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Développement financier et croissance économique dans les pays de la zone franc

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par Edem Kwami ABBUY
Université de Lomé - Togo - Master en économie internationale 2012
  

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Paragraphe II : Analyse théorique et empirique de la relation entre développement financier et croissance économique.

A. Analyse théorique de la relation entre développement financier et croissance économique.

La plupart des travaux mettent en relief le fait que d'une manière générale un système financier développé stimule le développement économique. Toutefois si la corrélation entre ces deux termes est admise de manière globale, le sens de la causalité reste toutefois contesté. En 1912, Schumpeter avait mis l'accent sur le rôle primordial des banquiers, qui par leur ciblage et le financement des entrepreneurs, encouragent l'innovation technologique, l'accumulation de capital et stimulent ainsi la croissance économique. Ainsi donc, le développement financier stimule la croissance à travers l'accroissement du taux d'investissement et à travers l'allocation du capital aux projets les plus productifs. Pour arriver à cette fin, les intermédiaires financiers doivent assurer cinq fonctions principales recensées par Levine (1997) :

o Faciliter les transactions financières, la couverture contre les risques, la diversification des actifs et la mutualisation des risques .

En général, les ménages préfèrent détenir des actifs liquides, alors que les entreprises sont demandeuses de ressources à long terme pour leurs investissements. Les intermédiaires financiers se chargent de concilier ces deux préférences, à priori divergentes, en transformant les actifs liquides en actifs de long terme convenables pour les investisseurs. En offrant des dépôts liquides aux ménages, les banques procurent une assurance contre le risque de liquidité pour l'épargnant et, simultanément favorisent les investissements à long terme dans des projets rentables (Levine, 1997). Le système financier peut également favoriser la réduction des risques individuels liés aux projets d'investissements grâce à la diversification et au partage des risques. La réduction des risques stimule l'accumulation de capital et améliore la rentabilité des investissements, en retour la croissance économique se trouve affectée

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favorablement. En l'absence de marché financier, les ménages ne peuvent investir que dans des actifs peu liquides, car les risques idiosyncratiques les empêchent d'investir dans des actifs rentables. Les intermédiaires financiers peuvent réduire ce risque de liquidité en mutualisant les risques individuels des déposants, et en investissant les fonds récoltés dans des actifs peu liquides mais rentables. Les systèmes financiers réduisent les risques associés aux projets individuels, aux firmes, aux entreprises. En effet les banques et les établissements financiers pourvoient les moyens de diversifier les risques. La diversification du risque favorise l'augmentation des taux d'épargne et l'allocation des ressources nécessaires à la croissance. En effet tout investisseur rencontre deux types de risque : un risque individuel et un risque de liquidité. Le risque de liquidité est lié à l'incertitude portant sur la conversion d'un actif financier en moyen d'échange. Du fait que cette transformation est plus difficile lorsqu'il existe des asymétries d'information, l'existence d'un système financier développé peut réduire l'ampleur de ces imperfections, réduire le risque de liquidité et favoriser l'investissement qui est porteur de croissance économique.

Bencivenga et Smith (1991) ont montré que les intermédiaires financiers, par l'allocation de l'épargne améliorent la productivité du capital, et stimulent donc la croissance économique.

o Acquérir des informations sur les projets et favoriser l'allocation optimale des ressources

Le système financier, par son efficacité, stimule également la croissance en réduisant les coûts de transaction, et en s'assurant que le capital soit alloué aux projets les plus rentables. Grâce aux économies d'échelle, l'intermédiation financière réduit les coûts d'information du financement externe et, ce faisant accroît le rendement implicite des placements. En effet, les épargnants pris individuellement n'ont ni la capacité, ni les moyens d'évaluer les entreprises dans lesquelles ils désirent investir. Ils seront réticents à investir dans une entreprise dans laquelle ils ne disposent d'aucune information. L'intermédiaire financier se substitue à chacun des épargnants pour évaluer les opportunités d'investissement, réduisant ainsi le coût d'acquisition de l'information. Dans le long terme, la relation de confiance qui pourrait s'établir entre la banque et l'entreprise pourra améliorer la qualité de l'information mise à la disposition des épargnants. La réduction des coûts de l'information contribue à convertir une plus grande part de l'épargne en investissement, à allouer plus efficacement le capital, et à réduire les risques associés à l'investissement.

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Les intermédiaires financiers entreprennent le processus de recherche des investissements possibles en faveur des agents économiques en raison du coût élevé de la recherche de l'information ; ce qui réduit le coût de l'information pour les agents économiques, accroît l'allocation des ressources et accélère la croissance. Plus les intermédiaires financiers auront des informations précises et exactes sur les entreprises, plus elles pourront financer les meilleurs projets, ce qui améliorera l'allocation des ressources et réduira les risques de défaillance. La réduction des coûts de transaction a également un impact sur le volume de l'investissement, en ce sens qu'elle permet de transformer une grande part de l'épargne en investissements productifs.

o Assurer la surveillance des entrepreneurs et le contrôle des entreprises

Une fois l'investissement financé, les banques doivent surveiller les entrepreneurs pour les contraindre à gérer l'entreprise dans l'intérêt des créanciers et des actionnaires. Cette fonction est d'autant plus importante qu'en raison de l'asymétrie d'information, l'entrepreneur est plus tenté de gérer sa carrière personnelle et, de favoriser ses propres intérêts au détriment de ceux des créanciers et actionnaires.

L'entrepreneur peut être tenté également de dissimuler des informations sur le rendement réel de l'investissement. Par conséquent, il est important pour la banque d'assurer la surveillance des dirigeants d'entreprises. Au fur et à mesure que la firme et la banque développent une relation de long terme, cela contribue à diminuer le coût d'acquisition de l'information pour une meilleure allocation des ressources.

o Mobilisation de l'épargne intérieure et allocation optimale des ressources

Les intermédiaires financiers collectent l'épargne des ménages en leur offrant des possibilités de dépôts, de diversification de leurs portefeuilles et d'investissements rentables, tout en assurant la liquidité de leur placement (Levine, 1997). La mobilisation de l'épargne a un impact positif sur le volume de l'accumulation du capital, elle améliore également l'allocation des ressources. Les systèmes financiers les plus efficaces dans la mobilisation de l'épargne affectent favorablement la croissance économique. Le développement financier favorise la croissance en allouant plus de ressources à plus de secteurs productifs. Par leur fonction de mobilisation de l'épargne, les intermédiaires financiers favorisent l'accès des épargnants aux financements des grands projets. Les épargnants pris individuellement ne peuvent pas acquérir un actif émis par une entreprise surtout si cet actif n'est pas divisible en petites unités. En mettant en commun les épargnes de chaque individu, les intermédiaires

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financiers peuvent surmonter l'indivisibilité de l'actif émis par cette entreprise. Ainsi donc, les intermédiaires financiers améliorent l'efficacité de l'économie et active la croissance économique en permettant aux individus d'investir dans des grands projets et en permettant à ces projets de se réaliser.

o Faciliter l'échange des biens et services :

Par cette fonction, les intermédiaires financiers facilitent la spécialisation, l'innovation technologique et la croissance. La spécialisation accroît la productivité du travail et requiert plus de transactions. Ces transactions étant coûteuses, les contrats financiers susceptibles de réduire ces coûts favorisent une plus grande spécialisation, une augmentation de la productivité et de la croissance économique (Levine, 1997). Les intermédiaires financiers favorisent également le commerce extérieur grâce aux crédits à l'exportation et aux mécanismes de couverture contre les risques.

Ces fonctions des intermédiaires financiers à savoir faciliter l'échange des biens et services, mobiliser l'épargne, faciliter les transactions et la diversification des risques stimulent la croissance à travers le taux d'investissement, la productivité du capital et les échanges commerciaux. Des modèles théoriques sur chacune des fonctions des intermédiaires financiers ont pu exister et ce grâce à des études de plusieurs économistes. S'agissant de la gestion des risques et de la diversification des portefeuilles des épargnants, un modèle fut développé par Saint-Paul (1992) qui suppose une économie à deux secteurs où les consommateurs peuvent arbitrer entre détenir des actifs risqués et rentables et des actifs peu risqués et peu rentables. Ces deux types d'actifs sont émis par deux secteurs de l'économie considérée. Si le secteur financier de l'économie est peu développé, les agents économiques à l'instar des consommateurs seront incités à choisir les actifs peu risqués et donc peu rentables du fait de leur incapacité à diversifier leurs risques. De ce fait un secteur financier développé accroit les opportunités de diversification, et réduit la taille des actifs peu risqués et peu rentables au profit des actifs risqués et très rentables. La croissance économique générée par le développement financier est le résultat de la substitution de ces actifs.

S'agissant de la fonction de l'apport de liquidité par le système bancaire ou financier, un modèle théorique de base a été développé par Bencivenga et Smith (1991). S'inspirant des travaux de Diamond et de Dybvig (1983), ces auteurs ont intégré le rôle de l'apport de liquidité des intermédiaires financiers pour évaluer son impact sur la croissance économique. Dans une économie sans intermédiaires financiers, l'incertitude amène les épargnants à

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constituer une épargne liquide et improductive c'est-à-dire une épargne de précaution qui n'est pas favorable à la croissance. Le secteur bancaire réduit le risque et favorise les investissements rentables. L'intermédiation financière accroit le ratio de capital par tête de l'économie et par conséquent active la croissance économique.

Pour ce qui est de la collecte des informations et l'allocation optimale des ressources, un modèle théorique fut développé par Jovanovic et Greenwood (1990). Il s'agit essentiellement dans ce modèle de collecter les informations sur les entreprises et de pouvoir allouer l'épargne collectée aux projets les plus productifs. Dans leur modèle le capital peut se voir investir soit dans des projets peu risqués et peu rentables ou dans des projets risqués et rentables. Le risque est provoqué par les chocs agrégés et les chocs spécifiques au projet. Ils supposent que les agents économiques sont incapables de différencier les chocs. Par contre les intermédiaires financiers par le biais d'un échantillon de projets rentables peuvent déterminer la nature du risque. Avec leur capacité à collecter et à analyser des informations, les intermédiaires financiers profilent leurs stratégies d'investissement sur la base de leur connaissance des chocs agrégés de la période courante. Si à cause d'un choc négatif les investissements à risque deviennent moins profitables que les investissements moins risqués, alors les intermédiaires investiront seulement dans des projets peu risqués.

Enfin le modèle théorique de King et de Lévine (1993b) étudie le rôle du secteur financier dans la mobilisation de l'épargne et le financement des projets innovants. Ce modèle considère une économie dans laquelle les entrepreneurs potentiels ont la capacité de mener à bien un projet innovant qui va aboutir à une augmentation de la productivité. Les intermédiaires financiers vont engager des ressources pour évaluer chaque entrepreneur potentiel et seuls les plus prometteurs seront financés. Les intermédiaires financiers évaluent les entrepreneurs potentiels, mobilisent l'épargne pour financer les projets les plus productifs. Patrick (1966) explique l'apport du secteur financier à travers le mécanisme de mobilisation des ressources comme suit : transformer les ressources du secteur traditionnel, secteur à faible croissance au secteur moderne, secteur à croissance élevée et stimuler une attitude entrepreneuriale chez les agents économiques.

En effet s'agissant de la relation entre développement financier et croissance,

Schumpeter (1911), Gurley et Schaw (1955) ont montré un impact positif du développement financier sur la croissance économique. Les travaux de Hicks (1969) et Miller (1988) ont démontré que la finance joue un rôle très important dans la croissance et le développement d'un pays. Les services financiers sont donc essentiels à la croissance en exerçant un rôle substantiel sur le développement économique. Selon Bagehot (1873), les intermédiaires

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financiers facilitent les transactions ; améliorent l'efficacité dans l'allocation des ressources et la croissance économique se trouve alors amorcée. Dans une économie fermée ou l'investissement est favorisé et réalisé grâce à l'épargne, ce dernier est perçu comme un moyen important pour favoriser la croissance. Les entreprises dans les pays en développement citent les contraintes de financement comme l'un des obstacles majeurs à l'investissement et à la croissance car des systèmes financiers développés réduisent les contraintes de financement qui entravent l'activité des firmes et les industries dans leur expansion. Le développement financier implique donc la création et l'expansion des institutions financières, des instruments financiers et marchés financiers qui soutiennent la croissance et le processus d'investissement dans l'économie. Dans les économies en développement, la plus grande part du financement externe des entreprises est le fait des intermédiaires financiers. C'est seulement lorsqu'elles ont atteint un certain niveau de développement qu'apparaissent les marchés financiers sur lesquels les entreprises peuvent vendre des titres, certes aux intermédiaires financiers, mais aussi directement aux épargnants. La création de marchés financiers a l'avantage d'offrir aux investisseurs et aux épargnants une panoplie plus riche d'actifs financiers permettant une meilleure mutualisation des risques. Ainsi les pays dotés de systèmes bancaires et de marchés financiers développés se développeraient plus rapidement que les moins dotés.

L'intermédiation financière agit favorablement sur l'épargne et sur l'investissement, de plusieurs manières. D'une part, les intermédiaires financiers réduisent les coûts d'information du financement. D'autre part, ils adaptent les actifs financiers aux préférences, souvent divergentes, des épargnants et des investisseurs. Ils remplissent cette fonction soit en s'interposant entre épargnants et investisseurs, soit en leur apportant assistance pour leurs interventions sur les marchés financiers. Ainsi les intermédiaires financiers ajustent-ils l'offre et la demande de financement à un niveau supérieur, autrement dit, ils augmentent le volume de l'épargne investie. Le développement financier aurait un double effet sur la croissance économique : d'une part le développement des marchés financiers peut accroitre l'efficacité de l'accumulation du capital et d'autre part les intermédiaires financiers peuvent contribuer à élever le taux d'intérêt et par conséquent le taux d'épargne. Le premier effet a été analysé par Goldsmith (1969) qui a trouvé une relation positive entre le développement financier et le niveau du PIB réel par tête. McKinnon (1973) et Schaw (1973), ont développé le premier effet en montrant que le développement financier entraine non seulement une grande productivité du capital mais aussi un fort taux d'épargne et par conséquent un volume élevé d'investissement qui favorise donc la croissance. D'après McKinnon et Schaw, les politiques

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qui conduisent à la répression financière par exemple les contrôles financiers, résultent des taux d'intérêt réels négatifs et réduisent les incitations à l'épargne. Il en résulte donc moins d'investissement donc moins de croissance. En effet la principale implication de McKinnon et de Shaw concerne les restrictions gouvernementales sur le système bancaire comme plafonner les taux d'intérêt ou élever les réserves obligatoires. Ces mesures entravent le développement financier ce qui réduit la croissance. Des conclusions similaires ont été apportées par certains travaux sur la théorie de la croissance endogène dans laquelle les services fournis par les intermédiaires financiers tels que la collecte et l'analyse des informations, la diversification du risque sont explicitement modélisées.

Al Yousif (2002), soutient en effet que l'existence des marchés financiers peut favoriser l'allocation des fonds d'investissement vers les secteurs rentables. Les marchés financiers non réprimés contribuent à la croissance par le canal de l'accumulation du capital. L'accumulation du capital résulte de la centralisation de l'épargne dans les entreprises et de la création de richesse par la détention d'actifs financiers tels les actions et les obligations. Ses travaux ont montré avec conviction que la croissance économique à long terme dépend du développement financier. Alejandro (1985) soutient que la contribution du développement financier à la croissance doit être perçue dans l'optique d'une augmentation de la productivité du capital plutôt que dans l'augmentation de l'épargne et de l'investissement. King et Levine (1993a, 1993b), Levine et Al (2000) et Khan et Senhadji (2000) ont trouvé des effets positifs du développement financier sur la croissance économique. Levine, Loayza et Beck (2000), montrent qu'un système financier performant agit de façon efficiente et positive sur la croissance d'un pays. Ils trouvent que la relation de court terme entre les indicateurs de développement financier est possible avec le taux de croissance économique, le taux d'accumulation du capital et la productivité globale des facteurs. Selon Ramakrishnan et Thakor (1984), Boyd et Prescott (1986), Allen (1990), les marchés financiers peuvent stimuler la production des informations sur les firmes en donnant les possibilités d'investissement et en accélérant le processus de croissance. Aussi, Rioja et Valen (2002), concluent que le développement financier affecte la croissance économique dans les pays à faible revenu par le biais de l'accumulation du capital tandis que dans les pays à revenu élevé c'est l'accroissement de la productivité qui sert de courroie de transmission. Selon Rajan, Zingalès, Maksimovic (1998), les entreprises et les firmes qui dépendent fortement de la finance extérieure croissent rapidement dans les pays à système financier performant. Bencivenga et Smith (1991) montrent que la présence des intermédiaires financiers favorise la

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croissance économique en canalisant l'épargne vers les secteurs d'activité à haute productivité et en permettant aux individus de réduire le risque associé à leurs besoins de liquidité. Selon Bencivenga et Smith (1991), les banques font face à des demandes prévisibles et peuvent allouer des fonds d'investissement de plus grande efficacité. Bencivenga et Smith montrent dans leur modèle que la croissance augmente même si l'épargne dans l'ensemble diminue comme conséquence du développement financier à cause de l'effet dominant du développement financier sur l'efficacité de l'investissement. Ils proposent un modèle à générations imbriquées d'agents à 3 périodes incluant des banques en concurrence parfaite et attestent que l'intermédiation financière assure la promotion de la croissance économique. D'après Jao (1976), le rôle de la monnaie et de la finance sont importants dans le développement économique d'un pays ; de même Gurley (1955) et Shaw (1956) ont mis l'accent sur le rôle de l'intermédiation financière à la fois bancaire et non bancaire dans le processus épargne - investissement pour illustrer la manière dont la croissance économique dans un pays peut largement dépendre du développement du secteur financier. L'étude de King et de Levine (1997) l'une des études les plus influentes sur le sujet montre une forte relation positive entre développement financier et croissance économique et soutient que le développement financier a un pouvoir prophétique sur la croissance future et interprète ce résultat comme une évidence pour une relation de causalité du développement financier vers la croissance. Khan et Senhadji (2000), ont montré que l'effet du développement financier sur la croissance est positif et que l'intensité de l'effet varie selon les différentes mesures du développement financier, selon la méthode d'estimation et la fréquence des données. Jovanovic et Greenwood (1990) pensent que l'intermédiation financière peut promouvoir la croissance car elle permet de disposer d'un taux élevé de rendement du capital. De plus le développement financier a l'aptitude d'induire dans une économie qui utilise intensivement le capital et la technologie un remplacement partiel du facteur capital utilisé intensivement par une utilisation intensive du travail en dotant le pays de potentiel à pouvoir générer de l'emploi, d'accroitre la productivité du travail et d'améliorer la croissance. D'autres travaux sur ce thème ont été réalisés et montrent qu'une intermédiation financière concurrentielle augmente le taux de croissance de long terme (Greenwood et Jovanovic, 1990 ; Bencivenga et Smith, 1991 ; Levine, 1991). Tadesse (2002) montre que les systèmes financiers dominés par les banques sont plus favorables à la croissance dans les pays sous-développés financièrement, alors que dans les pays développés financièrement, les systèmes orientés vers les marchés financiers seraient plus porteurs de croissance. Les travaux de Levine et Zervos (1998) et Beck et Levine (2001) fournissent l'évidence selon laquelle le développement des

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marchés boursiers est un indicateur qui permet de prévoir de bonnes perspectives de croissance économique. Dans le même courant de littérature, Bekaert, Harvey et Lundblad (2005) montrent que les économies qui ont libéralisé leurs marchés boursiers enregistrent des taux de croissance économique élevés. En effet la plupart des études qui se sont penchées sur la nature du lien entre développement financier et croissance économique utilisent souvent des ratios mesurant l'état du système bancaire ; ces indicateurs occultent ou cachent une partie du développement financier enregistré au cours de ces dernières années dans de nombreux pays en développement qui s'est traduit par une ascension des marchés financiers en l'occurrence des bourses de valeur surtout dans les pays émergents. En effet si la bourse des valeurs fonctionne de façon efficiente, c'est-à-dire si les prix reflètent l'espérance de profit des entreprises, les ressources financières peuvent être allouées aux entreprises performantes pour la réalisation de projets d'investissement rentables.

Contrairement à la place importante qu'occupe la finance dans le développement économique, certains économistes considèrent la finance comme un facteur relativement non important dans le processus de croissance. Ces économistes voient le rôle du développement financier comme mineur ou négligeable sur la croissance économique. Le développement financier est une conséquence de la croissance économique due à une plus grande demande des services financiers par les entreprises pour des financements extérieurs. Le manque de demande de services financiers est une manifestation du manque de financement des investissements porteurs de croissance. Selon Friedman et Schwartz (1963), Jung(1986) et Ireland (1994), la finance répond en fait à un changement réel. La croissance économique crée une demande pour les services et les institutions financières développées. Après l'assertion de Schumpeter (1911), documentée et popularisée par King et Levine (1993a ; 1993b ; 1993c), de nombreux auteurs ont réagi à « Schumpeter might be right » de King et Levine (1993a) au nombre desquels on peut citer Arestis et Demetriades (1998), qui se sont penchés sur la portée de la relation entre développement financier et croissance économique en se demandant une fois encore si Schumpeter avait réellement raison « Is Schumpeter right ? » . En effet, ces auteurs estiment que le développement financier n'est pas antérieur à la croissance économique mais le contraire. C'est dans ce courant de pensée que s'inscrit la contribution de Robinson (1952) qui pense que le développement financier suit la croissance. Aussi, Keynes (1936) argumente que, bien que la croissance puisse être contrainte par le crédit dans les systèmes financiers peu développés, dans les systèmes financiers avancés, le développement de la finance ou du crédit n'est qu'une réponse endogène aux exigences en matière de

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demande pour la croissance. Ces développements théoriques ont galvanisé la conviction d'Arestis et Demetriades (1998) face à King et Levine (1993a). Dans cette optique Arestis et Demetriades (1998) montrent que l'analyse menée par King et Levine (1993a) est fondée sur des bases de causalité très fragiles. Ils démontrent qu'une fois la corrélation entre l'indicateur de développement financier pris à la moyenne et son niveau initial est très forte, le développement financier ne peut plus prédire la croissance économique. Pour Robinson (1952), lorsque l'entreprise est en marche la finance suit ; le développement financier n'est rien d'autre que le résultat ou le produit de la croissance économique. En effet cette observation fut faite par beaucoup d'économistes : lorsque le revenu par capital d'un pays augmente, ce pays connait ou expérimente une croissance plus rapide de ces avoirs financiers que de sa production nationale. Meier (1984) atteste qu'un pays qui connait une croissance de son revenu ou de sa richesse nationale connait une richesse de ses structures financières en actifs financiers, en institutions et en marchés. Le développement financier apparait ainsi comme la résultante de la croissance économique.

D'après Levine (1992), il existe une causalité bidirectionnelle entre développement financier et croissance économique et la causalité bidirectionnelle suppose que la croissance puisse permettre au système financier d'accomplir sa propre évolution et son développement dans la mesure où l'augmentation de revenu réel offre les moyens de mise en place d'une intermédiation financière coûteuse et de plus en plus sophistiquée. En d'autres termes la croissance économique rend les systèmes financiers profitables ; et en même temps la mise en place de ces derniers permet d'accélérer la croissance économique et la transformation structurelle de l'économie. Ainsi ce n'est qu'après avoir franchi certains seuils de revenu par habitant que l'économie choisira de développer les différents types d'intermédiation financière et qu'elle pourra bénéficier de leurs effets positifs sur le processus de croissance. La contribution du secteur financier à la croissance s'exerce donc à travers des discontinuités et des effets de seuil (Barthélémy et Varoudakis ; 1998). La croissance entraine une ouverture continue de nouveaux marchés, une complexité croissante des échanges qui renforcent la monétisation des économies, qui est nécessaire à son tour pour soutenir le volume de l'activité économique.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery