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La compétence suisse selon l'art. 264m al. 1 cp et le rôle de l'entraide internationale en matière pénale dans ce contexte

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par Annalena Hellmüller
Université de Fribourg - Master en droit 2014
  

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2.2.3 Code pénal militaire

Le Code pénal militaire jouait un rôle primordial en la matière. Ses articles 3 et 10 réservaient un régime de compétence universelle, mais uniquement pour les crimes de guerre. C'est sur la base de cette législation que la Suisse a pu procéder à la première condamnation à l'extérieur du Rwanda d'un criminel de guerre. Le procès contre Fulgence Niyonteze s'est ouvert devant un Tribunal militaire à Lausanne en avril 1999 sur la base des chefs d'accusation de meurtre et de crimes de guerre, mais pas pour génocide, cette incrimination ne figurant pas encore dans le droit suisse à cette époque.

En 2003, le Conseil des Etats a décidé d'ajouter à l'art. 9 aCPM un nouvel alinéa 1bis selon lequel « les personnes qui n'ont pas la nationalité suisse et qui ont commis un crime de guerre à l'étranger ne peuvent faire l'objet de poursuites pénales en Suisse que si elles se trouvent en Suisse, ont un lien étroit avec la Suisse et ne peuvent être ni extradées ni livrées à un tribunal pénal international ». L'introduction de l'exigence d'un lien étroit était la réponse politique aux problèmes survenus en Belgique suite à l'application large que faisait la législation belge de la compétence universelle36. En effet, celle-ci s'appliquait sans que l'auteur présumé ait été arrêté dans ce pays.

La condition d'un lien étroit, qui était applicable jusqu'en 2010, faisait l'objet de nombreuses critiques doctrinales, notamment de la part de Henzelin. Celui-ci a soulevé le fait que cette exigence entrait directement en conflit avec les art. 49, 50 et 146 des Conventions de Genève 1949 qui enjoignent les Etat de poursuivre ces actes sans poser cette condition. Kolb fait remarquer que cette exigence causait une série de nouveaux problèmes juridiques. Il mentionne notamment la difficulté de cerner ce qui est entendu par le terme lien étroit et le fait que cette condition va à l'encontre du but même de la compétence universelle. Cela apporterait le risque pour la Suisse de devenir un havre de tranquillité pour les auteurs présumés de crimes internationaux du fait d'avoir introduit un tel critère comme seul Etat européen. Le législateur a entendu les critiques et il n'est guère étonnant que cette condition soit tombée et qu'elle n'ait pas été reprise dans l'art. 264m37.

2.3 La compétence juridictionnelle suisse selon l'art. 264m CP

La législation précédente ayant été considérée comme trop contraignante pour réaliser une parfaite efficacité dans le combat contre l'impunité, le législateur suisse a procédé à l'adoption de l'art. 264m CP. Celui-ci est conçu comme une lex specialis par rapport à l'art. 7 CP, applicable spécifiquement à l'incrimination des crimes internationaux38.

L'art. 264m CP est une des nouveautés principales de la mise en oeuvre du Statut de Rome. Il est conçu comme le prolongement du Code pénal international (art. 3-8 CP) et plus

36 TPF 2012 97, consid. 3.3.2.

37 KOLB, p. 257s.

38 TPF 2012 97, consid. 2.3.

8

précisément de l'art. 7 al. 2 let. b. En d'autres termes, il s'agit d'une disposition qui fonde une compétence juridictionnelle suisse, à savoir une réelle compétence universelle.

Le but poursuivi était de désencombrer la compétence universelle selon l'art. 7 al 2 de quelques conditions qui la rendaient moins flexible lors de la lutte contre l'impunité. La compétence universelle selon cet article s'applique aux trois des quatre core crimes qui entrent également dans le champ d'application de la Cour pénale internationale (CPI) : les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide39. Le CP mentionne un quatrième crime, le crime d'agression (crime contre la paix) qui fait actuellement l'objet de deux amendements au Statut de Rome ; ceux-ci viennent de passer avec succès par la procédure de consultation. Hors, Conseil fédéral ne souhaite pour l'instant pas amender le droit pénal national Suisse en y insérant directement une disposition réprimant ce crime, un choix qui a été critiqué notamment par TRIAL40.

La description de la typicité de ces trois crimes est faite aux articles 264 (génocide), 264a (crimes contre l'humanité), 264c à 264h (crimes de guerre) du CP et au chapitre II du Statut de Rome.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry