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Pastoralisme et organisation de l'espace au Niger oriental: cas de la communauté Toubou Téda de la commune de Tesker

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par Kabirou SOULEY
Université Abdou Moumouni de Niamey - Diplôme d'études approfondies en géographie 2005
  

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I.3.2. Démarche : Une approche par l'espace

Afin d'appréhender les différentes stratégies d'organisation de l'espace, nous avons privilégié une approche que nous intitulons : l'approche par l'espace.

Une lecture de l'espace nous permet d'appréhender à travers différentes entrées, les stratégies d'occupation, d'organisation et de gestion de l'espace des communautés pastorales dans la commune de Tesker. Nous avons déterminé pour cela trois entrées principales : l'historique du peuplement, la mobilité pastorale et les conflits.

Dans le but d'identifier les groupes stratégiques en présence, leurs logiques par rapport à l'exploitation et la gestion des ressources et afin de cerner a priori les enjeux, cette approche nous semble la plus pertinente. L'espace pastoral est en effet composé de divers territoires ouverts (il n'y a un refus formel de partage des

ressources) sur lesquels vivent diverses communautés. L'espace et le territoire ne sont pas des termes équivalents et leur utilisation non- différenciée introduit souvent des confusions.

Pour Raffestin (1980, cité par PEREZ CENTRO MJ, 2001), l'espace est en position d'antériorité par rapport au territoire. Le territoire est généré ou construit à partir de l'espace. Pour lui, l'espace est en quelque sorte « donné » en tant que matière première préexistante à toute action. Il y a dans le territoire une appropriation de l'espace, qu'elle soit matérielle ou qu'elle soit idéelle sous forme de représentation, « l'espace est le point d'application d'un milieu social et des pratiques historiquement imposées par ce milieu social. Le résultat de ce processus n'est pas un espace mais un territoire ». Or dans le processus de production territoriale, chaque société, chaque système productif construit et entretient une combinaison entre la maille, les noeuds et les réseaux dans le sens donné par Raffestin (1980).

Notre démarche repose sur le constat que la structuration d'un espace et sa distribution foncière entre les membres d'une communauté résulte de l'organisation de la société et de son histoire. Il existe alors au sein de chaque communauté, une réalité sociale et historique qui définit les règles d'usage et d'accès aux ressources.

Cette réalité peut ainsi être perçue à travers la lecture des conflits. L'étude des litiges récents et passés permet de comprendre l'effectivité et l'évolution des règles d'usage et d'accès aux ressources. Ils sont souvent des indicateurs privilégiés du fonctionnement des sociétés. Ils permettent de dépasser la façade consensuelle que les acteurs proposent aux enquêteurs. Analyser un conflit est une autre façon de dessiner le réel et d'appréhender les différents jeux d'alliance comme clivage qui régissent la société. En plus des conflits, les compromis sont primordiaux car ils entraînent souvent de grandes évolutions dans la gestion des ressources.

Cette approche va nous permettre de mettre en évidence les relations concrètes entre les acteurs autour de la gestion des ressources, c'est-à-dire comprendre qui gère réellement l'accès et l'utilisation des ressources.

L'histoire locale (l'histoire de peuplement et de l'occupation de l'espace) va nous
permettre quant à elle de reconstituer les trames territoriales. « L'histoire est un enjeu

stratégique, car elle légitime les revendications, par le biais de l'antériorité » (Lavigne-Delville et al, 2001). Reconstituer l'histoire permet d'identifier les détenteurs de maîtrise territoriale, les liens et les dépendances ou autonomie avec les communautés voisines.

La mobilité pastorale permet de rendre compte des logiques parfois complexes prises par les pasteurs pour déterminer leurs stratégies d'occupation de l'espace au cours des saisons. Cette logique dépend, notamment de la recherche d'équilibre entre l'homme- l'animal et l'environnement indispensable à la viabilité de tout système pastoral.

En effet, l'un des traits les plus frappants de la vie pastorale réside, dans la multitude de décisions à prendre au cours d'une journée qui directement ou indirectement, engagent la survie du troupeau donc celle du groupe humain qui en vit. Ce processus dépendant, indéniablement, de la disponibilité et de l'accessibilité aux ressources naturelles. Au bout du compte, le processus de prise de décisions quel qu'il soit, s'appuie sur un ensemble de considérations écologiques (les espèces appétées), mais aussi économiques, sociales, voire politique. L'efficacité pastorale repose, ainsi, sur un ensemble de stratégies de base dont le pastoralisme tire toute son originalité. Nous tenterons ainsi de traiter de l'ensemble de ces considérations.

I.3.2.1. Les limites de l'étude

Les contraintes rencontrées lors de notre étude sont surtout de l'ordre de la mobilité du à l'isolement de notre zone nous obligeant à effectuer nos déplacements à dos de dromadaire. Ce moyen de locomotion plus qu'original demande de nombreuses heures de transport par jour pour joindre deux campements « voisins ». Ce type de déplacement nous a permis de nous confondre plus facilement à la population et à gagner plus leur confiance.

Les conflits existants dans la zone, notamment le conflit qui oppose les touaregs Malouma au Toubou Teda, nous ont de même contraint à limiter notre terrain de recherche. En effet, la présence de nos traducteurs et de nos chameaux identifiables à travers leurs marques, ne nous permettaient pas de dépasser cette limite imaginaire mais bien présente qui existe entre ces deux communautés. Nous sommes de ce fait contraint à limiter nos questionnaires aux touaregs de passage au chef lieu du poste

administratif. A cela, s'est ajouté le problème de la langue qui parfois, nous a poussé à revenir sans cesse sur certaines questions.

Pour finir, notre zone d'étude n'étant que peu touché par des programmes de développement ou des actions de l'Etat, nous ne disposions que de peu d'informations documentaires sur la zone, notamment en terme de représentation cartographique. Les Toubous sont, de plus, par apport à l'engouement que connaissent les Touaregs et les Peuls pour ne citer qu'eux, une communauté restant aujourd'hui encore méconnue au Niger.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand