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Pastoralisme et organisation de l'espace au Niger oriental: cas de la communauté Toubou Téda de la commune de Tesker

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par Kabirou SOULEY
Université Abdou Moumouni de Niamey - Diplôme d'études approfondies en géographie 2005
  

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I.2. Problématique et hypothèses

A l'inverse de l'agriculture où l'occupation du sol est très individualisée, l'activité pastorale fait appel à un vaste éventail de ressources en eau et en pâturages dont l'exploitation est généralement ouverte à un ensemble d'individus et de communautés d'une part et d'autre part sur un réseau d'information sur la localisation précise de ces ressources.

En effet, l'incertitude de la disponibilité et la mauvaise répartition des ressources font partie intégrante des conditions d'élevage au Sahel. La mobilité des troupeaux est la seule façon d'adapter les charges animales aux variations du couvert végétal. Sur de vastes aires pastorales où les ressources annuelles en pâturage sont hétérogènes et incertaines, la mobilité des troupeaux semble vitale et la flexibilité des mouvements doit être préservée. D'après B. Thébaud 1988, l'exploitation des ressources au Sahel relève donc d'une logique très particulière : celle de l'économie de partage. L'économie de partage suppose la réciprocité, sans laquelle la mobilité des troupeaux et la fluidité des mouvements pastoraux seraient compromises. Pourtant à cause de leur valeur stratégique, certaines ressources peuvent faire toutefois l'objet de droit d'accès plus restreints, bien définis et mieux maîtrisés. Ainsi, au Niger oriental, la cuvette pastorale et le point d'eau représentent un point d'ancrage dans l'espace, un « terroir d'attache » que l'on peut quitter, mais où l'on finit par revenir (Marty A, 2000)

L'occupation de l'espace procède ainsi d'une dualité nécessaire entre de vastes territoires de parcours et des points d'attache ou l'empreinte foncière est déterminante, puisqu'il s'agit de lieux d'appartenance, de repli et de sécurité. Il va de soit, que la sécurité fourragère exclusive que pourrait représenter les terroirs d'attache est relative dans ce contexte de liens sociaux multiples vis-à-vis de l'accès aux puits. Les règles de réciprocité annihilent toute possibilité réelle de préservation des stocks fourragers pour un groupe au détriment des autres. Par contre, c'est bien la réciprocité et la capacité de mobilité qui représente une sécurité à long terme.

Pour reprendre de nouveau une citation de B. Thébaud, 2002 « dans ce contexte, l'appartenance territoriale s'accommode avantageusement de contours délibérément flous ». En effet, « cette absence de limites territoriales rigides n'est pas l'héritage d'une période ancienne ou les densités démographiques auraient été plus faibles, mais procède d'une nécessité absolue, celle de maintenir l'imprécision sur la

définition physique et sociale des parcours pour permettre une fluidité maximale dans l'utilisation pastorale qui en est faite » (Behnke 1994, p.8 cité par BOUARD S et TIERS S, 2004). Le pastoralisme repose ainsi sur un faisceau de droits s'exerçant sur des ressources généralement dispersées, hétérogènes et aléatoires.

L'imprécision et les ambiguïtés qui entourent avantageusement les limites des territoires de parcours exploitées par différentes communautés n'excluent en aucun cas l'existence d'un sentiment d'appartenance à une région plutôt qu'à une autre.

Pourtant, ce mode d'organisation et de gestion du milieu faisant appel à un vaste éventail de ressources dont l'exploitation est souvent partagée, connaît de réelles difficultés, telles, les sécheresses, les conflits liés au foncier (gestion des pâturages et points d'eau), la croissance démographique, etc. Les enjeux posés sont d'une importance capitale, puisqu'à bien des égards c'est du droit d'utiliser en commun des ressources que le pastoralisme sahélien tire son originalité et surtout sa légitimité.

Les pasteurs de la zone, n'échappent pas à la « règle » et affrontent de réelles contraintes au niveau notamment de la gestion des ressources naturelles. En effet, la diminution des ressources pastorales se traduisant par la disparition des espèces appétées et l'ensablement posent des problèmes réels pour la régénération des ressources fourragères ; les contraintes en termes d'hydraulique pastorale (manque de puits pastoraux modernes) limitent l'accès à l'eau dans certains « terroir d'attache » du fait de puits traditionnels ayant une mise en eau faible ou de puits modernes mal entretenus, entraînant l'insalubrité autour du puits. Ce manque de puits limite, de même, l'accès à des pâturages sahariens au Nord-Est du massif Termit.

La diversité ethnique de la zone, fonctionnant sur le principe de « l'économie de partage » couplée aux contraintes que connaissent les pasteurs autour des ressources naturelles, nous pousse à nous questionner sur les stratégies d'organisation de l'espace des communautés pastorales dans la zone. Comment est organisé l'espace pastoral ? Comment les sociétés pastorales gèrent-elles leur espace ? S'approprient t-elles leur espace ? Comment s'approprient- elles leur espace ? Quels sont les rapports sociaux qui lient les individus ? Dans quelles mesures constate-t-on une augmentation de la pression sur les ressources naturelles ? Y- a-t-il une augmentation des conflits ?

Cette notion d'espace est ici d'une importance capitale notamment dans le contexte actuel de décentralisation.

Dans un tel contexte de juxtaposition de structures spatiales, il semble intéressant de s'interroger sur la validité et la pertinence des « concepts » d'organisation de l'espace utilisés pour caractériser et analyser les systèmes pastoraux de l'Est du Niger afin de comprendre réellement les enjeux actuels du pastoralisme. Quels sont les « concepts » mieux adaptés pour la zone d'étude ? Les concepts couramment utilisés ont-ils une représentativité au sein de la communauté d'étude ? Quelles représentations ont-ils de leur espace ?

Afin d'aborder notre étude sur l'organisation de l'espace pastorale au Niger Oriental, nous avons élaboré quelques hypothèses :

? L'espace d'une communauté pastorale est un espace ouvert aux autres

communautés, régit par le principe de réciprocité et de droit d'usage prioritaire

? L'espace d'une communauté pastorale se définit au travers d'un ensemble

d'espaces qui se confondent et se transforment au cours des saisons et au cours de l'histoire

? L'espace d'une communauté pastorale est un ensemble de points fixes (lieux

ressources) liés entre eux par le parcours, le tout formant un ensemble mouvant.

? L'espace pastoral est un espace défini et viabilisé par des règles d'accès et un

réseau d'informations dense et continu

Enfin, dans l'optique de répondre à ces différentes interrogations notre analyse portera principalement sur une communauté pastorale spécifique de la commune rurale de Tesker : la communauté Toubou Téda.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein