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L'Espagne en France. Les centres culturels espagnols dans l'hexagone au XXe siècle.

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par Julien JACQUES
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master 2 recherche Histoire des relations internationales et des mondes étrangers 2015
  

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CHAPITRE VI

LES PREMIERS CENTRES CULTURELS ESPAGNOLS EN FRANCE

Le chapitre V s'est focalisé sur les relations culturelles bilatérales entre la France et l'Espagne et principalement sur les difficultés et les réussites de l'Espagne à installer des centres culturels en France. Dans un esprit de continuité et d'exhaustivité, il est important maintenant de reparler de ces centres culturels mais sous un nouvel angle. Ce chapitre propose de nous intéresser aux péripéties et aux activités culturelles que ces établissements culturels ont vécues et offertes. La construction de ce chapitre ne se veut plus chronologique mais thématique, ainsi les deux premières sous-parties se consacrent aux deux plus importants centres avant la création de l'Instituto Cervantes : le Collège d'Espagne et la Bibliothèque espagnole, tandis que la dernière sous-partie vise les autres centres, à savoir les écoles et les lycées pour lesquels nous sommes moins informé.

A) Le Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire de Paris

Dans le chapitre précédent1(*), nous avons vu que, initialement prévu en 1927 mais commencé qu'en 1929, le Collège d'Espagne fut inauguré en 1935 par le président de la République française Albert Lebrun, en compagnie des intellectuels espagnols José Ortega y Gasset et Miguel de Unamuno, au coeur de la Cité internationale universitaire de Paris. Avant de poursuivre notre raisonnement, demandons-nous de quoi relève cette cité ?

Surnommée « la Babel étudiante » par les professeurs Dzonivar Kévonian et Guillaume Tronchet dans leur ouvrage sur le sujet2(*), la Cité internationale universitaire se trouve au sud de Paris, près du parc Montsouris et représente un vaste campus, unique en France, de plus de trente hectares regroupant une quarantaine de maisons destinées à accueillir et loger des étudiants, des chercheurs et des artistes français ou étrangers3(*). Idée conçue au lendemain de la Première guerre mondiale, un tel lieu d'accueil des étudiants fit l'objet d'une loi en 1921 et les premières réalisations débutèrent dès 19254(*) avec deux ambitions majeures : attirer les flux d'étudiants étrangers en France, s'inscrivant dans la notion méconnue de « diplomatie universitaire5(*) », et créer un pacifisme et une solidarité entre toutes les jeunesses en formation comme le souhaitait la Société des Nations6(*). La construction du Collège d'Espagne par le gouvernement espagnol fit écho à ces ambitions en se voulant comme un espace de logements des étudiants espagnols venus étudier en France mais aussi comme un lieu d'hébergement de nombreuses manifestations scientifiques et culturelles chargées de faire découvrir le milieu artistique et intellectuel hispanique7(*).

Le Collège d'Espagne trouve son origine dans les idées libérales de l'Institución Libre de Enseñanza qui parvinrent à séduire le roi Alphonse XIII avec l'idée de bâtir en France une réplique de la Casa de Velázquez8(*). Le 10 novembre 1927, le roi signa l'acte de donations des fonds nécessaires à la construction du Collège d'Espagne9(*). Les travaux furent confiés à l'architecte Modesto López Otero, directeur de l'École supérieure d'Architecture de Madrid et architecte en chef de la Cité universitaire de Madrid1(*)0. Inspiré de plusieurs oeuvres architecturales espagnoles, telles le palais de Monterrey à Salamanque ou l'Escurial, le plan du Collège d'Espagne représente un « H » et s'ouvre sur une immense façade de pierre blanche qui se veut l'évocation moderne d'un style traditionnel, décorée des symboles des douze universités historiques de l'Espagne et ponctuée, aux quatre angles, de tours carrées. Pouvant loger cent-cinquante étudiants, le bâtiment est construit sur cinq étages dans lesquels sont répartis, en plus des chambres étudiantes, la salle de réunion, la bibliothèque, une salle à manger et les appartements du directeur1(*)1.

Le Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire de Paris

Source : Jacques Mossot, Structurae, base de données internationale du patrimoine du génie civil, photographie n° 77390, prise le 10 février 2007.

La construction du Collège d'Espagne se termina avant les événements de la Guerre civile espagnole qui auraient probablement ralenti la réalisation de ce projet, ce qui permit son inauguration le 7 juillet 19351(*)2. Ce fut un fonctionnaire de la Société des Nations avec une grande expérience internationale qui en devint le premier directeur, Ángel Establier Costa1(*)3. Homme connu pour son ouverture d'esprit et sa tolérance, il mit tout en oeuvre pour que, même durant les années difficiles que traversa l'Espagne, le Collège d'Espagne restât un espace de liberté et de tolérance. En effet, à partir de 1936, il accepta de nombreux artistes et intellectuels espagnols qui avaient décidé de quitter l'Espagne, qu'ils fussent républicains ou monarchistes1(*)4, à l'instar de l'écrivain monarchiste Pío Baroja, du scientifique républicain Severo Ochoa, du critique littéraire Azorín ou encore du philosophe Xavier Zubiri1(*)5. Pour entretenir ce sentiment de liberté, d'harmonie, de respect et de tolérance loin des événements qui déchiraient l'Espagne, le directeur Establier Costa avait toutefois, « compte tenu de la situation politique en Espagne », dû interdire les discussions politiques au sein du Collège d'Espagne1(*)6. Toutefois, ce directeur amoureux de la liberté et de la tolérance ne plaisait pas aux ambassadeurs espagnols en France ; chacun son tour, l'ambassadeur de l'Espagne républicaine, Luis Araquistáin, en 1936, puis celui de l'Espagne franquiste, José Félix de Lequerica en 1939, tenta de retirer la direction du Collège d'Espagne à Ángel Establier Costa mais à chaque fois, les autorités françaises de la IIIe République intervinrent en proclamant le principe de liberté académique1(*)7. Après la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle le Collège d'Espagne fut occupé par les nazis puis par les Américains à la Libération1(*)8, Establier Costa ne fut plus en mesure d'être un médiateur entre l'Espagne franquiste et la France nouvellement libérée et démocratique et laissa la main à l'essayiste et historien José Antonio Maravall, en 1949, qu'il avait recommandé et que les autorités françaises acceptèrent rapidement du fait de la renommée de celui-ci1(*)9. Tout au long de sa direction, José Antonio Maravall garantit l'esprit de tolérance du Collège d'Espagne, comme son successeur, Joaquín Pérez Villanueva, qui, à partir de 1965, admit des résidentes femmes, jusque-là refusées2(*)0.

Dans les années 1960, le Collège d'Espagne fut frappé par de nombreux bouleversements. Il semblerait qu'à partir de 1962, il passa sous la tutelle du ministère de l'Éducation nationale et que, par conséquent, la distance se fit de plus en plus grande avec le ministère des Affaires étrangères, créant des tensions avec la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas qui se plaignait de ne pas recevoir les informations sur les activités économiques et culturelles du Collège d'Espagne, alors que la Dirección General continuait à le subventionner2(*)1. D'ailleurs, le Collège d'Espagne se révéla être l'institution culturelle espagnole en France à afficher le budget le plus conséquent comme le montre le tableau suivant :

Les subventions du Collège d'Espagne entre 1946 et 1966

Année

Budget (en pesetas)

1946

250.000

1947

50.000

1948

200.000

1950

500.000

1958

920.407,34

1959

886.913,18

1960

1.256.116,58

1964

1.108.080,34

1965

1.100.745,15

1966

1.100.745,15

Fait par Julien Jacques, d'après José Félix Juliani et alii, « Los presupuestos de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas : 1946-1996 », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.79-129 ; Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.186.

Dire que les autorités franquistes n'approuvèrent guère la création d'un tel îlot de liberté est certainement véridique2(*)2 mais ce tableau nous renseigne sur le fait que, malgré tout, Franco avait compris l'importance d'une telle institution culturelle à l'étranger pour légitimer son régime. Cependant, lorsque les contestations réapparaissent, il devient primordial, pour les dictateurs, de frapper sur de tels centres, à l'image des événements de mai 1968 qui entraînèrent la fermeture du Collège. Le 21 mai 1968, le ministère des Affaires étrangères reçut une lettre du délégué général de la Cité internationale universitaire, Pierre Marthelot, dans laquelle il exprimait son immense inquiétude face aux incidents survenus à la Cité internationale, « comme on pouvait s'y attendre, compte tenu de la conjoncture universitaire et politique2(*)3 ». Il relate plus particulièrement la situation au Collège d'Espagne qui « a été occupé dans la nuit du 18 au 19 mai [...] par un groupe d'une cinquantaine d'étudiants et d'ouvriers espagnols extérieurs à la Cité2(*)4 ». Les locaux administratifs et les appartements du Directeur étaient toujours hors de contrôle de la Fondation nationale de la Cité internationale universitaire au 21 mai, « le but de l'opération [était] évidemment de proclamer et de faire connaître à Madrid ''la libération'' de la Maison qui [allait] se trouver transformée en centre d'action révolutionnaire des Espagnols de Paris2(*)5 ». Face à cette situation, ce fut sans surprise que Franco décida de fermer le Collège d'Espagne, contre la volonté des autorités françaises, craignant qu'il devienne un haut-lieu de contestation2(*)6. En 1969, lors de la Iere Commission mixte franco-espagnole, les autorités espagnoles se plaignirent de ces incidents car l'Espagne « avait dépensé douze millions de pesetas pour moderniser les bâtiments » et refusait de reprendre les travaux tant que le gouvernement français ne garantissait pas le financement des rénovations2(*)7 car le Collège d'Espagne, comme la totalité des maisons de la Cité internationale université, est, en partie, propriété de l'Université de Paris2(*)8. Par deux fois, en 1970 et en 1971, l'ambassade de France à Madrid exprima auprès des autorités espagnoles que l'Université de Paris était prête à assumer les charges que coûtaient les destructions causées par les événements de Mai 68 et demanda donc à l'Espagne de débloquer les crédits alloués à la rénovation du Collège d'Espagne pour une réouverture rapide2(*)9. Les autorités espagnoles ne donnèrent aucune réponse laissant le Collège d'Espagne dans un état délabré et une série d'incendies criminels, entre 1970 et 1975, n'arrangèrent rien, détruisant entièrement l'intérieur3(*)0. Dès le début, les autorités franquistes considéraient cet îlot de liberté avec mépris mais ont-elles tout fait pour empêcher la réouverture du Collège d'Espagne ? Nous n'en savons rien. Néanmoins, avec la mort de Franco en 1975 et le retour de la démocratie, le sort du Collège d'Espagne fit son retour dans les débats politiques. En décembre 1979, la députée Eulalia Vintro Castells adressa une question écrite à la Chambre des députés à propos de la réouverture du Collège d'Espagne3(*)1, soutenue par de nombreuses actions des étudiants espagnols de Paris, qui multiplièrent les initiatives depuis 1976 (collecte de signatures, entretiens avec l'ambassade d'Espagne à Paris, occupation symbolique du lieu, etc...) et par un article de l'écrivain Ramón Chao, paru dans le journal El País le 13 décembre 19793(*)2. La députée gronda sur le fait que le Collège d'Espagne, avec la Maison du Cambodge, était la seule maison fermée et que les étudiants espagnols étaient obligés de se loger ailleurs dans des situations souvent précaires « en raison des prix élevés de l'hébergement dans la capitale française ». De plus, les autorités françaises ont pressé les autorités espagnoles pour rénover et rouvrir le Collège d'Espagne ou bien de le céder complètement à la France3(*)3. Il lui a été répondu que l'Espagne avait un plan de réouverture et qu'il n'était aucunement question de le vendre à la France. Il a fallu attendre presque une décennie entière pour que le ministre espagnol de l'Éducation nationale, José María Maravall, fils de l'ancien directeur de Collège d'Espagne, en compagnie du roi Juan Carlos, de la reine Sofia et du président français François Mitterrand, inaugura en octobre 19873(*)4, le Collège d'Espagne rénové. Dès 1989, le Collège d'Espagne organisa un nombre important d'activités culturelles sur des thèmes divers avec la participation de nombreux intellectuels espagnols, comme Antonio Soriano, fondateur de la librairie espagnole de la rue de Seine à Paris3(*)5, Cristina Alberdi, femme politique et avocate, ou encore du directeur de théâtre Lluís Pasqual3(*)6. Le Collège d'Espagne prenait part à tous les événements culturels parisiens traitant de l'Espagne, par exemple le Festival de Musique de Paris, en 1989, consacré à la musique espagnole au théâtre des Champs-Élysées, à la Salle Gaveau et à l'Opéra comique3(*)7. Les directeurs successifs, de Carmina Virgili en 1987 à Juan Ojeda, aujourd'hui, continuèrent à organiser de nombreuses rencontres scientifiques et artistiques autour de problématiques modernes, parfois en collaboration avec les autres maisons de la Cité internationale, pour montrer une Espagne inscrite dans son temps, mais aussi des événements plus traditionnels comme l'exposition d'oeuvres d'art tirées des collections des plus grands musées d'Espagne3(*)8.

Depuis son inauguration en 1935, chaque directeur n'a de cesse de préserver l'esprit ouvert, libre et tolérant qui caractérise le Collège d'Espagne depuis sa création en recevant des gens de tous les horizons, indépendamment de leur appartenance politique. Certes, le Collège d'Espagne est un lieu d'accueil et d'hébergement des étudiants espagnols en France, mais c'est également une plate-forme pour la promotion de la culture, des sciences et de l'art espagnols, à l'image de sa bibliothèque qui possède plus de six mille volumes, ce qui en fait l'une des plus importantes de la Cité internationale universitaire3(*)9 mais qui reste secondaire face à la Bibliothèque espagnole de Paris, second centre important de l'État espagnol dans la capitale française.

B) La Bibliothèque espagnole « Octavio Páz » de Paris

Nous avons vu précédemment les difficultés que connurent les autorités espagnoles pour obtenir l'immeuble situé au 11, avenue Marceau à Paris4(*)0. Bien qu'il ne fasse aucun doute que cet immeuble ait été choisi par l'État espagnol pour accueillir un centre culturel espagnol4(*)1 bien avant 1951, il semblerait que son statut de bibliothèque ne soit décidé qu'en 1952, date à laquelle la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas du ministère espagnol des Affaires étrangères organisa une exposition sur le livre espagnol contemporain et chercha un lieu pour entreposer les documents de l'exposition qui regroupait 3 600 ouvrages « publiés à partir de 1940 et offrant un panorama de la production éditoriale espagnole de l'époque4(*)2 ». Ainsi, le centre culturel fut ouvert en 1951 mais la bibliothèque ne fut inaugurée que le 28 novembre 1952 en présence du poète Paul Claudel et de monseigneur Roncalli, futur pape Jean XXIII4(*)3. Dirigée à l'origine par José Luis Messía4(*)4, il semblerait qu'entre 1951 et 1959, la Bibliothèque espagnole ait été une dépendance directe de l'ambassade d'Espagne à Paris puisqu'elle n'apparut dans le budget de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas qu'à partir de l'année 19594(*)5.

Budget de la Bibliothèque espagnole entre 1958 et 1966

Année

Budget (en pesetas)

1958

-

1959

278.335,56

1960

570.093,67

1964

497.518,79

1965

781.145,53

1966

783.202,35

Fait par Julien Jacques, d'après Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.186.

Grâce à ce tableau, nous pouvons nous apercevoir qu'en quelques années, le budget de la Bibliothèque espagnole, encore récente, était conséquent, ce qui lui a permis de se convertir peu à peu en authentique centre culturel espagnol dans la capitale française. Après plus de soixante années d'actions culturelles, elle enregistre une intense activité. Gregorio Cantera revient sur l'action culturelle de la Bibliothèque espagnole dans les années 1980 en précisant, à chaque fois, le nombre exact de concerts, de conférences et des autres activités culturelles proposées par celle-ci. Il constate notamment les très nombreux événements culturels au cours de la décennie 1982-1993 auxquels la Bibliothèque espagnole prenait une part active4(*)6. En effet, depuis 1982 et l'arrivée au pouvoir, en Espagne, de Felipe González4(*)7, les ministres français et espagnol de la Culture, Jack Lang et Javier Solana, mirent tout en oeuvre pour modifier l'image négative de l'Espagne en France et faire connaître aux Français l'important patrimoine culturel de leur voisin d'en deçà des Pyrénées4(*)8. D'abord en 1983, il est fait mention de quinze concerts et onze conférences donnés et de la participation de la Bibliothèque à la commémoration organisée au Centre Pompidou pour le centenaire de la naissance du philosophe José Ortega y Gasset et l'hommage à l'écrivain Ramón Gómez de la Serna. L'année suivante en 1984, en parallèle de la participation de l'Espagne au premier salon Expolangues4(*)9, la Bibliothèque espagnole organisa seize concerts, quatorze expositions, huit conférences et huit projections cinématographiques. L'année 1985 fut importante pour le cinéma espagnol en France car la Cinémathèque française présenta les « Cent jours du cinéma espagnol » et la Bibliothèque espagnole convoqua des conférenciers autour de ce sujet ou d'autres tels l'écrivain Juan Goytisolo ou encore la soprano Victoria de los Ángeles. Les universités françaises organisèrent également des colloques interdisciplinaires autour de l'Espagne, par exemple, l'Université de Rouen sur le thème de « Victor Hugo et l'Espagne » ou celle de Nanterre sur la place de l'Espagne face à l'Europe. En 1987, en marge d'une rencontre franco-espagnole à Madrid les 11 et 12 mars en présence du président français François Mitterrand et de son premier ministre Jacques Chirac, les Français assistèrent au début de cinq années d'expositions et d'activités culturelles sur la culture espagnole comme pour établir un prologue aux célébrations du 500e anniversaire de la découverte de l'Amérique, de l'Exposition universelle de Séville et des Jeux Olympiques de Barcelone en 19925(*)0. Le musée d'Art moderne de la ville de Paris et le Petit Palais inaugurèrent l'exposition « Cinq siècles d'art espagnol » et additionnèrent les expositions sur ce thème, celles sur « le siècle de Picasso » ou « du Greco à Picasso » furent inaugurées par la reine Sofia5(*)1. De son côté, la Bibliothèque espagnole organisa de grandes tables rondes réunissant des intellectuels prestigieux comme l'historien de l'art Tomás Llorens, l'artiste majorquin Miquel Barceló ou encore la commissaire d'exposition Catherine Millet. Cette énumération des activités culturelles de la Bibliothèque espagnole de Paris, bien que rudimentaire, nous permet de constater qu'au cours des décennies qui ont suivi son inauguration, elle a voulu accroître le nombre de ces activités pour être un acteur incontournable de la culture espagnole à Paris allant jusqu'à l'édition d'une revue spécialisée, Mélanges de la Bibliothèque Espagnole5(*)2.

Arrivée à la fin de la décennie 1980, nous pouvons affirmer que la Bibliothèque espagnole a participé grandement au renouvellement de l'image de l'Espagne en France. Le début des années 1990 vit un changement dans la politique culturelle extérieure de l'Espagne avec la création de l'Instituto Cervantes auquel fut rattachée la Bibliothèque espagnole de Paris en 19925(*)3 mais resta fidèle à sa mission de diffusion des cultures espagnole et latino-américaine dans la capitale française, et comme pour souligner la vocation de miroir de toutes les cultures hispaniques, en 2005, la Bibliothèque espagnole est devenue la Bibliothèque Octavio Páz en hommage à l'écrivain mexicain qui fut prix Cervantès en 1981 et prix Nobel en 19905(*)4. L'intégration de la Bibliothèque espagnole au réseau de l'Instituto Cervantes a réuni les principales caractéristiques qui définissent une bibliothèque d'un centre culturel. D'une part, ces bibliothèques sont établies en dehors du territoire de leur pays d'origine et revêtent donc un caractère gouvernemental ou para-gouvernemental et servent de miroir d'un pays à l'extérieur de ses frontières. Elles agissent donc pour l'action extérieure d'un gouvernement pour créer une politique culturelle et promouvoir l'influence du pays dont elles sont originaires5(*)5. Bien souvent, les bibliothèques de centre culturel sont rattachées à un institut qui a fait de l'enseignement de la langue sa priorité et les bibliothèques doivent donc fournir des services de soutien aux professeurs ou aux étudiants à l'intérieur ou à l'extérieur de l'institut. Mais l'action d'une bibliothèque dépend toujours du pays où elle se trouve, l'action d'une bibliothèque espagnole à Manille ne sera pas la même que celle de la Bibliothèque Octavio Páz à Paris. Alors qu'aux Philippines, son action sera plus tournée vers la formation de professeurs d'espagnol, en France, berceau de l'hispanisme, la Bibliothèque espagnole fait énormément d'efforts pour réunir un fond important d'une sélection minutieuse des documents où l'hispaniste peut trouver de l'aide précieuse pour ses recherches5(*)6. De ce point de vue, la Bibliothèque Octavio Páz semble répondre parfaitement aux demandes, la directrice de la bibliothèque, Consuelo Álvarez Solís, parle d'un « ensemble complet dans toute sa richesse et sa variété, depuis des textes imprimés d'une notable ancienneté et valeur jusqu'aux nouvelles technologies5(*)7 ». Ainsi, en plus d'une installation remarquable, la Bibliothèque Octavio Páz renferme une importante collection de livres regroupant pas moins de 60 000 volumes5(*)8. En 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la bibliothèque, le directeur de l'institut Cervantès de Paris, Juan Manuel Bonet, et la directrice de la Bibliothèque, Consuelo Álvarez Solís, ont réalisé un petit ouvrage qui donnait un bref historique du lieu mais aussi sur une présentation des plus beaux ouvrages que renferme la bibliothèque5(*)9 (par exemple, un exemplaire du Memoria sobre las diversiones públicas de Gaspard Melchor de Jovellanos6(*)0, les Cartas marruecas de José Cadalso6(*)1 ou encore un Guide de Grenade destiné aux touristes de l'époque romantique). Nous pouvons découvrir des oeuvres plus récentes comme El arte de birlibirloque de José Bergamín, qui dans ses années d'exil vécut à Paris dans un appartement au Marais grâce à son ami André Malraux6(*)2. Multiplier les exemples ne nous semble pas nécessaire pour comprendre la richesse des collections de la Bibliothèque espagnole de Paris. Encore aujourd'hui, de nombreuses donations viennent agrandir ces fonds comme celles du journaliste et écrivain Ramón Chao, de Pierre Darmangeat ou de Jorge Semprún mais peuvent venir aussi de délégations diplomatiques comme l'ambassade d'Équateur à Paris6(*)3. Quoi qu'il en soit, Juan Manuel Bonet, fait remarquer que pour la plupart de écrivains cités, Paris fut une étape clé dans leur vie d'intellectuel, ajoutant que « l'histoire d'amour entre Paris et le monde hispanique est interminable » et que cette histoire est « déterminée par la recherche de la liberté6(*)4 ».

A la fin de cette seconde sous-partie consacrée à la Bibliothèque espagnole de Paris, nous pouvons affirmer qu'elle est plus qu'une simple bibliothèque destinée à aider les professeurs de langue espagnole mais qu'elle joue un rôle fondamental autant pour les hispanistes et toutes personnes qui s'intéressent au monde hispanique, qu'aux lecteurs espagnols ou latino-américains qui vivent à Paris par l'intensité et la diversité de ses fonds.

Le Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire et la Bibliothèque espagnole au 11, avenue Marceau à Paris demeuraient les deux plus importants centres culturels espagnols en France avant la création de l'Instituto Cervantes ; toutefois, ils ne furent pas les seuls.

C) Les centres culturels espagnols secondaires en France

Les centres culturels qui font l'objet de cette troisième sous-partie ne sont pas du même ordre que les deux précédents pour lesquels nous venons d'étudier les tenants et les aboutissants. Alors que le Collège d'Espagne et la Bibliothèque espagnole avaient un rôle plus important de miroir de la culture espagnole en France, les centres culturels suivants ciblaient l'enseignement de la langue espagnole ou proposaient des activités culturelles à moindre échelle. C'est sans doute pour cette raison qu'il fut plus ardu d'étudier ces centres étant donnée la faible quantité d'archives à notre portée, et bien qu'il soit difficile de présenter ces centres dans leur entièreté, nous pouvons néanmoins présenter l'état de nos recherches. Nous avons vu précédemment que Pablo de Jevenois Acillona affirmait que certaines écoles espagnoles ont été construites, dans l'entre-deux-guerre, à Bayonne, à Lyon, à Marseille, à Montpellier, à Béziers et à Saint-Denis6(*)5. Ceci dit, nous ne pouvons pas donner plus amples détails car nous n'en avons malheureusement pas.

Toutefois, la création de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas au sein du ministère des Affaires étrangères en 1946 et l'étude de la répartition de ses subventions nous permettent de porter à notre connaissance ces centres culturels espagnols en France6(*)6. Même si dans les premières années, l'étude des budgets n'est pas détaillées, nous apprenons qu'en 1946, sur un budget total de 23.280.000 pesetas accordé à la Dirección General, 300.000 pesetas furent destinés aux écoles espagnoles en France, 100.000 aux activités culturelles de la Mission religieuse de la rue de la Pompe à Paris, celle de Saint-Denis ainsi qu'à l'asile San Fernando et encore 100.000 pour El Solar español de Bordeaux6(*)7. En 1947, malgré la faible évolution des subventions évoluèrent quelque peu, les destinataires furent les mêmes, l'étude du budget de 1948 donne plus de détails, principalement sur les écoles espagnoles en France à qui furent alloués 250.000 pesetas destinés aux écoles de Lyon, Marseille, Toulouse, Sète, Perpignan, Bayonne et Biarritz6(*)8. A partir de 1951, la Dirección General ne semble plus détailler la répartition de son budget, celui destiné aux centres culturels en France fut noyé dans celui de l'action culturelle dans les pays européens ou dans celui des centres culturels dépendants de la Dirección General. Néanmoins, nous savons qu'en 1950, 150.000 pesetas furent accordés aux Missions religieuses de la rue de la Pompe et de Saint-Denis et 350.000 pour les écoles espagnoles en France soit les mêmes plus celle de Bessières en Haute-Garonne6(*)9.

Que nous apprennent ces études ? Le principal aspect que nous pouvons noter est la différence d'objectifs entre ces centres « secondaires » et le Collège d'Espagne et la Bibliothèque espagnole. Alors que ces derniers étaient principalement tournés vers l'extérieur, c'est-à-dire vers un souci d'image qu'ils reflétaient en France, ces centres servaient d'appui aux exilés espagnols en France mais nous soupçonnons, quand même, une volonté de donner une bonne image du pays du fait d'avoir été financées par la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas du ministère des Affaires étrangères. L'étude de ces budgets démontrent d'une part la réussite de l'Espagne, dans les années 1940, à tisser un réseau d'écoles espagnoles en France sans aucun doute tournées vers l'éducation des enfants d'émigrés, et d'autre part, l'importance des associations religieuses, financées par le gouvernement espagnol, pour venir en aide aux Espagnols exilés en France (les Missions religieuses de la rue de la Pompe à Paris et de Saint-Denis). Revenons sur l'asile San Fernando et sur l'association El Solar español à Bordeaux. La Fédération d'associations et de centres d'émigrés espagnols en France (FACEEF) qui, au sein de son projet Memorias, étudie les lieux de mémoire et d'histoire de l'immigration et de l'exil espagnols en Île-de-France7(*)0, décrit l'asile San Fernando comme une « association hispano-américaine créée en 1892 afin d'offrir une protection sociale aux immigrés espagnols venus chercher du travail à Paris et dans sa région au XIXe siècle7(*)1 ». Dirigée, dans ses balbutiements, par des membres de la congrégation des soeurs de la Charité, l'association, qui existe toujours aujourd'hui, assure des cours de langue et de culture espagnoles et aussi de français et continue d'être soutenue par l'ambassade d'Espagne et celles des différents pays d'Amérique latine7(*)2. En ce qui concerne l'association El Solar español à Bordeaux, à en croire l'Université du temps libre de Bordeaux, seule étude mise à notre disposition, il s'agirait d'une association religieuse créée en 1920 par de Jésuites espagnols pour venir en aide à l'importante communauté espagnole dans cette région de France7(*)3. Jusqu'en 1990, avec l'aide de l'État espagnol et de dons, El Solar español aide les émigrés espagnols dans tous les aspects de leur nouvelle vie en France. Malgré l'établissement de liens avec la Phalange espagnole7(*)4, dans les années 1940, El Solar español fut un centre névralgique des plus importants pour l'intégration des émigrés espagnols dans leur nouveau pays7(*)5.

Concernant la fin des années 1950 et la décennie 1960, nous disposons de l'étude réalisée par Pablo de Jevenois Acillona sur les centres culturels et éducatifs à l'extérieur7(*)6 et des archives diplomatiques françaises qui regroupent les études demandées par le ministère des Affaires étrangères sur les établissements espagnols en France lors des négociations de l'accord de coopération culturelle7(*)7. Le tableau ci-dessous nous permet de constater une évolution des écoles espagnoles en France entre les années 1940, exposées plus haut, et le début des années 1960.

Budget des écoles espagnoles en France entre 1958 et 1966

 

1958

1959

1960

1964

1965

1966

Biarritz

25351

59392,55

120943

131575,59

154388,02

154388,02

Lyon

60600

64500

-

-

-

-

Marseille

125960,74

106739,76

206804,7

198031,45

220036,03

220036,03

Saint-Denis

117796,7

100302,14

144435,31

123114,82

137723,5

137723,5

Béziers

71170,05

65409,88

99048,25

114635,43

134571,46

149222,58

Fait par Julien Jacques, d'après Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.186-189.

L'école, située à Bayonne semble avoir disparu au profit de celle de Biarritz ; alors que Pablo de Jevenois Acillona voit une seule école espagnole réunissant ces deux villes7(*)8, les archives diplomatiques nous en apprennent davantage mais uniquement sur une école à Biarritz, sise au 6, rue Albert Ier dans la villa « Sweet Dream » appartenant à un monsieur Laumond originaire de Bordeaux. Ce bâtiment apparaît comme étant loué au Consulat d'Espagne pour un loyer annuel de 5 344,21 francs, destiné à accueillir une école publique espagnole à caractère gratuit fréquentée par 175 élèves pour l'année scolaire 1966-19677(*)9. Un autre document découvert dans les archives diplomatiques nous confirme la présence d'une école à Biarritz en 1966 mais il n'est fait aucune mention d'une école à Bayonne8(*)0. S'il y a bien eu une école à Bayonne à partir des années 1930, elle a probablement été fermée avant la fin des années 1950. Toutefois, un projet de création d'un « institut de culture espagnole » à Bayonne fut présenté, par le gouvernement espagnol, au Consulat de France à Saint-Sébastien en 19568(*)1. Malgré l'approbation de l'Académie de Bayonne, ce projet ne semble n'avoir jamais abouti car il n'apparaît pas dans les archives postérieures.

L'école espagnole de Sète présente le même cas de figure, les subventions de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas témoignent de l'existence d'une école à Sète dans les années 19408(*)2, disparaissant avant les années 1960 car les archives diplomatiques ne la mentionnent pas mais font état, au contraire, d'une école espagnole à Béziers8(*)3. Cette école, située au 42, avenue Gambetta, également la demeure du vice-consulat d'Espagne, et où un certain monsieur Lorenzo y donnait des leçons d'espagnol à des enfants de 14 à 16 ans8(*)4 fut l'objet d'un différend entre la France et l'Espagne en 1950 lorsque que les autorités françaises menacèrent d'expulser le professeur Francisco Lorenzo Salgado au motif de non obtention d'une équivalence de ces diplômes universitaires8(*)5. Ces menaces n'aboutirent à rien mais ce fait divers nous prouve l'ancienneté de l'école de Béziers, créée donc avant 1950 et celle du professeur Lorenzo qui y assurait les cours.

Sur la liste des écoles espagnoles fermées entre les années 1940 et les années 1960, il faut ajouter les écoles de Perpignan et Bessières pour lesquelles il ne fait aucune mention dans les détails du budget accordé aux écoles espagnoles en France. L'école de Lyon semble avoir été fermée en 1959 puisque qu'elle ne reçoit plus aucune subvention à partir de 1960 mais Pablo de Jevenois Acillona précise que la question de sa fermeture fut posée depuis 1951 à cause du manque de titulaires à l'enseignement de l'espagnol8(*)6. Concernant l'école espagnole de Toulouse, déjà citée dans les années 1940 et bien que Pablo de Jevenois Acillona ne la mentionne plus, elle n'a pas disparu puisque les archives françaises en font état dans les années 19608(*)7 mais est devenue un lycée à partir de 19678(*)8. La ville de Marseille, à l'instar de Toulouse, a vu l'école espagnole se transformer en lycée8(*)9 mais il y existait une bibliothèque espagnole au 12, rue du Coq, louée au nom du Consulat général d'Espagne, par des professeurs recrutés et rémunérés directement par le ministère espagnol des Affaires étrangères. Cet établissement dispensait des cours d'espagnol du niveau débutant à la préparation au CAPES et le nombre d'inscriptions variait entre 200 et 400 chaque année9(*)0.

L'école espagnole de La Plaine Saint-Denis était le deuxième lieu d'enseignement pour les réfugiés espagnols à Paris avec le lycée espagnol. Celui-ci d'abord situé au 51 bis de la rue de la Pompe à Paris fut transféré en 1967 à Neuilly9(*)1 et continue de préparer les élèves, à majorité espagnole mais aussi français, au baccalauréat espagnol (bachillerato)9(*)2. Un autre centre culturel fut attesté au château de la Valette à Pressigny-les-Pins dans le Loiret9(*)3. Acheté par les républicains espagnols en 1936, il servit d'abord à accueillir des exilés politiques espagnols, puis devint une colonie de vacances pendant la période franquiste. D'établissement scolaire dans les années 1970, le château se transforma, au milieu des années 1980 en un centre culturel espagnol de moindre importance puisqu'il fut peu à peu délaissé par l'ambassade d'Espagne qui le céda finalement à la commune de Pressigny-les-Pins en 20029(*)4.

Ce chapitre nous a permis de connaître la totalité des centres culturels en France avant la création de l'Instituto Cervantes. Aujourd'hui, le Collège d'Espagne continue de proposer des activités culturelles, la Bibliothèque espagnole a été intégrée au réseau Cervantès et le lycée espagnol de Neuilly dispense toujours une préparation au bachillerato espagnol. La plupart des écoles espagnoles semblent avoir été fermées dès 1968, année où les crédits accordés aux écoles de Béziers, Biarritz, Marseille et Saint-Denis furent supprimés9(*)5. Ces écoles destinées aux enfants d'émigrés espagnols n'avaient peut-être plus de sens car la première génération d'émigrés était déjà bien intégré à son pays d'accueil et, de plus, ces écoles n'avaient plus leur place dans l'action culturelle extérieure de l'Espagne qui avait retrouvé des relations bilatérales normalisées et cordiales avec la France.

* 1 p.78

* 2 Dzovinar Kévonian et Guillaume Tronchet (dir.), La Babel étudiante. La Cité internationale universitaire de Paris (1920-1950), Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2013.

* 3 Ibid. p.18.

* 4 Ibid. p 7.

* 5 Notion défendue par Guillaume Tronchet dans sa thèse de doctorat Savoirs en diplomatie. Histoire sociale et transnationale de la politique universitaire internationale de la France (1870-1940), de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, sous la direction de Patrick Weil. « La diplomatie universitaire, impulsée de façon autonome à partir des années 1880 par les universités et les grandes écoles françaises, peu à peu étatisée sous la tutelle du ministère de l'Instruction publique dans les années 1910, et dont le mode de fonctionnement, propre au « champ universitaire » français en voie d'internationalisation, est à distinguer de celui de la diplomatie culturelle, impulsée par le Quai d'Orsay [...] et portée par des services et des acteurs [...] qui se trouvent en situation de collaboration, d'émulation, voire de concurrence avec ceux de la diplomatie universitaire, celle-ci se trouvant contrainte dès lors de céder peu à peu du terrain, sans pour autant jamais disparaître ». La diplomatie universitaire serait née pour répondre à deux enjeux majeurs, « le premier, imposé par la nécessité, tient à l'obligation de s'agrandir. La diversification des champs de recherche et des disciplines enseignées, la croissance continue des corps enseignants et des effectifs étudiants [...] imposent aux universités des projets de développement urbain [...]. Le second enjeu, produit d'un impérialisme culturel notamment dopé par la concurrence qu'exercent les universités allemandes sur le marché universitaire international, tient à leur implication au sein d'une politique de « rayonnement intellectuel » de la France à l'étranger, mission dont elles s'acquittent par le déploiement de projections à l'international [...] ou encore par la mise en oeuvre de politiques d'accueil à destination des professeurs et étudiants étrangers venus poursuivre en France leurs recherches ou leurs études » ; ibid. p.59-61.

* 6 Ibid. p.60.

* 7 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.184.

* 8 José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », in El Imparcial, 25 juin 2014. [en ligne] < http://www.elimparcial.es/noticia/60886/opinion/75-anos-del-Colegio-de-Espana-en-Paris:-un-espacio-de-civilidad-en-un-mundo-turbulento.html> (consulté le 18 novembre 2014).

* 9 Bertrand Lemoine, La Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas, Paris, 1990, p.70.

* 10 Ibid. p.72.

* 11 Id.

* 12 Ibid. p.70.

* 13 José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », op.cit.

* 14 Id.

* 15 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, Ciencias de la dirección, Madrid, 1994, p.353.

* 16 José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », op.cit..

* 17 Id.

* 18 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.353.

* 19 José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », op.cit..

* 20 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.194.

* 21 Id.

* 22 Bertrand Lemoine, La Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas, Paris, 1990, p.70.

* 23 Lettre de Pierre Marthelot, Délégué Général de la Cité internationale universitaire de Paris, à Jean Boisdevant, Directeur Général des Affaires culturelles au ministère des Affaires étrangères, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 306 relatif aux relations culturelles avec la France, 21 mai 1968.

* 24 Id.

* 25 Id.

* 26 Bertrand Lemoine, La Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas, Paris, 1990, p.70.

* 27 Procès-verbal de la Iere session de la Commission mixte franco-espagnole tenue à Paris les 3 et 4 décembre 1969, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 832 relatif aux réunions de la Commission mixte et du Comité spécial prévus par l'accord culturel (1969-1978).

* 28 Lettre de Pierre Marthelot, Délégué Général de la Cité internationale universitaire de Paris, à Jean Boisdevant, Directeur Général des Affaires culturelles au ministère des Affaires étrangères, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 306 relatif aux relations culturelles avec la France, 21 mai 1968.

* 29 Notes verbales du 27 juillet 1970 et du 30 mars 1971 de l'ambassade de France à Madrid au ministère espagnol des Affaires étrangères, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général, 1969-1972, 236QO, n°144 relatif aux généralités sur la coopération culturelle et scientifique avec l'Espagne.

* 30 Bertrand Lemoine, La Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas, Paris, 1990, p.72 ; Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.353.

* 31 Eulalia Vintro Castells, « Situación del Colegio de España en Paris », Preguntas con respuesta escrita, Boletin oficial de las Cortes Generales, Congreso de los Disputados, I Legislatura, 31 décembre 1979. [en ligne] :

< http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Iniciativas?_piref73_2148295_73_1335437_1335437.next_page=/wc/servidorCGI&CMD=VERLST&BASE=IWI1&PIECE=IWI1&FMT=INITXD1S.fmt&FORM1=INITXLUS.fmt&DOCS=1-1&QUERY=%28I%29.ACIN1.+%26+%28SITUACI%C3%B3N+DEL+COLEGIO+DE+ESPA%C3%B1A+EN+PARIS%29.ALL.> (consulté le 3 février 2015).

* 32 Ramón Chao, « El colegio de España en la Universidad de París », in El País, 13 décembre 1979. [en ligne] < http://ramonchao.wordpress.com/2012/04/05/el-colegio-de-espana-en-la-universidad-de-paris/ > (consulté le 3 décembre 2014).

* 33 Eulalia Vintro Castells, « Situación del Colegio de España en Paris », op.cit.

* 34 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.352 ; José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », op.cit.

* 35 Connue pour avoir été le lieu de rencontre de l'intelligentsia antifranquiste.

* 36 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.365.

* 37 Id.

* 38 José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », op.cit.

* 39 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.194.

* 40 Chapitre IV de ce mémoire, p.82-85.

* 41 Lettre de Bernard Hardion, ambassadeur de France à Madrid, au ministre des Affaires étrangères, Robert Schuman, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris, 19 avril 1950.

* 42 60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012, p.22.

* 43 Id.

* 44 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.178. José Luis Messía est surtout connu pour avoir été, dans les années 1960 et 1970, le représentant de l'Espagne devant le Conseil de l'Europe et négocia l'intégration de son pays dans la Communauté économique européenne à partir de 1977 puis il fut ambassadeur d'Espagne à Buenos Aires entre 1983 et 1986, appuyant le retour à la démocratie argentine ; Juan Antonio Yañez-Barvuevo, « En memoria de José Luis Messía », in El País, 29 novembre 1997. [en ligne] < http://elpais.com/diario/1997/11/29/agenda/880758008_850215.html> (consulté le 21 avril 2015).

* 45 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.187.

* 46 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.359-368.

* 47 Membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), il fut président du Gouvernement espagnol de 1982 à 1996.

* 48 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.349.

* 49 Le salon Expolangues « encourage l'apprentissage des langues et le dialogue interculturel en permettant aux professionnels et au grand public de découvrir des cultures et des pays à travers leur patrimoine linguistique en permettant la rencontre entre tous ceux qui souhaitent échanger, débattre et rencontrer les acteurs du marché linguistique et de la mobilité internationale » ; < http://www.expolangues.fr/salon/presentation/>.

* 50 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.347.

* 51 Ibid. p. 348.

* 52 60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012, p.22.

* 53 Id.

* 54 Id.

* 55 Ramón Abad Hiraldo, « Embajadas Culturales: las Bibliotecas del Instituto Cervantes en su contexto », Métodos de Información, vol.9, n°49, 2002, p.39-44.

* 56 Lluís Agustí, « Entrevista con José Antonio Pascual », Métodos de Información, vol.9, n°49, janvier-mars 2002, p.26-28.

* 57 60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012, p.22.

* 58 Ibid. p.20.

* 59 60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012.

* 60 Que l'on pourrait traduire par « Rapport sur les divertissements publics », Gaspard Melchor de Jovellanos (1744-1811) fut un illustre écrivain, juriste et homme politique espagnol.

* 61 Les Lettres marocaines sont un roman épistolaire publié en 1789 à titre posthume, qui raconte l'histoire de Gazel, jeune marocain devenu ambassadeur pour son pays en Espagne et qui, au cours de ses voyages en Europe, dresse une comparaison entre les différentes cultures européennes ; José Cadalso (1741-1742) fut un écrivain et militaire espagnol.

* 62 José Bergamín (1895-1983) fut acteur, écrivain, dramaturge et scénariste ; 60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012, p.20.

* 63 Ibid. p.22.

* 64 Ibid. p.21.

* 65 p.83 de ce mémoire ; Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.184.

* 66 José Félix Juliani et alii, « Los presupuestos de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas : 1946-1996 », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.79-129

* 67 Ibid. p.91.

* 68 Ibid. p.93.

* 69 Ibid. p.100.

* 70 < http://www.memorias.faceef.fr>

* 71 < http://memorias.faceef.fr/les-lieux/vie-quotidienne/vie-religieuse/article/association-hispano-americaine-san>

* 72 Id.

* 73 < http://observatoire-33.jimdo.com/une-s%C3%A9lection-d-articles/bordeaux-et-l-espagne/enclave-ib%C3%A9rique/>

* 74 La Phalange espagnole (Falange española) tire son nom des unités militaires de la Grèce antique. Il s'agit d'un mouvement politique nationaliste et fasciste, créé en 1933 par José Antonio Primo de Rivera, fils du dictateur, et qui joua un rôle important dans la lutte contre les Républicains durant la Guerre civile espagnole.

* 75 Id.

* 76 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.165-207.

* 77 AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969. Notes sur les établissements français et les établissements espagnols.

* 78 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.186.

* 79 Note sur les établissements culturels espagnols en France, ville de Biarritz, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 20 juin 1967.

* 80 Lettre de Jean Auba, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au ministère des Affaires étrangères, concernant les établissements culturels appartenant à l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.

* 81 Lettre du consul général de France à Saint-Sébastien à Guy de la Tournelle, ambassadeur de France à Madrid, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 824 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles, 27 février 1956.

* 82 p.110 de ce mémoire.

* 83 Lettre de Jean Auba, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au ministère des Affaires étrangères, concernant les établissements culturels appartenant à l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.

* 84 Note sur les établissements culturels espagnols en France, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 20 juin 1967.

* 85 Lettre de Bernard Hardion, ambassadeur de France en Espagne, au ministre des Affaires étrangères, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 823 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles, 21 novembre 1950.

* 86 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.184.

* 87 Lettre de Jean Auba, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au ministère des Affaires étrangères, concernant les établissements culturels appartenant à l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.

* 88 Id.

* 89 Lettre de Jean Auba, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au ministère des Affaires étrangères, concernant les établissements culturels appartenant à l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.

* 90 Note sur les établissements culturels espagnols en France, ville de Marseille, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 20 juin 1967.

* 91 Lettre de Jean Auba, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au ministère des Affaires étrangères, concernant les établissements culturels appartenant à l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.

* 92 Lettre du ministre des Affaires étrangères à l'ambassadeur de France à Madrid sur les établissements culturels espagnols en France, AMAE Nantes, État de versement des archives rapatriées du Service Culturel à Madrid 1962-1980, 398PO/2004029, n° 58 relatif à la Convention franco-espagnole relative aux études et diplômes des établissements français en Espagne et des établissements espagnols en France signée à Madrid le 2 juin 1977, 19 octobre 1967.

* 93 Jean-Paul Dupré, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi (n° 1014), autorisant l'approbation de l'accord sous forme d'échange de lettres concernant le statut fiscal et douanier des établissements culturels et d'enseignement complétant l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne, enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 13 janvier 2004, mise en distribution le 20 janvier 2004, p.7. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r1340.asp> (consulté le 8 décembre 2014).

* 94 Étude la FACEEF,

< http://memorias.faceef.fr/les-lieux/vie-quotidienne/education-et-enseignement/article/le-chateau-de-la-valette>

* 95 Ibid.p. 194.

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