes et inférieures constituent donc les principaux effets de l'éclaircie sélective en F.C.B.. Il importe de savoir quelles sont les incidences de ces changements sur la faune. Pour ce faire, une analyse comparative des caractéristiques des communautés animales des zones traitées et non traitées est nécessaire. C'est l'objet du paragraphe suivant.

4.1.2. conséquences sur le degré de présence, et la dynamique des espèces fauniques

4.1.2.1. Analyse du degré de présence des espèces dans les zones éclaircies

Cette analyse est faite en appréciant le degré de présence des espèces bio indicatrices (paragraphe 2.2.3) dans les différentes strates forestières affectées par le traitement. Le tableau suivant présente les premières conclusions.

Tableau 10 Analyse du degré de présence des espèces bio indicatrices dans les zones éclaircies

indicateur

Groupe systématique

Degré de présence des indicateurs

conclusions

Variation de la canopée continue :

Groupe 3: 7 espèces de singes.

Les espèces Colobus verus, Cercopithecus mona et Cercopithecus petaurista sont constantes ou communes.

Les éclaircies semblent maintenir la canopée suffisamment continue pour un meilleur épanouissement des espèces animales liées à la strate moyenne de la forêt.

Groupe 4 : 7 espèces de calaos.

Toutes les espèces d'oiseaux indicatrices sont communes ou constantes dans les zones éclaircies.

Variation de la structure ouverte du sous-bois :

Groupe 5 : 7 espèces d'antilopes.

Les espèces indicatrices sont absentes ou rares dans les zones éclaircies.

L'ouverture du sous bois semble insuffisant pour permettre l'épanouissement des mammifères liées à cette strate ; mais cela ne semble par gêner les oiseaux du sous bois.

Groupe 6 : 4 espèces de phasianidés.

Trois des quatre espèces d'oiseaux indicateurs sont communes ou constantes.

Variation de la structure discontinue de la strate supérieure :

Groupe 7 : 4 espèces de pigeons.

Trois des quatre espèces d'oiseaux indicateurs sont constantes.

L'éclaircie sélective affecte peu les strates supérieures de la forêt ; elle a peu d'influence sur les espèces animales qui vivent dans cette strate.

Variation de la structure discontinue de la strate inférieure :

Groupe 8 : 6 espèces de bulbuls.

Les espèces sont diversement reparties dans les trois groupes

(espèces rares communes ou constantes).

On ne peut pas conclure.

Groupe 9 : 6 espèces de coucous.

4.1.2.2. Analyse de la dynamique de la faune en forêt éclaircie

La valeur moyenne de l'indice de diversité spécifique des zones éclaircies (1,366) est légèrement supérieure à celle des zones de forêt non traitées (1,346). Ce fait traduit une meilleure représentation des espèces animales dans ce milieu. En effet l'éclaircie sélective crée à travers l'augmentation de l'éclairement qu'elle occasionne dans le peuplement forestier, une multitude de micro habitats favorables à de nouvelles espèces moins représentées dans la forêt naturelle non traitée

L'Ish évolue positivement pendant la période d'étude aussi bien dans la forêt naturelle éclaircie que dans la zone « témoin » mais avec une allure plus irrégulière dans les éclaircies. Ce fait traduit une variabilité un peu plus importante de la composition spécifique et de la répartition des abondances relatives entre les espèces de la communauté animale vivant dans les zones traitées.

L'Equitabilité quant à elle est moins élevée dans les zones éclaircies que dans le « témoin ». L'éclaircie semble influer négativement sur la régularité de la distribution des effectifs entre les espèces constatée en forêt naturelle non traitée.

Cet indice varie très peu en forêt naturelle non traitée au cours de la période d'étude; ce qui n'est pas le cas dans la forêt éclaircie.

En résumé, il faut retenir que les communautés animales vivant dans la forêt naturelle éclaircie et non éclaircie présentent une similarité au regard des valeurs moyennes très voisines de l'Ish et de l'Equitabilité obtenues pour ces deux zones.

Cependant l'analyse de la dynamique de la communauté animale des zones éclaircies révèle que celle-ci est impactée par le traitement qui perturbe la régularité de la distribution des effectifs entre les espèces et augmente légèrement la variabilité de la diversité spécifique.

4.2. ANALYSE DES EFFETS DU REBOISEMENT SUR LA FAUNE

4.2.1. Influence sur les habitats et les ressources alimentaires

En F.C.B., les reboisements de reconversion sont effectués essentiellement sur les anciennes occupations agricoles.

Les zones reboisées présentent donc à la création, une structure non forestière comparable aux formations en formes de mosaïques forêt - culture - friches, fréquemment rencontrées dans le domaine rural.

Le reboisement avec des essences à croissance rapide est un traitement qui a la capacité de transformer en moins de dix années, ce milieu en une formation végétale à structure forestière avec deux strates (un sous bois et une seule strate arborescente). Il occasionne donc, une transformation très importante des habitats au cours de la période d'étude. Compte tenu de l'absence d'éclaircies et de l'arrêt des entretiens dans ces parcelles trois ans après leur mise en place, le sous bois et la canopée demeurent fermés. Cette structure est cependant interrompue ponctuellement par des trouées dues aux mortalités et aux chablis.

La disponibilité des ressources alimentaires pour la faune est fonction de l'évolution que subit la végétation d'une manière générale. Comme dans le cas de l'éclaircie sélective, elle n'a pas encore fait l'objet d'une étude précise mais le développement spectaculaire de la flore témoigne d'une productivité primaire élevée.

L'appréciation de l'effet de ce traitement sur la faune se fera comparativement aux autres zones étudiées.

4.2.2. conséquences sur le degré de présence, et la dynamique des espèces fauniques

4.2.2.1. Analyse du degré de présence des espèces dans les zones reboisées

Comme au paragraphe 4.1.2.1, l'analyse du degré de présence des espèces dans les zones reboisées est faite à partir de celle des bio indicateurs dans les différentes strates affectées par le traitement. Le tableau suivant présente les conclusions de cette analyse :

Tableau 11 Analyse du degré de présence des espèces dans les zones reboisées

indicateur

Groupe systématique

Degré de présence des indicateurs

Conclusions

Variation de la canopée continue :

Groupe 3: 7 espèces de singes.

Colobus verus, Cercopithecus mona et Cercopithecus petaurista sont communes ou constantes (les 4 autres étant absentes).

la canopée continue des peuplements équiennes favorise les mammifères et les oiseaux liés à cette strate.

Groupe 4 : 7 espèces de calaos.

6 espèces indicatrices sur 7 sont constantes dans les reboisements.

Variation de la structure ouverte du sous-bois :

Groupe 5 : 7 espèces d'antilopes.

Sur les 7 espèces indicatrices, 6 sont rares ou absentes et 1 est constante.

Le caractère fermé du sous-bois des parcelles reboisées semble ne pas favoriser les mammifères préférant une structure ouverte de cette strate tandis que les oiseaux semblent s'en accommoder.

Groupe 6 : 4 espèces de phasianidés.

Sur les 4 espèces indicatrices, 3 sont constantes ou communes dans les zones reboisées.

Variation de la structure discontinue de la strate supérieure :

Groupe 7 : 4 espèces de pigeons.

Les 4 espèces indicatrices sont constantes dans les reboisements.

La présence de quelques trouées dans la strate supérieure semble favoriser les espèces d'oiseaux préférant les structures discontinues de cette strate.

Variation de la structure discontinue de la strate inférieure :

Groupe 8 : 6 espèces de bulbuls.

Sur les 6 espèces indicatrices 5 sont constantes et 1 est absente (Ixonotus guttatus).

Voir les conclusions de la strate supérieure.

Les reboisements de Fraké et Framiré présentent une seule strate arbustive (cf. 4.2.1).

Groupe 9 : 5 espèces de coucous.

sur les espèces 4 sont constantes et 1 est commune.

4.2.2.2. Analyse de la dynamique de la faune dans les zones reboisées

- Evolution des fréquences d'observation de 1994 à 2004

L'analyse conjointe du tableau des espèces bio indicatrices (annexe 4) et des graphiques présentant l'évolution des fréquences d'observation (figures 12 et 13) permet de faire plusieurs remarques :

- les espèces de primates bio indicatrices les plus observées sont Cercopithecus mona et Cercopithecus petaurista. Elles connaissent une augmentation en termes de fréquences d'observation pendant la période d'étude. La fermeture progressive de la strate arbustive avec une canopée continue serait à l'origine de ces tendances évolutives. Dans le même sens, les fréquences d'observation d'oiseaux indicateurs de structure fermée de la canopée ne varient pas de manière importante (sauf Tockus semifasciatus qui connaît une baisse sensible).

- Les espèces d'oiseaux caractéristiques de l'ouverture du sous bois sont moins observées vers la fin de la période ; ce qui traduirait une fermeture de plus en plus importante du sous bois qui leur est défavorable.

- Trois des quatre espèces d'oiseaux bio indicatrices de la structure discontinue de la strate supérieure enregistrent des fréquences d'observation en baisse vers la fin de la période d'étude. La fermeture progressive des trouées causées par les chablis pourrait être à l'origine de ce constat.

- évolution des de la Diversité Spécifique et de l'Equitabilité de la faune

La valeur moyenne de l'Ish dans les zones reboisées (1,266) est inférieure à celle de la forêt naturelle (1,346) et à celle des zones éclaircies (1,366), traduisant ainsi un milieu biologiquement moins stable que les deux autres.

Au cours de la période d'étude, cet indice connaît cependant dans les reboisements, une croissance régulière légèrement plus forte que celle du témoin et de la zone de forêt éclaircie. Le rythme de l'évolution de la diversité spécifique y est plus forte, à cause de la forte activité biologique (production primaire, cycles vitaux, etc...) qui règne en ce milieu.

L'indice d'Equitabilité y est naturellement plus faible par rapport aux autres zones étudiées car cet indice est inversement proportionnel à l'activité biologique.

La régularité de la répartition des fréquences d'observation entre les espèces présentes est encore moins parfaite dans les reboisements mais elle connaît un rythme d'évolution plus élevé (cf. courbes de tendances de l'Equitabilité).

En résumé on peut affirmer que la communauté animale vivant dans les reboisements en F.C.B. se distingue de celle des deux autres zones. En effet, elle paraît moins stable que celles des zones de forêt naturelle éclaircie ou non, du point de vue de la composition spécifique et de l'équilibre relatif entre les différentes espèces qu'elle contient.

La structure de cette communauté animale connaît cependant un rythme d'évolution plus élevé pendant la période d'étude et les valeurs des paramètres calculés (notamment l'Equitabilité) illustrent probablement une compétition interspécifique plus marquée.

4.3. AVENIR DE LA FAUNE SOUS L'EFFET DE L'AMENAGEMENT

4.3.1. Evolution des habitats

La F.C.B. est une forêt dont la population faunique est en perpétuelle évolution. En effet, quelle que soit la zone étudiée, les fréquences d'observation d'espèces et les différents indices calculés ont connu une allure croissante tout le long de la période d'étude.

Cette tendance peut être comprise comme une évolution naturelle des différents écosystèmes du massif peu anthropisées vers un état d'équilibre caractérisé au niveau de l'Equitabilité par des valeurs maximales de ce paramètre.

A certains endroits de la forêt, cette évolution naturelle sera perturbée par les traitements d'aménagement qui ont pour caractéristique essentielle de modifier les habitats.

Le plan d'aménagement prévoit d'atteindre à terme, 9486 hectares de forêt naturelle à éclaircir soit 44% et 756 hectares de reboisement (3%) qui ont été du reste déjà créés. Ce qui signifie que près de la moitié des habitats naturels de la F.C.B. sera influencée par les traitements d'aménagement.

On voit ici, le caractère judicieux d'avoir opté pour la définition de la série de protection biologique de 7234 hectares dispensée de traitement. En effet ce bloc pourra jouer efficacement son rôle de « réservoirs de la biodiversité » (WÖLL et WAITKUWAIT, 1994) car elle sera disposée à recevoir les espèces animales dont les exigences ne sont plus assurées par les forêts éclaircies.

4.3.2. Diversité biologique

Au cours de la période d'étude, nous avons constaté que l'indice de diversité spécifique était élevé dans toutes les zones traitées et non traitées. Ce qui signifie que les populations animales de la F.C.B. connaissent une croissance aussi bien quantitative que qualitative. Mais à notre avis, il faut (par mesure de prudence) prolonger l'observation sur une période plus longue avant de conclure définitivement sur cette tendance à la hausse de la diversité.

En marge de cette tendance, il est apparu que certaines espèces sont menacées d'extinction dans la F.C.B.. Il s'agit principalement des espèces rares dont la fréquence d'observation a diminué sensiblement pendant la période d'étude. Pour ces dernières, des études complémentaires sont nécessaires afin d'établir les raisons de leur disparition car en plus du changement des habitats, plusieurs facteurs peuvent être mises en cause notamment le braconnage, les facteurs liées à l'espèce (tels que par exemple, la durée du cycle de reproduction) ou même d'autres phénomènes biologiques encore mal connus.

En ce qui concerne les habitats, on peut affirmer que leur croissance attendue en nombre et en diversité au terme de l'aménagement (du fait des importantes prévisions de superficies à éclaircir) aura un effet positif sur la diversité spécifique.

4.3.3. Tendances évolutives d'ordre quantitatif

Les calculs de fréquences d'observation d'animaux ont permis de mettre en évidence, un gradient de ce paramètre qui semble être fonction de l'ouverture du peuplement forestier.

Si l'on se fonde sur les superficies de forêt que l'aménagiste envisage d'éclaircir avant la fin de la phase d'aménagement en cours, on peut s'attendre à une augmentation des fréquences d'observation des espèces animales de façon générale.

Pour mieux apprécier ces tendances, il est à présent nécessaire qu'en lieu et place des abondances relatives il soit possible de disposer de données absolues (notamment à travers le développement de la méthode « Distance Sampling »). Ainsi, grâce au système d'information géographique (SIG) disponible à la Coordination Régionale d'Abengourou, il sera aisé d'évaluer avec plus de précision les effectifs et partant, les densités des différentes espèces animales.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand