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Les opérations de maintien de la paix de l'ONU et les droits de l'homme

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par Christian Brice NTSAMA BALLA
Université de Yaounde II - Diplôme d'Etudes Approfondies 2013
  

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CHAPITRE 2 :

LA CONTRIBUTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L'ONU A UNE AMELIORATION LEGERE DE LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME

Pendant des années, le tableau des OMP fût complètement noir du fait d'un courant d'opinion qui estima que le maintien de la paix, à la suite des conflits Rwandais, Bosnien, Somalien était un échec296. Aujourd'hui les OMP n'ont été ni supprimées, ni dépassées, ce qui témoigne de leur grande importance. La réflexion de Dennis C. Jeff paraît juste lorsqu'il écrit « on peut se demander si (...) le maintien de la paix même lorsqu'il se solde par un échec, est pire que l'absence totale de maintien de la paix »297. À l'ONU, l'on répond qu' « on se sait pas ce qui se serait passé si l'on n'avait pas été là »298. L'échec des OMP provient du fait que celles-ci ont souvent des mandats très ambitieux et difficilement réalisables. Il faut néanmoins reconnaître que, si les OMP n'atteignent pas les résultats escomptés, leurs bienfaits ne sauraient être écartés. Ainsi, dans le domaine des droits de l'homme les OMP contribuent à une amélioration légère et non négligeable de la situation des droits de l'homme. Ceci à travers leur apport dans la protection des droits de l'homme (section 1) et à travers leur promotion remarquable dans le même domaine (section 2).

SECTION 1 : L'APPORT DES OMP DANS LA PROTECTION DES DROITS DE L'HOMME

Dans le domaine de la protection des droits de l'homme, les OMP accomplissent des tâches salutaires, même si celles-ci ne satisfont pas souvent les attentes dans ce domaine. Le déploiement des OMP dans une zone de conflit a pour effet positif la diminution de l'intensité des violations des droits de l'homme (paragraphe 1), et l'amélioration de la situation humanitaire (paragraphe 2).

296 Saadia Touval, « why the UN fails », Foreign affairs, volume73 number 5, 1994, p.44-57; Tardy (T), « Le discrédit du maintien de la paix onusien », Cahiers Raoul Dandurand, Montréal, 2000

297 Jett (C), why the peace keeping fails, Palgrave, 2001, p.2

298 Entrevue confidentielle réalisée par Jocelyn Coulon, Nations Unies, New York, 4 août 2008

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PARAGRAPHE 1 : LA DIMINUTION DE L'INTENSITE DES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME

Le déploiement d'une OMP a pour effet de diminuer l'intensité des violations des droits de l'homme, ceci en raison de la présence militaire en zone de conflit (A), et à travers les activités de DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) (B).

A- La présence Onusienne : un facteur de réduction des violations des droits de l'homme

La présence des OMP sur le terrain des conflits a indubitablement un effet positif sur la situation des droits de l'homme, fusse-t-il moindre. Selon Virginia Fortna, la présence d'une OMP sur le terrain des conflits fait une grande différence et produit en général des effets positifs. L'auteure note comme effet positif, la réduction de nouvelles agressions, la prévention de l'escalade de la violence, la fourniture de dividendes de la paix, la réduction de l'incertitude et de la peur299. En un mot, puisque les violations des droits de l'homme sont souvent dues à la précarité de la situation sécuritaire, les évolutions de la situation sécuritaire à travers la présence des OMP, entraînent également une évolution de la situation des droits de l'homme. Nous présenterons donc les différentes stratégies militaires des OMP qui entrainent la réduction des violations des droits de l'homme (1) et leur mise en oeuvre par ces opérations (2).

1- L'effet dissuasif des stratégies militaires des OMP sur le terrain des conflits

La présence militaire des OMP sur le terrain des conflits revêt une importance capitale en ce qui concerne la protection des civils et par conséquent les droits de l'homme. Comme le projet du concept de DOMP/DAM le souligne, « Les opérations de maintien de la paix sont généralement la seule entité internationale chargée d'assumer un rôle direct de protection contre la violence civile. À cet égard elles ont une responsabilité unique parmi les acteurs de la protection »300 . À cause de cette

299 Page Fortna (V), Does peacekeeping work? shaping belligerents, choices after civil war, Princeton University Press, Princeton, 2008, p.2

300 Draft, DPKO/DFS, operational concept, paragraphe 16

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responsabilité, les OMP mettent sur pied des stratégies pour lutter contre la violence, cause première des graves violations des droits de l'homme.

L'exploitation de la puissance militaire pour protéger les populations civiles se fait sur les plans stratégique, opérationnel et tactique.

Sur le plan stratégique, quatre approches permettent d'arrêter les massacres : la dissuasion, la contrainte, la défensive et l'offensive. La dissuasion consiste à manipuler le comportement des cibles (ici les groupes armés perpétrant des massacres). Il s'agit pour les OMP de fixer des interdictions aux bandes armées et leur présenter les risques qui sont assorties à leur enfreinte. La contrainte quant à elle renvoie à l'usage de la menace ou d'une force limitée pour convaincre son adversaire à agir d'une façon précise généralement à une date butoir possible301. La contrainte permet de compléter la dissuasion.

La défensive et l'offensive sont des méthodes utilisées lorsque la dissuasion et la contrainte n'ont pas produit d'effets. Ces deux méthodes diffèrent de la dissuasion et de la contrainte dans la mesure où elles ne tiennent pas compte du consentement des cibles. En ce qui concerne la protection des civils, la défensive a pour ambition de sauver des victimes, tandis que l'offensive a pour ambition de causer la défaite des adversaires. Il est très rare que les OMP utilisent la méthode offensive car « il est plus facile de protéger les éventuelles victimes de la violence...qu'il ne l'est de vaincre les responsables »302.

Sur le plan opérationnel, le manuel du projet MARO (opération d'intervention en cas de massacre), identifie plusieurs approches militaires pour les opérations de protection. Il s'agit de :

? Contrôler et sécuriser une vaste région au moyen d'unités dispersées sur le terrain (saturation).

? Accorder la priorité au contrôle des lieux clés-choisis et expansion progressive vers d'autres zones (tâche d'huile).

? Créer une zone tampon entre les victimes et les auteurs de massacres (séparation).

301 Shelling (T.C), Arms and influence, New Haven,CT, Yale University Press, 1966

302 Seybolt (T-B), Humanitarian military intervention: the conditions for success and failure, Oxford University press, 2007, p.218

·

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Sécuriser les camps de personnes déplacées et autres zones à haute densité de populations vulnérables (zones sécurisées).

· Frapper ou isoler les responsables aux moyens de blocus (endiguement)

· Attaquer les dirigeants et les forces des responsables pour les empêcher de continuer les massacres (vaincre les coupables).

Sur le plan tactique, il existe de nombreuses tâches militaires qui permettent de mettre en oeuvre la protection des civils. Ces tâches ont été expérimentées dans le cadre des opérations de paix africaines. Nous allons présenter celles qui permettent une cessation ou une diminution des violations des droits de l'homme. Il s'agit :

· de contraindre les auteurs des massacres.

· d'opérations d'endiguement et de fouilles des bases des groupes armés.

· d'Intervention en cas de crise.

· d'Installation des bases dans les zones d'insécurité des civils

· d'Installation de gardes.

· de patrouilles/observations/surveillances dans les camps des personnes vulnérables.

· de suppression de barricade et de postes de contrôle illicites sur les routes des civils.

· de missions de sensibilisation des groupes armés.

· d'établissement de zones sécurisées et maintien de la sécurité à l'intérieur de celles-ci.

· de séparer les combattants de non combattants.

Telles sont donc les stratégies militaires à partir desquelles la présence des OMP diminue les violations des droits de l'homme. Nous partons maintenant montrer comment les OMP les ont mis en oeuvre.

2- La mise en oeuvre des stratégies militaires par les OMP

Dans leur déploiement, même si les OMP n'appliquent pas à la lettre les stratégies militaires que nous venons de présenter, elles mettent néanmoins en pratique certaines d'entre elles. Nous allons présenter au cas par cas comment la présence des OMP a eu un effet positif sur la situation des droits de l'homme.

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? Le conflit au Libéria

Le Libéria est l'un des pays pour lesquels la présence onusienne a eu un effet positif sur la situation sécuritaire dans l'ensemble et par ricochet sur la situation des droits de l'homme. Dans les rapports du SGNU sur la MINUL, nous pouvons nous rendre compte comment ce dernier présente l'apport positif de la MINUL au Libéria. À partir de 2006, le SGNU se dit satisfait de la situation sécuritaire stable au Libéria. Même en 2009, c'est le même constat établi sur la situation sécuritaire dans ce pays. Ces rapports présentent les actions de la MINUL sur le terrain des conflits. La MINUL est intervenue par exemple pour réprimer de violents troubles impliquant les ex-combattants dans les localités de Nimba, Grand Cape Mount, Grand Dede. Ainsi, dans un rapport de 2009303, le SGNU estime que sur le plan sécuritaire, « le Libéria est resté dans l'ensemble stable depuis le déploiement de la MINUL en 2003 ». Ce rapport poursuit en relevant que l'effet dissuasif de la MINUL a empêché des hostilités, qui auraient pu être causées par les contentieux et courants politiques. Ainsi, les autorités Libériennes et les dirigeants de la MINUL ont estimé que la mission devait encore rester dans le pays, en se retirant progressivement. La stabilité apportée par cette mission sur le plan sécuritaire a des effets positifs sur la situation des droits de l'homme. Avec le déploiement de la MINUL, les violations des droits de l'homme dues aux violences ont considérablement diminué puisque l'action de la mission dans ce domaine s'est focalisée sur la promotion dans ce domaine.

? Le conflit Ivoirien

Dans le cadre du conflit Ivoirien, l'ONUCI a été d'un apport considérable en ce qui concerne la situation des droits de l'homme. Dans le 16ème rapport du SGNU sur la mission (avril 2008), il est constaté que la situation sur le plan sécuritaire est stable dans le pays. Des rapports de la section droits de l'homme de l'ONUCI présente des actions qui ont contribué à la protection des droits de l'homme sur le terrain. Ainsi, le rapport N2 5 (janvier-avril 2006) montre comment les forces de l'ONUCI ont reçu des populations qui se trouvaient dans une menace imminente de violence physique. Ces personnes étaient au nombre de 300 et l'ONUCI leur a permis de se réfugier dans ses installations. Dans le rapport N2 6 de la même année, il est mentionné que l'ONUCI a accordé une

303 Rapport spécial du secrétaire Général sur la MINUL, 10 juin 2009

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protection à une trentaine de personnes qui se trouvaient dans la menace de leur intégrité physique. Le 29ème rapport du SGNU sur la mission présente des patrouilles exercées par la police de l'ONUCI afin d'apporter des conditions de sécurité304. Même si des cas de violation des droits de l'homme continuent d'être signalés en Côte d'Ivoire, il faut reconnaitre que la présence Onusienne a eu pour effet de diminuer leur intensité.

? Le conflit à l'est du Tchad et au nord de la RCA

Dans le conflit se déroulant à l'est du Tchad et au nord de la RCA, la MINURCAT a été d'un apport sur le plan sécuritaire et celui des droits de l'homme. Dans le rapport du SGNU datant d'octobre 2009 sur la situation à l'est du Tchad, Il se déclare satisfait des conditions de sécurité stables instaurées par la présence de Nations Unies. Cette stabilité a été le fait des patrouilles conjointes de la police de la MMINURCAT et de la police du gouvernement tchadien. En ce qui concerne la région de Vakaga, la sécurité y a régné en raison des patrouilles effectuées par l'opération à Birao et dans ses alentours afin de protéger la population contre les attaques et d'aider les populations civiles305. La MINURCAT a mené plusieurs activités militaires dans la région de l'est du Tchad et du nord de la RCA à tel point que l'ONU a estimé que la mission pouvait déjà se retirer. Sur le plan des droits de l'homme, la stabilité sur le plan sécuritaire a permis une diminution des violations massives des droits de l'homme dues aux hostilités. L'inquiétude de la division des droits de l'homme de la MINURCAT résidait au moment où la mission se retirait sur les violences sexuelles qui n'arrivaient pas à cesser.

? Le conflit en RDC

La situation des droits de l'homme en RDC est la plus préoccupante de toutes les missions de paix déployées sur le continent Africain. L'ONU a été face à des difficultés énormes dans la mise en oeuvre de ses différents mandats. Il faut reconnaitre que néanmoins les différentes missions de l'ONU en RDC ont accompli des actes salutaires pour les populations.

304 29e Rapport du SGNU sur l'ONUCI

305 Rapport du SGNU sur la MINURCAT, Octobre 2009

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La MONUC a eu à faire usage de la méthode offensive pour protéger les civils. En novembre 2006, les troupes de la MONUC ont vaincu les forces de Laurent Nkunda en employant infanterie et hélicoptères et tuant entre 200 à 400 hommes de ces troupes par l'entremise. L'intervention de la MONUC dans le domaine des droits de l'homme se heurte à une étude d'ensemble de la situation des droits de l'homme. En effet il est important de souligner que les opérations de maintien de la paix ne peuvent protéger toute la population.

La MONUSCO aussi a agi dans le sens de protéger la population contre les atrocités des conflits, surtout que l'essentiel de son mandat reposait sur la protection des civils. Le rapport du SGNU de janvier 2012 présente ces différentes activités menées par la composante militaire de la MONUSCO. Cette mission a conduit 10 opérations militaires, dont trois conjointement avec les FARDC (forces armées de la République Démocratique du Congo), visant à dissuader les groupes armés à reprendre leurs activités et à renforcer la protection des civils, notamment dans les Kivus. Dans la province orientale, la MONUSCO a également lancé une opération unilatérale et trois conjointes dont une de celles-ci était dénommée « l'opération saint Nicolas », dans le but de protéger les civils durant la période de noël (Décembre 2011). Elle a également intensifié les patrouilles pendant cette période.

D'une manière générale, la perception des missions Onusiennes en RDC se résument en « amour-haine »306. Mais de nombreux congolais disent se sentir en sécurité avec la présence Onusienne307. Après avoir montré comment la présence militaire des OMP permet d'améliorer la situation des droits de l'homme, nous allons présenter les activités de DDR comme facteur entrainant la réduction de l'intensité des violations des droits de l'homme.

306 Zeebroek (Z), « La mission des Nations Unies au Congo. Le laboratoire de paix introuvable », op.cit, p. 23

307 BERCI International, « peacekeeping operations in the Democratic Republic of Congo: The perception of the population » étude externe menée à la demande de la Peacekeeping best practices section (PBPS) des Nations Unies, novembre 2005, 20 pages

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B- Les activités de DDR comme facteur de réduction des violations des droits de l'homme.

Les opérations de DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) effectuées par les OMP marquent une fois de plus la différence de philosophie entre les OMP de première et de deuxième génération. Dans les opérations de deuxième génération qui sont celles majoritaires depuis 1990, la finalité est d'agir « sur les éléments structurels de la violence armée dans les conflits internes c'est-à-dire sur l'ensemble d'incitations à continuer la violence »308. Le rapport Brahimi chargé d'étudier les OMP dans leur ensemble proposa alors d'intégrer dans celles-ci un volet chargé du DDR. Ce n'est que depuis le début des années 2000 que les OMP ont dans leur mandat le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des combattants. Ce volet est important dans la protection des droits de l'homme dans la mesure où il permet de réduire les violations des droits de l'homme en s'attaquant au canal par lequel la violence est produite à savoir la puissance militaire. Dans les opérations de DDR le désarmement permet la réduction des violations des droits de l'homme car il permet de réduire l'intensité de la violence (1), tandis que la démobilisation et la réinsertion permettent de déstabiliser les groupes armés dans les conflits (2).

1- Le désarment comme facteur de réduction de la violence

Le désarmement fait partie aujourd'hui des éléments clés du maintien de la paix en ce que « une des missions les plus courantes confiées aux forces militaires agissant dans le cadre de l'ONU consiste à désarmer les factions, tribus ou armées rivales »309. Le désarmement correspond en dehors des activités de maintien de la paix, à la diminution du volume absolu du nombre d'armes, puissance de feu et des armements des États310. Dans le cadre des activités des OMP, l'ONU définit le désarmement comme « la collecte, le contrôle et l'enlèvement des armes de petit calibre, des munitions, des explosifs, des armes lourdes et légères des combattants et souvent de la population

308 King (CH), « Ending civil wars » in Adelphi Papers, 301, p.13

309 Loridon (M), « Maintien ou rétablissement de la paix : la phase cruciale du désarmement des belligérants » in Smouts (M-C), L'ONU et la guerre : la diplomatie Kaki, Ed Complexes, Bruxelles, 1994, p.363

310 Nguyen Quoc Dinh, Daillier (P), Pellet (A), Droit International Public, 6e édition, LGDJ, Paris, 1999, p.975

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civile »311. Dans ce sens donné par les Nations unies, le désarmement a un objectif sécuritaire à savoir « parvenir à une stabilisation de la situation par l'organisation d'une suspension, parfois uniquement temporaire, des hostilités, en application d'une tierce ou d'un cessez-le-feu, et d'empêcher leur résurgence soudaine. L'objectif est alors de geler momentanément et temporairement un conflit donné ou d'en contenir la violence dans certaines limites »312. Les armes étant considérées comme le vecteur matériel de la violence, le désarmement permet de réduire la violence des bandes armées et par là de réduire leur capacité à violer les droits de l'homme. Rappelons que les armes sont les instruments à partir desquels les groupes armés commettent les atrocités pendant les conflits. En désarment ces bandes armées, les OMP permettent de réduire les violations des droits de l'homme. En effet désarmer les groupes armés a pour effet de fragiliser leur puissance militaire et donc de diminuer leurs capacités opérationnelles de recourir à la force. Les OMP ont donc agit dans plusieurs conflits à travers leurs opérations de désarmement.

Au Libéria, la MINUL était chargée à travers la résolution 1509 du CS, de maintenir la paix et de mettre en oeuvre le programme de DDR. En ce qui concerne le désarmement des groupes armés, la MINUL est intervenue de façon efficace et cela se vérifie à travers des chiffres. En 2004 uniquement, cette opération a récupéré 20 000 armes appartenant aux groupes armés, ce qui a eu un impact positif sur la situation sécuritaire du pays, puisque le Libéria est passé à la phase de sécurité IV et la situation sécuritaire est demeurée calme313. En 2005, la MINUL a collecté et détruit 748 armes, 1390 engins non explosés, 99 980 munitions et 11 790 pièces diverses. En outre, cette mission a collecté et détruit des armes et munitions résiduelles remises volontairement ou découvertes à l'occasion des perquisitions. Ces opérations de désarment ont fait du programme de DDR au Libéria, une réussite en raison de la situation stable du pays avec la présence des Casques bleus. Cette stabilité sécuritaire due en partie aux opérations de désarmement est d'un apport significatif en ce qui concerne les droits de l'homme. Car en

311 DDR in peace operations, a retrospective, United Nations, Department of peacekeeping operations, office of rule of law and security institutions, DDR section, p.4

312 Mamadou Yaya Diallo, Les Nations Unies et la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre : défis, enjeux et perspectives, Thèse de doctorat de droit public nouveau régime, Université de Reims Champagne Ardenne, 2009, p.203

313 4e Rapport du SGNU sur la MINUL, par.50

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l'absence des violences, les violations des droits de l'homme sont considérablement réduites.

En Sierra Leone, le désarmement effectué par la MINUSIL a été l'un des plus réussis par les OMP. En 2002, date à laquelle prenait fin le désarmement en Sierra Leone, 26 000 armes ont été collectés, entrainant ainsi une stabilité de la situation sur le pan de la sécurité.

En RDC, les OMP que sont la MONUC et la MONUSCO ont participé chacune lors de leur déploiement au désarmement des bandes armées. De décembre 2004 à mars 2005, 3856 combattants (y compris 2210 enfants) ont été désarmés par les forces Onusiennes et 1 197 armes ont été collectées. En février 2005, la MONUC a effectué une opération de bouclage et de perquisition à Ariwara et désarmé 116 soldats des forces armées du peuple congolais (FAPC). Le même mois, les casques bleus ont arrêté 30 miliciens du FNI et confisqué des armes dans le village de Datule. Au mois de juin de la même année, 15 607 combattants de divers groupes armés, dont 4395 enfants ont été désarmés et 6200 armes ont été collectées. En novembre de la même année, 1000 membres des milices se sont rendus à la MONUC et ont remis 223 armes et pièces de munitions. En matière de désarmement, les OMP pratiquent une autre forme d'activité qui consiste au déminage. En effet la sécurité des populations continue souvent d'être menacée par le reste d'explosifs et les dépôts de munitions, ainsi les OMP en RDC ont déminé de grandes étendues afin de sécuriser la vie des populations. Le 10 novembre 2009, 7471 mètres carrés de terrain ont été déminés et remis aux autorités et aux collectivités locales à Motondo (Katanga) pour les projets agricoles qui devraient intéresser 2000 personnes314. Les forces de la MONUSCO sont également intervenues dans les activités de déminage. Le 28 novembre 2011, les forces de cette opération ont enlevé des restes d'explosif de guerre après une attaque menée contre des hommes armés contre un dépôt de munitions des FARDC à Lubumbashi.

En RCA, le mandat de la MINURCAT lui conférait également des missions dans le cadre du désarmement. Ici, cette mission a consisté essentiellement aux activités de déminage. En octobre 2009, tel que mentionne le rapport du SGNU sur cette mission, la MINURCAT a détruit des engins non explosés pour un total de 69, répartis de la manière

314 30e rapport du SGNU sur la MONUC, 2009.

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suivante,19 au nord, 30 au centre et 20 au sud. Jusqu'au retrait de cette mission en 2010, elle a mené des actions de déminage, en concourant ainsi à la sécurité des populations. Nous pouvons donc constater avec les activités de désarmement des OMP, que celles-ci participent dans leur déploiement à la réduction de la violence dans les zones de conflit. Toute chose qui permet de réduire les violations des droits de l'homme.

2- La démobilisation et la réinsertion des combattants comme facteur de réduction de la violence

La démobilisation et la réinsertion sont deux activités du programme de DDR qui permettent de réduire la violence dans les zones de conflit. La démobilisation consiste à fragiliser les groupes armés en diminuant leurs effectifs et en les désorganisant. Quant à la réinsertion, elle constitue l'assistance offerte aux combattants démobilisés afin de leur permettre de mener convenablement leur vie en dehors des groupes armés. Cette activité consiste dans l'octroi des biens de première nécessité aux combattants tels que la nourriture, les vêtements afin de leur permettre de retrouver une vie normale. Les OMP en Afrique ont mené plusieurs actions en ce qui concerne la démobilisation et la réinsertion, ce qui a permis de réduire la violence et de diminuer l'intensité des violations des droits de l'homme.

Au Libéria, la Présidente a officiellement mis fin au programme de DDR le 15 juillet 2009. Au total, en moins de cinq ans, près de 101 000 combattants ont été démobilisés dont 20 200 femmes, 9 000 garçons et 2 700 filles. En plus, des ex-combattants ont été engagés dans des projets de développement des infrastructures avec le soutien de la Banque mondiale et du PNUD. Ces actions ont permis de stabiliser la situation au Libéria et de permettre une amélioration de la situation des droits de l'homme.

En RDC également, les programmes de DDR ont été menés et même si la violence n'a pas réellement diminué, il faut reconnaitre que ces actions ont néanmoins empêché que la situation ne devienne plus grave. De 1999 à 2006 l'on assisté à la démobilisation de près de 39 000 combattants parmi lesquels des Rwandais, ougandais, burundais et zimbabwéens. En 2009, la MONUC a rapatrié plus de 4 000 ex combattants et leur famille de l'est de la RDC au Rwanda. Avec l'appui de la MONUC, le programme national de DDR a traité plus de 13 600 cas, dont 8080 combattants qui ont été intégrés

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dans les forces armées nationales (FARDC) et 5 530 qui ont été démobilisés. Les programmes de DDR se poursuivent en RDC, car ces tâches font partie du mandat de la MONUSCO.

Au Sud Soudan, un processus de DDR a été lancé en 2009, et en décembre de la même année, 180 000 ex combattants et membres de groupes à besoins spéciaux avaient été démobilisés dans cinq sites différents avec l'assistance de la MINUS. Tous les candidats ici avaient reçu une aide à la réinsertion, comprenant sommes d'argent, des articles non périssables et des coupons pour rations alimentaires du PAM pour une période de 3 mois.

D'après le plan stratégique de DDR du Soudan, il est prévu une démobilisation de 180000 soldats en 3 ans avec l'aide de la MINUS.

En Sierra Léone, la démobilisation et la réinsertion étaient menées par le comité national pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion avec l'appui de la MINUSIL. Ce programme a pris fin en janvier 2002 avec la fin du mandat de la MINUSIL. On a dénombré au total 72 490 belligérants démobilisés dans ce pays, ce qui a permis la stabilisation sur le plan de la sécurité et aussi en ce qui concerne les droits de l'homme.

Pour ce qui est de la Côte d'Ivoire, le processus de DDR s'est effectué en plusieurs phases. Le fait le plus marquant de ce projet ici est les 1000 microprojets financés par l'ONUCI et destinés à la réinsertion des ex-combattants afin de favoriser un environnement sécuritaire stable.

Les programmes de DDR accomplis par les OMP permettent donc de réduire la violence dans les pays en conflit et de baisser l'intensité des violations des droits de l'homme. À travers le DDR, « le déclin de la violence, tant dans son ampleur que dans son intensité, a entrainé la réduction du nombre de pertes en vies humaines et d'autres victimes de guerre : réfugiés, personnes déplacées dans leur propre pays, enfants

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soldats »315. Nous partons maintenant montrer comment à travers l'aide humanitaire les OMP participent à la protection des droits de l'homme.

PARAGRAPHE 2 : LA CONTRIBUTION DES OMP A LA PROTECTION DES DROITS DE L'HOMME A TRAVERS L'AIDE HUMANITAIRE

Comme nous l'avons démontré dans des développements de la première partie, l'aide humanitaire permet de protéger les droits de l'homme. Ainsi, en permettant le bon déroulement des opérations d'aide humanitaire, les OMP participent à la protection des droits de l'homme. Dans le cadre de l'action humanitaire, les OMP facilitent l'acheminement de l'aide (A) et concourent au bon déroulement des opérations d'aide humanitaire (B).

A- La facilitation de l'acheminement de l'aide

Dans le domaine de l'aide humanitaire, l'acheminement de cette aide occupe une place importante, car à travers elle, les populations peuvent bénéficier des soins de santé ou des biens de première nécessité. Les OMP interviennent dans cette opération par la sécurisation des convois humanitaires (1) et par le transport de l'aide (2).

1- La sécurisation des convois humanitaires

Les OMP interviennent dans la sécurisation des convois humanitaires afin que les populations vulnérables puissent bénéficier de l'aide. Cette sécurisation se manifeste par des escortes effectuées par les OMP afin que l'aide puisse parvenir aux populations sans entraves. Cette action permet de protéger les droits des populations, car à travers l'aide, celles-ci ont droit aux biens de première nécessité qui protège la dignité de la personne humaine.

En RDC, la MONUC a permis grâce à ses actions militaires de protéger les convois d'aide humanitaire. D'avril à mai 2002, elle a protégé un convoi de six bateaux humanitaires sur le fleuve Congo, transportant 1700 tonnes de denrées et autres produits

315 Mamadou Yaya Diallo, Les Nations Unies et la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre : défis, enjeux et perspectives, Thèse de doctorat de droit public nouveau régime, op.cit, p.217

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humanitaires. De juillet à octobre 2003, cette mission a escorté dans la région d'Ituri, des agents humanitaires afin de fournir de l'aide à Bunia. De même, de novembre 2003 à mars 2004, cette opération a fourni une protection militaire pour l'acheminement d'importantes fournitures humanitaires à Tubimbi (Sud-Kivu), secteur qui était largement inaccessible aux agents humanitaires depuis le début du conflit. Dans le Sud-Kivu, la MONUC a fourni l'escorte aux agents humanitaires et aux organisations non gouvernementales et a aidé à enrayer la multiplication des entraves aux opérations humanitaires316. Pendant cette période de juillet à septembre 2008, l'accès humanitaire dans les deux Kivu s'est amélioré de sorte qu'une assistance a pu être apportée aux populations vulnérables et aux populations déplacées.

Au Tchad, la MINURCAT a également participé à la protection des convois humanitaires. À la mi-décembre 2008, les opérations d'aide humanitaire ont été entravées dans la région de Sila à cause des belligérants. Suite à la sécurisation des convois, les organismes humanitaires ont repris leurs activités en janvier 2009 et ont pu accéder au camp des réfugiés d'Am Nabak qui comptait 16 000 réfugiés. Dans la région du Salamat (sud du Tchad), la MINURCAT a apporté la sécurité aux organisations humanitaires pour leur faciliter l'accès aux zones éloignées. De janvier à avril 2010, la mission a effectué en moyenne 250 missions d'escorte humanitaire par mois317. En ce qui concerne la protection des convois humanitaires, il faut dire que cette opération est présente dans les conflits où la situation humanitaire est inquiétante. C'est la raison pour laquelle les cas des OMP en RDC, RCA et au Tchad ont été présentés.

2- Le transport de l'aide humanitaire

À côté de la sécurisation des convois d'aide humanitaire, les OMP elles-mêmes participent au transport de l'aide humanitaire et ceci comme le démontrent les opérations déployées en RDC et en RCA.

La MONUC est l'opération qui s'est le plus manifestée dans cette entreprise. Du 31 juillet au 31 août 2001, elle a mené une opération désignée « Bateau de la paix » dans laquelle elle a transporté 600 tonnes de fournitures médicales de Kinshasa à Mongalu (province de l'équateur) et ramenant 900 tonnes de maïs pour être distribuées à Kinshasa.

316 26e Rapport du SGNU sur la MONUC

317 Rapport du SGNU sur la MINURCAT, 30 avril 2010

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De décembre 2002 à février 2003, les spécialistes des affaires humanitaires de cette mission ont effectué 25 missions avec des partenaires dans lesquelles la MONUC a transporté 30 tonnes de fournitures humanitaires. Il faut reconnaitre que dans bien des cas, la MONUC s'est investie dans l'acheminement de l'aide humanitaire à travers le transport de celle-ci. Un autre fait est qu'en dehors du transport de l'aide proprement dite, cette mission a fourni un soutien logistique aux différentes organisations humanitaires afin que celles-ci puissent acheminer l'aide. Ce soutien se matérialisait en fournitures d'hélicoptères et de voitures appartenant à la mission.

De même à l'est du Tchad, la MINURCAT a fourni un appui logistique aux organisations humanitaires. Dans le rapport du SGNU du 1er décembre 2010, il est mentionné que cette mission a fourni un appui logistique aux opérations humanitaires et a facilité par-là l'acheminement de 10 tonnes d'aide humanitaire aux déplacés de Loboutique. Une assistance analogue a été fournie aux missions d'évaluation humanitaires déployées à Mongoro, Kerfi, Am Timam, et des cargaisons humanitaires ont pu être envoyées dans des zones qui étaient jusque-là accessibles que par hélicoptères. À travers ces interventions dans le transport de l'aide humanitaire, il ne fait aucun doute que les OMP participent à la protection des droits de l'homme, car elles permettent aux populations vulnérables de bénéficier des biens de subsistance.

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