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Développement financier et croissance économique dans les pays de la zone franc

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par Edem Kwami ABBUY
Université de Lomé - Togo - Master en économie internationale 2012
  

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INTRODUCTION GENERALE

Le concept de croissance économique semble de plus en plus difficile à cerner de nos jours. Les économistes s'interrogent encore aujourd'hui sur ce qu'ils savent de la croissance et sur la meilleure manière de définir une politique économique. Toutefois, il n'en demeure pas moins que l'accélération de cette croissance économique de manière durable demeure encore aujourd'hui une des préoccupations sinon la grande priorité des responsables économiques et politiques dans la plupart des pays dans l'espoir de régresser la pauvreté et de relever le niveau de vie des populations. S'il est vrai que des politiques économiques favorisant la croissance économique sont élaborées continuellement, il demeure encore contraignant aujourd'hui aux décideurs économiques de déterminer et de choisir de manière efficiente les instruments pouvant promouvoir et assurer une croissance économique durable. Pour l'Afrique qui n'est pas en marge du phénomène, le problème ne se pose différemment. Selon les théories de la croissance, une croissance économique durable ne peut s'obtenir que par la capacité à relever les taux d'accumulation de capital physique et humain et de la capacité à utiliser les moyens de production plus efficacement. En effet l'accumulation du capital physique et humain est perçu depuis fort longtemps comme le facteur clé de la croissance économique (King et Levine 1994, Easterly 1998). Cependant cette idée relevant du fondamentalisme de l'accumulation du capital ne pouvait expliquer qu'une petite partie des écarts de niveau de développement entre les pays. Pour King (1994), favoriser une croissance économique ne peut être possible qu'en adoptant une combinaison efficace des facteurs de production et en prenant en compte le rôle de la combinaison de trois variables à savoir : l'investissement, le facteur travail et le développement financier.

Les crises financières qui ont secoué successivement ces dernières années les différentes zones du monde ont relancé le débat sur la place que doit occuper la finance dans la sphère économique d'un pays et ont renforcé la thèse du rôle prééminent du secteur financier dans la croissance et la nécessité d'organiser le mieux possible son fonctionnement. Schaw (1973) définissait sommairement le développement financier comme « l'accumulation d'actifs financiers à un rythme plus rapide que l'accumulation d'actifs non financiers ». Levine (1997) définit le développement financier en ces termes : « il y a développement financier lorsque les instruments financiers, les marchés, et les intermédiaires financiers réduisent, sans toutefois éliminer les coûts d'obtention de l'information, les coûts d'exécution des contrats et les coûts de transaction ».

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Alors que plusieurs études ont porté sur la relation que la finance peut entretenir avec la croissance, il semble de manière explicite ou implicite qu'un système financier efficient active le développement économique ou encore qu'un développement du secteur financier est un instrument efficace de promotion d'une croissance économique durable. Le développement des institutions financières pour une croissance économique rapide est récemment devenu un axiome central de la théorie économique, renforcé par le soutien apparent des études empiriques de la relation entre les indicateurs de développement financier et les taux observés de la croissance. Dès lors la structure financière est devenue même l'un des éléments de la stratégie de développement économique des pays. C'est ainsi que la relation entre le développement financier et la croissance économique a connu un renouveau particulier au début des années quatre- vingt dix. La relation entre finance et croissance a été le sujet d'une grande attention ces récentes années depuis les études de Bagehot et de Schumpeter (1911). Schumpeter (1911) atteste que le crédit sert le développement industriel et qu'il est une condition nécessaire à la création et au développement de l'innovation et donc à la croissance économique. Le Rapport sur le développement dans le monde (1989), publié par la Banque mondiale présente une étude approfondie du lien entre finance et croissance économique en insistant sur le développement du secteur financier dans les pays en voie de développement afin de renforcer la croissance économique. Pour Gurley et Schaw (1960), l'innovation financière qui accompagne le développement financier réduit le risque attaché à l'investissement ainsi que les coûts de l'intermédiation financière, et stimule l'épargne. Levine (1997), soutient que les intermédiaires financiers grâce aux services qu'ils fournissent, stimulent la croissance économique par l'accumulation du capital et la productivité des facteurs.

La plupart des travaux réalisés ces dernières années mettent en relief le fait que d'une manière générale un système financier développé stimule le développement économique. Vu qu'il est largement admis que le développement financier a tendance à aller de pair avec la croissance, on comprend mieux les politiques de modernisation du secteur financier menées depuis quelques décennies dans les économies africaines en général et en particulier dans les pays de la zone franc. En Afrique subsaharienne et dans les pays de la zone franc, la poursuite de la croissance se heurte à un obstacle fondamental : la fragilité des secteurs financiers dominés essentiellement par les institutions bancaires. Dans un contexte géographique où les pays africains de la zone franc (PAZF) se répartissent en union économique et en communauté économique à savoir l'UEMOA et la CEMAC, il

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apparait selon les études de l'AFD (2007) que le système bancaire de l'UEMOA fort d'une bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), d'institutions financières à compétences régionales et de banques plus riches se révèle plus diversifié avec une taille globalement deux fois supérieure à celui de la CEMAC (AFD, 2007). Ainsi donc face à ce prétendu déséquilibre entre le secteur financier de l'UEMOA et celui de la CEMAC, la pérennité de la croissance économique dans les pays africains de la zone franc ne peut se faire sans la mise en place d'une infrastructure financière sur laquelle elle peut s'appuyer. Des secteurs financiers solides, profonds et efficients seraient donc indispensables pour « booster » la croissance ans la zone.

C'est ainsi qu'après les violentes crises financières qui les ont affectées dans les années 1980 et conscients de leur fragilité et de leur faible apport à la croissance, les systèmes financiers des pays africains de la zone franc (PAZF) ont subi de profondes restructurations marquées par la liquidation de certaines institutions financières, la privatisation des établissements financiers, la fin de la régulation directe du crédit et des établissements financiers par les Etats, la mise en place d'autorités de régulation monétaire indépendantes et l'adoption de réglementations prudentielles plus contraignantes dans les deux unions économiques et monétaires que sont l'UEMOA et la CEMAC (Joseph,2002). Ces mesures qui faisaient partie intégrante du noyau dur des mesures de libéralisation préconisées par la communauté des bailleurs de fonds ont été mises en oeuvre sous l'égide des institutions financières internationales pour que le secteur financier active la croissance économique dans ces pays. D'après l'Agence Française de Développement (AFD, 2007), plus de vingt ans après le déclenchement des crises financières dans les pays de la zone franc, les performances des établissements financiers de la zone franc figurent parmi les plus élevées au monde. Si tel est le cas, le fait que les pays de la zone franc occupent six des dix dernières places du classement de l'indice du développement humain (IDH) du PNUD (2006) et que dix d'entre eux soient classés parmi les PMA conduit à revoir spécifiquement pour les pays de la zone franc la relation de causalité entre développement financier et croissance économique. De plus selon la Banque Mondiale (2009) dans le cadre de ses enquêtes sur le climat de l'investissement ( Investment Climate Assessment) sur les chefs d'entreprises dans les pays africains de la zone franc (PAZF), la contrainte financière est systématiquement citée parmi les principaux goulets d'étranglement freinant leurs activités économiques. La contrainte financière est fortement ressentie par les chefs d'entreprises de la PAZF (et africains en général) que dans les autres régions du monde. Par ailleurs malgré que les performances des

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établissements financiers de la zone franc figurent parmi les plus élevés au monde selon l'agence française de développement (AFD, 2007), le total des bilans des banques de l'UEMOA et de la CEMAC est inférieur à la somme des actifs de la première banque sud-africaine (ICA, 2006). Les systèmes financiers des PAZF seraient-ils si peu profonds à tel point que malgré leurs performances, ils expliqueraient les piètres performances économiques des dernières années des pays africains de la zone franc ?

Aussi la question principale de cette étude dans le cadre des pays de la zone franc est de déterminer la nature de la relation entre développement financier et croissance économique et d'étudier l'impact du développement financier sur la croissance des pays de la zone franc. La croissance économique dans les pays africains de la zone franc est-elle tirée par le développement des systèmes financiers de la zone ?

Cette étude se veut de déterminer la nature de la relation du développement financier sur la croissance de la zone franc. Spécifiquement il s'agira :

? De déterminer si le développement financier stimule la croissance économique dans la zone franc.

? De faire une analyse comparative de l'apport des systèmes financiers de l'UEMOA et de la CEMAC aux différentes économies des deux unions et de la zone franc.

Pour atteindre ces objectifs, nous formulons les hypothèses suivantes :

H1 : il existe une relation positive entre développement du secteur financier et croissance économique afin d'étudier son impact réel sur la croissance économique dans les pays africains de la zone franc.

H2 : l'effet positif du développement financier sur la croissance dans la zone franc se traduirait plus par le canal du système financier ouest-africain compte-tenu de sa taille que par celui de la CEMAC.

La vérification de ces hypothèses a conduit à adopter la méthodologie suivante : la question du rôle du système financier dans la réalisation de la croissance économique étant à la fois ancienne et récurrente, une revue de la littérature s'avère légitime de même qu'une analyse empirique basée sur les données des variables financières et des variables macroéconomiques. En effet, l'analyse repose sur un modèle de croissance reliant le développement financier à travers les variables financières à la croissance économique. Cette représentation permettra

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d'évaluer l'impact du développement financier sur la croissance économique des pays de la zone franc.

La structure de cette étude s'organise autour de deux parties :

Dans la première partie on abordera la revue de la littérature, la présentation et l'historique du paysage financier de la zone franc. Quant à la deuxième partie, elle s'appesantira sur l'analyse empirique de l'impact du développement financier sur les économies de la zone franc, les éventuelles recommandations de politique de développement financier et les pistes d'amélioration de son efficacité.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus