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Développement financier et croissance économique dans les pays de la zone franc

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par Edem Kwami ABBUY
Université de Lomé - Togo - Master en économie internationale 2012
  

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B. Analyse empirique de la relation entre développement financier et croissance économique

Dans l'optique d'appréhender la véritable interaction entre développement financier et croissance économique, plusieurs travaux empiriques ont été réalisés. La plupart des travaux empiriques révèlent que les pays qui disposent des taux d'intérêt et des taux d'investissement élevés ont un secteur financier plus développé. Ainsi dans les pays où le taux de croissance est faible, le niveau de l'intermédiation l'est aussi. Par contre dans les pays où le niveau du secteur financier est développé, on assiste à une affectation efficace des ressources réelles vers les secteurs productifs porteurs de croissance.

Svaleryd et Vlachos (1991) pour une analyse des effets du développement financier sur la spécialisation industrielle dans les pays de l'OCDE montrent entre autres que le développement financier cause fortement la spécialisation industrielle. Savides (1995) montre que l'indicateur du développement financier M2/PIB agit positivement sur la croissance lorsque dans l'analyse du lien développement financier et développement économique la variable liberté politique n'est pas prise en compte. Goldsmith, précurseur de l'étude du lien développement financier et croissance a réalisé des travaux sur 35 pays en utilisant la valeur des actifs des intermédiaires financiers par rapport au PIB pour une période allant de 1860 à1963 et trouvent un lien positif entre développement financier et croissance économique. Toutefois beaucoup d'insuffisances ont été relevées dans l'étude de Goldsmith entre autres le fait qu'il n'a pas tenu compte de l'ensemble des facteurs qui influencent la croissance.

Au cours des deux dernières décennies King et Levine (1993a ; 1993b ; 1993c) ont été les premiers auteurs à se pencher sur l'analyse empirique de la relation entre la croissance économique et le développement financier. King et Levine (1993a ; 1993b ; 1993c) ont tenté de remédier aux faiblesses de l'étude de Goldsmith par une autre étude sur 80 pays couvrant la période 1960 à 1989 en utilisant des indicateurs de développement financier autre que ceux utilisés par Goldsmith. Ces indicateurs sont au nombre de quatre à savoir l'agrégat monétaire M2 rapporté au PIB, les actifs des banques commerciales divisés par le total des actifs des banques commerciales et de la banque centrale, la part des crédits au secteur privé dans le total des crédits intérieurs et la part des crédits au secteur privé dans le PIB. Ils ont examiné systématiquement l'ensemble des facteurs financiers susceptibles d'activer la croissance. Ils utilisent aussi quatre indicateurs de croissance économique : le taux de croissance du PIB réel par tête, le taux de croissance du stock de capital, le taux de croissance de la productivité globale des facteurs et le taux d'investissement. Ils trouvent un effet significatif positif du

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ratio des actifs liquides du secteur financier par rapport au PIB et concluent une corrélation robuste du degré de développement financier avec la croissance, l'investissement et l'efficacité du capital. Les auteurs montrent qu'au seuil de 1% chaque indicateur de développement financier est positivement corrélé à chaque indicateur de développement économique. Pour traiter la causalité inverse entre développement financier et croissance économique les auteurs ont régressé le taux de croissance du PIB par tête sur la part des actifs dans le PIB. Il en découle que le développement financier exerce un impact positif et significatif sur la croissance économique sur la période 1960 à 1989. Par conséquent le développement financier ne suit pas simplement la croissance mais la prédit aussi à long terme. Ils concluent à partir de leur étude en coupe transversale qu'au-delà du lien positif entre les deux variables, le développement financier permet de bien prévoir la croissance. Ils trouvent aussi qu'un niveau de développement financier élevé est associé à une amélioration future du taux d'accumulation et à une efficience de l'affectation du capital. Toutefois, leur étude quoique significative ne donne pas une idée claire sur la relation entre ces deux entités économiques car le fait que le développement financier initial prédise la croissance de long terme ne suffit pas pour trancher sur la causalité. De Gregorio et Guidotti (1995) aboutissent au même résultat en considérant comme indicateur du développement financier le ratio du crédit au secteur privé sur le PIB.

Le développement financier peut être également lié au développement des marchés financiers. Artje et Jovanovic (1993), à partir d'une étude portant sur un échantillon de 75 pays concluent à l'influence positive des marchés financiers sur la croissance. Ils trouvent que les indicateurs du secteur bancaire sont moins corrélés au rendement des investissements que ceux du marché boursier. Cependant il ressort de l'étude que le développement du marché des titres ne contribue fortement à la croissance économique que si l'on contrôle la variance des cours boursiers.

Levine, Loayza et Beck (2000) pour évaluer l'impact du développement financier sur la croissance ont étudié sur la période 1960 à 1995, 74 pays de tous niveaux de développement en utilisant deux méthodes économétriques pour prendre en compte l'endogénéité de la variable du développement financier. Pour y parvenir ils font d'une part une analyse transversale et d'autre part une analyse en panel dynamique pour résoudre le problème de causalité inverse, de biais de simultanéité. Ils trouvent un impact positif du développement

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financier sur la croissance. Il en résulte de leur étude que l'effet du développement financier sur la croissance passe essentiellement par l'accroissement de la productivité globale des facteurs. L'effet à travers l'accumulation du capital est moindre. Beck et Levine (2004), examinent l'impact du développement des activités bancaires et celui des marchés financiers sur la croissance en portant une étude sur 40 pays avec des données de panel sur la période 1976 à 1998. Les résultats ont montré que les activités bancaires et le développement des marchés exercent de façon indépendante un effet positif sur la croissance. Christopoulos et Tsionas (2004), sur un échantillon réduit à dix pays en développement durant la période 19702000, procèdent à une analyse de Co-intégration en panel. Leurs résultats plaident en faveur d'une causalité allant en longue période du développement financier à la croissance et en faveur d'une absence de relation à court terme entre les deux phénomènes. Rajan et Zingalès (1998) ont utilisé des données industrielles pour évaluer l'impact du développement financier sur la croissance. Ils défendent l'idée selon laquelle le développement financier allège les imperfections du marché qui entravent l'accès des entreprises aux crédits. En utilisant les données de panel sur plusieurs secteurs industriels d'un échantillon de 41 pays la période 1980 à 1990, les résultats montrent que le développement financier a un effet d'autant plus fort sur le taux de croissance moyen de la valeur ajoutée d'un secteur que le besoin de financement de ce secteur est important.

Toutefois pour certains auteurs le développement financier est la conséquence pure de la croissance économique. Un des grands de ce courant est Robinson (1952) qui pense que les marchés financiers et les institutions adéquates émergent lorsque le processus de croissance économique provoque une demande de services financiers qui induit l'expansion du système financier. Pour Patrick (1966), le développement financier cause la croissance dans les premiers stades de développement, mais cet effet diminue graduellement au cours du développement jusqu'à s'inverser. En effet si les entrepreneurs anticipent une croissance économique future, qui entrainera une demande accrue de services financiers, ils pourraient investir dans la création d'activités d'intermédiation financière en anticipation des profits futurs. Le secteur financier se développe donc en réponse aux perspectives de croissance dans le secteur réel. Le système financier est développé par la croissance mais il la précède. Demetriades et Hussein (1996) estiment dans leur étude que dans plusieurs des 16 pays de leur échantillon la causalité semble aller de la croissance vers le développement financier et non l'inverse.

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D'autres économistes se sont penchés sur l'impact mutuel de la finance et de la croissance et ils suggèrent que les deux variables sont mutuellement causales et les travaux de Greenwood et Smith (1997) ont porté sur cette étude. Démétriades et Hussein (1996), Greenwood et Smith (1997), ont trouvé une relation bidirectionnelle entre développement financier et croissance économique. Goldsmith (1969) dans son étude a montré que le développement financier et la croissance sont liés par une endogenéité. Greenwood et Jovanovic (1990) présentent un modèle dans lequel la croissance et l'intermédiation financière sont endogènes et montrent une relation positive de causalité two-way entre développement financier et croissance économique. D'un côté le processus de croissance stimule une forte participation des marchés financiers dans la sphère économique ce qui facilite la création et l'expansion des institutions financières et de l'autre les institutions financières en collectant et en analysant les informations en provenance de plusieurs investisseurs potentiels permettent d'entreprendre des projets d'investissement stimulant de retour la croissance.

Une étude sur les pays de l'UEMOA à l'exception de la Guinée-Bissau sur la période 1970 à 1995 a été menée par Raffinot et Venet (1998) qui ont tenté d'établir, dans une analyse en données de panel, une relation qui expliquerait la croissance économique à partir des déterminants traditionnels, ou de ceux suggérés par la théorie de la croissance endogène. Ils évaluent leur analyse en combinant les variables traditionnelles de croissance aux variables de l'approfondissement financier pour juger du lien entre développement financier et croissance économique. Il ressort nettement qu'aucune de ces variables n'est positivement et significativement corrélée avec la croissance. Les résultats de l'analyse ne sont pas satisfaisants car ils conduisent à rejeter toute influence de l'approfondissement financier sur les taux de croissance du PIB dans les pays francophones d'Afrique de l'Ouest sur la période étudiée. D'après Raffinot et Venet la conclusion de l'étude proviendrait de l'effet d'ensemble (le regroupement des pays au sein de l'UEMOA). Car, dans chaque pays, les variables d'approfondissement financier sont assez bien corrélées avec la croissance. Mais entre pays, cela n'est plus vrai. Spears (1992) a étudié la causalité entre le développement financier et la croissance économique pour les pays sub-saharienne y compris les pays de l'UEMOA. Il a montré ainsi que l'intermédiation financière (mesurée par M2/PIB) cause au sens de Granger, la croissance du PIB par tête au Kenya et au Malawi, au Cameroun, en Côte d'Ivoire. Le Burkina Faso présente la particularité d'avoir une causalité bidirectionnelle. Ce résultat fut

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fort contestable du fait de l'absence des variables d'intérêt dans ces analyses, ce qui laisse croire une surévaluation de l'effet de la finance sur la croissance Les tests de causalité faits sur l'étude de Raffinot et de Venet ont conclu sur une liaison causale entre approfondissement financier et croissance réelle. Cette hypothèse se vérifie pour le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Mali sur la période étudiée. En revanche, une causalité inverse apparaît dans les cas du Burkina Faso, du Sénégal et du Togo. Enfin, dans le cas du Niger, aucune causalité n'a pu être mise en évidence. En somme l'étude sur l'UEMOA de Raffinot et Venet ont permis de conclure que dans l'UEMOA, l'approfondissement financier n'explique pas la croissance économique à partir des régressions de panel effectuées dans le cas des pays francophones de l'UEMOA entre 1970 et 1995. Andersen et Tarp (2003) ont montré que la relation positive entre développement financier et croissance trouvée par Levine, Laoyza et Beck (2000) ne se vérifie plus lorsqu'on restreint l'échantillon aux pays d'Afrique au sud du Sahara et d'Amérique Latine. Ils soulignent aussi que les études sur données temporelles propres à un pays ne mettent pas clairement en lumière une causalité allant du développement financier à la croissance.

Par exemple, Ram (1999) montre que lorsqu'on utilise des données annuelles relatives à 95 pays sur la période 1960-1989, une relation positive et significative entre le taux de liquidité et la croissance n'apparaît que pour neuf d'entre eux. Luintel et Kahn (1999), trouvent une corrélation négative entre développement financier et croissance sur sept des dix pays sur lesquels a porté leur étude. Ils montrent ainsi que la corrélation diminue et devient non significative pour les pays de l'OCDE. De Gregorio et Guidotti (1992) élargissent l'échantillon de King et Levine en subdivisant l'échantillon en trois groupes de pays selon le niveau initial de revenu par tête. Ils montrent que la corrélation entre développement financier et croissance augmente et devient significative au fur et à mesure que le revenu initial par tête diminue. En réduisant l'échantillon aux seuls pays de l'Amérique Latine, ils trouvent un impact négatif du développement financier sur la croissance. Loayza et Rancière (2004) suggèrent une relation positive entre la finance et la croissance économique à long terme contre une relation négative à court terme. Loayza et Rancière (2004) estiment que cette variation de l'impact du développement financier sur la croissance économique sur le court et le long terme est fortement liée à la fragilité financière qu'ils mesurent à travers la récurrence des crises financières et la volatilité de l'indicateur de développement financier.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984