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Développement financier et croissance économique dans les pays de la zone franc

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par Edem Kwami ABBUY
Université de Lomé - Togo - Master en économie internationale 2012
  

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SECTION II : THEORIE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE DANS LA RELATION DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE

ECONOMIQUE.

La libéralisation financière détient une place de choix dans la relation entre développement financier et croissance économique et parait même être indissociable de toute politique de développement financier surtout dans les pays africains de la zone franc où elle est apparue comme la solution au développement du secteur financier dans les années 1980 après les graves crises bancaires qu'a connues le système financier contrôlé à l'époque par les autorités publiques. En effet, le système financier d'alors connaissait au début des années 1980 un interventionnisme poussé des autorités publiques qui recherchait sans doute une meilleure contribution du système financier à la croissance économique. Quelle peut être l'importance et la portée de la libéralisation financière dans la relation entre développement financier et croissance économique ?

Paragraphe I : Les fondements de l'interventionnisme de l'Etat dans la sphère financière et la notion de répression financière.

La recherche d'une forte croissance économique durable est largement admise comme la clé pour une sortie de pauvreté dans les pays africains. Alors qu'il est largement admis que le développement financier active la croissance, les autorités publiques des pays africains de la zone franc ont fait figure pendant plusieurs années de premiers acteurs dans le développement du système financier de leurs pays. Toutefois la performance de ces Etats africains et en particulier des Etats actuels de la zone franc sur le développement financier était désastreuse. Ces Etats se sont contentés de mener des politiques qui au lieu de favoriser le développement du système financier de leurs pays l'ont plutôt réprimées comme par exemple contrôler l'allocation du crédit, maintenir les taux d'intérêt à des niveaux faibles pour faire profiter aux entreprises publiques le bas coût des crédits et un encadrement poussé du système financier. En effet l'encadrement poussé du système financier par les autorités publiques prend le nom de répression financière. La notion « d'économies financièrement réprimées » a été introduites par Mac Kinnon et Schaw (1973) pour caractériser des pays en l'occurrence des pays en développement dans lesquels les autorités publiques contrôlent le

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système bancaire et disposent d'un rôle important dans l'allocation du crédit en maintenant d'une part les taux d'intérêt à des niveaux très faibles voire négatifs et d'autre part en maintenant les réserves obligatoires à un niveau élevé. Les gouvernements maintiennent le contrôle sur les taux d'intérêt en les abaissant dans le but de minimiser les coûts des crédits aux entreprises publiques et à certains secteurs dits prioritaires, en croyant que les taux d'intérêt faibles peuvent stimuler l'investissement. Au même moment, les autres secteurs de l'économie considérés comme non prioritaires font l'objet d'un rationnement de crédit. En Afrique sub-saharienne et principalement dans les pays de la zone franc, la répression financière date de plusieurs décennies. Durant l'époque coloniale, beaucoup de banques commerciales en Afrique étaient la propriété ou appartenaient à de grandes banques des puissances coloniales. Par conséquent, le système financier africain qui émergea reflétait dans une certaine mesure les institutions mises en place au cours de la colonisation. Cependant, après les indépendances, des changements notables interviennent. Conscients du rôle primordial des banques dans le développement économique, les Etats africains ont procédé à la nationalisation des institutions financières existantes et à la création de nouvelles banques détenues en majorité par les pouvoirs publics. Le secteur bancaire est devenu un outil de la promotion du développement, et va connaître à ce titre un interventionnisme public marqué. La répression financière prend place dans les économies africaines. D'après Collier (1994), les Etats imposaient l'octroi de prêts aux sociétés d'Etat et aux offices de commercialisation de produits d'exportation alors que ces offices étaient caractérisés par une situation déficitaire. L'environnement économique d'alors n'étant pas favorable à cause du niveau élevé de l'inflation. Les taux d'intérêt réels deviennent très faibles voire négatifs en Afrique. Pour garder leur marge de profit, les banques font peser la charge aux épargnants et aux emprunteurs des secteurs non prioritaires en jouant sur l'écart entre les taux créditeurs et débiteurs. Il s'en suit alors un sous-développement des systèmes financiers africains car le secteur bancaire n'arrive plus à remplir deux de ses rôles fondamentaux : assurer l'allocation optimale des ressources et la surveillance des dirigeants d'entreprises. En effet selon Jao (1976) la cause majeure de l'état embryonnaire du secteur financier dans les pays au Sud du Sahara est l'application de politiques inappropriées qui imposent un plafond aux taux d'intérêt nominaux. Ces politiques pénalisent l'épargne et surtout suppriment les signaux du marché concernant la rareté du capital et encourage le développement irrationnel des firmes qui utilisent intensivement le capital, ce qui exacerbe l'emploi dans l'économie.

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A travers l'utilisation de ces instruments de répression, les autorités perturbent l'allocation des ressources. King et Levine (1993c) diront : « la répression financière réduit les services fournis aux épargnants, aux producteurs, aux entrepreneurs : elle étouffe de ce fait l'action novatrice et ralentit la croissance économique ». Une économie financièrement réprimée se caractériserait par le fait que les canaux d'épargne sont souvent sous-développés et le rendement de l'épargne est négatif et instable. Les intermédiaires financiers qui mobilisent l'épargne n'assurent plus une allocation optimale des ressources ; les entreprises sont découragées à investir parce que les mauvaises politiques financières réduisent les rendements ou les rendent plus instables. Selon Mc Kinnon (1973), dans une économie financièrement réprimée la tendance est forte de financer des investissements qui rapportent un rendement à peine supérieur au plafond du taux de crédit. Le taux de plafond décourage la prise de risque de la part des intermédiaires financiers et élimine des investissements à fort rendement potentiel. Schaw (1973) montre que les plafonds de taux aggravent l'aversion pour le risque et la préférence pour la liquidité de la part des intermédiaires financiers. Les banques privilégient les emprunteurs non risqués, à réputation bien établie et ne sont pas incitées à exploiter des occasions de prêts plus risqués. Par ailleurs dans un système financier réprimé, l'octroi de prêt de même que l'application des taux d'intérêt se font de manière hasardeuse ou encore arbitraire en variant d'une catégorie d'emprunteurs à une autre. Les banques, face aux plafonds des taux, rationnent le crédit sur une base autre que le prix du crédit. Le crédit est dès alors alloué sur une base de motifs tels : le « nom » de l'emprunteur, la « classe politique » de l'emprunteur ou encore ses relations avec la banque en question et non à partir de la productivité anticipée du projet d'investissement. Roubini et Sala-i-Martin (1992) et De Grégorio (1993) ont utilisé l'inflation comme la manifestation de la répression financière car elle représente une taxe sur la détention de monnaie. De Grégorio pour sa part estime que l'inflation est liée au problème de financement du déficit budgétaire et qu'elle réduit l'incitation à investir. Roubini et Sala-i-Martin (1992) pensent que les autorités gouvernementales ont recours à la répression financière car elles voient dans la répression un moyen sûr pour avoir accès à des ressources bon marché. Dans ses travaux empiriques Fischer (1993) trouve une relation négative entre la croissance et le déficit budgétaire lorsque l'inflation est considérée comme un indicateur de la répression financière.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry