WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Piraterie ou contrefaçon des oeuvres musicales: facteurs explicatifs, modes opératoires et impact sur les artistes-musiciens à  Yaoundé

( Télécharger le fichier original )
par Joel Christian NKENG à NKENG
Université de Yaoundé 1 - Master 2 en Sociologie 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.1.1- Initiatives prises par l'Etat

L'Etat camerounais, à travers son ministère de la Culture, a entrepris de prêter main forte aux artistes dans leur combat contre la piraterie. Le Décret n°2005/177 du 27 mai 2005 organise les missions du Ministère de la Culture. Il a pour missions, entre autres, d'élaborer, de mettre en oeuvre et d'évaluer la politique du gouvernement en matière de promotion et de développement culturel, ainsi que de l'intégration nationale. A ce titre, la lutte contre la piraterie incombe au premier chef à ce département ministériel, car la promotion et le développement de la culture nationale ne sont possibles que dans un environnement sain ; ce qui n'est pas encore le cas au Cameroun.

Pour marquer son engagement en faveur de la lutte contre la piraterie, le ministère de la Culture a créé un Comité national de lutte contre la piraterie qui a pour vocation de définir les actions à mener, afin de freiner la persistance de ce phénomène et surtout d'utiliser les moyens de l'Etat pour mener ce combat qui n'est pas du tout facile. Aussi, a-t-on souvent vu ce comité s'investir aux côtés des artistes sur le terrain. Toutefois, il faut reconnaître que l'action du Comité national de lutte contre la piraterie n'est pas satisfaisante jusqu'ici. On entend à peine parler de lui, sinon généralement pour dénoncer son inertie. C'est pour cette raison que certaines initiatives sont prises par les artistes eux-mêmes, pour venir à bout du phénomène.

II.1.2- initiatives prises par les artistes-musiciens

Le constat parle de lui-même : la piraterie des oeuvres musicales a déjà atteint des proportions inquiétantes. Dans les rues de Yaoundé, les CD de contrefaçon se vendent sans aucune restriction des pouvoirs publics. Fort de cela, la loi camerounaise dit clairement en son article 2 que tout artiste ou groupe d'artistes ou ayant-droits, peuvent se plaindre si leurs intérêts sont menacés ou en passe de l'être. Dans le cas d'espèce, il n'y a qu'une seule structure réglementaire au niveau de l'Etat camerounais et reconnue officiellement, qui lutte contre la piraterie. Cette structure est le Comité national de lutte contre la piraterie qui est sous la tutelle du ministère de la culture. Les responsables de la société de gestion collective des droits d'auteur ont donc invité les artistes eux- mêmes à prendre résolument en main leur destin, par des actions concertées pour venir à bout de cette gangrène qui les clochardise au fil du temps. Il est question pour ces artistes de rehausser l'image de la musique camerounaise. Aussi, organise-t-ils régulièrement au siège de la SOCAM à Bastos, des réunions pour trouver des voies et moyens susceptibles d'éradiquer ce phénomène Au cours d'un point de presse accordé par la PCA de la SOCAM, Odile NGASKA déclare que : « la piraterie est un fléau ; il faut lutter main dans la main avec les associations, les syndicats et les pouvoir publics pour pouvoir l'éradiquer ».
L'action des artistes-musiciens porte prioritairement sur la téméraire décision d'aller affronter les pirates dans la rue, à travers des descentes sur le terrain. Cette action est à mettre à l'actif des Brigades de répression mises sur pied par le Comité musical de lutte contre la piraterie (CMLCP), une ONG dirigée par l'artiste-musicien PAPILLON. Ces descentes musclées conduisent à des saisies et même à la destruction d'oeuvres pirates. Toutefois, au regard des dispositions de la loi de 2000, il faut dire que de telles actions sont illégitimes, car l'article 81 en son alinéa 1 dispose que :

Lorsque leurs droits sont violés ou menacés de l'être, les personnes physiques ou morales ou leurs ayants droit ou ayant cause, titulaires des droits visés par la présente loi, peuvent requérir un officier judiciaire ou un huissier de justice pour constater les infractions et au besoin, saisir, sur autorisation du Procureur de la République ou du juge compétent, les exemplaires contrefaisants, les exemplaires et les objets importés illicitement et le matériel résultant, ayant servi ou devant servir à une représentation ou à une reproduction, installés pour de tels agissements prohibés.

En choisissant de faire régner la justice par eux-mêmes, sans contrôle judiciaire, ces artistes-musiciens foulent aux pieds les dispositions de l'article 81, alinéa 1.

A côté des descentes musclées sur le terrain, il y a aussi des actions beaucoup plus pacifiques, notamment : des marches de sensibilisation contre la piraterie, des tables-rondes, des conférences, des spectacles. La dernière en date remonte au mois de juin 2009, lors de la journée mondiale de la musique. Elle a été initiée par l'Association camerounaise des métiers de la musique (ACM). A cette occasion, près de 300 personnes, au rang desquels l'artiste-musicien DONNY El Wood. Pendant la marche, les pancartes étaient brandies par des gens solidaires à l'initiative, avec des messages aussi évocateurs les uns que les autres. On pouvait par exemple lire des messages tels que : « Attention pirates, épervier arrive ; La piraterie tue la production musicale, mélomanes, non aux CD piratés ; La culture vaincra la piraterie, etc. ». Une action qui n'a toutefois pas permis d'endiguer le phénomène, car les pirates restent toujours à l'oeuvre et des albums de musique à peine sortis sont déjà disponibles à des prix dérisoires.

D'autres actions sont orientées vers la possibilité de proposer des oeuvres musicales à des prix qui pourraient amener les mélomanes à se détourner de la piraterie. C'est le cas notamment du projet Culture MBOA, avec pour têtes de proue, des artistes comme Ruben BINAM et Manuel WANDJI qui, depuis quelques années, rend des CD originaux disponibles dans la ville de Douala et Yaoundé. A côté des points fixes, des vendeurs ambulants de CD originaux d'artistes camerounais sont désormais sur le terrain. Et ceux-ci, on peut les acquérir à un prix qui ne va pas au-delà de 4 500 francs.

En dépit de tous ces efforts cumulés, le phénomène de la piraterie va grandissant ; ce qui suscite des interrogations : Qu'est-ce qui favorise la persistance de ce phénomène ? À quoi est due l'inefficacité des efforts mis en place pour l'éradiquer ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon