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Piraterie ou contrefaçon des oeuvres musicales: facteurs explicatifs, modes opératoires et impact sur les artistes-musiciens à  Yaoundé

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par Joel Christian NKENG à NKENG
Université de Yaoundé 1 - Master 2 en Sociologie 2010
  

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I.2.3- La piraterie des signaux de radiodiffusion et la piraterie par câble

Il y a quelques années, apparaissait au Cameroun, le phénomène de la câblodistribution. Il s'agit là d'un mode de distribution des images Tv dans les ménages, qui permet aux abonnés de recevoir sur leurs petits écrans et à peu de frais, des images de nombreuses chaînes de télévision étrangères. Alors qu'on était encore à se réjouir de cette prouesse technologique et de cette ingéniosité de certains câblodistributeurs, de nombreuses dérives ont été signalées dans cette nouvelle manière de faire. En effet, il est reproché aux câblodistributeurs, dont le rôle est exclusivement de distribuer des images Tv, de s'être tous versés aujourd'hui dans la production. Ils font de la télévision sans avoir reçu au préalable l'autorisation des autorités compétentes. Inter Tv, Tv câble, Net pictures, scaviex, etc. sont autant de chaînes de télévision créées et diffusées par les sociétés de câblodistribution à Yaoundé. Leur programmation est ``colorée'', pour parler ici dans leur jargon : récitals de musique, films, documentaires, feuilletons, sont proposés aux abonnés, quelquefois à la demande de ces derniers. Ainsi, créer sa propre chaîne de télévision sur un bouquet est devenu un phénomène de mode chez les câblodistributeurs.

Toutefois, il faut relever que tous ces programmes diffusés, ou tout au moins, la plupart de ceux-ci proviennent des CD pirates, achetés généralement en bordure de route. Certains câbleurs acquièrent des CD d'émissions, de documentaires et autres téléfilms, avec l'aide des techniciens exerçant dans des chaînes de télévision locales. Certains vont jusqu'à filmer des concerts de musiques et les diffuser au lendemain de ceux-ci.

II- LES PRATIQUES DE L'ACTIVITE

II.1- Localisation de la piraterie à Yaoundé 

Un tour dans les rues, les bars, les restaurants, les établissements scolaires, les églises, les hôpitaux, les domiciles privés, les administrations et autres lieux publics les marchés de la ville de Yaoundé, permet de juger de l'ampleur du phénomène de la piraterie des oeuvres musicales, dont la visibilité est manifeste. Les CD et DVD pirates d'artistes camerounais et étrangers ont envahi le marché du disque. Ils sont vendus partout et aucun espace n'échappe à cette réalité. Le centre ville de Yaoundé est le lieu de prédilection des pirates, car le marché central était la principale source des pirates, jusqu'à il y a quelques mois. C'est dans ce marché que des cartons de CD étaient nuitamment débarqués des camions par des grossistes en provenance de Douala. Au petit matin, les revendeurs venaient s'approvisionner et envahissaient les artères de la ville avec leur marchandise.

Aux alentours de la poste centrale (Avenue Kennedy, Cathédrale, Marché central, montée SNI, Ministères, etc.), les CD sont mis en exergue sur des étals.

http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=4702

http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=4702Photo 1  Photo 2  Photo 3 

Photo 1 : Un étal de CD devant la Cathédrale de Yaoundé

Photo 2 : Un étal de CD devant un magasin de Yaoundé

Photo 3 : Un vendeur ambulant de CD pirates au quartier Nkol Eton à Yaoundé

Source : Nos enquêtes sur le terrain.

Le client n'a pas besoin de marchander, car les prix sont écrits au sol. Les CD sont vendus à la modique somme 250 francs pour certains et 300 francs pour d'autres. L'on peut constater qu'aujourd'hui, les prix ont chuté. Il y a moins d'un an (juin 2009) que les CD pirates étaient vendus à 500 francs. Chamberlain NGNINTEDEM, un grossiste de CD pirates depuis huit ans et faisant partie de notre échantillon, affirme qu'au départ les CD pirates étaient vendus au prix de 1500 ou 2000 francs. « J'achetais les CD ``Singapour'' aux grossistes qui venaient du Nigeria à 750 francs la pièce. Je livrais les CD à 1000 francs aux revendeurs qui les plaçaient à 1500 francs ou 2000 francs », se souvient-il, nostalgique. Mais, notre interlocuteur poursuit en disant que cette époque est révolue, car aujourd'hui la marge bénéficiaire des vendeurs de CD a considérablement baissé. Selon lui, « il n'y a que 50 ou 100 francs de bénéfice par CD vendu. Je suis obligé de venir vendre moi-même les CD en détail à 300 francs pour avoir un bénéfice acceptable, car je livre ces CD aux revendeurs à 200 francs ». Cette baisse abrupte des prix du matériel d'enregistrement des CD et autres supports vierges en a fait des produits "grand public", donnant lieu à une recrudescence d'actes de reproduction et de mise à disposition illicites. Selon notre interlocuteur : « Il y a un graveur qu'on appelle ``Turbo'' qui permet de graver 100 CD à la fois en trente minutes. Il coûte 300 000 francs et beaucoup de personnes aujourd'hui au Cameroun en possèdent. C'est pour cela que le prix du CD a baissé ». Les CD pirates sont vendus aux détaillants par carton. Un carton contient exactement 200 CD et coûte 30 000 frs. Ce qui revient à dire que le prix de revient du CD est de 150 frs la pièce.

Au centre ville, ainsi que dans les grands carrefours de Yaoundé, les vendeurs sont en perpétuel sursis en raison du coup de force mené en ce moment par la Communauté urbaine. Ce n'est qu'à partir de 18 heures que les vendeurs peuvent commencer leur activité. « TSIMI EVOUNA nous fait dur ! Il n'y a que les dimanches que nous pouvons vendre ici en journée, car la police veille à ce que aucune marchandise ne soit exposée à la poste centrale », soutient Dieunedort KAMDEM, un vendeur ambulant de CD.

En ce qui concerne le téléchargement des sons et sonneries, il est également très visible à Yaoundé. A tous les coins de la rue, on remarque une multitude de pancartes sur lesquelles on peut lire : « téléchargement de sons et sonneries ». Il s'agit du transfert de musique ou de vidéo, d'un support à un autre. Ce transfert du vendeur au client n'est pas gratuit, car il faut débourser la somme de 50 ou 100 francs pour une musique, et 150 ou 200 francs pour une vidéo. A l'aide de cordon et autres câbles de connexion, le pirate connecte votre périphérique à son ordinateur et y fixe la chanson, l'image ou la vidéo demandée.

Photo 4  Photo 5

Photo 4 : Pancarte indiquant un lieu de téléchargement des sons au centre ville de Yaoundé 

Photo 5 : Pancarte indiquant un lieu de téléchargement des sons au quartier Ngoa-Ekelle à Yaoundé 

Source : Notre enquête sur le terrain

 

Quant à la piraterie des signaux, elle se vit quotidiennement, à travers les images que les câblodistributeurs donnent à leurs nombreux abonnés. Tous les quartiers de la ville sont desservis. Les nombreux fils enchevêtrés entre eux le long des rues, et souvent maladroitement mêlés à ceux du courant électrique ou à ceux du téléphone en sont une parfaite illustration. Parfois, ils sont suspendus sur des arbres, des toitures ou tout autre support de fortune. Etre « câblé » semble devenu une mode aujourd'hui. Au regard des programmes que les câbleurs proposent à leurs téléspectateurs, leurs chaînes sont parmi les plus prisées, car les clients peuvent même aller jusqu'à commander des films, des documentaires et mêmes des musiques auprès de leurs distributeurs.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle