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Croissance et mutations du système financier au cameroun

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par Yves Lionel MEFO'O NGO'O
Université de Yaoundé II - Master Professionnel II en Relations Internationales 2012
  

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Introduction

L'étude de la croissance des pays industriels a permis de prendre conscience de la relation étroite, on pourrait dire du lien causal fort existant entre le trend ascendant de l'économie et, le développement de l'intermédiation financière. Comme le relève Bekolo-Ebé (2002), tout au long du XXème siècle, l'expansion des entreprises s'accompagne d'une forte expansion des marchés financiers et d'un développement particulièrement rapide des institutions financières, notamment s'agissant de la multinationalisation des entreprises, l'internationalisation du capital productif et marchant allant de pair avec l'internationalisation du capital financier. Ainsi, en favorisant une allocation plus efficace des capitaux, les mutations financières ont sans conteste contribué à rendre le fonctionnement des systèmes bancaires et financiers internationaux plus efficients (Demartini, 2004). Comme un "effet de caillou dans l'eau", les mutations financières internationales ont affecté les circuits de financement de l'économie camerounaise, à l'initiative des pouvoirs publics soucieux de rendre leur économie plus dynamique. La plupart des études, théoriques comme empiriques, qui montrent le rôle primordial du secteur financier dans la croissance, concluent que le développement inadéquat du système financier peut constituer un obstacle à la croissance et que sa réforme, consistant à développer des mécanismes de marché, doit être considérée comme prioritaire. Ces travaux ont été à la base de la vague de la libéralisation financière en Amérique latine et dans d'autres pays en développement dans les années soixante-dix. Les chocs extérieurs auxquels ont été soumis les pays de la Cemac au début des années quatre-vingt (bouleversement des conditions financières internationales et des termes de l'échange) ont donné une certaine impulsion à des réformes de leurs structures financières.

L'ensemble des mesures ainsi adoptées par les autorités, a eu une incidence sur le système financier. Il convient dès lors de mesurer cet impact par une évaluation de la compétitivité financière du système bancaire (section I), ainsi que celle de la politique de crédit entre 1972 et 1990 puis de 1990 à 2012 (section II).

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Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

SECTION I : EVALUATION DE LA COMPETITIVITE FINANCIERE DU SYSTEME

BANCAIRE.

Le lien entre finance et croissance économique renvoie à la question de la répression financière. Selon ces analyses, le maintien de taux d'intérêt bas et plus généralement de l'ensemble des interventions publiques visant à réprimer l'activité bancaire ne permettent pas d'atteindre le taux de croissance optimal de l'économie. La thèse de la libéralisation financière35 s'oppose à celle de la répression financière. Elle a été introduite en économie par des auteurs tels que McKinnon (1973) et Shaw (1973) ; puis elle a été prolongée notamment par Fry (1982, 1988). Selon les défenseurs de la libéralisation financière, la répression financière renvoie à une économie dont l'activité est profondément lésée par des interventions strictes et stérilisantes du gouvernement sur les flux nationaux et internationaux de capitaux. C'est alors que la notion d' « économies financièrement réprimées » a été introduite par McKinnon et Shaw pour caractériser des pays en développement, en l'occurrence, dans lesquels le gouvernement contrôle le système bancaire et joue un rôle important dans l'allocation du crédit, par l'intermédiaire du maintien de taux d'intérêt négatifs en termes réels, de taux bonifiés pour les secteurs prioritaires, et de réserves obligatoires élevées. A travers l'utilisation de ces instruments, les autorités monétaires perturbent les prix relatifs et l'allocation des ressources. C'est ce qui fera dire à King et Levine (1993) que « la répression financière réduit les services fournis par le système financier aux épargnants, entrepreneurs et producteurs : elle étouffe, de ce fait l'activité novatrice et ralentit la croissance économique ».

Considérée comme un instrument de réforme structurelle, la libéralisation financière a trouvé ses principaux soutiens auprès des institutions financières internationales. Aussi bien le FMI que la Banque Mondiale, qui souhaitent favoriser la réduction de l'intervention des autorités publiques dans le financement, ont trouvé dans cette thèse une justification de leurs actions. La libéralisation financière améliorerait les incitations des banques, des actionnaires, et des créditeurs et conduirait à développer un comportement concurrentiel de recherche de profit. Les banques, soumises aux contraintes du marché, émettraient des titres sur le marché financier international, ce qui permettrait d'accroître directement les fonds alloués aux promoteurs de projets favorables au développement. Dans cette approche orthodoxe de la libéralisation financière, cet

35Deux thèses concurrentes s'affrontent sur le concept de libéralisation. D'un côté, les défenseurs de la libéralisation financière (McKinnon et Shaw) qui estiment que la libéralisation financière est un moyen efficace pour accélérer la croissance économique des pays en développement ; de l'autre, les néo-structuralistes (Taylor et Winjbergen), qui contestent le bien-fondé de cette politique.

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Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

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ensemble de mécanismes est supposé favoriser une plus grande efficience économique en termes de concurrence des services financiers, de réduction de leurs coûts, d'amélioration de leur qualité et d'innovations. Ces services financiers amélioreront le bien-être des ménages, la productivité et la compétitivité des entreprises en favorisant le crédit, qui lui-même permettra permettant l'investissement. Ils permettront de transformer les actifs liquides en illiquides avec mutualisation et transformation des risques. Cependant, dans le contexte d'une zone ou d'un pays en régime de répression monétaire, il y a de fortes chances que ce soit le résultat inverse qui soit observé. Tel est actuellement le cas des pays de la zone CEMAC. Développée par Tchundjang Pouemi (1980) dans une excellente contribution à la pensée économique contemporaine, « Monnaie, Servitude et Liberté », la théorie de la répression monétaire trouve dans la monnaie la principale source des difficultés économiques et sociales des pays africains. Ainsi, selon Tchundjang Pouemi, « les problèmes économiques et sociaux sont, à l'heure actuelle, en Afrique, d'abord monétaires (p. 15) ». Il élabore les fondations théoriques de la critique des institutions et des normes monétaires et bancaires dominées par l'étranger. Partant de la distinction entre monnaie vide et monnaie pleine, il montre pourquoi la création de monnaie par une banque étrangère ne doit pas être présentée comme un apport nouveau de crédits ; le rappel des liaisons entre ouverture de crédits et création monétaire permet de comprendre l'ampleur de la dépendance d'un développement dont le financement reste dominé par les institutions, les normes et les pratiques professionnelles étrangères. La distinction entre monnaie, bien vide et monnaie pleine permet en outre à l'auteur de montrer en quoi «la monnaie précède la production qui la remplit, et non l'inverse ».

Publié au tout début des années quatre-vingt, bien avant le vent de la libéralisation financière sur l'Afrique, les enseignements de « Monnaie, Servitude et Liberté » constituent à l'heure actuelle une référence absolue pour comprendre le paradoxe de surliquidité actuelle de la zone CEMAC. Ceci est particulièrement vrai surtout lorsqu'on lit les propos suivants tenus par un banquier camerounais, qui de plus est professeur d'économie à l'université, « ...lorsque nous regardons le montage d'un dossier, nous partons des résultats des entreprises. On fait un traitement qui nous permet de savoir s'il y a une pérennité de la société sur les concours qu'elle sollicite. Nous tenons compte aussi de nos relations avec la clientèle. Dans tous les cas, nous prenons toutes nos dispositions pour éviter de retomber dans la situation d'il y a une dizaine d'années. En somme, tant que les garanties proposées pour le recouvrement du crédit ne sont pas bien identifiées, on ne peut pas octroyer le crédit. La banque ne fabrique pas de l'argent ; elle n'est qu'un intermédiaire, elle

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

collecte l'épargne des Camerounais et la place dans des mains sures »36. Ces propos sont particulièrement intéressants. Ils permettent de comprendre la place qu'occupent les banques dans le financement de l'économie camerounaise : celle de simples intermédiaires financiers. Cette affirmation est d'autant plus intéressante qu'elle vient d'un universitaire.

La compétitivité financière du système bancaire camerounais s'apprécie à travers le respect des normes prudentielles édictées par la COBAC (1) et les indicateurs de rentabilité (2).

I.1-REFORMES FINANCIERES ET RESPECT DES NORMES PRUDENTIELLES:

Le dispositif prudentiel mis en place par la COBAC depuis 1993 sert d'instrument privilégié de la surveillance des banques de l'ensemble de la sous-région Afrique centrale, en matière des garanties de solvabilité et de liquidité. L'objectif visé étant de sécuriser les dépôts et de veiller à une gestion optimale des crédits. Les banques sur lesquelles portera cette évaluation sont celles qui ont été en activité au Cameroun entre l'exercice 1995/1996 (période de mise en place de la deuxième génération des réformes) et l'exercice 1998/199937. Elles seront appréciées d'une part par rapport au respect des normes de solvabilité et d'autre part par rapport au respect des normes de liquidité.

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