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Protection sociale et croissance économique au Cameroun

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par Jean Colbert Awomo Ndongo
Université de Yaoundé II-Cameroun - D.E.A en Sciences Economiques 2008
  

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Chapitre3

LA PROTECTION SOCIALE ET LA CROISSANCE :

une présentation de la littérature

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INTRODUCTION

« Alors que l'égalité est bonne pour la croissance- si elle est héritée du passé ou si elle résulte de facteurs historiques ou exogènes - les politiques qui visent à introduire davantage d'égalité sont mauvaises pour la croissance» Rodrik (1998). Les enjeux liés aux objectifs de réduction de la pauvreté ; de croissance redistributive et du renforcement d'une économie basée sur la sécurité et le développement humain place la stratégie de protection sociale au coeur des politiques publiques. La protection sociale et la croissance ont des liens théoriques et empiriques évidents, dans la mesure où les systèmes de protection sociale peuvent contribuer dans certaines conditions à l'accroissement ou au ralentissement de la croissance dans un pays. Pour mieux appréhender ces liens théoriques et empiriques il sera opportun tout d'abord, d'analyser les mécanismes théoriques de transmission des effets macroéconomiques de la protection sociale sur la croissance (I), puis de présenter quelques résultats empiriques issus des études précédentes (II).

SECTIONI: ANALYSE DES MECANISMES DE TRANSMISSION DE L'INCIDENCE DE LA PROTECTION SOCIALE SUR LA CROISSANCE

Les débats consacrés aux politiques de protection sociale (ou, plus généralement, à l'Etat-providence) ont traditionnellement revêtu la forme d'un simple arbitrage entre égalité et efficacité ou entre équité et croissance une fois définie la fonction de protection sociale par rapport aux niveaux de revenu des individus. Ainsi, dans certaines des études, les systèmes de protection sociale seraient un obstacle à la croissance (I-1), tandis que d'autres présentent leurs effets positifs (I-2).

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I-1 : La protection sociale néfaste à la croissance économique

Il existe une pléthore de théories qui présentent l'impact négatif que peut avoir les systèmes de protection sociale sur croissance économique d'un pays, mais compte tenu de leurs exhaustivités on présentera dans cette sous-section celles qui ont trait à l'effet sur l'emploi des non qualifiés et relativement au coût du financement (I-1-1) et celles qui ont trait aux effets sur l'épargne et l'investissement (I-1-2).

I-1-1 : La contrainte de financement et le rôle de la protection sociale sur le marché du travail : effets sur l'attractivité du territoire et chômage des travailleurs peu qualifiés.

Le financement des systèmes de protection sociale entraîne un alourdissement de la fiscalité qui a des effets sur l'attractivité des investissements et la compétitivité d'une économie (A), puis la hausse des salaires des travailleurs peu qualifiés induite par la générosité des systèmes de protection sociale entraîne une hausse du chômage de cette catégorie de travailleurs (B).

A : Effets sur l'attractivité et la compétitivité.

Les systèmes de protection sociale sont aujourd'hui largement contestés car ils auraient un coût économique élevé pour un rendement social assez faible.

La relation inverse entre prélèvement obligatoire et attractivité du territoire remet indirectement en cause les systèmes de protection sociale qui canalisent une part croissante des prélèvements sociaux et fiscaux. L'attractivité du territoire est de plus en plus souvent évoquée comme une condition de développement économique dans un monde totalement ouvert et caractérisé par une mobilité élevée des biens, des hommes et des capitaux. La fiscalité figure parmi les éléments d'attractivité d'un territoire (Bassanini et Scarpeta, 2002). Une charge fiscale (impôts et cotisations sociales) perçue comme trop élevée conduirait les agents les plus dynamiques de la population à s'expatrier (évasion fiscale et délocalisation) et découragerait les investisseurs étrangers. Ainsi, les prélèvements obligatoires grèveraient la compétitivité des entreprises en augmentant leur coût de production.

Le mode de financement des systèmes de protection sociale (cotisations sociales ou impôts) pénaliserait l'emploi en alourdissant le coût du travail. Il est possible de mesurer le taux de prélèvements obligatoire pesant sur le facteur « travail » à travers la différence entre le coût total pour l'employeur et ce que reçoit l'employé après impôt/cotisations. Cet

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indicateur dénommé « coin socio-fiscal », est pertinent économiquement car il donne l'ampleur la distorsion introduite sur le marché du travail par les prélèvements fiscaux et sociaux. Un « coin socio-fiscal » élevé peut entraîner une perte de compétitivité dans un contexte de concurrence accrue avec les pays où le facteur travail coûte peu. Cette perte de compétitivité se traduirait par des délocalisations, des licenciements et un accroissement du chômage. De plus, les cotisations sociales patronales, assises sur le salaire brut et s'ajoutant à celui-ci pousseraient les entreprises à remplacer in fine les travailleurs par des machines, ce qui serait néfaste pour la croissance car il y aurait une hausse vertigineuse du taux de chômage.

B : La protection sociale néfaste à l'emploi des travailleurs peu qualifiés

Les travailleurs peu qualifiés sembleraient être les plus exposés au chômage généré par le mode de financement de la protection sociale. Or, en Afrique en générale, et au Cameroun en particulier la structure de la population active est encore constituée, pour une large part, des personnes sans qualification ou à faible qualification. Les effets distributifs de la protection sociale s'avèrent donc être importants en termes de revenus, notamment pour les individus les plus défavorisés. Mais, cette redistribution agit aussi sur le niveau de l'emploi. Il est possible d'appréhender simplement cet aspect du problème en supposant que les gains des chômeurs non qualifiés sont indexés sur une moyenne des salaires de l'ensemble de la population, tandis que les gains des chômeurs qualifiés ne dépendent que du salaire des travailleurs qualifiés.

s

Zq=bWq et Z N bW q W -

1 s

= avec 0 = s = 1

N

Dans cette expression, le paramètre b s'interprète comme un indicateur du degré de «générosité» globale de la protection sociale, tandis que le paramètre s mesure le degré de «distributivité»du système. Plus s est proche de l'unité et plus la protection sociale devient redistributive. Zq et ZN sont respectivement les gains des chômeurs qualifies et chômeurs

non qualifies de la population, tandis que, Wq et WN représentent les salaires des qualifiés et

des non qualifiés respectivement.

Une meilleure protection sociale permet donc de limiter l'accroissement des inégalités de revenus dû à la modification de la structure de la demande de travail, mais elle influence négativement l'emploi des non qualifiés. La déformation de la demande de travail se répercute sur les taux de chômage au détriment des travailleurs les moins qualifiés. La maîtrise des inégalités par le biais de la protection sociale, en exerçant une pression à la

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hausse sur les salaires des non qualifiés, conduit à un accroissement des inégalités en termes de taux de chômage (Cahuc et Zylberberg, 1996).

L'analyse de l'incidence de l'indemnisation du chômage sur le fonctionnement du marché du travail est un thème récurrent. La générosité des allocations de chômage découragerait l'effort de recherche d'un emploi. Plus globalement, les prestations sociales, du type « revenu minimum » freineraient l'activité. En effet, l'octroi de prestations sociales, même d'un niveau insuffisant pour couvrir les besoins élémentaires des allocataires, enfermeraient leurs bénéficiaires dans des trappes à inactivité. Le raisonnement traditionnel microéconomique repose sur l'idée que l'individu n'augmente son offre de travail que si cela lui procure un gain matériel. Or, l'existence des prélèvements sociaux-fiscaux et les modalités des prestations sociales (aide sociale et allocation chômage notamment) peuvent conduire à ce que la reprise du travail représente un revenu faiblement supérieur aux avantages découlant des prestations.

Selon la théorie du salaire de réserve (Lippman et Mc Call, 1976), les allocations ont pour effet d'élever le salaire de réserve, c'est-à-dire le salaire en deçà duquel un chômeur refuserait de travailler. Ce faisant, les salaires ne peuvent baisser en dessous des prestations de chômage, même pour les travailleurs peu qualifiés. Dès lors, les modifications des conditions qui nécessiteraient une baisse des salaires ne peut s'exercer librement. Ceci se traduit par du chômage, les entreprises ne pouvant embaucher au coût du travail en vigueur sur le marché du travail. Cet effet de seuil, découragerait donc l'enfermement dans les trappes à inactivité et dans le chômage de longue durée. Or, ce chômage tend à devenir structurel, l'inemployabilité des chômeurs augmentant avec l'allongement de la durée du chômage.

Les systèmes de protection sociale diminueraient donc l'offre de travail dans l'économie et freineraient la croissance à long terme. De même, ils peuvent décourager l'épargne et l'investissement.

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