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L'Espagne en France. Les centres culturels espagnols dans l'hexagone au XXe siècle.

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par Julien JACQUES
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master 2 recherche Histoire des relations internationales et des mondes étrangers 2015
  

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CHAPITRE VII

L'INSTITUTO CERVANTES, LE PRINCIPAL ACTEUR DE L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE DE L'ESPAGNE

Ce septième chapitre se focalise sur une période plus contemporaine que les précédents car, encore aujourd'hui, l'Instituto Cervantes est un acteur majeur de la politique culturelle extérieure de l'Espagne. Dans une première sous-partie, nous devons toutefois revenir sur les débats et les questions qui ont précédé et accompagné la création d'un tel organisme. Après les prémices, il est intéressant d'étudier l'organigramme et la composition de l'Instituto Cervantes qui apparaît comme une véritable institution d'État, que nous verrons dans une deuxième partie. Enfin, et pas des moindres, la troisième sous-partie analyse les activités culturelles de cette institution qui permet la promotion de l'espagnol et des cultures hispaniques à travers le monde.

A) De la Dirección General de Relaciones Culturales à l'Instituto Cervantes

« La présence étrangère permanente et active est un objectif stratégique des pays les plus avancés ». « [La] diffusion de la connaissance de la langue et de l'expansion et l'influence de la culture sont des outils pour donner sens et cohérence à l'action extérieure de l'État, en particulier les États ayant une longue histoire, vieille langue et de la culture universelle3(*) ».

Cet extrait de la loi 7/1991 qui a créé l'Instituto Cervantes démontre l'importance de la langue dans la politique extérieure de l'Espagne. Déjà dans les années 1980, l'idée de la création d'un organisme capable d'assumer les fonctions qu'assurent, pour d'autres pays, l'Alliance française, la Società Dante Alighieri, le British Council ou le Goethe Institut4(*) avait émergé. Poussé par le monde culturel, le parti au pouvoir (le parti socialiste ouvrier espagnol, PSOE) du président du gouvernement Felipe González, l'inscrivit directement dans son programme électoral de 1989. A partir de là, le ministère des Affaires étrangères, celui de l'Éducation nationale, celui de la Culture et le ministère de l'Économie et des Finances étudièrent l'idée et le 17 mai 1990, le gouvernement approuva le projet de loi portant sur la création de l'Instituto Cervantes débattu à la Chambre des Députés à partir du 6 juin 19905(*). Durant toute l'année 1990 et le début de l'année 1991, les réunions se succédèrent notamment sur le modèle institutionnel du futur Instituto Cervantes en prenant l'exemple des institutions culturelles déjà existantes des autres pays.

L'Alliance française, association à but non lucratif régie par la loi des associations du pays d'accueil, est basée sur une étroite relation entre la France et le pays d'implantation de l'alliance. Juan Gimeno prend l'exemple de l'Alliance française de Madrid qui vise à faire connaître et diffuser la langue et la culture françaises afin de participer à l'amitié, la coopération et l'aide mutuelle entre la France et l'Espagne en conformité avec les buts de l'association de l'Alliance française de Paris créée en 1883 et de la Fédération des Alliances françaises d'Espagne6(*). Mais l'Alliance française de Madrid a aussi pour but de développer les relations et la connaissance mutuelles des cultures française et espagnole, ainsi elle promeut et propage également des pans de la culture espagnole par la publication de livres, l'organisation de colloques ou d'expositions traitant soit de la culture française, soit de la culture espagnole. La Fondation Alliance française, reconnue d'utilité publique, reçoit une subvention de l'État français mais les alliances françaises s'appuient surtout sur leurs fonds propres ainsi que sur des donations et le fruit de leurs activités. Complété par l'action du gouvernement français en faveur de la francophonie, ce système permet une émancipation rapide dans le monde et un prestige certain. Néanmoins, Juan Gimeno concède quelques inconvénients, d'abord ce modèle français exige un prestige considérable de sa langue et de sa culture dans le monde et un rôle de premier ordre dans le concert des Nations, ce qui manquait peut-être à l'Espagne et qui pose problème à la France aujourd'hui, ensuite le statut privé des alliances françaises et la faible subvention de l'État peuvent poser problème à un accroissement du réseau mondial7(*). Le modèle italien de la Società Dante Alighieri est similaire au modèle français mais se diffère dans le fait que chaque centre est totalement indépendant et possède son propre statut et son propre règlement. Le titre de Società Dante Alighieri apparaît davantage comme un label de qualité accordé par les ministères des Affaires étrangères, des Finances et de l'Éducation. L'État italien subventionne ces centres et, quand bien même les ministères susmentionnés interviennent dans les décisions importantes de chaque institut, ce schéma demande une grande autonomie organisationnelle et une grande flexibilité8(*). Le British Council, créé en 1934, a pour mission d'établir des relations culturelles entre le Royaume-Uni et d'autres pays notamment par la promotion de la langue anglaise. La quasi totalité du financement provient des recettes de l'enseignement de l'anglais mais le ministère anglais des Affaires étrangères, le Foreign and Commonwealth Office, subventionne également le British Council. Le système se caractérise par la présence, dans chaque pays, d'un centre névralgique British Council qui peut posséder plusieurs centres dépendants. Enfin le modèle allemand est basé sur le Goethe Institut, créé en 1951, caractérisé par une relative autonomie de chaque centre mais un financement total par l'État fédéral9(*).

Ainsi l'Instituto Cervantes est un système unique qui mélange tous les modèles ci-dessus. Sous l'autorité et le financement de l'État espagnol, comme le modèle allemand, les centres sont indépendants dans leur fonctionnement interne mais doivent suivre les directives du siège madrilène, comme le modèle anglais mais tous visent la grandeur et le rayonnement du modèle français1(*)0. Lors des débats, un climat de consensus généralisé fut dominant et la plupart des articles furent rapidement approuvés. Après moins d'un an de discussions à la Chambre des Députés, le gouvernement de Felipe González, par la loi 7/1991 du 21 mars 1991, créa officiellement l'Instituto Cervantes pour « promouvoir l'espagnol et les langues co-officielles de l'Espagne (galicien, basque et catalan) et pour diffuser dans le monde la culture des pays hispanophones1(*)1 ». Il s'agit donc d'un organisme public à but non lucratif, relevant du ministère des Affaires étrangères, autorisé, entre autres, à implanter des centres à l'étranger, à mener des activités culturelles et à établir des accords de collaboration ou de protocoles avec les institutions publiques ou privées de l'Espagne ou de l'étranger1(*)2. Durant près de cinquante ans, la diffusion de la culture à l'extérieur se faisait par la Dirección General de Relaciones Culturales, créée en janvier 1946 et qui, à travers ce modèle centralisateur, intervenait dans l'action des instituts, centres culturels, bibliothèques, écoles, programmes de coopération, mais le 19 juillet 1991, le gouvernement espagnol autorisa le transfert de toutes ses compétences, le transfert, sous la tutelle de l'Instituto Cervantes, des centres culturels du ministère des Affaires étrangères, et des Casas de España, du ministère du Travail, transformées en centre de projection de la culture espagnole, plus certains édifices du ministère de la Culture et l'ensemble des capitaux1(*)3. Ainsi donc, une trentaine de centres éparpillés dans vingt-deux pays fut récupérée par l'Instituto Cervantes1(*)4 entre 1991 et 1992. La rapidité de ces transferts, sans même avoir finalisé l'habilitation du nouveau siège à Alcalá de Henares, ville natale de Miguel de Cervantès, engendra de nombreuses inquiétudes de la part du personnel des anciens centres culturels qui ont amplement manifesté leur mécontentement face à ces grands changements sans avoir reçu, au préalable, ni préparation ni information adéquates quant aux nouvelles conditions de travail1(*)5. Leurs préoccupations portèrent notamment sur les nominations, la sécurité sociale, le maintien des droits acquis ou encore les obligations contractuelles. Face à ces nombreuses inquiétudes, le ministère des Affaires étrangères entreprit rapidement les nominations et le transfert des archives en décembre 19911(*)6.

Le statut des employés des centres culturels fut débattu dans les années 1970. Les professeurs étaient en majorité de jeunes doctorants en philosophie ou en lettres qui préparaient leurs thèses doctorales et non pas des fonctionnaires publics. Certains d'entre eux devenaient des professeurs permanents au service de l'État mais n'avaient aucun droit de résidence dans le pays d'accueil, n'ayant aucun contrat fixe, conservant ainsi le statut de touriste1(*)7. À partir de 1975, au retour de la démocratie, un contrat administratif annuel fut créé pour les directeurs et professeurs de formation universitaire, leur permettant d'obtenir les droits accordés aux employés de la Fonction Publique, ainsi qu'une augmentation considérable de leur salaire, l'obtention d'une sécurité sociale, des primes extraordinaires et le droit à la retraite1(*)8. Aujourd'hui, les directeurs des instituts Cervantès sont des diplomates, car titulaires d'un passeport diplomatique, tandis que les directeurs des études, de la bibliothèque, des activités culturelles et l'administrateur possèdent un passeport de service qui est l'intermédiaire entre le passeport diplomatique et le passeport ordinaire ; chacun d'entre eux ne passe pas plus de cinq ans dans un même pays1(*)9.

La motivation qui guide l'Instituto Cervantes est de consolider et d'étendre la présence espagnole dans le monde poussé par un « double moteur culturel et économique », le développement croissant de la langue espagnole dans le monde et l'attrait de l'Amérique latine2(*)0. Des trente-huit centres transférés à l'Instituto Cervantes entre 1991 et 1992, le réseau Cervantès comptait en 2013 quatre-vingt sept centres dans quarante-trois pays. De nombreux centres ont été installés dans les anciens sièges des Casas de España mais l'étude de l'histoire de l'Instituto Cervantes indique que le choix des sites d'installations est principalement guidé par la proximité géographique ou culturelle2(*)1. Le critère géographique est illustré par le fait que le continent européen regroupe trente-six des quatre-vingt sept centres dans vingt et un des quarante-trois pays où réside l'Instituto Cervantes, notamment en Allemagne avec cinq centres et en France, en Italie et au Royaume-Uni avec quatre centres chacun2(*)2. Compte tenu de sa vocation éminemment linguistique, l'Instituto Cervantes ne possède pas de centre en Amérique latine « bien qu'une collaboration soit entretenue avec chacun des pays de la zone pour promouvoir la langue et la littérature espagnoles en particulier2(*)3 ». Néanmoins, l'Instituto Cervantes est très présent au Brésil avec huit centres, où, comme aux États-Unis avec six centres Cervantès, la progression de l'espagnol est phénoménale. Ainsi l'Instituto Cervantes oriente ses axes de développement suivant la proximité géographique mais surtout vers les pays où la demande d'espagnol est importante, toutefois le réseau Cervantès se développe également dans des pays où la communauté espagnole fut importante comme aux Philippines qui possède un centre à Manille ou dans des anciennes colonies à l'image du Maroc qui répertorie pas moins de douze centres qui en fait le pays où l'installation de l'Instituto Cervantes est la plus grande2(*)4. A l'inverse, le réseau Cervantès est peu développé en Afrique noire, avec seulement un centre à Dakar, et en Extrême-Orient mais la priorité de l'Instituto Cervantes reste celle de poursuivre son installation aux États-Unis et au Canada stoppée par la crise économique de 20082(*)5 entraînant une baisse significative de son budget et la mise en place « d'un plan de redimensionnement [se traduisant] par la fermeture de trois établissements au moins, dont deux au Brésil, pays pourtant stratégique pour l'Espagne, et la cession de certains bâtiments à l'étranger appartenant à l'État espagnol2(*)6 ».

Ce premier sous-chapitre fut motivé par la volonté de comprendre les enjeux de la création de l'Instituto Cervantes ainsi que les difficultés rencontrées lors du transfert de compétences de la Dirección General de Relaciones Culturales à l'Instituto Cervantes et lors de son développement dans le monde. Quoi qu'il en soit, l'Instituto Cervantes représente le projet culturel le plus ambitieux de l'Espagne dans ces dernières années dont nous devons maintenant étudier les organes directeurs.

B) Le mode de fonctionnement de l'Instituto Cervantes

Comme nous l'avons vu précédemment, l'Instituto Cervantes est une entité publique sans but lucratif avec une personnalité juridique propre assujettie au régime de droit privé et attachée au ministère des Affaires étrangères et se compose, comme le Goethe-Institut, de trois organes directeurs : le Patronat, le Conseil d'Administration et la Direction.

Sous la présidence d'honneur du roi d'Espagne et la présidence exécutive du chef du gouvernement, le Patronat est l'organe qui oriente les activités et définit les buts à atteindre de l'Instituto Cervantes ; il s'agit avant tout d'un lieu de débats plus que de réelles prises de décisions. Il est composé des ministres des Affaires étrangères, de l'Éducation et de la Culture, du secrétaire d'État à la coopération internationale et ibéroaméricaine, du secrétaire d'État à la Culture, du président de l'Institut d'Espagne2(*)7, du directeur de l'Académie royale espagnole2(*)8, du secrétaire général de la Commission permanente de l'Association des académies de la langue espagnole2(*)9 et du directeur de l'Instituto Cervantes3(*)0. Le Patronat est composé de vingt-deux autres membres, nommés pour six ans et remplacés de moitié tous les trois ans, issus du monde des lettres et de la culture espagnoles (au nombre de sept), du milieu culturel hispano-américain (au nombre de cinq), des représentants des universités ou des académies royales (également cinq) et des représentants de diverses institutions sociales à caractère culturel (encore au nombre de cinq)3(*)1.

Le Conseil d'Administration sert de médiateur entre l'État espagnol et le directeur de l'Instituto Cervantes. Il se charge d'approuver le plan général des activités orchestrées par l'Instituto Cervantes et veille au bon fonctionnement de celui-ci notamment en garantissant son autonomie, condition nécessaire à la flexibilité de ses actions, qualité essentielle pour assurer l'efficacité de l'Instituto Cervantes3(*)2. Le Conseil d'Administration est présidé par le secrétaire d'État à la coopération internationale et ibéroaméricaine, accompagné par trois vice-présidents, sièges occupés par un sous-secrétaire d'État, représentant le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l'Éducation, et celui de la Culture3(*)3. Le Conseil d'Administration est composé de représentants du ministère des Affaires étrangères, du ministère de l'Éducation, de celui de la Culture et du ministère de l'Économie et des Finances, ainsi que du directeur et du secrétaire général de l'Instituto Cervantes et de deux représentants du Patronat3(*)4.

Le Directeur de l'Instituto Cervantes est nommé par le Conseil des ministres « à l'initiative du ministre de l'Éducation, sous la proposition conjointe des ministères des Affaires étrangères, de l'Éducation et de la Culture3(*)5 ». Pour l'ancien secrétaire général de l'Instituto Cervantes Juan A. Gimeno, la formulation de l'article est importante car elle souligne la coordination des trois ministères pour atteindre les mêmes objectifs et reflète une composante technique et professionnelle du fait d'être « à l'initiative du ministère de l'Éducation3(*)6 ». Le Directeur général a pour mission de diriger l'Instituto Cervantes et son personnel, de proposer et d'exécuter les plans d'actions décidés par le Conseil d'Administration, de présenter un bilan d'activité devant celui-ci et de représenter l'Instituto Cervantes dans les relations extérieures ; il est aidé dans ses fonctions par un secrétaire général qu'il propose au ministre des Affaires étrangères3(*)7. Depuis 1991, sept directeurs ont dirigé l'Instituto Cervantes :

Liste des directeurs successifs de l'Instituto Cervantes

Nom du directeur

Années en fonction

Nicolás Sánchez-Albornoz

1991-1996

Santiago de Mora-Figueroa, marquis de Tamarón

1996-1999

Fernando Rodríguez Lafuente

1999-2001

Jon Juaristi Linacero

2001-2004

César Antonio Molina

2004-2007

Carmen Caffarel

2007-2012

Víctor García de la Concha

Depuis 2012

Fait par Julien Jacques, d'après < http://www.cervantes.es> et Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, op.cit., p.246.

Cette femme et ces hommes sont, pour la grande majorité, issus du monde culturel, soit des universitaires soit des écrivains ; seuls le marquis de Tamarón fut un diplomate et César Antonio Molina un homme politique. L'organigramme de l'Instituto Cervantes est complété par différentes directions qui assistent le Directeur général :

- la direction académique établit et contrôle les plans et les programmes de l'Instituto Cervantes pour répondre aux exigences linguistiques et scientifiques et la formation des professeurs d'espagnol,

- la direction culturelle se charge des directives liées aux activités culturelles et s'occupe de la coordination et de l'organisation des bibliothèques des centres afin de répondre au mieux aux demandes des utilisateurs,

- la direction administrative évalue les besoins matériels et humains pour assurer l'efficacité de l'Instituto Cervantes3(*)8.

Aujourd'hui, l'Instituto Cervantes possède deux sièges :

- le siège central situé à Madrid au 49, calle de Alcalá, dans l'ancien immeuble de la Banque centrale,

- le second siège situé à Alcalá de Henares, ville où naquit Miguel de Cervantès en 1547, principalement destiné à la formation des professeurs.

En 2009, le réseau Cervantès employait environ un millier de personnes, recrutées en Espagne ou localement, pour qui le statut peut différer selon le pays d'implantation ; par exemple, au Maroc ou en Égypte, le personnel est très lié à l'ambassade et quasiment assimilé à des diplomates pour éviter d'éventuelles censures3(*)9. L'Instituto Cervantes n'est donc pas une association mais bien un organisme public de l'État espagnol. Il est indépendant et doté d'un budget propre sous forme d'une enveloppe spécifique, au sein des crédits du ministère des Affaires étrangères, qui s'élevait à 102.426.000 euros en 2009 et à 83,7 millions en 2013, provenant à 89 % de subventions et à 11 % de ressources propres issues des activités culturelles et des cours d'espagnol4(*)0. De plus, pour mener à bien ses missions, l'Instituto Cervantes s'associe avec de nombreux partenaires, notamment avec les institutions culturelles des autres pays européens. En effet, l'Instituto Cervantes, au même titre que l'Alliance française ou le British Council, fait partie du réseau des instituts culturels nationaux de l'Union européenne (EUNIC, European Union National Institutes for Culture) qui vise à créer des partenariats entre tous les membres4(*)1. Enfin, l'Instituto Cervantes collabore avec de nombreux partenaires privés dans le cadre de ses activités culturelles, sa mission principale étant de promouvoir l'espagnol et les langues co-officielles de l'Espagne (le galicien, le basque et le catalan)4(*)2, partie essentielle du patrimoine culturel espagnol. L'Instituto Cervantes a le devoir, « non seulement de protéger, mais aussi de promouvoir leur utilisation et de communiquer cette richesse au-delà des frontières4(*)3 » et, dans ce cadre, l'Instituto Cervantes a également signé des accords de coopération avec l'Institut Ramon Llull4(*)4 et la Real Academia Galega4(*)5.

Après cette deuxième sous-partie, nous connaissons à présent l'organisation interne et le mode de fonctionnement de l'Instituto Cervantes pour aider au bon fonctionnement de l'institution et garantir l'efficacité des activités pédagogiques et culturelles que nous étudions dans la dernière sous-partie de ce chapitre.

C) Les activités de l'Instituto Cervantes

L'Instituto Cervantes se conçoit donc comme un instrument de la politique extérieure de l'Espagne tourné vers les pays où la langue espagnole n'est pas une langue officielle. La demande croissante de l'espagnol dans le monde donne une nouvelle impulsion à l'Instituto Cervantes qui aujourd'hui est présent dans de nombreux pays.

La promotion de la langue reste la principale activité des instituts Cervantès même si, aujourd'hui, ils intègrent de plus en plus des activités culturelles plus générales. Chaque centre propose des cours d'espagnol, mais aussi de catalan, de galicien ou de basque, suivant le même plan pédagogique ; ainsi un élève qui a commencé des cours d'espagnol à l'institut Cervantès de Paris pourra continuer son apprentissage dans n'importe quel autre institut Cervantès sans être perdu4(*)6. L'Instituto Cervantes offre également des cours spéciaux pour des demandes spécifiques comme l'espagnol commercial, scientifique, juridique, touristique, des cours de culture et de civilisation ou des cours destinés spécialement aux entreprises et aux institutions4(*)7.

Évolution du nombre d'inscriptions à un cours de langue de l'Instituto Cervantes

Fait par Julien Jacques, d'après les Memoria de l'Instituto Cervantes, < http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>.

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Le diagramme di-dessus présente l'évolution du nombre d'inscriptions à un cours organisé pas l'Instituto Cervantes et nous permet de cerner la popularité de la langue espagnole dans le monde qui ne cesse de croître, liée, évidemment à l'augmentation du nombre d'instituts Cervantès dans le monde, illustrée par le diagramme de la page suivante, qui montre l'évolution du nombre de cours offerts par l'Instituto Cervantes. Leur tendance identique semble indiquer que lorsqu'un institut Cervantès ouvre quelque part, il trouve tout de suite un public désireux d'apprendre l'espagnol.

Évolution du nombre de cours de langues de l'Instituto Cervantes

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Fait par Julien Jacques, d'après les Memorias de l'Instituto Cervantes, < http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>.

Parallèlement, et en collaboration avec les universités, l'Instituto Cervantes propose des cours de formation pour les professeurs d'espagnol afin qu'ils puissent actualiser leurs connaissances linguistiques, techniques et dialectiques. Le réseau Cervantès est habilité à fournir un label de qualité à tous les centres qui enseignent l'espagnol suivant la méthode et les directives de l'Instituto Cervantes4(*)8. De plus, des centres de soutien, appelés aulas Cervantes, existent dans différentes institutions éducatives, telles les universités, pour aider à l'éducation de l'espagnol. Ces aulas Cervantes se situent dans les pays où il n'y a pas d'instituts Cervantès en tant que tels, notamment en Europe centrale et orientale et en Asie orientale, par exemple en Bulgarie à l'université San Climent Ohridski de Sofia ou encore en Indonésie à l'université de Trisakti de Jakarta.

L'Instituto Cervantes organise également, avec l'université de Salamanque, des sessions d'examens, deux fois par an, pour l'obtention du DELE (Diploma de Español como Lengua Extranjera), examen fondé en 1988 par le ministère de l'Éducation4(*)9. A l'instar de ses homologues britannique et allemand, l'Instituto Cervantes aimerait aussi développer la certification de la compétence en espagnol au sein même des systèmes éducatifs nationaux5(*)0.

L'enseignement de l'espagnol et des langues co-officielles de l'Espagne demeure la première mission de l'Instituto Cervantes mais elle n'est pas la seule. Les centres Cervantès se chargent aussi de défendre « tous azimuts » la culture espagnole dans ses multiples formes, que ce soient la littérature, les arts plastiques, le cinéma, les arts de la scène, la musique jusqu'au développement du flamenco5(*)1. Pour ce faire, les expositions, les conférences, les séminaires, les débats littéraires, les concerts musicaux ou les représentations théâtrales se multiplient ces dernières années, comme l'a souligné Ignacio Herrera de la Muela5(*)2. En effet, pour l'année académique 1992-1993, l'Instituto Cervantes comptait vingt-huit centres proposant 700 activités culturelles, en 2013-2014, 4767 activités culturelles étaient proposées dans quatre-vingt sept centres ; c'est-à-dire que le nombre de centres a été multiplié par 3 alors que le nombre d'activités culturelles par pratiquement 75(*)3. José Antonio Pascual, directeur de l'institut Cervantès de Paris entre 1997 et 2001, précise qu'un réseau culturel sert d'abord à être vu et que les activités culturelles servent beaucoup dans cette action5(*)4. L'autonomie des centres Cervantès est importante car l'action de chacun diffère selon le pays d'implantation ; par exemple, en Europe, et notamment en France5(*)5, la langue espagnole et l'hispanisme y sont développés, ainsi les instituts Cervantès servent davantage d'appui aux professeurs d'espagnol et aux chercheurs hispanistes que de simple école de langue. Au contraire, en Égypte ou aux Philippines, la mission première des centres demeure l'enseignement de la langue mais aussi la formation des hispanistes. José Antonio Pascual souligne donc l'importance des bibliothèques accessibles à tous5(*)6. Elles doivent aussi bien posséder des romans et des films disponibles au prêt, des ouvrages d'aide à l'enseignement et à l'apprentissage de la langue, une sélection littéraire notamment d'auteurs contemporains, une collection générale qui sert à refléter le courant culturel et social du pays, une sélection d'ouvrages de référence pour aider à l'information, que donner les moyens, aux étudiants et au chercheurs, de poursuivre leurs activités en Espagne5(*)7. Après tout, un centre culturel ne peut exister sans bibliothèque.

Enfin, l'Instituto Cervantes met à disposition, de celui qui souhaite apprendre l'espagnol ou connaître mieux les cultures hispaniques une offre audiovisuelle ou en ligne conséquente. En décembre 1997, l'Instituto Cervantes inaugura le Centro Virtual Cervantes5(*)8, il s'agit d'une plate-forme disponible sur le net permettant aux hispanistes, aux traducteurs, aux étudiants et aux professeurs d'espagnol de consulter des oeuvres de références (Archivo Gramatical de la Lengua Española, Hispanalia ou Voces y letras hispánicas), d'accéder à des informations culturelles, des forums de débats, et la possibilité de recherches thématiques pour connaître les subtilités des « langues espagnoles » et l'actualité des pays hispanophones5(*)9. De plus, des cours d'espagnol sont organisés sur internet par l'interface AVE (Amphi Virtuel d'Espagnol), ou encore l'Instituto Cervantes a créé une chaîne de télévision6(*)0 et de radio6(*)1 proposant de nombreux programmes pour connaître davantage la langue et la culture espagnole et bénéficiant d'une couverture mondiale grâce à Internet6(*)2. Il faut ajouter que, depuis 1998, l'Instituto Cervantes publie un annuaire, El español en el mundo, pour montrer l'évolution internationale de la langue et de son enseignement6(*)3.

Cette troisième sous-partie nous a dévoilé la diversité des activités proposées par l'Instituto Cervantes pour garantir l'efficacité de son action à l'extérieur, notamment grâce à une polyvalence des offres culturelles et à une grande présence sur internet.

Ce septième chapitre se focalisait sur la politique culturelle extérieure contemporaine de l'Espagne. En créant l'Instituto Cervantes, le gouvernement espagnol a voulu donner à l'Espagne une institution à l'image de ses homologues étrangers et capable d'être à la hauteur du potentiel culturel de la langue et de la culture espagnoles. Depuis 1991, le réseau Cervantès s'agrandit de plus en plus malgré une parenthèse liée à la crise économique depuis 2008 et c'est peut-être grâce à cette organisation que l'Espagne put obtenir une relative réciprocité culturelle avec la France en ouvrant quatre instituts Cervantès dans l'Hexagone : Paris, Toulouse, Bordeaux et Lyon.

* 3 Fondation Interarts, Las relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España, DT n°48/2005, Documentos Fundación Interarts, Real Instituto Elcano, Madrid, 2005.

* 4 Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, Ariel, Barcelone, 2003, p.246.

* 5 Juan A. Gimeno, « El Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente », in Documentación Administrativa, n° 227, 1991, p.128.

* 6 Ibid. p.129-130.

* 7 Ibid. p.130.

* 8 Ibid. p.131.

* 9 Id.

* 10 Javier Noya, Una diplomacia pública para España, DT 11/2006, Real Instituto Elcano, Madrid, 2006, p.17-18.

* 11 « promocionar el español y las lenguas cooficiales de España (gallego, euskera y catalán), y difundir en el mundo la cultura de los países hispanohablantes », présentation de l'Instituto Cervantes sur le site du ministère espagnol des Affaires étrangères,

< http://www.exteriores.gob.es/Portal/fr/PoliticaExteriorCooperacion/DiplomaciasigloXXI/Paginas/ProyeccionCultural.aspx>.

* 12 Fondation Interarts, Las relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España, op.cit.

* 13 Juan A. Gimeno, « El Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente », op.cit., p.128.

* 14 Ignacio Herrera de la Muela, La contribución del Instituto Cervantes a la promoción exterior de la cultura española e hispanoamericana : actor o agente ?, in Enciclopedia del español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes, 2006-2007, Madrid, 2007, p. 862-882.

* 15 Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, op.cit., p.247.

* 16 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p. 205.

* 17 Ibid. p.195.

* 18 Ibid. p.197.

* 19 François Rochebloine, Geneviève Colot, Rapport d'information déposé par la Commission des Affaires étrangères en conclusion des travaux d'une mission d'information constituée le 28 janvier 2009, sur « le rayonnement de la France par l'enseignement et la culture », enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 11 mai 2010. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i2506.asp> (consulté le 13 janvier 2015).

* 20 Id.

* 21 Fondation Interarts, Las relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España, op.cit.

* 22 D'après la liste fournie par l'Instituto Cervantes :

< http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_13/centros/p02.htm>

* 23 François Rochebloine, Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.

* 24 D'après la liste fournie par l'Instituto Cervantes :

< http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_13/centros/p02.htm>

* 25 Juan Pedro De Basterrechea, entretien téléphonique du 7 avril 2015.

* 26 François Loncle, Avis présenté au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi de finances pour 2013, tome II, Action extérieure de l'État, Diplomatie culturelle et d'influence, enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 10 octobre 2012. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/budget/plf2015/a2263-tII.pdf> (consulté le 28 décembre 2014).

* 27 L'Institut d'Espagne, créé en 1938, regroupe les huit académies royales : l'Académie royale espagnole, l'Académie des Beaux-Arts de San Fernando, l'Académie d'Histoire, l'Académie des Sciences exactes, l'Académie des Sciences morales et politiques, l'Académie nationale de médecine, l'Académie de jurisprudence et de législation et l'Académie nationale de pharmacie.

* 28 La Real Academia Española, créée en 1713, est l'équivalent espagnol de l'Académie française, elle veille à l'évolution et à la normalisation de la langue espagnole, de concert avec les académies nationales des vingt et un autres pays de langue espagnole.

* 29 L'Association des académies de la langue espagnole fut créée à Mexico en 1951 et rassemble les vingt-deux académies nationales de la langue espagnole, c'est-à-dire les académies nationales des vingt pays de l'Amérique latine, l'Académie royale espagnole et l'Académie étasunienne de la langue espagnole. Pour celui ou celles qui s'intéresse à cette question, consultez le site internet de l'association : http://www.asale.org/ASALE.

* 30 Santiago Mora-Figueroa (marquis de Tamarón), « El Instituto Cervantes », in Arbor, Arbor CLXIII, 641, mai 1999, p.123-148.

* 31 Juan A. Gimeno, « El Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente », op.cit., p.135.

* 32 Ibid. p.136.

* 33 François Rochebloine, Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.

* 34 Santiago Mora-Figueroa (marquis de Tamarón), « El Instituto Cervantes », op.cit., p.126.

* 35 Article 9 de la loi 7/1991 du 21 mars 1991 : « por iniciativa del Ministerio de Educación y Ciencia, a propuesta conjunta de los Ministerios de Asuntos Exteriores, de Educación y Ciencia y de Cultura » ; Juan A. Gimeno, « El Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente », op.cit., p.136.

* 36 Id.

* 37 Santiago Mora-Figueroa (marquis de Tamarón), « El Instituto Cervantes », op.cit., p.127-128.

* 38 Santiago Mora-Figueroa (marquis de Tamarón), « El Instituto Cervantes », op.cit., p.129.

* 39 François Rochebloine, Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.

* 40 Id ; François Loncle, Avis présenté au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi de finances pour 2013, tome II, Action extérieure de l'État, Diplomatie culturelle et d'influence, op.cit.

* 41 Juan Pedro De Basterrechea, entretien téléphonique du 7 avril 2015 ; voir http://www.eunic-online.eu.

* 42 Voir page 124 de ce mémoire.

* 43 Fondation Interarts, Las relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España, op.cit., d'après un discours du directeur César Antonio Molina à la réunion du Patronat de l'Instituto Cervantes au Palais royal de Aranjuez du 14 octobre 2004.

* 44 L' Institut Ramon Llull, du nom d'un philosophe et auteur majorquin de langue catalane du XIIIe siècle, fut créé en 2002 par la Généralité de Catalogne pour promouvoir la langue et la culture catalane dans le monde. Ses activités s'articulent autour de l'organisation de cours de catalan, d'examens et de certificats de langue, de travaux de traductions et de soutien aux arts catalans et aux associations catalanes, afin de promouvoir la culture catalane hors de Catalogne. Le siège de l'organisation se trouve à Barcelone et elle possède des centres à Berlin, Londres, New-York et Paris. < http://www.llull.cat/>.

* 45 L'Académie royale galicienne, créée en 1906, est une institution scientifique, située à La Corogne, qui a pour objectif d'étudier la culture galicienne et de défendre et promouvoir le galicien. < http://realacademiagalega.org/>.

* 46 Santiago Mora-Figueroa (marquis de Tamarón), « El Instituto Cervantes », op.cit., p.133.

* 47 L'espagnol, une langue pour le dialogue, Instituto Cervantes, 2008, p.10.

* 48 Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, op.cit, p.247.

* 49 Id.

* 50 François Rochebloine, Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.

* 51 Id.

* 52 Ignacio Herrera de la Muela, La contribución del Instituto Cervantes a la promoción exterior de la cultura española e hispanoamericana : actor o agente ?, op.cit.

* 53 Memoria de l'Instituto Cervantes, < http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>.

* 54 Lluís Agustí, « Entrevista con José Antonio Pascual », Métodos de Información, vol.9, n°49, janvier-mars 2002, p.26-28.

* 55 Se reporter à la première partie de ce mémoire.

* 56 Lluís Agustí, « Entrevista con José Antonio Pascual », op.cit.

* 57 Ramón Abad Hiraldo, « Embajadas Culturales: las Bibliotecas del Instituto Cervantes en su contexto », Métodos de Información, vol.9, n°49, janvier-mars 2002, p. 39-44.

* 58 < http://www.cvc.cervantes.es/>.

* 59 Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, op.cit, p.248.

* 60 Cervantes Télévision, < http://www.cervantestv.es/>.

* 61 Radio Cervantes, < http://www.radiocervantes.es/>.

* 62 L'espagnol, une langue pour le dialogue, Instituto Cervantes, 2008, p.22-24.

* 63 < http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/>.

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