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Protection sociale et croissance économique au Cameroun

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par Jean Colbert Awomo Ndongo
Université de Yaoundé II-Cameroun - D.E.A en Sciences Economiques 2008
  

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I-1-2 : Effets négatifs sur l'épargne et l'investissement de la protection sociale.

Quand on sait que d'après la théorie de la croissance, l'épargne et l'investissement sont considérés comme les moteurs de la croissance économique, la protection sociale réduirait le niveau d'épargne au sein d'une économie.

Si les régimes de prestations sociales découragent les individus de travailler, l'offre de travail dans l'économie diminue, ce qui réduit le niveau de la production et dans certains cas, de l'investissement et, de ce fait, de la croissance. Quand le système de protection sociale

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décourage la population d'épargner, à moins que l'épargne publique n'augmente d'un montant équivalent, le capital disponible pour réinvestir diminue. En outre, les impôts qu'il faut prélever pour pouvoir financer la protection sociale peuvent rendre l'innovation moins rentable (Mirrless, 1971)

Une large tradition d'économistes met l'accent sur la dynamique inégalitaire dans une économie. En effet, les hauts revenus ont une propension marginale à épargner que les bas revenus. Lorsque leur revenu augmente, ils consacrent à l'épargne une part plus importante de ce supplément de revenu que les titulaires des bas revenus qui le consomment davantage. Or, si le taux de croissance d'une économie dépend de son niveau d'épargne nationale, les économies les plus inégalitaires où les taux d'épargne sont les plus élevés connaîtraient une croissance plus dynamique (Kaldor, 1956). On considère souvent comme une évidence qu'un système de retraite financé par la capitalisation favoriserait davantage l'accroissement du niveau de l'épargne, et donc du taux de croissance du PIB, qu'un système reposant su la répartition. En effet, dans le cadre de la répartition, les agents actifs anticipent le bénéfice d'une pension garantie quand viendra l'âge de la retraite. La répartition rend donc négligeable la constitution d'une épargne retraite en période d'activité. A l'inverse, la capitalisation constitue une incitation forte à l'épargne pour les ménages actifs, soucieux de se garantir une retraite future.

Bien que la protection sociale ait des effets négatifs sur la croissance économique comme l'affirme certaines théories, elle contribuerait aussi à la croissance dans une certaine mesure.

II-2 : La protection sociale, pilier essentiel d'une croissance économique durable

La protection sociale n'est pas seulement un coût, elle produit aussi des services dont l'impact sur l'économie est positif en termes de croissance et de productivité. Il s'agira ici de présenter la protection sociale comme un instrument de stabilisation macroéconomique et d'ajustement structurel (I-2-1) et on fera une analyse intergénérationnelle de la protection sociale et de ses effets sur le bien-être social des populations (I-2-2).

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II-2-1 : La protection sociale comme instrument de stabilisation macroéconomique et facilitateur des ajustements structurels

La protection sociale des populations a des effets remarqués sur les indicateurs de stabilisation macroéconomique d'un pays (A) et sur les mécanismes d'ajustement structurel (B) qui induisent les perspectives d'une croissance économique.

A : Instrument de stabilisation macroéconomique

La protection sociale est un soutien de la demande en période de ralentissement économique. Cet argument classique et keynésien conserve toute sa pertinence de nos jours. Dés les trente glorieuses, la protection sociale a été principalement analysée en Europe comme un instrument contra-cyclique c'est-à-dire atténuant les effets d'un ralentissement économique. Les dépenses de protection sociale ont, en effet, été utilisées comme des instruments de régulation macroéconomique, contribuant au soutien de la demande. Certes, cet argument keynésien a été contesté, la fonction de « stabilisateur automatique » de la protection sociale a été présentée comme inefficace dans le contexte d'ouverture des économies nationales. En effet, il est plus évident que la consommation intérieure d'un pays, soutenue par des dépenses de protection sociale, se rapporte sur la production nationale et ne privilégie pas des produits d'importation moins coûteux.

Les dépenses de protection sociale ne soutiendraient plus l'activité dans le pays. Par ailleurs, la protection sociale peut être appréhendée comme un instrument facilitateur des ajustements structurels.

B : Un instrument facilitateur des ajustements structurels

Les filets de sécurité sociale servent à (i) promouvoir l'investissement des particuliers dans leur capital humain et (ii) à réduire l'opposition politique aux mesures d'ajustement et aux politiques propices à la croissance. En effet, la protection sociale pourrait faciliter l'ajustement structurel dans la mesure où une société est amenée à faire des choix politiques et économiques « difficiles », ainsi, elle évitera qu'une catégorie ou une classe sociale ne reste à ce point à la traîne du mouvement général, qu'il lui soit impossible de participer à l'économie marchand, occasionnant à cet effet une perte permanente de production

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potentielle : le fait de mettre les enfants à l'abri de la pauvreté peut avoir des avantages à long terme sur leur développement social et intellectuel, etc.

Certains auteurs à l'instar de Ahmad, Drèze et Sen (1999), analysent la protection sociale comme une « aide à l'adaptation technologique ». La protection sociale en réduisant les inégalités et en visant l'inclusion notamment par le biais des minima sociaux, est génératrice de la cohésion sociale. Ce faisant, elle peut éviter l'accroissement des dépenses moins productives à l'instar de celles relatives à la sécurité des biens et des personnes (prisons, gardiennage, surveillance,...) qui peuvent être perçues comme la résultante d'une régulation sociale défaillante. Dans les périodes d'ajustements structurels, cette cohésion sociale permet à certaines catégories de la population d'être trop rapidement et trop radicalement exclues du marché du travail, et de se retrouver en marge de la société (CAE, 2001)

Le filet de sécurité offert par les systèmes de protection sociale donne la possibilité aux sociétés d'opérer des choix politiques et économiques « difficiles » dont l'objectif est de favoriser la transition des secteurs peu productifs vers des secteurs plus productifs. Sans ce filet des ajustements structurels seraient moins acceptables socialement et freinés ; ce qui à terme, diminuerait le potentiel de croissance de certains pays.

II-2-2 : Approche intergénérationnelle de la protection sociale et amélioration du bien-être social

Les systèmes de protection sociale bien conçus ont un impact positif sur les générations car ils permettent de lier financièrement les diverses générations des populations (A) et contribuent à améliorer le bien-être social des individus (B).

A : Une réponse au « dilemme des générations »

Dans un monde à générations imbriquées, trois générations se côtoient : les actifs, les jeunes et les personnes âgées, ces deux derniers groupes ne produisent pas de richesse. Si l'on confiait au marché la prise en charge des besoins de ces différents groupes, le système ne serait pas efficient. Cet argument est valable pour les théoriciens des défaillances du marché présenté ci-dessus. Un système où chacun cotiserait pour lui seul (capitalisation) conduirait à des effets pervers. Par exemple, les personnes actives aux revenus les plus bas, sachant que nul ne peut financer leur retraite, seraient prioritairement incitées à épargner pour se prémunir

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du risque vieillesse ; ce qui réduirait d'autant leur possibilité et leur désir d'investir dans le domaine de l'éducation de leurs enfants. Cela diminuerait le potentiel d'offre de travail.

A l'inverse, un système basé sur la solidarité intergénérationnelle et sur l'état-providence garantit que chaque génération rembourse à l'âge actif l'éducation et la politique familiale dont elle a bénéficié et reçoit, à la vieillesse, les cotisations sociales qu'elle a payées à l'âge actif. Cette conception de la protection sociale, assurant des transferts vers les individus les plus jeunes et âgés, est non seulement juste d'un point de vue éthique mais aussi efficace économiquement. Et ce d'autant plus, qu'en solvabilisant des demandes de services en matière d'enfance et de dépendance, les dépenses de protection sociale contribuent à soutenir la dynamique économique de deux secteurs qui constituent aussi des gisements d'emplois peu délocalisables.

B : L'amélioration du bien-être social des populations

La protection sociale peut largement contribuer à l'amélioration du bien-être social dans une économie où il n'existe pas de marché de rentes (Hubbard et Judd, 1987) et où les individus ont des difficultés à emprunter (Imrohoroglu et al., 1995). Dans ce cas, la présence d'un système de sécurité sociale est bonne pour le bien-être social général dans la mesure où il procure à la population une assurance contre le risque que le secteur privé a du mal à mutualiser et à gérer - maladie chômage, etc. En outre, cette assurance permet aux ménages de prendre plus de risques dans leur comportement économique puisqu'elle les garantit (dans une certaine mesure) en cas d'échec. Ahmad et al.(1991) démontrent que l'assurance offerte par la protection sociale peut favoriser la croissance dans le cas où il y a une relation positive entre le degré de risque d'un projet et son taux de rendement attendu. En réduisant l'incertitude affectant le revenu individuel au cours du cycle de vie, la protection sociale constitue un facteur de sécurité propice à désinhiber les individus face aux risques et donc à les rendre plus entreprenants.

Pour des raisons économiques, comme on a pu l'observer en pratique, les agents économiques préfèrent avoir une consommation régulière et donc, étaler l'utilisation à cette fin de leurs revenus escomptés sur une période prolongée, voire pendant le tout le cycle de leur vie (Besley, 1995 ; Deaton, 1997). Parce que l'obtention des revenus est généralement un phénomène stochastique et que, durant les périodes caractérisées par des chocs négatifs, ou parce que certains événements futurs sont relativement prévisibles mais qu'il n'existe pas de moyens appropriés de mettre en réserve les revenus pour les transférer à une date future ; il est

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crucial d'avoir accès à des instruments de protection des revenus, tels que des systèmes d'épargne et de ponction sur l'épargne pour étaler la consommation dans le temps et, aussi améliorer le bien-être social.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore