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Systématique phonologique et morphologique du Baguiro de Zangba (sud-est de centrafrique)

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par Félix Benjamin Zalabo
Université de Bangui - Master 2011
  

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INTRODUCTION GENERALE

La présente étude est un projet de recherche portant sur le sujet suivant :

Systématique phonologique et morphologique du baguiro de Zangba (Sud-Est de Centrafrique)

Le baguiro désigne un peuple et une langue. C'est l'une des langues issues du groupe Sara. Il est localisé dans la sous-préfecture de Zangba, une région située au bord du fleuve Oubangui au Sud-est de la République Centrafricaine. Les Baguiro sont minoritaires, ce qui explique la méconnaissance de leur parler.

Notre préoccupation se justifie du fait que cette languese sent menacée et vouée à la disparition, elle doit en effet être sauvegardée. Ce souci avait suscité la même chose chez Amadou HAMPATÉ Bâ (1972:2) dans l'Étrange destin de Wangrin lors qu'il affirme:

«Quand un peuple perd sa langue, il perd aussi son identité et cesse d'être lui-même ».

Pour que notre travail soit bien structuré, nous commençons d'abord par une présentation du cadre d'étude, ensuite nous présenteronsle peuple Baguiro, et enfin nous ébaucherons les grandes parties de ce travail sans oublié de proposer un plan de Mémoire en Master II.

1. Présentation du Cadre d'étude

1.1. Les frontières géo politiques de la RCA

Avec une superficie d'environ 623 000 km2, enclavé au coeur du continent africain, la République Centrafricaine (RCA) partage désormais une frontière avec six (6) pays : le Tchad au nord (sur 1197 km), le Soudan et le Sud Soudan à l'est (sur 1165 km), au sud le Congo (Brazzaville) sur 467 km et la RDC (République Démocratique du Congo, ex-Zaïre) sur 1577 km du fleuve Oubangui, et à l'ouest, le Cameroun (797 km) qui l'isole de l'Atlantique, l'océan le plus proche, situé à environ 1500 km. Le pays se présente commeune vaste pénéplaine allongée d'ouest en est, d'une altitude moyenne de 600 à 700 mètres, et constituant la ligne de partage des eaux entre le système hydrographique du Tchad et celui de l'Oubangui et du Congo.

La population est d'environ4,5 millions d'habitants. Les trois quarts de cette population se concentrent dans le sud-ouest et le Centre-Nord du pays tandis que la région orientale est peu peuplée. La RCA est tributaire de la voie fluviale Oubangui-Congo et des routes vers le Tchad et le Cameroun, la RCA doit encore renforcer son intégration dans la zone CEMAC

Carte n°1 : Frontières géo politiques de la RCA

Sud Soudan

Source: VENNETIER(P) et al.1984:Atlas de la République Centrafricaine, les Éd. Jeune-Afrique, p.2

1.2. Présentation de la zone d'étude

Zangba est l'une des six (6) sous-préfectures de la Basse-Kotto. C'est une petite ville située au bord du fleuve Oubangui dans la partie Sud de la République Centrafricainequi couvre environ 17.604 km2. Elle compte au moins deux(2) grandes Communes qui sont : Oumbé et Yabongo ainsi que quelques dizaines de villages.

Zangba se trouve à environ 530 km de la capitale centrafricaine. Elle est limitée à l'Est par la sous-préfecture de Mobaye,au Nord par la sous-préfecture d'Alindao, à l'Ouest par la Sous-préfecture de Kouangoet au Sud par la République Démocratique du Congo. Cette ville était d'abord un poste de contrôle administratif puis érigé en sous-préfecture en 1965.

D'après le Bureau Central de Recensement(BCR) et, selon les récentes études de la population Centrafricaine, notamment le Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 2003, la population de Zangba est dénombré à cinq mille quatre cent cinquante-neuf (5459)habitants. Elle n'est pas assez dense et est presque homogène. On retrouve également un mélange des ngbuìgù, des Yàkpà et quelques Commerçants Haoussa.

Les Baguiro connaissent presque tous le Sängö, la langue Nationale de Centrafrique. Seuls quelques vieillards qui se tiennent à l'écart l'ignorent. Un bon nombre a une connaissance plus ou moins bonne d'une autre langue voisine locale le Yàkpà et surtout le ngbuìgù qu'ils ont acquises. Avec ces populations autochtones, ils se comprennent entre eux.

Pour d'amples précisions, voici ci-après une illustration cartographique.

Carte n°2 : Localisation de Zangba

S/P d'Alindao

Kongbo

Sous-préfecture de Kouango (Ouaka)

S/P de Mobaye

République Démocratique du Congo

Source : Fond ING au 1/200000,

LACCEG, Guy LASSERRE, Université de Bangui, Avril 2012

1.3. La situation linguistique de la RCA

Retenons qu'il y a une soixantaine de langues en Centrafrique qui font parties de deux grandes familles linguistiques: la famille nigéro-congolaise et la famille nilo -saharienne, la première étant de loin la plus représentée. Parmi ces langues que nous citerons, seul le kaba est une langue de la famille nilo-saharienne, toutes les autres appartiennent à la famille nigéro-congolaise.

On a toujours pensé que l'implantation de la diversité ethnique sur le territoire Centrafricain est récente; mais Daniel BARRETEAU et Yves MONINO après tant de recherche, affirment que «l'existence des ethnies sur le territoire Centrafricain a duré depuis plus d'un millénaire ». La RCA a subi aussi de nombreux flux migratoires. La géolinguistique de la RCA d'après le classement de GREENBERG dans The languages (1966), comprend Cinq grands groupes linguistiques aux rangs desquels nous avons les groupes : Gbaya, Banda, Ngbandji, Ngbaka et Zandé-nzakara.

Carte n° 3 : Carte géolinguistique de la RCA

Cameroun

Soudan

Sud-Soudan

Tchad

République Démocratique du Congo

Congo

Source : VENNETIER, P. et al.1984 : 6

1.4. Présentation des langues Adamawa-Oubanguiennes

Selon BARRETEAU (1978:195), dans Inventaire des études linguistiques sur les pays d'Afrique noire d'expression française et Madagascar:

«Les langues oubanguiennes sont représentées principalement en Centrafrique où cette langues dominante par son extension géographique et par le nombre de locuteurs... »

Parmi les langues parlées par plus de 60 000 locuteurs, mentionnons le manza (220 000), le gbaya du Nord-Ouest (200 000), le gbaya de Bosangoa (176 000), le gbaya du Sud-Ouest (164 000), le banda du Sud (150 000), le bokoto (130 000), le banda-banda (102 000), le yakoma (100 000), le gbanou (95 000), le karé (93 000), le ngbaka ma'bo (88 000), le pana (82 000), le kaba (72 000), le zandé (62 000) et le mbati (60 000). La plupart des autres langues ont des locuteurs, parfois moins de 5000.

Diagramme des langues de la famille Adamawa-Oubanguienne

Adamawa-Oubanguienne

Oubanguienne

Adamawa

Nord-Ouest (M'Bum)

Nord-Est (Sara)

kaba

ngam

Ngambay

Baguirm

Baguiro

Valé

Ngama

Dagba...

Source : la réadaptation de l'ALAC par l'ILA

2. Présentation du peuple Baguiro

2.1. Historiquedu peuple Baguiro

Au début du second millénaire, l'Égypte a conquis les territoires au sud de la deuxième cataracte du Nil, appelés pays de Koush. Des siècles plus tard, les koushistes eurent leur indépendance, leur roi pris le contrôle de l'Égypte et fonda la XXVe dynastie noire. De 663-730, trois (3) royaumes se succédèrent à Koush : Nabita, Makura et Alodia qui se convertissent au Christianisme. Mais vers les années 652, les Arabes atteignirent Dongola, capitale de Makura en Nubie et propagèrent l'Islam à partir du XIe siècle.

Aux siècles suivants, ils s'emparèrent des royaumes Chrétiens en occupant Kordofan et Darfour.Le royaume d'Alodia succomba à son tour en 1504. La disparition de ces royaumes Chrétiens dans le sud Egyptien a donné l'occasion aux chaméliens de s'emparerde la vallée du Nil. Ces populations vont migrer dès le XIVe siècle, depuis la vallée du Nil vers l'ouest en atteignant Kampala vers le sud. De Kampala, ils durent obliquer vers le sud-ouest, poussèrent jusqu'au Soudan où ils auraient donné naissance au peuple Sara-Bongo-Baguirmien(SBB) comptant une trentaine de langues couvrant principalement le Sud-ouest du Soudan, le Sud du Tchad et le Nord de la République Centrafricaine. Bien que sensiblement diversifiées, cette famille linguistique forme un groupe généalogique cohérent, dont l'unité historique est étayée par l'existence de similitudes phonologiques et morphologiques mais aussi de pratiques culturelles.

Le peuple Sara de son côté va s'installer sur le long du cours supérieur du Logone et peupler les deux vallées du Pendé. Dès le XVIe siècle, les Sara occupèrent la vallée de l'Ouham (Barh-sara). Ils étaient l'un des premiers occupants des Batangafo, Kabo et Ndélé. Le peuple Sara est composé d'une dizaine d'ethnies parmi lesquelles nous avons : Les Kaba, les Ngam, Les Mbaye, les Ngambaye, les Baguirm, les Ngama, les Dagba, le Baguiro, etc.

L'histoire du peuple Baguiro est donc liée à celle du groupe (cf. p.13). Mais selon des sources concordantes, ce peuple s'appelait des « Baguirm ». Ils étaient des guerriers, des conquérants à tel point qu'ils étaient constamment en conquête d'autres territoires. Partout sur leur passage ils tendaient des « guénos » c'est-à-dire des embuscades. Ils livrèrent la guerre avec la population présente ; notamment dans la région de Kouango, Mobaye et Zangba. Finalement, ils obligèrent les Ngbuìgù, et les Yàkpàà céder la région de Ndengu qui deviendra leur première terre d'accueil et de vie définitive.

En effet, les Baguiro qui venaient de s'installer ne disposaient ni de terre cultivable, ni de pâturage ni de ressources alimentaires et autres. Ils étaient presque dépourvus de tout. Sous cette impuissance vitale, ils étaient attirés par la forêt tropicale de l'autre côté de l'Oubangui. C'est ainsi qu'une bonne partie a traversé le fleuve Oubangui sur des troncs des bananiers et s'est dirigé vers le Zaïre, actuel République Démocratique du Congo où se sont constitué en ethnie « fulu ».Le reste des Baguiro présent en RCA se sont répondu progressivement dans la région de Zangba, Mobaye, Alindao et Kongbo. Avec l'évolution des choses, et pour besoins de services, ils se trouvent aujourd'hui à Bambari, Bangui et quelques villes de la République Centrafricaine.

Par ailleurs, une approche onomastique de l'item « baguiro » justifie les faits historiques, c'est-à-dire le caractère féroce et tenace de ce peuple ; car à l'époque, ils se métamorphosaient en hippopotames, en éléphants en lions, etc.Ces Baguiro métamorphosés, terrassaient tout sur leurs passages, détruisaient les champs de bananiers, de maïs, de mils, de patates. C'est ainsi que les Ngbuìgù, et les Yàkpà ont fini par faire alliance avec ce peuple qu'ils appelaient des « guiro » synonyme des « fauves ». Donc, baguiro est la déformation du « baguirm » : ba (guerriers), guiro (fauves) ; en bref, baguiro veut dire les guerriers fauves ou encore les fauves conquérants. Dès le XIXe siècle, l'ère de la colonisation avait commencé et avec elle se termine l'histoire précoloniale du peuple Baguiro.

2.2. Sociologie du peuple Baguiro

Lasociété baguiro est un système de conseil comprenant les plus anciens de chaque lignage qui veillent à la bonne marche de la communauté. Ceux-ci sont censés défendre les intérêts moraux et matériels de leur groupe. Les habitations sont composées des cases rondes et rectangulaires. La plus part des toitures sont faites de pailles et de tuiles sauvages à l'exception de quelques-unes en tôles d'aluminium. Autrefois les murs des cases étaient faits de pisées en terre de termitière pétrie par les femmes habillant une armature de bois. Mais de nos jours, on préfère des briques de terre cuites ou séchées au soleil.

L'homme assure l'alimentation de la famille en produits agricoles, de chasse et de pêche. La femme est vouée à de diverses activités beaucoup plus domestiques. Elle doit une soumission entièrement à son mari. Etant polygame, le père ou chef de famille cohabite successivement avec l'une ou l'autre de ses épouses qui possèdent chacune une case. Les hommes envisagent de prendre plusieurs femmes afin d'accroître la main d'oeuvre familiale. C'est ainsi que la polygamie est fortement répandue dans le milieu Baguiro. Ce sont les hommes appartenant à trois ou quatre générations d'un même lignage ainsi que leurs épouses et enfants qui composent un « groupe cognatique patrilinéaire». C'est-à-dire tous ceux qui se reconnaissent d'une même descendance. Le mariage traditionnel étant patrilocal, la femme quitte sa propre famille biologique au moment du mariage et va fonder son foyer avec son nouveau conjoint. Autrefois, le choix de la conjointe revenait exclusivement aux parents. Mais de nos jours les intéressés ont une grande liberté dans ce domaine.

2.3. Activités socio-économiques du peuple Baguiro

Les Baguiro sont majoritairement des agriculteurs, cultivateurs, pêcheurs et chasseurs. Ils pratiquent aussi la cueillette, la forge et plus ou moins la poterie et la vannerie. Les travaux agricoles s'effectuent essentiellement en saison de pluies. Les champs sont parfois éloignés des villages. Dans ces champs, ils cultivent les céréales, aliments de base, accompagnés de quelques cultures vivrières (le manioc, l'igname, la patate, les légumes, etc.). Le café est produit pour la commercialisation.

2.3.1. La chasse

En saison sèche, les hommes s'organisent en groupe pour faire la chasse. Elle ne se fait pas n'importe comment et n'importe où. Naturellement c'est le chef de terre ou le chef de clan qui l'organise. Ce jour est considéré comme un évènement important. Cette chasse est caractérisée par un grand feu de brousse où de vastes étendues sont ravagées. Ceux qui possèdent de filets tendent des pièges sur le passage des animaux au moment de leur délogement, les autres qui disposent de sagaies, de couteaux à jets, etc., poursuivent les gibiers qui sortent pour se sauver. De retour à la maison, les chasseurs sont accueillis par tout le village entier. Le nombre de gibiers tués faits l'histoire de l'homme. Le jour de sa mort, on lui rend gloire à partir de tout ce qu'il a fait de son vivant sur terre notamment dans le village.

2.3.2. La pêche

En pays Baguiro, beaucoup de systèmes sont mis en place pour pratiquer la pêche. Pendant la saison pluvieuse, les hommes construisent une espèce de barrages sous formes de digue où ils laissent de petits trous par lesquels l'eau coule. Ils y introduisent des nasses dans lesquelles viennent se jeter les poissons qu'ils ramassent. Ils font également la pêche au moyen des filets et hameçons. Quand les eaux tarissent, les femmes vont dans des marécages pour monter des barrages et où à l'aide des calebasses, elles écopent l'eau et chacune ramasse les poissons qui gisent dans la boue.

2.3.3. L'élevage

Par ailleurs, on note la présence d'un petit élevage de caprins, de porcins et de volaille. Il permet de satisfaire de besoins immédiats et constitue le prestige des paysans.

2.3.4. L'artisanat

Les activités artisanales sont destinées à la fabrication des mortiers, des pilons des manches de houe, etc. Il y a quelques forgerons qui se sont spécialisés dans des objets variés. Ces objets proviennent des pierres taillées ou du fer obtenu d'épaves des véhicules. Les femmes se consacrent à la décoration de calebasses. Elles s'intéressent également à la poterie qui relève du domaine du sacré où il faut remplir plusieurs rites pour la réussir.

Dans la société Baguiro, il y a diverses activités reparties en fonction des contextes. Seulement nous ne donnerons pas plus de détails comme l'auraient souhaité nos lecteurs. Sur ce, nous allons procéder à la classification linguistique du baguiro.

2.4. Statut et classification linguistique du baguiro

Dans sa classification des langues africaines : The languages,GREENBERG (1966), range le baguiro dans la branche orientale du sous-groupe soudanais central. Ce qui signifie que le baguiro est l'une des langues du groupe linguistique Sara.

Des travaux de A.N. TUCKER et J.M.C. THOMAS, complétant la documentation sur les langues du Tchad proposent une classification dans laquelle le baguiro a le statut de sous-groupe.

Mais la classification la plus cohérente est donnée par Pascal BOYELDIEU (1987) dans : Description des langues Fer (kara) et yulu du nord Centrafricain. En rattachant le baguiro à l'ensemble Sara-bongo-baguirmien, il parle d'une parenté linguistique où cette frange linguistique située à cheval entre le Tchad, le Soudan et la Centrafrique.

La classification de ces langues du sous-groupe soudanais central, moins génétique ou généalogique retient comme élément de base les similitudes lexicales phonologiques, parfois morphologiques et syntaxiques.

Schéma généalogique des langues Sara-Bongo-Baguirmiens (SBB)

SBB

Langues et dialectes afférents

*Sara

Ndoka

wad

bagiro

tiye

Kulfa

sime

baguirm

bulala

beraku

'barma

sar

mbay

ngambay

kaba

`bedjond

*Modo

beli

molo

lori

morokodo

nyamusa

gweri

baka

*Bongo

*yulu

*Fer

gula koto

*gula

gulazura

bubu,

gulasara

*ndoga

lito

Source : Boyeldieu (P) &Nougayrol (P), 2004, Les marques personnelles des langues Sara-Bongo-Baguirmiens (SBB), Louvain-Paris, Peeters (Afrique et Langage 8), 23-42.

Remarque : l'astérisme (*) représente les langues et les autres écrites sans (*) sont des dialectes.

Cadre théorique et Conceptuel de recherche

1. Méthode théorique

Toute recherche exige une certaine méthode d'approche afin de guider la recherche vers une voie scientifique, car une recherche sans méthode ou fondement théorique est vouéà des dérapages. La linguistique en tant que discipline scientifique possède bel et bien plusieurs méthodes d'approches pouvant guider le chercheur dans ses analyses. Pour éviter des éventuelles ratées et pour la validité de notre travail sur le plan scientifique, nous souhaitons donc suivre les sillages laissés par nos prédécesseurs.

Pour ce fait, c'est à André Martinet,père du fonctionnalisme, une théorie issue du courant structural que nous devons notre vocation et notre formation de linguiste.

Selon ce dernier dans Éléments de linguistique générale (1970:20) :

«Une langue est un instrument de communication constituée d'éléments doués d'un contenu sémantique et d'une expression phonique, les monèmes; cette expression phonique s'articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes en nombre déterminé, dont la nature et les rapports mutuels diffèrent aussi d'une langue à une autre».

Donc, la langue est un système, un ensemble d'éléments dont chaque élément est défini par les relations qu'il entretient avec les autres éléments du système. Ces unités linguistiques quelles qu'elles soient sont reliées entre elles selon deux fonctions à savoir la fonction de la mise en opposition (distinctive)et la fonction de la mise en contexte(combinatoire).

L'analyse structurale d'une langue est faite à partird'un recueil de données linguistiques brutes (corpus). Lors de cette analyse, deux opérations (la segmentation et la commutation) s'effectuenten vue de rendre compte du fonctionnement de la langue.

Dans le cas de notre description et grâce aux données de notre corpus, nous aurons recours à la procédure d'identification, de définition et de classement des différents traits caractérisant le baguiro. Ceci dit, d'un rang inférieur à un rang supérieur, du phonème au morphème, du morphème au mot, du mot à la phrase.

La méthode descriptive que nous utiliserons dans la formulation des règles morphologiques sera celle qui a été élaborée dans Description systématique du ngbaka-manza de Bogangolo en Centrafrique par Apollinaire SELEZILO à qui nous devons notre gout pour la recherche et notre formation pour la linguistique africaine.

Selon J-M. Essono (2006 : 165) dans Phonétique, Phonologie et Morphologie cité par Apollinaire SELEZILO :

«La morphologie apparaît comme une passerelle indispensable entre la phonologie et la morphologie. L'importance de cette morphologie réside dans le fait qu'elle donne l'occasion de formaliser les règles qui expliquent les faits linguistiques observés en phonologie et en morphologie.»

Notons enfin que pour renforcer nos analyses avec les travaux d'autres linguistes, nous nous sommes inspirés aussi de la démarche entreprise par Séraphin Personne FÉIKERE dans Description du gbaya-boro (phonologie-morphologie-syntaxe). C'est grâce à son intervention ainsi que de son expérience que notre vocation a pu se réaliser. Toutes ses analyses nous ont été indispensables dans l'élaboration de ce Projet de recherche.

2. Définition des concepts clés

Avant d'aborder les raisons qui nous ont motivées et du contexte dans lequel s'inscrit ce travail, il nous semble nécessaire de revenir sur quelques points sémantiques rendant plus intelligibles la démarche scientifique adoptée.

Selon M. HOUIS (1975:5) :

«La description d'une langue est la présentation et la classification des régularités observables [...]. La description linguistique doit être systématique, c'est-à-dire complète et totale ; elle est l'analyse des réalités observables du corpus ».

· La systématique définit par cet auteurdans son sens courant veut dire «complet, exhaustif» à partir des données linguistiques brutes recueillies (corpus) auprès des locuteurs d'une langue donnée qui serviront comme objet d'une analyse afin d'élucider le fonctionnement d'une langue.

Donc,du point de vue méthodologique, une systématique phonologique et morphologique est une étudeextensive, c'est-à-dire basée sur la collecte et l'observation d'un grand nombre de données réelles. Cette activité de collecte et d'exploitation de grandes masses de données s'accompagne d'une activité de réflexion sur les enjeux, à la fois techniques et théoriques, de la constitution de corpus pour la phonologie et la morphologie.

· La langue définit par Le Petit Larousse Illustré(1995:556), est:

«Un système de signes verbaux propre à une communauté d'individus qui l'utilisent pour s'exprimer et communiquer entre eux.»

Ferdinand de SAUSSURE, pense que :

«La langue est un trésor déposé par la pratique de la parole dans les sujets appartenant à une même communauté. »

Au regard des définitions sus citées, nous déduisons que la langue est un système de signes linguistiques vocaux, graphiques ou gestuels qui permet la communication entre les différents membres d'une communauté donnée.

Pour mieux cerner la Phonologie et la Morphologie, il importe de les découper, et ceci de la manière suivante:

· Phonologie: Phon= son; Logie = étude. Donc, la Phonologie est l'étude des Sons.

· Morphologie: Morph = forme; Logie = étude. Ce qui sous-entend que la morphologie est l'étude des formes.

A notre avis les découpages de ces termes ainsi que leurs définitions sont lapidaires. Pour cela, voyons ce que disent les linguistes:

D'après J. DUBOIS et al. (1973:326) :

«La phonologie est une étude des éléments d'articulation de deuxième niveau, ou phonèmes d'une langue donnée. Elle définit le phonème qui est la plus petite unité dépourvue de sens que l'on peut trouver dans la chaîne parlée. Quant à la morphologie c'est l'étude des formes des mots (flexion et dérivation par opposition à l'étude des fonctions ou syntaxe »

Catherine FUCHS directeur de recherche au CNRS, affirme que :

«La phonologie a pour objet le phonème qui est la plus petite unité phonique distinctive, ainsi /p/ et /b/ qui permettent de distinguer par exemple «pain» et «bain». La morphologie toujours selon elle, étudie la formation des mots et leurs variations.»

Les approches définitionnelles sus citées, nous semblent éloquentes. Effectivement, la phonologie est une étude scientifique qui s'occupe d'une entité abstraite, une classe de sons qui partagent la même opposition à d'autres sons dans une langue donnée. Chaque classe s'appelle un /phonème/.Donc, la phonologie est une étude qui recherche les différences de prononciation qui correspondent à des différences de sens, c'est-à dire, des oppositions distinctives dans une langue donnée.

En ce qui concerne la morphologie, c'est une étude scientifique de la forme des mots, de leur structure, comment ils sont construits. Autrement dit, c'est une étude qui s'occupe de la plus petite unité de forme et de sens dite «morphème». L'intérêt de leur étude se situe du point de vue de leur forme, de leur fonctionnement et de leur formation dans une langue donnée.

3. Justification du choix de sujet

Le Projet que nous avons entreprisest une amorce de la description systématique de la langue baguiro. Qu'on ne prenne surtout pas le mot «systématique» dans son sens courant de «complet, exhaustif». L'intitulé indique le fil conducteur qui nous guidera à étudier la phonologie comme un système de traits pertinents, un ensemble d'éléments en relations mutuelles et au tout,mais aussi la morphologie comme un système des systèmes qui apparaît à travers la systématique des morphèmes, c'est-à dire tous les morphèmes et les systèmes qui les sous-tendent.

Puisque que la langue est un outil de communication, le baguiro est ce système et ce moyen d'expression permettant à sa communauté de se communiquer. La langue détermine la valeur ou l'histoire d'un peuple, car on connait une société grâce à son parler. Ses locuteurs devraient l'entretenir, la préserver pour mieux perpétuer le savoir qu'elle regorge en la mettant sur un support. L'enjeu social que représente la description d'une langue peut expliquer indéniablement notre intérêt porté à cette langue. Car une langue décrite a plus de chance de survie plus que celle qui ne l'est pas encore.

Si aujourd'hui notre choix s'est porté sur le baguiro, ce n'est nullement un fait fortuit, mais c'est pour ces raisons bien évidentes,surtout du fait que le baguiro est une langue minoritaire en voie de disparition sur la carte linguistique de la République Centrafricaine.

Nous nous sommes rendu compte que plusieurs langues centrafricaines de façon stéréotypées ont fait l'objet de description et d'étude approfondie. Cependant et, jusque-là aucune recherche n'a été menée sur le baguiro, alors que toutes les langues se valent et peuvent exprimer de façon différente tout le savoir humain.

Il est donc impérieux de recourir aux langues locales africaines comme moyens de communication et d'information des réalités modernes si l'on veut atteindre les populations au raz des villages pour un développement durable.

4. Problématique de recherche

Le contexte de notre recherche étant ainsi posé, se dessinent les questionnements les plus pertinents auxquels ceux-ci renvoient. En effet, partant de l'idée qui est celle de montrer en quoi consiste l'étude phonologique et morphologique du baguiro, nous répondront aux questions suivantes.

· Pourquoi étudier le baguiro, alors qu'il existe tant de langues non décrites?

· Pourquoi seulement l'aspect phonologique et morphologique?

· Quelle est la pertinence d'une telle description sur le plan scientifique?

5. Hypothèses de recherche

Le baguiro est une langue à tradition orale, c'est pourquoi si elle est décrite, cela pourrait non seulement la sauvegarder, mais aussi la faire découvrir aux non natifs.

Cette description est phonologique et morphologique dans la mesure où ces deux sont les points de départ de toute étude d'une langue. La phonologie s'occupe de la fonction des sons dans la transmission d'un message, elle recherche les différences de prononciation qui correspondent à des différences de sens: ce qu'on appelle des oppositions distinctives appartenant à deux (2) classes distinctes que sont les phonèmes. La morphologie quant à elle, s'occupe des plus petites unités de forme et de sens qu'on appelle les morphèmes.

Signalons enfin que la pertinence scientifique de cette description est de faire ressortir les spécificités qui distinguent le baguiro des autres langues. Aussi, une occasion pour les linguistes d'enrichir cette langue afin d'être utilisée dans des secteurs de modernités pour les peuples qui la parlent.

L'étude phonologique et morphologique du baguiro, bien qu'elle puisse révéler quelques lacunes, nous a semblé suffisamment cohérente pour mériter d'être présentée ici. Nous mentionnons que le travail dans lequel nous nous sommes lancé soit un véritable travail de pionnier.

6. Recensions des écrits

Suite à nos recherches documentaires, nous nous sommes rendu compte que la langue baguiro n'a jamais fait l'objet d'une véritable recherche. La plus part des informations que nous avons reçues concernant les travaux réalisés restent virtuels. Toutefois, quelques indices certains nous ont révélé les ouvrages qui suivent :

· BOYELDIEU(P), 1987 Descriptions des langues Fer ou Yulu, SELAF, Paris (Bibliothèque 47);

· 2000, Identité tonale et filiation des langues sara-bongo-baguirmienne, (Sprache und Geschichte inAfrica SUGIA, Beiheft 10);

· 2004, Bongo, ndoka, nduga (kaba de Paoua, yulu) ;

· NOUGAYROL (P), 1991, Le système des personnels en bongo-bagirmi, Communication au 22ème Colloque Annuel de Linguistique Africaine (ACAL), Université de Nairobi;

· 1999, Les parlers gula (Centrafrique, Soudan, Tchad), Grammaire et lexique, Paris, CNRS Editions.

Il faut signaler que ces ouvrages restent introuvables, ce qui ne nous permettra pasde faire une analyse du contenu afin de voir leur impact sur notre sujet. Mais dans la mesure où l'on note quelques similitudes des variantes dialectales du groupe Sara, nous nous sommes permis de présenter quelques travaux réalisés à ce sujet juste pour étoffer une pareille recherche documentaire aussi si pauvre.

· DAOTA(J.R), 1991: La détermination en Kaba, Mémoire de Maîtrise, Université de Bangui(FLSH);

Ce chercheur a tenté de faire un rapprochement structural entre les différents constituants syntagmatiques.

· NADJIROM (B), 2005 : Description phonologique et lexicale du ngambay parlé dans la rue, Mémoire de Maîtrise, Université de Bangui (FLSH);

L'auteur a fait un inventaire lexical spécialisé de la langue ngambay et il a mis l'accent sur les systèmes phonologiques de cette langue.

· NARIDJIMTEZ (J), 2003 : Esquisse phonologique du parler Sara de BESSADA du sud du Tchad, Mémoire de Maîtrise, Université de Bangui (FLSH);

Il convient de noter que ce travail n'est pas archivé au département de Lettres modernes et nous ne l'avons donc pas pu consulter. Faute de documentation quelques apports et regards critiques ne seront pas effectifs comme nous l'aurions souhaité.

7. Objectifs de recherche

Tout travail de recherche exige un objectif et une perspective, afin de déterminer son apport aux travaux de la communauté scientifique.

En effet, dans le cadre de la recherche que nous menons, nous souhaiterons à travers les objectifs linguistiques :

· Expliquer comment un linguiste problématise et analyse un phénomène phonologique et morphologique spécifique depuis la collecte des données jusqu'à leurs théorisations ;

· Présenter les mécanismes de fonctionnement de la langue baguiro.

Nous supposons enfin qu'à travers les objectifs généraux, la langue baguiro puisse êtredotée d'uncodeorthographiquepratique et normé, le cas échéant être aménagée. Ceci permettrait à des domaines tels que la Religion, l'Enseignement et bien d'autres encore d'avoir un outil indispensable pour la confection des ouvrages pédagogiques, d'alphabétisation et d'évangélisation

Cadre méthodologique

Pour mener une recherche ou un travail scientifique, il s'avère indispensable de circonscrire les travaux dans un champ d'étude. C'est dans ce champ que s'opéreront les démarches auxquelles est voué le chercheur.

Eu égard à cela, notre méthodologie a suivi trois (3) grandes phases, à savoir: la phase dite «Préparatoire», la phase dite «de Terrain» et la phase dite «Analytique». Signalons que les Atouts-Limites de cette recherche ainsi que les difficultés rencontrées compléteront la pertinence de cette démarche méthodologique.

1. Phase Préparatoire

La phase dite «Préparatoire» a été primordiale dans l'organisation de notre recherche. Cette phase est axée sur la population cible et les outils de recueil des données.

1.1. Population cible

De l'avis de THOMAS, J-M. C. et BEHACHEL, A. (1980 : 19-20), cité par Apollinaire SELEZILO:

[...Habituellement en Linguistique ou en Sciences humaines de manière générale, on parle de la population cible quand on fait allusion à un ensemble de personnes habitant sur un espace déterminé capable de produire des données de recherche...]

Nous nous sommes donc focalisé sur les peuples potentiels de la langue en question. Ces derniers sont localisés dans la Sous-préfecture de Zangba (cf. Carte N°2).

La principale enquête que nous avons menée sur un échantillon de certains locuteurs a été réalisée dans cette localité. Mais compte tenu des facteurs sociologiques et surtout de la validité scientifique des données, nous avons pris le risque de cibler deux(2) localités subsidiaires là où les communautés Baguiro sont importantes. Il s'agit d'une partie de la ville d'Alindao dans la Basse-kotto, ainsi qu'une partie du 7è arrondissement (Ngaragba-Kassaï) de la ville de Bangui.

1.2. Outils de recueil des données

En effet, après avoir ciblé nos sites de recherche, nous avions proposé et apprêté quelques outils pour le recueil des données. Cela nous a ainsi amené à dresser deux (2) questionnaires: l'un réservé à l'histoire et la sociologie de ce peuple, l'autre d'inventaire linguistique constitué d'un lexique en français destiné à la langue. Enfin tout ce qui nous a permis l'enregistrement et d'avoir l'objectivité est un téléphone portable de marque «TCNO VELL-COM 80X.

2. Phase de terrain

2.1. Déroulement de la recherche

Notre enquête s'est effectuée en deux (2) périodes. La première s'étend d'Août à Septembre 2011. Durant cette période nous avons débuté dans le 7è arrondissement de la ville de Bangui notamment les quartiers Ngaragba-Kassaï où nous avons effectué un travail de pré enquête de neuf (9) jours; ensuite nous avons mené la principale enquête dans la localité de Zangba durant un séjour de dix-sept (17) jours.

Dans le souci d'une recherche approfondie et de compléter quelques insuffisances, nous avons reconduit l'enquête entre fin Février et début Mars 2012. Lors de cette seconde période, nous avons bouclé notre recherche après un séjour de huit (8) jours dans la ville d'Alindao.

Ainsi, ces périodes nous ont permis de recueillir nos données sur un échantillon de locuteurs potentiel du baguiro.

2.2. Echantillonnage

Il est évident que dans certain cas, nous avons dû improviser des enquêtes, qui malgré tout nous ont donné des résultats très intéressants de par leur nature spontanée. Seulement, nous avons jugé peu utile de mentionner les identités de nos sources occasionnelles.

En dehors de ces cas, nous avons toujours pris la précaution d'informer préalablement nos interlocuteurs de notre démarche intellectuelle, considérant que nous avions un devoir de transparence vis-à-vis des gens acceptant de se soumettre à nos questionnements, et ce quelque soit leur statut.

Ainsi, parmi les trente et sept (37) locuteurs rencontrés et interrogés, il nous semble nécessaire présenter brièvement ici l'identité de nos quelques informateurs de référence dans le tableau ci-après:

Nom(s)et Prénom (s)

Age

Catégorie socio-

Professionnelle

Lieu de

Résidence

01

OROKO Luc

71 ans

Gendarme à la retraite et ancien footballeur.

Castor (Bangui)

02

SANZE Bernard

66 ans

Ancien combattant,

actuellement chef de groupe

Ngaragba(Bangui)

03

BENGO Georgine

68 ans

Cultivatrice

Alindao

04

YELO Annie

48 ans

Ménagère

Oumbé(Zangba)

05

GBIAGNON Félix

37 ans

Chef de village

Ngulibi (Zangba)

3. Phase Analytique

3.1. Corpus

Les démarches susmentionnées nous ont permis de recueillir et de transcrire les données constituant notre corpus. Celui-ci est constitué d'un recueil de vingt (43) proverbes baguiro, trois (3) conte et d'un lexique de mille trois soixante-dix (1370) items baguiro-français.

3.2. Matériaux de description du corpus

Deux (2) matériaux nous ont favorisé la description du corpus. Notamment l'Alphabet Phonétique International (API) et l'Alphabet de l'Institut Africain International (IAI) pour certains sons. Il faut signaler que presque toutes les données brutes recueillies ont été dépouillées et transcrites ici à Bangui. Pour les proverbes et les contes, ceux-ci ont subi une traduction littérale puis la traduction littéraire. Enfin, pour déterminer la pertinence de cette démarche méthodologique, il nous semble nécessaire de présenter brièvement ici les atouts-limites et difficultés émanant de ce travail.

4. Atouts-Limites et Difficultés

Pour atteindre l'objectif que nous avons préalablement fixé, notre ligne de conduite fut d'emprunter la méthodologie dite «d'observation participante». Cela n'aurait pas remplacé l'intérêt et l'enrichissement qu'apporte toute expérience personnelle directement vécue.

Nous avons surtout essayé de garder un recul nécessaire par rapport à l'enthousiasme procuré par le «terrain» et ainsi de saisir la substance des phénomènes rencontrés en évitant la collection de stéréotypes.

Les limites de ce travail tiennent au choix méthodologique que nous avons effectué ainsi qu'à la nature de certains locuteurs que nous avons rencontrés. Notre présence a souvent suscité quelques interrogations, parfois quelques suspicions, plus rarement une franche animosité. Les différentes communautés avec lesquelles nous avons travaillé n'ont pas toutes eu la même perception de nos travaux. Par exemples certaines populations relativement accoutumées à la présence et aux méthodes des chercheurs, ont été très réactives par rapport à notre travail; d'autres n'ayant quasiment jamais été des partenaires de travaux à vocation scientifique, ont été peu réceptives.

D'autres difficultés sont liées bien évidemment à certaines "prises de contact" non honoré par maladresse de notre part renvoyant notre demande assez loin et parfois sans suite.

Notons que par rapport à la situation géographique de Zangba, étant très isolé voire non sécurisé, et surtout que cette localité était inconnue pour nous, suscitait aussi une incertitude pour notre intégrité physique. Bien que généralement peu enclin à faire preuve de réalité de leur société, nos informateurs se sont révélés assez ouverts à nos recherches.

Signalons enfin que la difficulté majeure est d'ordre financier, car une recherche de telle envergure exige de moyens financiers nécessaires. Ce qui effectivement ne pourra donc pas bien entendu apporter de résultats définitifs à l'attente de nos lecteurs.

Ebauche de la première partie :

Phonologie

De l'avis de J-M-C. Thomas, et al.1980 : 21

[...quelle que soit l'orientation théorique et méthodologique des descripteurs, l'établissement de la phonologie reste considéré comme préliminaire indispensable à toute description...]

Cette partie est consacrée à la description phonologique du baguiro. Il sera question d'identifier et d'étudier:

· La phonématique sur l'axe paradigmatique en utilisant la commutation pour établir des pairs minimales afin de dégager les traits oppositionnels, le statut phonologique et aussi la taxonomie de la langue en question; ensuite,

· Les autres études de ces unités phonologiques seront faites sur l'axe syntagmatique par l'étude des contextes, des rencontres, des positions, pour dégager les traits contrastifs. Ces traits pertinents nous permettront de définir les diverses unités, enfin ce sera la formalisation de quelques règles morpho-phonologiques et la proposition d'un code orthographique du baguiro.

Il est à mentionner que nos transcriptions phonétiques garderont pour leur compte l'Alphabet Phonétique Internationale(A.P.I) et l'alphabet proposé par l'Institut Africain International (IAI).

Mais en attendant, il nous incombe de présenter de façon sommaire ces unités qui feront l'objet de notre analyse phonologique.

I.1. Phonématique

Le système phonologique du baguiro est constitué de quarante et un (41) phonèmes dont douze (12) vocaliques et trente (29) consonantiques qui sont:

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