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Dadaab, un refuge

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par Alexander BEE
Université Paris 8 - Master I 2013
  

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2. Implication du Kenya dans la guerre en Somalie

Après les élections présidentielles de 2007 au Kenya, le pays a vu, dans l'année suivante, de fortes et sanglantes répressions. On dénombre 1300 morts et 300 000 personnes95(*) qui se sont réfugiés au sein de leur clan. Ces violences, notamment dues à des tensions ethniques qui datent d'avant l'époque de l'indépendance ont mis à mal le tourisme dans le pays. Il peut sembler dérisoire de parler de tourisme face à tant de morts et de déplacés mais le tourisme est la deuxième source de revenu du pays. Les pertes furent donc très importantes et justifieront les implications du Kenya dans le conflit en Somalie.

Le 13 octobre 2011, deux employés de MSF (Médecins sans frontière) ont été enlevés à Dadaab par un groupe d'hommes armés et directement emmenés en Somalie. À cela s'ajoutent deux touristes, la française Marie Dedieu et la britannique Judith Tebbutt, qui furent enlevés peu avant, le 1er octobre et le 11 septembre.

Le Kenya a choisit d'affirmer que ces enlèvements étaient le fruit du groupe islamiste Al-Shabaab, considéré comme organisation terroriste par plusieurs pays dont les Etats-Unis.

Cependant, le Kenya n'était jamais intervenue militairement en Somalie et les Shabaab jamais au Kenya. Il y a plusieurs raisons à cela. D'un coté, au Kenya, il y a une grande communauté Somali auxquels s'ajoutent tous les réfugiés et ce, notamment, à Nairobi. Donc le risque d'importation du conflit restait trop élevé. De l'autre coté, les Shabaab n'ont pas attaqué le Kenya car ils se servaient (et se servent certainement toujours) du territoire et des camps de réfugiés comme base arrière de leurs opérations qui leur permet de soigner et de recruter de nouveaux soldats.

L'enlèvement porte un grave coup à l'attraction internationale du pays comme lieu touristique privilégié qui s'ajoute à celui déjà subit en 2008 après les élections présidentielles.

D'autre part, les Shebaabs ne cessaient de perdre du terrain en Somalie pendant les 6 mois qui ont précédés les enlèvements. Ils ont été forcés de fuir Mogadiscio et, dans le Sud du pays se créer des poches anti-Shabaabs96(*). Étant affaiblis, ils représentaient une proie plus facile qu'avant qui justifia une intervention militaire dont le but, en collaboration avec les Etats-Unis et les pays de la région (dont l'État officiel somalien), était d'infliger le coup de grâce aux Shabaabs.

Ainsi, prenant prétexte de ces nouveaux enlèvements de touristes, le 16 octobre 2011 débute l'opération militaire kenyane Linda Nchi (protéger le pays). Ses objectifs sont d'éliminer la menace d'Al-Shabaab sur la sécurité nationale du pays en nettoyant le Sud de la Somalie jusqu'à la rivière Juba et prendre la ville côtière de Kismayo (véritable bastion du mouvement terroriste). L'objectif final est d'établir une zone tampon d'une centaine de kilomètres qui limiterait les actions des Shabaabs tout en permettant de désengorger les camps de réfugiés de Dadaab en les réexpédiant en Somalie97(*).

L'opération Linda Nchi, bien qu'aux pourtours parfaitement honnêtes (opérations de légitime défense face à des attaques terroriste qui compromettent la sécurité nationale) cache des intentions plus intéressées. Le but de l'opération est de créer une région autonome, voire sécessionniste au sud de la Somalie pour en confier la gouvernance à un allié local.

Dans son projet de ``Kenya vision 2030'', le pays cherche à générer du capital sur l'indépendance du Sud-Soudan. Dans ce projet, le Kenya souhaite bâtir un réseau d'infrastructures routières, ferrées et énergétiques depuis la zone côtière de Lamu et reliant l'Éthiopie et le Sud-Soudan. Il faut ajouter à cela le projet de construction d'un terminal d'hydrocarbure dans le port de Lamu qui servirait à évacuer le pétrole du Sud-Soudan.

Comme nous le savons déjà, la région Nord-Est du Kenya, où se planifient ces projets, est très instable avec une forte population Somali dont le risque court toujours qu'elle collabore avec Al-Shabaab. Il est donc tout naturel que le Kenya cherche à stabiliser la région et à porter un certain contrôle sur le Sud de la Somalie98(*).

La ``guerre'', ou plutôt l'intervention militaire du Kenya en Somalie est, à l'heure actuelle, toujours en cours. Ce qui nous intéresse ici ce sont les réactions kenyanes face aux représailles d'Al-Shabaab.

En amenant une intervention militaire sur le sol somalien, les Kenyans ont été mis en garde que des représailles se perpétueraient sur leurs terres. Dans un email envoyé à différends médias, Al-Shabaab démentait formellement son implication dans l'enlèvement des touristes... Et mettait, d'autre part en garde le Kenya de ``conséquences graves'' sur la population. Bashir Rage, porte parole du groupe terroriste, déclarait à Mogadiscio peu de temps après « nous viendrons au Kenya si vous (les troupes kenyanes) ne retournez pas en arrière. (...) ne laissez pas le feu de la guerre venir embraser votre propre pays »99(*).

Les années qui suivirent et qui continues encore aujourd'hui ont été le théâtre de maints attentats sanglants dont le plus ``spectaculaire'' reste encore celui de westgate shopping mall le 22 septembre 2013 à Nairobi qui fit près de 70 victimes civiles.

* 95 Gérard Prunier, Terrorisme somalien, malaise kenyan, Le monde diplomatique, novembre 2013

* 96 Jean-Philippe Rémy, Le Kenya entre dans la guerre en Somalie, Le monde, 18 octobre 2011

* 97 Romain Lalane, le Kenya en Somalie : les raisons d'une intervention risquée, Le nouvel observateur, 30 décembre 2011

* 98 L'opération militaire avait d'ailleurs été préparée bien avant l'enlèvement des touristes. On peut retracer les débuts du plan d'intervention à 2010

* 99 Jean-Philippe Rémy, Le Kenya entre dans la guerre en Somalie, Le monde, 18 octobre 2011

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