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Le Bien chez Saint- Thomas d'Aquin

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par Vivien Hoch
Institut catholique de Paris - Licence 2008
  

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III) LE BIEN EN TANT QUE FIN

Le bien en tant que cause de mouvement, c'est à dire en tant qu'il dirige l'homme vers lui, lui fait provoquer un déploiement d'activité pour l'atteindre que l'on a décrit en étudiant l'acte humain. Cette activité, une fois en acte, c'est-à-dire une fois qu'elle est réalisée pleinement fait du bien une cause de satisfaction et de repos lorsqu'il est possédé. Le bien en tant que fin est donc rattaché à la convoitise (concupiscentia) et à la jouissance. Mais les biens ne provoquent pas la même satisfaction selon leur nature propre ; c'est pourquoi il faut de nouveau classifier ces divers biens, tout en gardant à l'esprit cette dynamique métaphysique de l'analogie de l'être qui va nous permettre de comprendre que tous les biens ont un ordre ontologique de perfection. De plus, c'est à ce stade que la part subjective du sujet qui veut entre en compte. En effet, les biens en tant qu'ils sont fin d'une volonté vont prendre leur valeur (ou leur qualité) selon la manière dont cette volonté l'envisage. Chaque réalité qui rentre dans la sphère subjective du connu et du voulu se transforme en bien. Ainsi, mon ordinateur, en tant qu'il est seulement là, n'est pas un bien en soi. Il ne le devient que lorsque je veux l'utiliser, et il sa valeur de bien dépend de la manière dont il est utilisé, appréhendé et aimé par moi. Le bien sera donc étudié ici selon la valeur subjective qu'il prend ; cependant, la réalité à laquelle est accordée le nom de bien a en elle-même (en soi, ou in se) une valeur de bien, selon l'ordre ontologique voulu par le Créateur pour ses créatures qui hierarchise tout par rapport à une fin dernière. C'est ainsi que le bien prend sa valeur objective.

En philosophie de la connaissance, Saint Thomas d'Aquin distingue la connaissance sensible, qui provient des sens, et la connaissance intellectuelle, fruit de l'intellect (intellectus) actif, qui découvre de l'intelligible (mens) dans les données sensibles par un mode d'abstraction (abstractio). Puisque donc il y a deux types de connaissance, il y aura deux types de biens, puisque l'homme se porte vers un bien qui lui est connu. Par conséquent, il y a donc aussi deux types d'inclinations (ou appétit) : l'une sensible, qui se porte vers un objet connu par la sensibilité et l'autre intellectuelle, résultant de la connaissance intellectuelle. Nous étudierons donc ces deux types de bien.

a) Le bien sensible

Le bien sensible est ce vers quoi est porté l'inclination sensible, et est connu par la sensibilité, connaissance qui se manifeste sous la forme d'un besoin corporel ou d'une passion (patio). Ainsi, dans l'ordre sensible, le bien est la fin recherchée par l'appétit sensible (appetitus sensibilus) ; il naît d'une perception sensible de ce qui peut intéresser le corps. Il y a donc un lien dynamique entre le sujet et son bien, ce lien est l'appétit sensible ; il est un principe d'inclination naturel vers une réalité qui convient ontologiquement ou naturellement à l'être même du sujet. On dit d'une chose qu'elle est un bien sensible lorsqu'elle répond à un besoin corporel, par exemple on dira que cette pomme est bonne en raison du fait qu'elle satisfait le sens du goût et parce qu'elle nourrit et satisfait un besoin naturel du corps humain. Ainsi : "il y a appétit par référence à la chose désirée ... C'est pourquoi le bien et le mal qui concernent l'appétit sont dans les choses" (Somme contre les gentils, I, LXXVII).

Le terme bien sensible a une seconde signification en ce qu'il a des répercussions sur l'état de la sensibilité humaine par le mode passionnel. La passion est un pâtir (pati), issu de l'extérieur, par différentes modalités, qui vient modifier l'appétit sensible. On ne peut choisir de ressentir ou non la passion car il n'appartient pas à l'homme en propre, mais seulement en tant qu'animal ; n'étant pas humaines, elles ne font pas partit de la sphère morale, puisque cette sphère ne régit que les actes volontaires libres, qui appartiennent en propre à l'homme. Mais la science morale se donne pour but d'amener l'homme tout entier (animalité comprise) à une vie bonne : elle doit donc non pas repousser les passions, mais les intégrer dans les actes volontaires et en faire un usage bon, car c'est l'usage que l'on fait de la passion qui la rend bonne ou mauvaise ; elle n'est elle-même que moralement neutre. Mais ce qui importe pour notre sujet, c'est que la présence ou l'absence et le degré d'éloignement du bien recherché va influer grandement sur la sensibilité entière de l'être humain, et donc avoir d'importantes répercussions au plan physiologique et psychologique. Dans l'ordre des passions, on peut effectuer une distinction entre les passions de l'irascible (irascibilis) et les passions du concupiscible (concupiscibilis) (Somme théologique, Ia IIae, Qu.23, art.1)15(*). La première est un mouvement qui évite ou détruit les obstacles vers le bien, la deuxième est le mouvement qui va aller vers ou fuir du bien en question. On peut dresser le tableau suivant selon les répercussions dans l'âme :

 

BIEN

MAL

affectivité

présence

amour (amo) : plaisir, joie

haine : douleur, souffrance

absence

désir

aversion, répulsion

agressivité

présence

 

colère

absence

espoir, désespoir

audace, peur, crainte

* 15 C'est une distinction que Saint Thomas hérite en grande partie d'Aristote (Ethique à Nicomaque, L.IV)

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