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De la nécessité de la renaissance de la RDC face à  l'impératif de la recomposition stratégique africaine et globale post-blocs

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par Rossy MUKENDI TSHIMANGA
Université pédagogique nationale (RDC) - Licence en relations internationales 2008
  

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1.3. Le facteur économique

L'effondrement de l'Etat congolais est intimement lié à l'effondrement du secteur formel de son économie, ceci d'autant plus que la dérive économique ne permet plus à l'Etat depuis un certain temps de générer suffisamment des ressources pour accomplir les missions essentielles inhérentes à sa raison d'être.

En effet, si en 1960, la RDC était un des pays les plus industrialisés d'Afrique centrale et que seuls la Rhodésie (Zimbabwe actuel) et le Kenya offraient un paysage comparable - une économie principalement extractive et exportatrice des minerais, diversification de celle-ci avec une branche manufacturière encore liée, dans ses performances, au secteur de l'exportation, le secteur agricole constituait une des bases de production et d'accumulation des ressources pour le financement du développement56(*) -, il compte aujourd'hui parmi les pays pauvres très endettés de la planète. Son économie a viré essentiellement vers l'informel, les unités industrielles et commerciales des grands centres sont en faillite et la production dans l'arrière pays est marginale sinon inexistante.

Le Congo actuel développe ni une économie de production des bien ni celle de production des services et ne développe pas comme d'autres Etats du sud une économie de substitution pour faire face à la détérioration ou au déclin des termes d'échange sur le marché mondial57(*). Il demeure entièrement ou presque tributaire des importations pour desservir son marché intérieur en produits finis, agro alimentaires et autres.

Tout ceci explique les difficultés éprouvées par la RD Congo d'assurer la stabilité et la fluidité de son économie donc le contrôle de son marché intérieur, de disposer de suffisamment des ressources pour investir à l'intérieur et au delà de ses frontières mais surtout de réaliser des excédents qui lui permettent de prendre part effectivement à la grande messe des souverainetés. L'Etat aura été contraint de s'endetter au près des Etats occidentaux et des institutions financières internationales avec toutes les conséquences néfastes que cela a comporté sur sa souveraineté.

En remontant l'histoire, nous pouvons expliquer ce déclin économique et son rapidement basculement dans l'informel à travers deus facteurs majeurs : La non compétitivité des acteurs économiques congolais ainsi que la persistance des réflexes politiques « économicides ». Fernand Tala-Ngai fait largement le point là dessus. Il constate d'une part, les insuffisances des opérateurs économiques de la première génération et de ceux qui les ont succédés jusque là de conserver et de rationaliser les acquis économiques de la colonisation, de les consolider et finalement de les adapter aux évolutions et exigences du marché mondial.

si le nouvel Etat n'avait ni la compétence ni les moyens de contrôler efficacement l'économie nationale et que les insuffisances de la classe moyenne autochtone après le départ massif des colons belges entraînèrent la régression accentuée du Congo qui pourtant était considéré comme l'un des pays subsahariens à posséder une infrastructure industrielle capable de le faire entrer dans sa phase d'industrialisation ; les républiques qui se sont succédées n'ont pas pu, à travers les reformes entreprises, mobiliser des ressources humaines dans le secteur économique, c'est-à-dire la formation des opérateurs économiques pourvus d'une véritable culture industrielle comprenant la nécessité d'un transfert de technologie et le besoin d'une production des biens de substitution.

D'autre part, le marasme économique du Congo résulte des actions destructrices de certains dirigeants du pays qui confondent poste politique et affaires. L'amalgame entre la politique et l'économie est devenu au fur et à mesure une réalité permanente de la société congolaise. Les détenteurs du pouvoir politique se sont progressivement emparés des unités de productions et commerciales à tel enseigne qu'il faille désormais passer par la politique ou les politiciens pour avoir accès à l'économie58(*).

Cette situation est restée inchangée malgré les changements des régimes. C'est bien à ce niveau que Robert Mac Namara, ancien président du FMI, parlant du sous-développement et du chômage en Afrique, insiste sur la responsabilité des dirigeants africains dans l'effondrement de leurs économies. Le problème, écrit-il, vient en grande partie des politiciens africains qui se servent de leur position pour se procurer, à eux seuls, ainsi qu'à leurs amis, des emplois, des marchés, des monopoles publics et des gains illicites. L'Etat devient du même coup de moins en moins capables de produire des biens et des services au profit de la masse, de la population59(*).

A cette gestion patrimonialiste s'ajoute inéluctablement les aides internationales reçues de certains Etats et organismes financiers qui a placé l'Etat congolais en situation de « perfusion » économique. Les efforts de redressement ont nettement étaient ralentis, toutes les politiques économiques ne consistaient désormais qu'à obtenir un satisfecit des partenaires lequel était indispensable à la continuation des programmes qui servaient d'orifice à une économie lézardée. Du supplétif l'aide s'est rapidement transformée en opium.

Cette informalisation du secteur économique aura été la cause principale de la dépendance du pays et du déclin de sa souveraineté. Le Congo aura été extrêmement vulnérable vis-à-vis des partenaires. Les agitations autour des accords sino-congolais dans le cadre des cinq chantiers illustrent parfaitement cette dépendance. Steffan Marysse aurait en effet raison de considérer qu'un pays est tributaire des décisions extérieures concernant sa politique économique s'il doit faire appel à l'extérieur parce qu'il ne génère pas suffisamment des ressources économiques en lui-même pour faire face à ses multiples besoins en importation et remboursement de dettes extérieures60(*).

Mais même dans l'hypothèse que ces programmes, stratégies et plans des partenaires sont conçus avec plus ou moins de bonne foi, l'échec sera toujours au rendez-vous car les facteurs politiques générateurs des précédents échecs persistent. Il est nécessaire pour les congolais de développer un nationalisme économique fondé sur une gestion consciente et orthodoxe des ressources publiques. Le miracle économique congolais sera fonction de la moralisation de la vie publique et de la promotion des intelligences dans ce secteur. La gestion de l'indépendance et de la souveraineté du Congo est tributaire de sa capacité à assurer de façon autonome ses charges publiques et de dégager des excédants pour mener une politique étrangère cohérente et efficace.

* 56 Tala Ngai, RDC de l'an 2001 : déclin ou déclic, analyses sociales, Kinshasa, 2001, p138

* 57 Mokili, Op Cit, p 25

* 58 Tala-Ngai, Op Cit, pp138-147

* 59 Afrique espoir n°43, juillet - septembre 2008, p4

* 60 Kabuya F et Tshiunza O,  Les enjeux du financement extérieur dans la reconstruction de l'Etat et de l'économie formelle au Congo, in congo-Afrique, N°384, Avril 2004, Kinshasa, p199

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