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Développement financier et croissance économique dans les pays de la zone franc

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par Edem Kwami ABBUY
Université de Lomé - Togo - Master en économie internationale 2012
  

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Paragraphe 2 : Politique de libéralisation financière dans la relation développement financier et croissance économique.

Dans ce contexte d'étranglement du système financier Mc Kinnon et Schaw (1983) ont donc préconisé de libérer les systèmes financiers de ses entraves. Libérer les marchés financiers c'est donc permettre la croissance de l'investissement et donc favoriser le développement. La libéralisation financière est apparue comme la solution pour développer le système financier des pays en voie de développement et accroitre son apport à l'essor économique.

De fait, dès le milieu des années soixante-dix et plus encore dans les années quatre-vingt, de nombreux pays en développement ont libéré leurs systèmes financiers des contraintes internes et l'ont ouvert sur l'extérieur en allégeant ou supprimant le contrôle des changes sur les mouvements de capitaux. En effet, la libéralisation financière vise à relâcher le contrôle de l'Etat sur les taux d'intérêt, à la diminution des réserves obligatoires, à l'abandon complet ou partiel de l'encadrement du crédit, à la privatisation du secteur bancaire et financier, à une meilleure réglementation du système financier et à la mise en place de mesures visant à promouvoir la concurrence dans le secteur financier. Ces mesures ont théoriquement pour effet de relancer l'épargne, l'investissement et la consommation. La libéralisation financière doit tout d'abord relever le niveau de l'épargne, en élargissant l'offre d'instruments d'épargne et en augmentant son rendement anticipé grâce à des taux d'intérêt réels élevés. Les premières expériences, en Corée du Sud et à Taiwan, ont été un succès. Les mécanismes de libéralisation financière mis en oeuvre par les économies d'Asie du Sud-Est, à travers surtout la suppression du contrôle des mouvements de capitaux, la déréglementation des taux d'intérêt et le relâchement des coefficients de réserves obligatoires imposés aux banques ont indéniablement profité à l'activité productrice de ces pays.

En Corée par exemple, la libéralisation des taux d'intérêt s'est faite entre 1991 et 1993 et avec elle, la modification du taux des réserves obligatoires qui est passé d'environ 30 % en 1990 à 7 % en 1996. De la même façon, les pays asiatiques se sont inscrits dans le processus de mondialisation financière en adoptant des politiques d'élargissement de la concurrence entre les institutions financières. Ainsi, l'Indonésie et la Malaisie ont assoupli les conditions d'entrées dans le secteur bancaire en 1988 et 1989, tandis que la Corée et la Thaïlande modéraient respectivement en 1991 et 1993, les restrictions jusque-là imposées sur l'activité

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des banques étrangères en leur sein (Chang, Velasco, 1998). Les cinq pays du sud-Est asiatique que sont l'Indonésie, la Corée du sud, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande ont vu les flux de capitaux tripler dans la première moitié des années 90, passant d'environ 25 milliards de dollars US en 1990 à 66 milliards en 1996. Pour la période 1995-96, ces pays ont bénéficié de flux nets de capitaux privés équivalents, en moyenne à 6,6% de leur PIB (Chang, Velasco, 1998). Les flux massifs de capitaux vers les pays du Sud-Est asiatique ont grâce à une croissance rapide des crédits domestiques et à une transformation efficiente de l'épargne en investissements productifs, conduit à la croissance économique de ces pays.

Ces politiques de libéralisation financière mises en application dans ces pays asiatiques ont entraîné une forte augmentation des dépôts bancaires, stimulé la croissance économique sans compromettre la stabilité monétaire. Pour Lucas et Krugman (1989), si des gains de croissance peuvent être attendus du développement financier, rien ne permet de conclure que la libéralisation financière renforcera le taux de croissance à moyen et à long terme. Les libéralisations financières en Amérique Latine à la fin des années soixante-dix (Argentine, Chili, Uruguay) et aux Philippines comme en Turquie dans les années quatre-vingt peuvent être considérées comme des échecs : elles se sont traduites par une hausse excessive des taux d'intérêt réel, des entrées spéculatives de capitaux et finalement par de graves crises de la balance des paiements et du système bancaire. En Afrique dans les années 1980, sous l'impulsion des bailleurs de fonds (Banque Mondiale, FMI...), plusieurs pays africains en particulier les pays de la zone franc ont entrepris des programmes d'ajustement structurels, programmes qui comprenaient un volet sur la réforme du système financier. Ces réformes sont focalisées sur la réduction de la répression financière par la privatisation des banques publiques, la restructuration des banques en difficulté et la facilitation de l'entrée de banques étrangères dans le capital des banques domestiques. Dans l'UEMOA par exemple, les mesures contenues dans la « Nouvelle Politique Monétaire et de Crédit » d'octobre 1989 et complétées par les réformes de 1993 vont clairement dans le sens de la libéralisation du secteur financier. La BCEAO a remplacé ses deux principaux taux à savoir le taux d'Escompte préférentiel (TEP) et le taux d'Escompte Normal (TEN) par un taux d'escompte unique (TES), taux directeur auquel l'institut d'émission refinance le système bancaire pour les besoins de trésorerie qui n'ont pu être couverts. Dans le cas des conditions applicables par les banques, la réforme d'octobre 1989 a permis aux banques, avec la suppression des taux débiteurs planchers, de fixer librement leurs conditions débitrices à condition toutefois de ne

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pas dépasser un taux débiteur plafond qui ne tient compte ni de la durée, ni de la nature des crédits. En octobre 1993, les conditions débitrices ont été totalement libéralisées. Toutefois, les banques ne doivent pas maintenir des taux d'intérêt excédant le taux d'usure dont le niveau, déterminé par le Conseil des Ministres de l'Union est fixé à deux fois le taux d'escompte. La libéralisation des conditions créditrices répondait à deux objectifs : consolider l'épargne et privilégier davantage les placements longs. A partir d'août 1998, des coefficients différenciés ont été appliqués selon les pays, de façon à prendre en compte les évolutions divergentes des crédits à l'économie. En outre, ils ont été sensiblement relevés : 9,0% pour le Bénin, le Burkina, la Côte d'ivoire, le Mali et le Togo contre 5,0% pour les autres pays. Les programmes sectoriels de crédit dans l'Union ont été supprimés en octobre 1989. Les banques ont eu toute la latitude pour financer l'économie sur la base de critères exclusivement financiers. Pour les États souhaitant favoriser le financement des secteurs considérés prioritaires, ils ont été invités à rechercher d'autres mécanismes d'incitation fiscale ou financière. Cependant la libéralisation financière n'a pas eu les effets escomptés. La libéralisation financière ne s'est pas accompagnée du développement du système financier en Afrique. La libéralisation financière n'a pas favorisé l'expansion des crédits au secteur privé dans les pays africains comme cela avait été escompté. Les déconvenues de la libéralisation financière ont conduit à tempérer l'enthousiasme initial quant aux effets bénéfiques du développement financier (Andersen et Tarp, 2003). La libéralisation des systèmes financiers semble avoir induit une rapide croissance financière mais aussi une forte instabilité financière dans les pays en développement. D'autre part Mc Kinnon et Schaw en proposant de libérer le système financier, fondaient leur analyse sur l'hypothèse implicite que le marché financier est un marché parfait. Stiglitz et Weiss (1981) ont démontré qu'il pouvait exister un rationnement de crédit même sur des marchés compétitifs de crédit. La libéralisation financière pourrait dès lors être inefficace compte tenu des imperfections du marché de crédit. La hausse des taux d'intérêt est perçue généralement comme la caractérisation de la libéralisation financière et l'ouverture internationale sur le monde financier. Toutefois les pays qui ont libéralisé de manière progressive leurs systèmes financiers dans des conditions de croissance et de stabilité macroéconomique ont connu une hausse tempérée des taux d'intérêt ; par contre si la conjoncture économique est mauvaise par exemple dans le cas d'une inflation, la hausse des taux d'intérêt peut être brutale si les autorités pratiquent une politique monétaire restrictive visant à maitriser l'inflation. La libéralisation financière peut aussi entrainer de graves

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dangers dans les réformes structurelles. La hausse des taux d'intérêt provoque une hausse des coûts que supportent déjà les entreprises qui doivent aussi et maintenant s'ajuster aux nouvelles conditions de prix relatifs de crédit. Un certain nombre d'économistes trouvent aussi à la libéralisation financière quelques insuffisances. En premier lieu l'augmentation de la monnaie scripturale qui accompagne l'augmentation de la masse monétaire comporte un risque de crise bancaire. L'incapacité d'une banque à assurer la liquidité des dépôts entrainant ainsi sa défaillance peut rapidement se transmettre à l'ensemble du système financier en l'absence d'un système efficace de surveillance des banques et d'assurance des dépôts. Ainsi un développement trop rapide de la monnaie scripturale qui ne peut s'accompagner de la mise en place d'un véritable système de surveillance peut engendrer des défaillances bancaires en série. L'augmentation du nombre des banques et de la concurrence tend à réduire la longévité des relations entre les banques et les clients ; les clients passant plus rapidement d'une banque à une autre. D'autre part, l'intensification de la concurrence conduit les banques à élever les taux d'intérêt créditeurs pour non seulement conserver les dépôts mais aussi attirer de nouveaux dépôts ce qui tend à réduire leur marge. Ceci est considéré comme favorable au développement de l'épargne et de l'investissement. Mais la réduction de la marge bancaire peut conduire les banques à accroitre leur rendement en acquérant des actifs plus risqués et ceci en adoptant un comportement de spéculateur. Une autre explication de la prise excessive de risques par les banques fait référence à un possible comportement d'aléa moral. Selon l'analyse de Stiglitz et de Weiss (1981), le comportement normal d'une banque face à l'incertitude est de limiter volontairement son taux d'intérêt et réduire la demande de crédit afin d'éviter dans un contexte d'asymétrie d'information, une sélection adverse. Le comportement d'aléa moral des banques s'exprime par le fait que les banques sont incitées à faire des prêts très risqués à des taux d'intérêt excessivement élevés , à prendre des risques de change et de transformation des échéances pour accroitre leur activité avec l'idée que si la conjoncture reste favorable elles feront d'importants profits, alors que, si la conjoncture se retourne en entrainant la défaillance de nombreux emprunteurs, les pertes massives du système bancaire seront prises en charge par l'autorité monétaire nationale ou les institutions financières internationales. L'idée que le développement financier peut permettre le développement économique n'est donc possible qu'à la réunion d'un certain nombre de conditions. Ces conditions préalables sont en fait au nombre de deux : un environnement macroéconomique stable et une surveillance adéquate de système bancaire. La première

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condition suppose des déficits gouvernementaux et extérieurs raisonnables et un taux d'inflation faible. Quant à la surveillance du système bancaire, elle vise à empêcher des banques de succomber à la tentation d'une gestion risquée lorsqu'elles évoluent dans un environnement moins réglementé.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille