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Dadaab, un refuge

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par Alexander BEE
Université Paris 8 - Master I 2013
  

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3. Solution du gouvernement face aux réfugiés : endiguement des populations, histoire en cours d'écriture.

Face à ces attentats terroristes deux choses se passent alors. D'abord, le président kenyan Uhuru Kenyatta, accusé de crime contre l'humanité par la cour pénale internationale suite à sa participation présumée dans les violences qui ont suivi les élections de 2007 a vu sa situation nettement s'améliorer. Face aux attentats terribles, il voit son ``statut'' passer de suspect de crime contre l'humanité à garant de la légalité internationale et d'agent de lutte contre la menace terroriste100(*).

Ce point est très important car il va déterminer la position que va adopter le Kenya vis-à-vis de ses réfugiés Somaliens.

Le 25 mars 2014, après différends nouveaux attentats notamment un homme armé qui a ouvert le feu dans une église le 23 mars faisant six victimes, le gouvernement a ordonné à tous les réfugiés présent sur le territoire de rejoindre les deux camps restant ouvert de Dadaab et Kakuma.

Ceux-ci, déjà pleins (Dadaab abrite un demi million de personnes et Kakuma 140 000), vont devoir accueillir les 1,1 million de réfugiés supplémentaires disséminés à travers le territoire.

L'ordre de retour a été donné par le Ministre de l'intérieur Joseph Ole Lenku dans le but de mettre fin aux attaques des militants islamistes d'Al-shabaab, invoquant des ``défis urgents de sécurité''.

Il a déclaré : « all refugees residing outside the designated refugee camps of Kakuma and Dadaab are herby directed to return to their respective camps with immediate effect (...) anyone who flouted the direction would be prosecuted »101(*). Cette directive s'est accompagnée de la fermeture des centres d'enregistrements des réfugiés de Nairobi et de Mombassa. Le gouvernement a appelé tous les kenyans à dénoncer et à rapporter à la police tout réfugié qui ne se plierait pas à cet ordre.

Sans rentrer dans les abus au niveau des droits de l'homme qu'une telle situation risque d'entrainer, on peut noter que beaucoup de ces réfugiés qui vivent en dehors des camps sont en situation régulière car ils peuvent nécessiter des écoles spécialisée ou des soins particuliers qu'on ne trouve pas dans les camps.

Cette crise évoque bien entendu l'endiguement des populations Somali dans les camps, même si le gouvernement se défend de traiter une nationalité à part, disant que cette directive concerne l'ensemble des réfugiés, toutes nationalités confondues. Au-delà de la politique d'endiguement dont sont victimes les Somali depuis leur arrivée sur le territoire kenyan, on peut noter que prendre prétexte d'attentats terroristes commis par un petit groupe de personnes pour rassembler tous les réfugiés sous une même catégorie -un terroriste et une menace potentiel- témoigne de manière éloquente, si ce n'est de la politique menée depuis toutes ces années par le gouvernement vis-à-vis des réfugiés, sinon de leur incompétence pour régler un problème grave de sécurité intérieure. Et cela bien qu'il soit tout-à-fait légitime de blâmer Al-Shabaab pour ces attaques, étant donné qu'il revendique directement la plupart, et que, bien sûr, des insurgés, membres de ce groupe terroriste, se cachent parmi les réfugiés.

Human rights watch s'inquiète déjà de la protection des droits de l'homme de ces populations déplacées102(*) et craint d'autre part que de telles mesures répressives d'endiguements amènent à un effet contraire à celui souhaité, à savoir des représailles encore plus grandes en provenance d'Al-Shabaab qui voit ses ``frères'' se faire ``emprisonner''.

Sur les réseaux sociaux tenus par l'UNHCR à Dadaab on peut voir tous les jours des portraits de familles séparées, la femme et les enfants à Dadaab et le père à Kakuma. Les faires se rejoindre devient très compliqué...

La situation évolue tous les jours et témoigne de la complexité du ``problème'' des réfugiés Somali au Kenya. Prendre excuse d'une potentielle menace terroriste pour renvoyer tous les réfugiés dans les camps semble apparaître comme une opportunité de pouvoir garder un contrôle accru sur une population indésirable plutôt que comme un véritable remède aux représailles terroristes. On peut se demander si la manière employée, c'est-à-dire le statut prima facie, n'est pas en cause dans la politique menée aujourd'hui. Si le gouvernement avait créé les statuts sur une base individuelle, en passant par des entretiens, il aurait peut être pu déterminer avec plus de précision les motivations de certains de ces réfugiés, trouver ceux d'entre eux qui représentent une potentielle menace et ne pas faire subir à la grande majorité restante une pression encore plus forte.

* 100 Gérard Prunier, Terrorisme somalien, malaise kenyan, Le monde diplomatique, novembre 2013

* 101 James Macharia, Kenya orders Somali refugees back to camps after attacks, Reuters, 25 mars 2014

* 102 En janvier 2013, HRW avait condamné une volonté du gouvernement de rapatrier 100 000 réfugiés vivant dans les grandes aires urbaines vers les camps.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry