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Parcs à  karité (Vitellaria paradoxa) (Gaertn. c. f. ) (Sapotaceae) au Bénin: importance socio-culturelle, caractérisations morphologique, structurale et régénération naturelle

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par Paul Césaire GNANGLE
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - DEA en aménagement et gestion des ressources naturelles (agroforesterie) 2005
  

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DEUXIEME PARTIE: RESULTATS ET

DISCUSSIONS

5. Résultats

5.1 Identification des parcs à karité

La figure 12 présente la répartition des différents parcs identifiés dans le plan factoriel 1 et 2. Les parcs de Kandi et de Bembéréké moins arrosés situés plus au Nord dans le domaine soudanien sont localisés à la partie négative de l'axe 1 tandis que les parcs de Parakou, Savè, et Bohicon plus arrosés sont situés dans la parttie négative de cet axe. L'axe 1 peut être interpété comme matérialisant un gradient pluviométrique Nord Sud.

2

1

0

Parc de
Bohicon

Parc de Parakou et de Savè

Parc de

Kandi Parc de

Bembéréké

Second facteur

-1

-2

-3

-4

-5

-6

-7

 
 
 
 
 

-2

-1

0

Premier facteur

1

 

Figure 11 : Visualisation des différents parcs à karité du Bénin sur la base d'une AFC

Chargement du diagramme de Pluivio-MLargL

Second facteur

-0.5

-1.0

0.0

Pluivio

Type de

NbrMsec

MLongP

MLongL

MLargL

-0.5 0.0 0.5 1.0

Premier facteur

Figure 12 : Visualisation des paramètres environnementaux

Les caracatéristiques des feuilles (longueur moyenne du pétiole, longueur et largeur moyennes du limbe) quant à elles, présentent très peu de variabilité au sein des parcs à karité étudiés (figure 13). On peut dire qu'elles convergent sur l'axe 2 (figure 13).

5.2 Importance socio-culturelle de la gestion des parcs à karité

Les parcs à karité constituent une pratique agroforestière spatiale mixte caractérisée par une stratégie de conservation, des formes d'utilisation et des déterminants socio-démographiques.

5.2.1 Stratégies de conservation du karité

Les stratégies de conservation du karité reposent essentiellement sur la création des parcs, le contrôle du ramassage des noix dans les formations végétales.

5.2.1.1 Mode de création des parcs à karité

La création des parcs à karité entraîne une mesure de protection délibérée du karité dans les écosystèmes cultivés par certaines ethnies. C'est un fait culturel, alimentaire (parc à huile) et pécuniaire pour lesdites ethnies. Cette forme de gestion de l'espace, transmise de génération en génération et de père en fils, est basée sur l'attente par ces ethnies de revenus futurs (autoconsommation, vente, usage médicinal etc...). Le karité constitue pour elles, une épargne sur pied comme le palmier à huile dans les palmeraies jachères du sud Bénin. Ainsi, lors de l'installation des cultures igname et coton surtout, les ethnies bariba,

dendi, gando, mokolé, bôo, bentamaribè, wama, lokpa et nagot, préservent le karité au cours du défrichement. Par contre, les ethnies idaatcha, mahi et fon qui n'attendent pas nécéssairement de revenus futurs du système, conservent quelques pieds de karité sur leus champs pour d'autres usages (bois de chauffe, carbonisation, pharmacopée etc...).

Ainsi, pendant la campagne agricole 2004-2005, dans le milieu d'étude, 272.354 ha d'ignames ont été défrichés contre 118.585 ha de coton pour une superficie totale de 102.624 km2 (soit 91,30% de la superficie nationale) et 1.303.127 actifs agricoles (MAEP, 2003). Ce processus de création des parcs à karité met en exergue le niveau de dégradation de l'environnement occasionné par les cultures du coton et de l'igname. On a alors besoin de 2,3 fois plus d'espace pour cultiver les ignames que le coton au Bénin. Le tableau IV, donne une estimation de la superficie moyenne cultivée par paysan, par parc dans le milieu d'étude en 2004.

Tableau IV : Estimation de la superficie cultivée par paysan et par an en igname et en coton dans la zone d'étude

Parcs à karité de Superficie défrichée (ha) /an par paysan

Igname Coton

Kandi 0,07 0,03

Bembéréké 0,06 0,02

Parakou et Savè 0,06 0,04

Bohicon 0,019 0,001

 

Source: Enquête de terrain 2004.

En rapportant ces valeurs à la zone d'étude (tableau V), on a une idée de l'importance des dégâts causés à l'environnement par la création des parcs à karité.

Tableau V : Niveau de dégradation de l'environnement exprimé en terme de superficie d'igname et du coton mise en culture dans la zone d'étude en 2004

Parcs

Superficie cultivée (igname/an) dans le parc (ha)

Superficie cultivée (coton/an)

dans le parc (ha)

Kandi

91219

39094

Bembéréké

78188

26063

Parakou et Savè

78188

52125

Bohicon

24759

1303

Total

272354

118585

 

Source: Enquête de terrain 2004.

Le mode d'installation des cultures du coton et de l'igname considéré comme peu respectueux de l'environnement, place ces deux cultures en tête des statistiques. Ces estimations, loin d'être précises donnent quand même une idée des superficies moyennes mises en culture dans la zone d'étude par les paysans en 2004. Des mesures de parcelles pourraient permettre d'affiner ces résultats.

La dégradation est plus prononcée dans les parcs du Nord Bénin; ce qui pourrait signifier que ces parcs devraient être plus dégradés physiquement que ceux situés dans les basses latitudes. Au contraire, la conservation de l'espèce lors du défrichement (importante source de revenu, fait culturel et social) et le contrôle du ramassage des noix dans les champs atténuent ces effets. Cependant, l'action de dégradation

n'est pas sans conséquence désastreuse sur l'environnement car elle perturbe les habitats des espèces animales et végétales et réduit à coup sûr la diversité biologique, génétique et exerce une forte pression sur les arbres non protégés par un effet sélectif très élevé des différentes ethnies.

La création des parcs à karité est un processus long, évolutif pendant lequel une association s'effectue entre les éléments naturels (karité-néré),conservés et améliorés dans le temps par des groupes sociaux et formant avec les espaces cultivés et pâturables une symbiose. Cette symbiose se répète et devient cyclique au fil du temps. Elle est entrecoupée par des périodes de repos (jachères) pour la restauration de la fertilité du sol. La durée de la jachère varie de 3-4 à 15-20 ans et est unique pour chaque paysan, car elle est fonction de la superficie disponible, des besoins du ménage et du mode de gestion des terres (KELLY, 2004). Elle est aussi fonction de l'ethnie. Ce système de culture d'agroforesterie locale, a été caractérisé par l'Indice de Ruthenberg (tableau VI). Les valeurs calculées de R, indiquent un système de culture itinérante dans le parc de Savè contre un système de jachère dans l'ensemble des autres parcs où la proportion de terre cultivée par rapport à la superficie totale utilisée est de l'ordre de 57% dans le parc de Bembéréké, 50% dans celui de Bohicon et de Kandi, et 40% dans celui de Parakou.

Tableau VI : Indice de Ruthenberg des parcs à karité du Bénin

Parcs à karité

 

Kandi

Bembéréké

Parakou

Savè

Bohicon

Indice

Ruthenberg ®

de

49

57

40

31

50

 

La différence notée entre le parc de Savè et les autres parcs par rapport au système de culture, est surtout due au fait que les paysans du parc à karité de Savè ont préféré mettre un accent particulier sur la plantation de l'anacardier à cause de la crise que traverse la filière coton actuellement. En général, ces systèmes de culture sont caractérisés par l'utilisation d'outils rudimentaires tels que la houe, le coupe - coupe. Mais, les parcs à karité de Kandi et de Bembéréké font exception à cause de l'utilisation du matériel de culture attelée et de la petite motorisation. L'utilisation de ces équipements n'a pas de conséquence sur la structure aggégative (indice de Blackman) des arbres dans les parcs à karité étudiés. Le tableau VII donne la structure spatiale dans les parcs à karité. Elle varie de 3,9 et 5,6. La distance d entre semencier et son voisin le plus proche varie entre 1,94 m et 3,36m.

Tableau VII : Structure spatiale des parcs à karité au Bénin

Parcs

IB

Distribution

Distance entre semencier le plus proche
(d)

Kandi

5,6

agrégative

2,78

Bembéréké

5,6

agrégative

3,36

Parakou

5

agrégative

2,55

Savè

5

agrégative

2,60

Bohicon

3,9

agrégative

1,94

 

Il en est de même des caractéristiques des feuilles. En effet, les valeurs moyennes des caractéristiques des feuilles (tableau VIII) du karité ne sont donc pas très variables au sein des parcs lorsqu'elles sont comparées à celles obtenues dans le milieu d'étude. Elles ont un faible écart type.

Tableau VIII : Caractéristiques des feuilles des arbres de karité dans les parcs à karité au Bénin

Parcs

Long Pétiole (cm) Long Limbe (cm)

Larg Limbe (cm)

 

Kandi

5,6

0,5

16,6

0,9

6,4

0,1

Bembéréké

5,2

0,6

16,3

0,7

6,3

0,2

Parakou

5,1

0,3

15,3

1

6,5

0,4

Savè

5,6

0,8

16,4

0,5

6,4

0,5

Bohicon

6,4

0,4

16,6

1,2

5,5

0,2

Valeur Milieu d'étude

5,6

1,3

16,4

2,7

6,3

1,2

 

Par contre, le dbh, la densité (tiges/ha) diffèrent selon les parcs à karité (tableau IX). Tableau IX : Classification des parcs à karité selon les diamètres et les densités moyennes

Parcs Diamètre moyen (cm) Densité moyenne (tiges/ha)

Kandi 42a 31a

Bembéréké 29b 41a

Parakou 31b 26b

Savè 28b 27b

Bohicon 21c 15c

Il n'existe pas de différence significative entre les valeurs ayant les mêmes lettres au seuil de 5%. Le diamètre moyen et la densité moyenne augmentent du sud vers le nord du pays

Le karité étant un abre économiquement, socialement et culturellement important pour les ethnies du Nord et du Centre Bénin6, différents niveaux de pression sont exercés sur l'espèce dans les parcs. Ce qui se traduit par le fait que la densité (tiges/ha) et le diamètre des arbres augmentent avec le gradient pluviométrique du Sud vers le Nord. On constate que les parcs de Bohicon et de Kandi sont diamétralement opposés selon ces caractéristiques :

· différentes zones climatiques (climat subéquatorial dans le parc de Bohicon, climat tropical
humide ou de transition pour le parc de Savè et climat soudanien pour les parcs du Nord Bénin)

· différents modes d'accès à la terre (les modes de gestion de l'espace, les droits et les usages conférés aux arbres ne sont pas les mêmes d'un parc à l'autre)

· forte pluviométrie dans le parc de Bohicon (1200 mm) et faible dans celui de Kandi (800 mm)

· faible densité du karité dans le parc de Bohicon (15 tiges/ha) contre (30tiges/ha) pour le parc à karité de kandi

6 Il s'agit des ethnies bariba, dendi, gando, mokolé, bôo, bentamaribè, wama, lokpa et nagot.


· faible dbh des arbres dans le parc de Bohicon (21 cm) contre 42 cm dans celui de Kandi

Ces indicateurs révèlent bien que la pression sur les arbres (karité) dans le parc de Bohicon est deux fois supérieure à celle qui a cours dans celui de Kandi. Cette stratégie de conservation du karité dans ces parcs implique différents résultats dans l'espace physique. Si les ethnies, fon, mahi et idaatcha coupent les arbres de karité dans leurs champs ou en préservent quelques-uns pour des usages médicinaux, utilisation au titre de bois de feu et de carbonisation, les femmes des ethnies des parcs du Nord et du Centre Bénin, collectent les noix dans les formations végétales pour l'autoconsommation et la vente afin d'améliorer leurs revenus.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery