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Les opérations de maintien de la paix de l'ONU et les droits de l'homme

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par Christian Brice NTSAMA BALLA
Université de Yaounde II - Diplôme d'Etudes Approfondies 2013
  

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INTRODUCTION GENERALE

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I- LE CONTEXTE DE L'ETUDE

La prise en compte des droits de la personne humaine dans les opérations de maintien de la paix (OMP) est certainement l'une des caractéristiques les plus marquantes du système de sécurité collective issu de l'après-guerre froide. La guerre froide terminée, la société internationale est passée d'un monde initial de paix et de guerre entre les nations à un monde de paix et de guerre à l'intérieur des nations1. Les conflits, pour la plupart, se déroulent désormais à l'intérieur des États entrainant ainsi des violations massives des droits de l'homme. C'est pour cette raison que les opérations de maintien de la paix se sont métamorphosées, pour intégrer parmi leurs objectifs, la question des droits de l'homme. Les notions de paix et de droits de l'homme sont, en effet, intimement liées et tout processus qui vise à maintenir la paix doit tenir compte de la situation des droits de l'homme2. Au moment de leur création, les opérations de maintien de la paix avaient pour mission d'observer un cessez-le-feu préalablement signé entre les belligérants3. Fragilisée par les blocages au sein du Conseil de sécurité, il s'agissait pour l'organisation des Nations unies, de s'adapter aux circonstances qu'elle n'avait pas prévues au moment de sa création4.Ce nouveau mécanisme des Nations Unies est, de ce fait, né d'une interprétation dynamique de la charte en vue de résoudre les problèmes de la société internationale.

C'est dans cette logique qu'est née la première opération de maintien de la paix. En effet, lors de la crise de suez, le Conseil de sécurité de l'Onu avait été empêché d'agir à cause des vétos français et britannique, en raison de leur implication dans le conflit. C'est alors que l'Assemblée Générale, par le biais de la procédure « ACHESON »5, créa la FUNU I 6 (force d'urgence des Nations Unies I) dans le but « d'assurer et de surveiller la cessation des hostilités »7. Du fait de leur succès réel ou supposé sur le terrain des

1Kouna Metala (L.M), Les opérations de maintien de la paix et la condition du militaire, thèse pour le doctorat de droit public, université de la Réunion - école doctorale interdisciplinaire, 2003, p. 32

2 Boutros Ghali, « Introduction », Les Nation unies et les droits de l'homme (1945-1995), new York, Département de l'information publique, collection « les livres bleus », p.119

3Létourneau(C), « maintien de la paix », Réseau francophone de recherche sur les opérations de maintien de la paix, octobre 2010, p.

4Flory (M), « L'organisation des Nations Unies et les opérations de maintien de la paix », /AFDI/ 1965 p.449

5Procédure permettant de saisir l'Assemblée Générale des Nations Unies en cas de paralysie du Conseil de Sécurité

6 Forces d'urgence des Nations unies I

7Résolution 998 du 4 novembre 1956

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conflits8, les opérations de maintien de la paix se sont multipliées et diversifiées jusqu'à se hisser aujourd'hui comme le mécanisme par excellence de l'ONU en matière de règlement de conflits. Ce qui leur a valu, en 1988, le prix Nobel de la paix.

Bien que des instruments normatifs de grande envergure établissent des liens entre le maintien de la paix et les droits de l'homme9, il faut dire que la question des droits de l'homme a été absente lors de la création des opérations de maintien de la paix. En effet, le Conseil de Sécurité de l'ONU (organe principal chargé du maintien de la paix) n'a reçu aucun mandat dans le domaine des droits de l'homme. La raison est que pendant longtemps, les droits de l'homme ont été considérés comme faisant partie du domaine réservé des États. À titre illustratif, le refus de la proposition française à la conférence de San Francisco est significatif. En effet la France avait voulu que soit modérée l'interdiction d'intervenir dans les affaires internes des États qui figure à l'article 2 paragraphe 7 de la Charte de l'ONU par l'apposition de la formule suivante : « à moins que la violation manifeste des libertés essentielles et des droits de l'homme ne constitue elle-même une menace susceptible de compromettre la paix ». Malgré ces réticences des États, les droits de l'homme ont fini par sortir du domaine réservé des États10 pour intégrer le champ des compétences du Conseil de sécurité. Cette innovation dans le champ de compétence du Conseil de Sécurité a été le fait de deux facteurs sur lesquels il convient de s'appesantir. Il s'agit de la fin de la guerre froide et de l'intégration des droits de l'homme dans tous les secteurs d'activité de l'ONU.

Après la guerre froide, le Conseil de Sécurité est passé d'une interprétation statique et timide à une interprétation dynamique et audacieuse de la Charte. L'on a assisté de ce fait à une sorte de surchauffe de la sécurité collective11. C'est dans cette logique dynamique que la notion de menace contre la paix s'est élargie intégrant désormais les violations massives des droits de l'homme. La consécration des violations des droits de l'homme comme situation menaçant la paix et la sécurité s'est cristallisée avec les crises somalienne et haïtienne. Dans la crise somalienne, le Conseil de sécurité

8Booh (J. R), « Les opérations de maintien de la paix en Afrique : vision d'un acteur de terrain » in L'ONU vue d'Afrique, Jean Emmanuel Pondy (sous la direction de), Maisonneuve et Larosse/Afredit, 2005, p.90

9 La charte des nations unies (art 1 p3, art 55) et la Déclaration universelle des droits de l'homme (cf. préambule) présentent le respect des droits de l'homme comme le fondement de la paix dans le monde

10 Forteau(M), Daillier(P), Pellet(A), Droit international Public, Paris, L.G.D.J, 8e édition, 2009, p.488

11 Dupuy(P.M), « Sécurité collective et organisation de la paix », RGDIP, A. Pedone, Tome 97/1993/3, p.617

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constate dans la résolution 746 (1992) que « l'ampleur des souffrances infligées aux populations...constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales ». C'est la résolution 940 (1994) qui marque un tournant décisif dans l'évolution du droit international. Dans cette résolution, le Conseil de sécurité se dit « gravement préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire qui empire à Haïti, en particulier par les violations systématiques des libertés civiles commises par le régime de facto illégal » et agit en vertu du chapitre 7 de la Charte pour maintenir un climat stable dans le pays.

Désormais, la notion de menace contre la paix ne renvoie plus uniquement au risque de survenance d'un conflit armé international, mais également aux violations massives des droits de l'homme, à la détérioration de la situation humanitaire et au flux des réfugiés. Comme l'a déclaré le Président du Conseil de sécurité dans une déclaration au nom des membres dudit conseil, « la paix et la sécurité internationales ne découlent pas seulement de l'absence de guerres ou de conflits armés. D'autres menaces de nature non militaire à la paix et à la sécurité trouvent leur source dans l'instabilité qui existe dans les domaines économique, social, humanitaire et écologique. Tous les États membres des Nations Unies doivent attacher la plus haute priorité à la solution de ces problèmes »12.

L'autre facteur ayant entrainé l'entrée des droits de l'homme dans la sphère des compétences du Conseil de sécurité est l'intégration des droits de l'homme dans tous les programmes des Nations Unies. Dans son rapport sur la réforme de l'Onu, l'ancien Secrétaire Général Koffi Annan recommandait l'intégration des droits de l'homme dans les quatre activités principales de l'Onu que sont la paix et la sécurité internationales, le développement économique et social, la coopération au développement et l'action humanitaire13. Avec l'entrée des droits de l'homme dans les compétences du Conseil de sécurité, les opérations de maintien de la paix de l'après-guerre froide ont connu un profond changement. Ces opérations ont quitté leur aspect purement militaire pour embrasser des domaines tels que les processus électoraux, les droits de l'homme et l'aide humanitaire14. L'Onu s'engage désormais dans des opérations de « service public »15,

12 Texte in RGDIP 1992 1) p.256 et s

13 Koffi Annan, Rénover l'Organisation des Nations Unies. Un programme de réformes, A/15/90, 14 juillet 1997, p.78

14 Rapport annuel du Secrétaire Général des Nations Unies 1992

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faisant migrer la paix de la dimension militaire à la dimension civile. Ainsi sont nées les opérations de maintien de la paix de deuxième génération. Les caractéristiques de ce type d'opération sont les suivantes : elles se déroulent à l'intérieur des États, les forces onusiennes peuvent user de la force pour mettre en oeuvre leur mandat, elles sont généralement établies sur la base du chapitre 7 de la Charte portant sur les actions en cas de menace contre la paix, rupture de la paix et acte d'agression. C'est avec les opérations de maintien de la paix de deuxième génération que l'on va assister à une véritable humanisation des actions du Conseil de sécurité des Nations Unies. En effet, ces opérations font des droits de l'homme et de la situation humanitaire une préoccupation. Ce nouveau décor a pour point de départ l'ONUSAL16 (mission des Nations Unies en El Salvador en 1991). Cette mission avait expressément un mandat dans le domaine des droits de l'homme. Ensuite ce fût l'APRONUC (mission des Nations Unies au Cambodge de 1992), qui elle, était dotée d'un organe spécialement chargé des questions de droits de l'homme. Ces précédents ont conduit à l'institutionnalisation de l'intégration des droits de l'homme dans les opérations de maintien de la paix. D'où le choix de la présente étude dont il convient dès lors de préciser le cadre.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry