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Intégration des marchés céréaliers dans l'UEMOA. Une analyse par les prix

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par Salissou MALAM SOULEY
Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée - Ingénieur statisticien économiste 2007
  

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INTEGRATION DES MARCHES CEREALIERS DANS L'UEMOA, UNE ANALYSE PAR LES PRIX

Par MALAM SOULEY Salissou, Ingénieur Statisticien-Economiste

1. INTRODUCTION GENERALE

1.1. Contexte et justification

Bien que le siècle dernier ait connu d'énormes triomphes scientifiques et technologiques, vaincre l'insécurité alimentaire1(*) reste encore l'un des défis majeurs pour les pays du sud. A l'instar d'autres sous-régions de l'Afrique subsaharienne, les pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) subissent des épisodes des pénuries alimentaires y compris ceux qui sont relativement favorisés du point de vue des conditions climatiques (Catherine et al., 2005). La croissance démographique, le retard technologique, la concurrence internationale, les conflits politiques, les déficits pluviométriques et autres aléas climatiques, les erreurs de gestion et de planification, l'absence des dotations en capital quantitativement et qualitativement suffisantes, etc., sont autant des facteurs couramment tenus pour responsables de ce fléau.

Aujourd'hui, tout laisse croire que c'est à travers des rapprochements des politiques macroéconomiques et sectorielles à l'échelle sous-régionale que la bataille contre l'insécurité alimentaire dans l'UEMOA aux moyen et long termes sera gagnée ou perdue. En effet, la nécessité d'une intégration plus renforcée au sein de la zone est nettement visible aussi bien dans des discours politiques que dans des discussions d'intellectuels. Le 19 décembre 2001, la Conférence des chefs d'Etats et de Gouvernement des pays membres de l'UEMOA a ratifié par Acte Additionnel n°03/2001 la Politique Agricole de l'UEMOA (PAU) dont l'axe transversal à tous les objectifs est la sécurité alimentaire. Mieux encore, selon les conclusions d'un atelier du Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles (ROPPA) tenu du 2 au 4 novembre 2001 à Ouagadougou sur la PAU, dans ce contexte défavorable pour les producteurs ouest africains, l'intégration régionale constitue un espoir, l'espoir d'une société plus juste et d'une économie plus efficace. Le premier défi majeur est celui de nourrir convenablement une population ouest africaine de plus en plus nombreuse et fortement urbanisée. La politique agricole communautaire opte prioritairement pour l'augmentation de l'offre régionale pour satisfaire les besoins alimentaires.  L'idée sous-jacente est de  réduire la dépendance vis-à-vis des importations en accordant la priorité aux productions alimentaires ainsi qu'à leur transformation, par la valorisation et l'exploitation des complémentarités et des avantages comparatifs au sein de la région tout en tenant compte des spécificités liées au caractère insulaire ou enclavé de certains pays. Egalement, la Commission de l'UEMOA et le fonds des nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) s'accordent sur le fait que l'intégration est l'une des réponses adéquates à l'insécurité alimentaire2(*). Dans un cadre plus global, lors de la Conférence Chefs d'État et de Gouvernement de l'Union africaine à Maputo, en juillet 2003, les pays de l'UEMOA ont pris, à l'instar des autres pays de l'Union Africaine, l'engagement d'allouer au moins 10 % des budgets d'investissements nationaux au développement du secteur agricole afin d'améliorer la productivité et de réduire l'insécurité alimentaire 

Des idées tirées des théories dites de la zone monétaire optimale insistent sur l'intégration économique comme une étape préalable à la compatibilité des objectifs communs pour deux ou plusieurs pays désirant coordonner leurs politiques. L'accent est mis sur des critères tels que la mobilité des facteurs de production (Mundell, 1961), le degré d'ouverture des économies (Mackinnon, 1963), la nature de la spécialisation des économies (Kenen, 1969), le degré d'intégration financière et fiscale (Ingram et Johnson, 1969) ou l'homogénéité des préférences (Cooper, 1977 et Kindleberger, 1986).

Analysant l'intégration des pays africains de la Zone Franc à la lumière de ces théories, Biao (1998) a montré que quels que soient les critères adoptés, l'UEMOA n'était pas jusqu'alors une zone monétaire optimale. Pourtant, des recherches relativement récentes portant sur l'intégration agricole en Afrique de l'Ouest ont indiqué que cette sous-région (UEMOA) dispose de nombreuses potentialités à commercialiser ses produits de façon compétitive au-delà des frontières nationales (Salinger et Stryker, 1994 et Metzel et Cook, 1994). Pendant la décennie 1990, des idées, selon lesquelles la mise en place des régimes préférentiels d'échanges intra-UEMOA pourraient permettre de mettre en valeur ces potentialités, se sont progressivement développées (Soulé, 1992 ; Lutz, 1994).

Au courant de ces dernières années, des efforts considérables ont été fournis dans ce sens. Citons entre autres la mise en place d'un marché financier commun (BRVM pour Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l'Afrique de l'Ouest) en 1998, l'adoption des politiques sectorielles communes et d'un pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres en 1999, la mise en oeuvre d'un tarif extérieur commun (TEC) en 2000, etc. L'objectif de ces mesures (que nous qualifierons par la suite de "reformes préférentielles") était, selon le rapport final de l'UEMOA (2005) sur l'enseignement supérieur, de concrétiser la volonté politique des Etats membres à impulser les changements souhaités

Mais, quand on considère le rythme et la profondeur de l'insécurité alimentaire dans l'UEMOA, il semble légitime de se poser cette question : les réformes préférentielles intervenues au courant de ces dernières années ont-elles réussi à renforcer les liens économiques des pays de la zone ? Cette question est fondamentale compte tenu de la nécessité de se soucier de la rentabilité de ces reformes notamment en matière d'intensification des échanges et de l'amélioration des conditions de la croissance. En outre, des évènements, susceptibles d'engendre des effets néfastes (nous pensons en particulier à la crise ivoirienne3(*)) se sont produits dans la zone. Ont-ils influé sur le niveau d'intégration de la sous-région ? Ce sont ces deux questions capitales qui justifient l'importance de notre thème.

1.2. Objectifs de l'étude et aspects méthodologiques

La question de la stabilité macroéconomique et de la convergence dans l'espace UEMOA a intéressé beaucoup de chercheurs. L'essentiel des études abordent le problème en termes des quantités. Elles mettent ainsi l'accent sur l'impact de l'offre locale des produits vivriers sur les prix (Badiane et al., 1997 ; Diallo, 2003) ou sur les déterminants des échanges et les calculs des potentialités commerciales (Gbetnkom et Avom, 2005) ou encore sur les effets des réductions tarifaires sur les volumes des échanges (Adegbid et al., 2003). Pourtant, une approche par les prix nous paraît digne d'intérêt compte tenu de l'influence des variations des prix sur les comportements des agents économiques (investissement, production, épargne, consommation, etc.). De plus, les analyses en termes de quantités consacrées aux pays de l'UEMOA rencontrent un certain nombre d'incohérences. Il s'agit entre autres:

- de l'absence des données sur les quantités de bon nombre des transactions bilatérales (Gbetnkom et Avom, 2005).

- de l'absence d'unités standard de mesure sur les marchés qui conduit souvent à un problème de transparence des unités utilisées (Lutz, 1994).

- du poids du secteur informel dans le commerce des biens et corrélativement de l'absence des statistiques fiables. Par exemple, au Mali en 1999, on estime à seulement 34,8% la part des exportations officiellement enregistrées (Honfoga et al., 2005)..

Ce travail poursuit deux objectifs. Le premier est d'analyser le niveau d'intégration des pays de l'UEMOA. Le second est d'évaluer l'impact des reformes préférentielles que les Etats membres de l'UEMOA ont entreprises depuis 1998 sur leur intégration.

Plus spécifiquement, nous nous restreignons aux marchés céréaliers et à une analyse par les prix. Les principaux points à traiter au cours de ce rapport sont:les suivants :

- mesure de l'intégration des marchés céréaliers de l'UEMOA à partir des séries de prix moyens céréales des principales agglomérations (capitales politiques ou économiques) des pays de l'union. Ces données ont une fréquence mensuelle et couvrent la période allant de janvier 1998 à juin 2006.

- Evaluation de l'impact des mesures préférentielles.

- Mesure de l'impact de la crise ivoirienne sur le degré d'intégration des pays de l'UEMOA.

- Proposition de recommandations

Le choix des marchés céréaliers s'appuie sur deux raisons essentielles. La première est que la sécurité alimentaire dans les pays de l'Afrique de l'ouest en général et ceux de l'UEMOA en particulier est principalement assurée par la disponibilité en céréales telles que mil, maïs, sorgho, riz, etc. (Commission Européenne, 2006). De ce point de vue, le commerce transfrontalier des céréales joue un rôle fondamental dans la facilitation des approvisionnements et donc la réduction de l'insécurité alimentaire d'origine quantitative. La seconde raison qui fonde ce choix vient du fait que de fortes hausses des prix des céréales constituent avec la baisse de prix du bétail les traditionnels signes annonciateurs de la crise alimentaire dans l'espace UEMOA4(*).

Quant au choix de la période de 1998 à aujourd'hui , il s'appuie sur le fait qu'à partir de l'année 1998, les méthodes d'élaboration des indices des prix ont été harmonisées dans l'UEMOA. Ce qui assure la comparabilité de ces indices.

1.3. Hypothèses

Les trois hypothèses suivantes sont postulées:

H1 : Les marchés des céréales échangeables entre les pays membres de l'UEMOA se caractérisent par la similarité de leur évolution des prix.

H2 : Les mesures préférentielles ont entraîné un effet baissier sur l'évolution des prix des céréales échangeables entre les pays de l'UEMOA.

H3 : La crise ivoirienne a eu un effet haussier sur l'évolution des prix des céréales échangeables entre les pays de l'espace UEMOA.

Après avoir développé la méthodologie dont elles s'inspirent, ces hypothèses seront testées économétriquement. Les outils privilégiés sont les techniques de l'analyse des séries temporelles. Ainsi, des modèles vectoriels à correction d'erreurs et/ou des modèles à effets de seuil pourront être utilisés.

1.4. Limites de l'étude

Il aurait été plus pertinent de mener une comparaison spatio-temporelle. Comparaison spatiale, car celle-ci aura l'avantage de vérifier si oui ou non les pays de l'UEMOA sont économiquement plus liés entre eux qu'avec les pays tiers. Comparaison temporelle, car au cas où les marchés sont intégrés pendant la période de notre étude rien ne garantit a priori qu'ils ne l'étaient pas avant. Ainsi, il est difficile d'attribuer sans équivoque l'éventuelle amélioration du niveau d'intégration de ces marchés à des aspects qui caractérisent leur évolution récente et dont nous souhaitons évaluer l'impact. En deuxième lieu, il faut noter que l'approche en terme des prix contient en elle-même quelles limites. En effet, les prix agrègent de l'information sur un certain nombre de variables notamment les anticipations des agents. Si ces derniers sont mal informés, ce qui souvent le cas dans les pays en développement, les prix ne traduiraient pas pertinemment l'évolution des marchés. De plus, la concurrence se joue sur plusieurs paramètres (délai de livraison, délai de règlement, distance, état des infrastructures, etc.). Il est impossible ou difficile que les prix reflètent tous ces aspects. En dernier lieu, une diversification de la méthode aurait l'avantage de garantir la fiabilité des résultats(en utilisant un panel par exemple).

1.5. Ebauche du plan

Le travail est structuré en deux parties. La première partie donnera un aperçu général et théorique. La définition de quelques concepts dont la compréhension nous semble utile et la présentation du cadre de l'étude (chapitre1) retiendront d'abord notre attention. Ensuite, il est fait une revue de littérature (chapitre2) consacrée, d'une part, aux travaux empiriques traitant des problèmes spécifiques des marchés céréaliers et, d'autre part, à la présentation de principales méthodes d'estimation dont ces travaux se sont servis. La seconde partie abordera dans son premier chapitre le cadre méthodologique (données et leurs sources, spécification et mise en oeuvre de méthode d'estimation. L'interprétation des résultats et la proposition des recommandations feront l'objet du dernier chapitre.

* 1 La sécurité alimentaire, selon la FAO, "est concrétisée lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. La sécurité alimentaire repose sur les quatre piliers que sont la disponibilité, la stabilité de l'approvisionnement, l'accès et l'utilisation".

* 2 En août 1999, la commission de l'UEMOA en collaboration avec la FAO a élaboré et adopté le Programme Spécial Régional pour la Sécurité Alimentaire (PSRSA). Les objectifs principaux de ce dernier étaient d'augmenter le revenu des communautés rurales, de promouvoir des échanges et l'intégration dans l'espace UEMOA.

* 3 Selon le Rapport d'Exécution de la Surveillance Multilatérale de l'UEMOA de décembre 2002, les prévisions optimistes indiquant un taux de croissance annuel moyen de 4,4% contre 1,9% en 2001et un taux d'inflation de 2,7% contre 4,1% en 2001 ont été compromises par la crise ivoirienne. L'estimation du taux de croissance a été revue à 2,7% et celle du taux d'inflation à 2,9%. Cela est probablement dû au fait que la Côte d'Ivoire est la plus grande économie de l'union tant du point de vue du PIB que de celui de la population.

* 4 Dans une étude financée par la commission européenne, l'organisation des échanges céréaliers dans les pays de la région Ouest africaine a été décrite comme une toile d'araignée avec des connections convergentes puis divergentes où tout part des commerçants grossistes. Ces derniers déploient leur toile (somme d'argent) vers les zones rurales pour collecter les céréales et autres produits agricoles sur les marchés locaux grâce à leurs collaborateurs sur place. Une fois collectés, ces produits sont stockés et il faut une période de soudure pour qu'ils soient redéployés à prix très élevés soit vers les zones déficitaires du pays soit vers les pays limitrophes. Cette même idée est reprise dans Bulletin d'information de la Banque Mondiale paru en date de 23 août 2006.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon