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Coopération transfrontalière en Afrique de l'ouest: Enjeux et perceptions des populations burkinabè

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par Monique Bassénewindé OUEDRAOGO
Université de Ouagadougou - Master 2 de recherche en Sociologie 2012
  

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1.2.4. Les formes de coopération transfrontalière

Avant d'aborder les formes de coopération transfrontalière, il convient de noter qu'il y a plusieurs manières de classifier un phénomène d'étude. La classification peut s'effectuer en partant du degré ou de la nature du phénomène, des acteurs en jeu, des époques où se manifeste le phénomène, etc.

Dans notre cas, nous allons nous pencher sur les formes de coopération existantes pour en ressortir la différence avec la coopération transfrontalière, d'une part, puis nous allons tenter une différenciation en nous basant sur les acteurs/initiateurs de la coopération transfrontalière, d'autre part.

Sur les formes de coopération transfrontalière, la littérature n'est pas particulièrement abondante. Pour Joseph Vincent Ntuda Ebodé (2011), l'association de plusieurs Etats pour gérer dans la paix une ressource dispersée à travers plusieurs frontières héritées de la colonisation semble être la meilleure option face à une gestion unilatérale. Ce débat est d'autant capital qu'il soulève deux grands enjeux : sécuritaires et de gouvernance. Face à ces enjeux, il existe trois possibilités de gestion des ressources qui s'offrent aux acteurs concernées. Ce sont : la gestion centralisée, la gestion communautaire et la gestion coopérative. Néanmoins, « Si les deux premières renvoient d'emblée à une gestion souverainiste, tournant autour d'un seul acteur étatique, la gestion coopérative suppose au moins la présence de deux acteurs séparés par une frontière. Elle s'incarne donc soit dans le bilatéralisme, soit dans le multilatéralisme. », Joseph V. N. Ebodé (2011 : 13). C'est donc le type de gestion, bilatérale ou multilatérale, qui caractérise la coopération transfrontalière.

En outre, il est possible d'opérer une typologie en partant de l'acteur central de la coopération transfrontalière: Etats ou populations locales. Lorsque cette centralité émane des Etats, l'on parle de coopération par les Etats. C'est l'approche « juridiste » de la science politique dont parle Coulon (1972), cité par Jean Copans (2001), où l'Etat prend une couleur « bourgeoise ». Dans cette optique, l'engagement politique apparaît crucial pour démarrer une coopération transfrontalière, car il faut baliser tout l'arsenal juridique : chartes, traités, etc. Cependant, cette approche classique qui consiste à privilégier le chenal supranational est battue en brèche par les défenseurs de la « politique par le bas ». Ainsi, Jean Copans (2001) écrit que, sous l'instigation de Jean François Bayart qui a fondé la revue Politique africaine en 1981, un courant est apparu et a fait rentrer la vie sociale et culturelle par la porte tout en faisant sortir l'analyse administrative, mais aussi l'histoire politique, événementielle et biographique par la fenêtre21(*). En termes clairs, le « trop d'Etat » a obligé à concevoir le dégraissage22(*) de la machine « pléthorique » de l'appareil d'Etat. La cause, l'Etat n'a pas réussi la mission à lui assignée. S'il a su souvent assurer le rôle de l'Etat gendarme, il n'a pas été le démiurge tant attendu du développement. Dans la même logique, Jean François Médard (1990), écrit que, trente ans après les indépendances, le bilan en Afrique révèle un double échec au niveau du développement et au niveau de l'Etat. Il avance que l'Etat africain est un paradoxe : il est « fort » car autoritaire et reposant largement sur l'arbitraire et la violence exercée hors de tout cadre légal ; et « mou » car cet absolutisme ne va pas de pair avec une telle inefficacité que cet Etat fort est en réalité largement impuissant, malgré sa capacité de nuisance : il est incapable de traduire les objectifs qu'il se donne en politique effective. Alors, face à ce qui paraît être une impasse, Jean François Médard (1990) propose sans langue de bois, de repenser l'Etat et le développement. Et puisqu'il n'est pas réaliste d'en finir avec l'Etat, il faut le « dégraisser », en faisant du « moins d'Etat ». Cette vision est entérinée par Guy Bajoit (1997). Dans une interview publiée dans la revue Antipodes, il propose de « repenser le développement », loin du régime de pensée unique, favorisé par la mondialisation, laquelle tend à uniformiser les façons de penser l'avenir des sociétés. Pour lui, le développement n'est plus à appréhender comme un processus de changement social, mais comme un mode de fonctionnement de la société, qui résout efficacement les problèmes que pose la vie collective, tout en se conformant aux exigences éthiques des Droits de l'Homme. Dans la même perspective, l'étude de Enda Diapol (2007) estime que si l'approche normative a permis à la CEDEAO et à l'UEMOA d'engranger des progrès dans les domaines économique et monétaire, force est de constater que les avancées n'ont pas été traduites en comportements et pratiques sur le terrain. D'où l'intérêt croissant pour les dynamiques locales reconnues sous des appellations diverses : « pays-frontières », « espaces de proximité », « zones de solidarité », « couloirs de développement », « zones naturelles d'intégration ». C'est en cela que la forme de coopération transfrontalière d'initiative endogène suscite de l'intérêt pour les chercheurs en sciences sociales, tout comme les domaines de coopération. Et pour preuve, avant que les Etats ne formalisent les formes de coopération transfrontalières existantes, les vraies initiatrices de cette forme endogène de coopération, ce sont les populations locales. Ce sont elles qui on tracé les routes de l'intégration par les pieds nus avant que les Etats ne viennent les relier par l'asphalte, en goudronnant les routes, les autoroutes, en construisant les ponts et les échangeurs. C'est le cas de la filière cola qui a façonné les relations transfrontalières entre la Côte d'Ivoire, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal, le Nigéria depuis des temps anciens, à partir de grands centres d'approvisionnement tels que Bouaké dans la région Baoulé et Anyama à la porte du pays Aké au sud-est de la Côte d'Ivoire et qui fait figure de la capitale actuelle de la cola (Jérôme Aloko N'Guessan, 2000 : 26).

* 21 Jean Copans (2001)

* 22 Jean Copans (2001) parle de « dépérissement de l'Etat ».

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway