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La question prioritaire de constitutionnalité et le droit des étrangers

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par François KONGA
Université Paris VIII - Master 2 droit comparé systèmes de droit contemporains et diversité culturelle 2012
  

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B. L 'APPRECIATION DE LA COUR DE CASSATION.

Après quelques réticences du début, l'analyse des décisions rendues par la Cour de cassation présente un intérêt pratique. Une meilleure connaissance du rôle du filtre sur la QPC permettra sans nul doute une meilleure utilisation de cette nouvelle voie de protection des droits fondamentaux.

L'appréciation et l'analyse de la Cour permettent de mettre en évidence son rôle utilisant non seulement les conditions posées par la loi organique mais également les critères prévus par l'article 61-1 de la constitution.

La stratégie de la Cour de cassation repose sur l'appréciation restrictive des conditions de recevabilité et de renvoi de la question prioritaire au Conseil constitutionnel. La Cour a renvoyé bon nombre des questions se rapportant à des domaines divers: la garde à vue, adoption, mariage, motivation des arrêts d'assise39.

Le respect par la Cour des trois conditions prévues par les articles 23-4 et 23-5 de l'ordonnance du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel lui permet de se prononcer sur les règles relatives à la QPC et celles relatives à la procédure applicable devant elle.

La loi organique n'a prévu qu'une seule hypothèse d'irrecevabilité: l'absence de mémoire distinct et motivé. La Cour de cassation a constaté que les conditions posées par l'ordonnance précitée sont insuffisantes pour épuiser toutes les hypothèses relatives à la QPC. Afin de rendre son filtre utile, elle va dégager un certain nombre des critères lui permettant une meilleure appréciation des conditions de recevabilité. Ainsi, la Cour refusera de transmettre au Conseil les questions ne portant pas sur des dispositions législatives ou qui n'ont pas été soulevées à l'occasion d'une instance en cours.

Trois conditions applicables à la QPC vont déterminer l'appréciation de la Cour. Il s'agit du critère lié à l'objet de la question, au cadre à l'occasion duquel la question est posée et le caractère sérieux de la question. Ces critères vont déterminer son analyse et guider

39JB. PERRIER:« le non renvoi des questions prioritaires de constitutionnalité par la Cour de cassation» , RFDA 2011 p.711.

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l'appréciation de la question en vu d'un renvoi ou non au Conseil constitutionnel.

Le principe de l'article 61-1 dispose «lors qu'à l'occasion d'une instance en cours devant une juridiction, il est soutenu qu'une disposition législative porte atteinte au droit et liberté que la constitution garantit, le Conseil constitutionnel peut- être saisi de cette question sur renvoi du Conseil d'État ou de la Cour de cassation qui se prononce dans un délai déterminé»40.Il découle de cet article les règles élémentaires applicables à la QPC et les conditions relatives à son objet. La contestation ne doit porter que sur une disposition législative excluant toute autre disposition qu'elle soit réglementaire, constitutionnelle ou conventionnelle. L'analyse de la Cour portera uniquement sur la conformité de la disposition législative nationale aux droits et libertés garantis par la constitution et à l'exigence de la contestation de droit et liberté constitutionnellement protégés. Toute question portant sur une autre disposition que législative (que ce soit une norme de l'union européenne41, une disposition conventionnelle, une disposition infra législative ou supra législative sera irrecevable.

L'observation par la Cour des dispositions de l'article 61-1 de la constitution l'a amenée à refuser de transmettre au Conseil une question au motif qu'elle porte non pas sur la constitutionnalité de la disposition mais sur l'interprétation faite par la jurisprudence (Décision du 19 mai 2010) 42 . Pour la Cour de cassation, renvoyer la question sur l'interprétation jurisprudentielle d'une disposition revenait à soumettre au Conseil l'examen de la constitutionnalité de sa jurisprudence. Cette position est contestable car comme le remarque le Professeur Bertrand MATHIEU «on ne peut pas distinguer l'interprétation de la loi du texte lui-même et d'autre part, l'interprétation de la loi par le Conseil constitutionnel est nécessaire pour qu'il puisse remplir son office, ce qui conduit le Conseil à formuler souvent des réserves d'interprétations»43.S'agissant du caractère sérieux, une question qui se borne à contester la constitutionnalité d'une disposition législative sans préciser la source de son inconstitutionnalité c'est à dire droits et libertés sera déclarée irrecevable car son imprécision est un obstacle à son appréciation.

Jean Baptiste PERRIER a démontré que la loi organique n'a pas précisé le principe posé par l'article 61-1 de la constitution en ce sens que toutes les conditions au renvoi et à la recevabilité de la QPC ne s'y trouvent pas. Notamment le principe selon lequel: la QPC est un mécanisme de contrôle a posteriori de loi, elle doit répondre à cette logique propre au

40.La loi organique n°2008-724 du 23 juillet 2008, art.29. 41.C E, QPC 14 juin 2010 n°312 305 RUJOVIC Recueil Lebon. 42.Cour de cassation QPC, 19 mai 2010 . n° 09-82. 582 43.B.MATHIEU, JCP 2010, n°44,p2038.

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contrôle de constitutionnalité lequel ne doit porter que sur la conformité d'une disposition législative au droit et liberté que la constitution garantit. La QPC est également une question préjudicielle en ce sens qu'elle s'insère dans un contexte procédural qui ne lui est pas propre. L'étude du cadre de la question permet de mettre en évidence une deuxième série de conditions spécifiques à la question elle - même et d'autres liées à l'instance à l'occasion de laquelle la QPC est posée. S'agissant du cadre de la question, la QPC suppose l'existence d'un cadre procédural, elle ne doit se poser que lors d'une instance en cours, ce cadre conditionne son renvoi. Elle doit respecter les conditions procédurales applicables aux juridictions devant lesquelles elle est soulevée et les conditions relatives à son support (mémoire distinct et motivé).

La Cour va se placer sur le terrain de la recevabilité. A défaut d'instance en cours, la question devient sans objet. La Cour précisera les critères posés par l'ordonnance du 7 novembre 1958: applicabilité au litige de la disposition c'est à dire que l'inconstitutionnalité alléguée doit avoir une incidence sur le litige sinon la question est irrecevable. Le moment de son introduction aussi. Autrement dit, la Cour fait de l'incidence et du moment de dépôt du mémoire des conditions de recevabilité de la question44.L'article 23-2 de l'ordonnance du 7 novembre dispose:« la disposition contestée doit être applicable au litige ou à la procédure ou constituer les fondements des poursuites»45.

Quant au fondement des poursuites, la Cour a été amenée à préciser sa position. Selon elle, la disposition critiquée doit être le support de l'incrimination. La Cour procède dans son appréciation des conditions de recevabilité à une analyse stricte de la lettre de son article 23-2.Les formalités du dépôt de mémoire: la QPC connaît les conditions de renvoi et de recevabilité qui lui sont propres car sa recevabilité dépend aussi de la recevabilité du support de la question à savoir mémoire distinct et motivé. Pour que la question soit recevable, il est nécessaire que le mémoire soit lui même recevable.

Devant la Cour, cette recevabilité s'entend d'un mémoire déposé par un avocat au Conseil d'État ou à la Cour de cassation autrement dit sera irrecevable tout mémoire déposé par un tiers autre qu'un avocat.

Quant au moment du dépôt du mémoire, ce sont les règles classiques de procédure devant la Cour qui s'appliquent. Celles-ci prévoient un délai pendant lequel le demandeur doit faire connaître les moyens de droit soutenant le pourvoi: en matière civile, ce délai est

44.JB.PERRIER, op.cit., RFDA 2011. p.711. 45Loi organique , n °2008-724, 2008.

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de 4 mois pour le dépôt de mémoire (article 978 du code de procédure civile)46et en matière pénale, il est de 10 jours pour le dépôt de mémoire personnel(article 584 du code de procédure pénale)47.

Une fois ce délai dépassé, le mémoire déposé doit être rejeté et la question déclarée irrecevable. La connaissance de la QPC par le Conseil constitutionnel obéit non seulement aux conditions prévues par l'article 23-2 mais également par les critères dégagés par la Cour de cassation.

Ainsi, les juridictions suprêmes dégagent des critères nouveaux que le législateur organique n'auraient pas prévus, ceci pour rendre leur filtre utile et remplir pleinement leur office en préservant le Conseil de tout engorgement par des questions infondées.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille