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Effets de la sensibilisation par SMS et par dépliant sur l'utilisation du service de consultations post-natales dans deux hopitaux de district de Yaounde

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par Victorin Boris GNODJOM TACHEGNO
Université de Dschang Cameroun - Master 2016
  

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I.4 Facteurs explicatifs du recours aux soins postnatals (CHEMGNE et al, 2010)

Dans les recherches empiriques sur les déterminants de l'utilisation des services de santé maternelle, on distingue deux groupes de facteurs : les facteurs liées à la demande et ceux liés à l'offre.

.Les facteurs liés à la demande regroupent entre autre les facteurs économiques (niveau de vie, revenue, etc.), les facteurs culturels (ethnie, religion), les facteurs socio démographiques (état matrimonial, âge parité atteinte) et les facteurs liés au rapport genre. Les facteurs liés à l'offre de soins sont entre autre la qualité des soins obstétricaux offerts par les services de santé, l'accessibilité économique et l'accessibilité géographique des services.

I.4.1. Facteurs liés à la demande des soins obstétricaux

I.4.1.1. Facteurs économiques

Ces facteurs renvoient très souvent au revenu, au revenu économique, niveau d'instruction, l'emploi.... Trois composantes de ce concept sont fortement liées à l'utilisation différentielle des services obstétricaux. Il s'agit du niveau de vie du ménage, de l'occupation de la femme.

Ø Le niveau de vie du ménage

Plusieurs études tant dans les pays développés que dans les pays en développement, ont montré que le niveau socio-économique du ménage est associé significativement à l'utilisation des services de santé(Zoungrana, 1996). L'association entre le niveau socio-économique du ménage et l'utilisation des services de santé maternelle en particulier, tient du fait que le pouvoir de mobilisation des ressources de cet indicateur est susceptible d'influencer les comportements sanitaires des individus. En effet, le revenu du ménage permet non seulement de supporter des coûts directs liés à l'utilisation des services de santé, des coûts indirects (transports), mais aussi peut constituer un moyen d'accès à l'information (télévision, radio, journaux).

Dans la plupart des pays en développement, les disparités entre pauvres et riches dans l'utilisation des soins obstétricaux sont énormes. Au moment de l'accouchement ou du postpartum, les femmes les plus riches sont beaucoup plus souvent assistées par une personne formée. Ce qui est alarmant, cependant, c'est l'énormité de l'écart entre riches et pauvres dans un grand nombre de pays. En Zambie, « le pourcentage de femmes bénéficiant d'une surveillance médicale est d'environ 45%. De l'échantillon total de femmes, 90% des femmes les plus riches bénéficient d'une telle surveillance par opposition à 20% seulement pour les plus pauvres.»(Houweling et al. 2003). Néanmoins, la relation de cet indicateur avec les comportements des individus n'est pas simple à cause notamment des mécanismes d'action intervenant dans celle-ci (Beninguisse, 2003) et aux façons variables de mesurer le niveau socio-économique : le revenu du ménage, la qualité de l'habitat, la possession des biens matériels, etc.

Ø L'occupation de la femme

En plus de l'adoption des comportements favorables à la fréquentation des services de santé, l'instruction offre à la mère la possibilité d'accéder à un emploi rémunéré lui permettant de prendre en charge les dépenses de santé. Par exemple, il est courant de constater que, dans les pays en développement, l'exercice de certaines activités donne droit à la gratuité, sinon à une diminution des coûts des soins de santé alors que l'immense majorité des populations rurales, pauvres et analphabètes prennent en charge elles-mêmes les dépenses de santé. . En effet le type d'activité ou le secteur d'activité peut constituer un obstacle à l'utilisation des services de santé en particulier les soins préventifs comme les consultations prénatales ou curatives comme les soins postnatals, en cas de complication obstétricale. Selon(Slamon et al. 1987).

Le temps apparaît dans plusieurs études comme l'un des facteurs inhibiteurs les plus importants de l'utilisation des services de santé maternelle et infantile. Les femmes qui occupent un emploi temporaire dans l'industrie de la cueillette des fruits aux fins d'exportation au Chili, par exemple, disent qu'il leur est impossible, à cause de leur longues journées de travail, de quitter leur emploi pour s'occuper de leur problèmes de santé (Berr, 1994 cité par Chemgne 2010).

L'utilisation des soins obstétricaux varie selon toute une gamme d'indicateurs socioéconomiques. L'indicateur socio-économique qui a été le plus documenté est le niveau de scolarisation de la femme,((Elo, 1992) cité par Chemgne,(2010). On a pu également montrer les associations avec, entre autres, le métier de la femme (exemple Mc CAW-BINNS et al. 1995 ; OKAFOR, 1991) et le statut socio-économique des parents (Elo, 1992). Vu ces associations, on peut s'attendre à ce que plusieurs facteurs socio-économiques contribuent au taux d'utilisation plus faible de certaines catégories de femmes, appelant ainsi à la prudence quant au rôle univoque de l'éducation dans la fréquentation différentielle des services obstétricaux.

I.4.1.2. Facteurs socioculturels

Comme l'affirme Herskovits '(Harouna, 1998)« la culture est la mesure de toute chose.» Les femmes en âge de procréer jugent et évaluent l'importance du suivi médical de la grossesse et de l'accouchement et du post-partum par rapport au système socioculturel auquel elles appartiennent. Au rang de ces facteurs, figurent en bonne place l'appartenance ethnique de la femme, la religion et son milieu de socialisation.

Ø Ethnie

En dépit de la rareté des écrits sur l'association entre diversité ethnique et fréquentation différentielle des services obstétricaux, l'essentiel de la littérature sur l'ethnie et le suivi médical de la grossesse de l'accouchement ou du post-partum a porté sur les représentations, les pratiques et les perceptions de la procréation et leur potentielle implication sur les comportements en matière d'utilisation des services de soins obstétricaux modernes. Ces comportements ou croyances sont parfois défavorables à la santé d'une manière générale et en particulier à la santé maternelle. A ce titre, Claus cité par le (CRDI, 2003) révèle qu'en Tunisie : « la maternité, plus que n'importe quel autre moment de la vie d'une femme fait l'objet de beaucoup de rites et de croyances qui entravent le travail des médecins ». De même, le choix du lieu de l'accouchement est également tributaire des éléments socioculturels de référence. Dans le milieu rural, le travail de la parturiente et son accouchement sont tenus secrets. Ils se déroulent dans un lieu réservé. Chez les Béti du Cameroun, la femme choisira, autant que possible, d'enfanter dans un milieu où elle se sentira le plus en sécurité, dans son village natal, chez sa mère ou chez ses soeurs ((laburthe-tolra, 1991) cité par Beninguisse, 2003). Chez les Bambara d'Afrique occidentale et les Joola du Sénégal, c'est pour préserver l'espace social de la souillure du sang de l'accouchement que la naissance se déroule en dehors du village (Journet, 1991 ; Erny, 1989 cité par Beninguisse, 2003).

Ø Religion

La religion peut être définie comme un système institutionnalisé de croyances, de symboles de valeurs pratiques relatives au sentiment de la divinité (Akoto, 1993). Elle véhicule un certain nombre de valeurs et de normes qui régissent la vie des fidèles sur le plan comportemental, physiologique et psychique. Elle peut refléter : l'ouverture à la civilisation occidentale (religion catholique et protestante), le niveau de tradition des gens (religion traditionnelle ), et parfois la situation des individus dans la hiérarchie sociale (par exemple, dans un pays très christianisé, les catholiques et les protestants bénéficieraient d'une situation privilégiée dans la société par rapport aux musulmans , et aux adeptes de d'autres religions)» (Akoto,1985). Dès leur implantation, les missionnaires chrétiens s'insurgèrent contre certaines pratiques de soins traditionnelles, et incitèrent les femmes à l'utilisation des services obstétricaux modernes (Akoto,1993). C'est ainsi qu'au Nigeria les femmes chrétiennes apparaissent plus enclines à utiliser les soins de santé modernes alors que les musulmanes et les femmes se référant à des religions traditionnelles ont plutôt tendance à consulter les praticiens traditionnels (Fournier & Haddad,1995).

Ø Milieu de socialisation

En sociologie, la socialisation désigne le processus par lequel les individus apprennent les modes d'agir et de penser de leurs environnements, les intériorisent en les intégrant à leur personnalité et deviennent membres de groupes où ils acquièrent un statut spécifique (Tollegbé, 2004) cité par Valery CHEMGNE. Ainsi l'influence du poids de la tradition des sociétés africaines sur les comportements des individus amène les chercheurs à considérer le milieu de socialisation dans les analyses des phénomènes sociodémographiques. Ainsi, selon (Sala Diakanda, 1999) cité par valery CHEMGNE, plus on est socialisé en milieu urbain, plus on a recourt aux soins pendant la grossesse, l'accouchement et le post-partum et ce par l'intermédiaire d'un personnel que l'on consulte.

Ø L'instruction de la femme

L'instruction de la femme influence son comportement sanitaire relatif à la gestation, à la parturition et le postpartum. Le rôle de l'instruction dans l'utilisation des services de santé maternelle et infantile au Cameroun a maintes fois été signalé (Beninguisse, 2003).. Pour certains chercheurs, les mères instruites ont, plus que celles qui ne le sont pas, tendance à utiliser les services de médecine moderne. Le niveau d'instruction est donc comme un catalyseur qui permet l'accumulation rapide du capital social et provoque une prise de conscience accélérée par rapport aux femmes n'ayant pas été scolarisées. Les femmes instruites ont généralement une meilleure capacité d'utiliser les moyens sanitaires disponibles parce qu'elles connaissent mieux ce qui existe et parce qu'elles ont la capacité de gagner la confiance et la sympathie des personnes soignantes. Une étude menée à Ibadan au Nigéria montre que comparativement aux analphabètes, les patientes instruites reçoivent un meilleur traitement dans les hôpitaux publics et les centres de santé (Maclean, cité par (Cleland et Van Ginneken,1988). D'autres études (Jaffre&Prual, 1994; Mebtoul,1993) ont montré que l'accueil et le traitement accordés aux usagers des services de santé dépendent de leur statut social.

Le personnel médical situe l'usager par rapport à ses attentes culturelles. Les mères instruites, se conformant mieux aux attentes culturelles du corps médical, bénéficient ainsi de soins adéquats pour elles-mêmes et pour leurs enfants alors que pour les femmes analphabètes, la consultation se présente comme un processus de refoulement de l'expression « Je suis à l'aise avec les gens instruits [...] avec des gens illettrés, c'est difficile, ils ne comprennent pas » (Mebtoul,1993). De même, de nombreuses études menées en Afrique subsaharienne stipulent que les mères instruites sont matériellement et socialement plus proches des services modernes de santé que leurs congénères non instruites. « Les mères analphabètes se soumettent le plus souvent aux injonctions des membres de la famille ou de la belle-famille alors que celles qui sont instruites bénéficient de plus de prestige social et d'autorité au sein de la famille »'(Harouna,1998). Les mères instruites disposent de plus de facilités à pratiquer les consultations prénatales, à bénéficier de l'assistance médicale au moment de l'accouchement et à suivre des soins postnatals réguliers. Leur éducation libéralise leurs rapports avec leurs maris et avec leurs belles familles ; ce qui leur permet de mieux s'occuper d'elles-mêmes lors des évènements de maternité. La scolarisation apparaît comme un processus social capable de garantir de nouveaux modèles et de continuelles transformations, capable de favoriser et d'accélérer les modalités d'acquisition des informations et donc de stimuler l'intérêt pour la médecine moderne et la compréhension de la prévention (Mastrorocco & Pace, cités par (Chemgne 2010)). Dans les sociétés où le pouvoir de l'homme reste prépondérant, l'instruction de la femme a des conséquences sociales profondes. Elle fournit à la femme un large réseau social, de nouveaux groupes de référence, des modèles d'autorité et une plus grande identification au monde moderne (Friedl, 1982 cité par Chemgne, 2010), avec finalement une plus grande volonté d'utilisation des services de santé. On estime qu'une femme instruite utilise plus fréquemment l'ensemble des soins prénatals requis, a recourt plus souvent à un centre de santé pour son accouchement.

I.5.1.3. Facteurs sociodémographiques

Ils se rapportent essentiellement à la structure du ménage, le sexe du chef de ménage, l'âge de la femme à l'accouchement, la parité et l'état matrimonial.

Ø Structure du ménage et sexe du chef de ménage

La taille du ménage, son caractère nucléaire ou étendu, le sexe du chef de ménage et le lien de parenté avec le chef de ménage et d'autres composantes familiales sont souvent liés à l'utilisation différentielle des services de santé. La fréquentation des services obstétricaux, du point de vue du recours, semble être mieux assurée au sein des ménages étendus qu'au sein des ménages nucléaires, quel que soit le milieu d'habitat. Les observations du même auteur(Beninguisse 2003) sur le Cameroun ont révélé que les femmes qui résident dans les ménages dirigés par les femmes ont une fréquentation, quantitativement (recours) et qualitativement (compliance aux normes en vigueur) plus importante que celles qui sont issues des ménages dirigés par les hommes. Selon ses propres termes, « la direction féminine du ménage semble être de loin plus profitable à la femme enceinte qu'une direction masculine.»

Ø Age à l'accouchement

Comme dans l'analyse démographique, l'âge à l'accouchement est un élément important dans l'analyse des inégalités dans l'utilisation des services de santé maternelle ou de santé en général. En effet, la littérature fait ressortir que les femmes jeunes sont plus susceptibles de recourir aux soins pendant la grossesse, l'accouchement et le post-partum que les femmes âgées et, ceci notamment du fait du poids des valeurs traditionnelles plus pesantes chez ces dernières. Se faire accoucher ou consulter par exemple, pendant la grossesse et le post-partum par un personnel médical qualifié de services de santé modernes, qui peut être, pour la parturiente, comme un fils ou une fille, peut être considéré comme choquant, par les vieilles générations, du point de vue de la pudeur ou simplement de la morale traditionnelle : comme quoi on ne montrera pas sa nudité à son fils ou à sa fille. Le problème se poserait moins dans les services de santé traditionnels où les matrones sont des femmes âgées. A ce propos, Jaffre&Prual (1994) affirment que dans les maternités, « ce sont les filles qui accouchent les mères inversant ainsi l'ordre des relations sociales préétablies. » Dès lors, les femmes sont gênées d'exposer leur féminité à des sages-femmes qui ont l'âge de leurs filles. Les relations de pudeur constituent un obstacle qui empêche aux femmes, surtout celles du milieu rural d'entreprendre certaines consultations gynécologiques.

Ø Parité

A côté de l'âge, la parité : nombre d'enfants vivants, nombre de grossesses déjà portées et nombre d'accouchements déjà subis par la femme. La parité influence la fréquentation des services de santé en ce sens que les femmes ayant peu d'expérience en matière de maternité peuvent être plus enclines à rechercher de l'aide auprès d'un personnel médical. Toutefois, cette association est loin d'être constante, car l'effet de la parité sur le recours aux soins va interagir avec d'autres caractéristiques individuelles de la femme, mais surtout avec les caractéristiques même de la maternité comme les maladies ou complications durant la grossesse, l'accouchement ou le post-partum. A cet effet, (DE Sousa,1995) constate que « le choix d'une assistance moderne, à l'hôpital, est plus fréquent lors des premiers accouchements » et conclut qu' « on peut supposer qu'un soin plus grand est apporté aux premiers accouchements». Un peu plus proche de la Guinée-Bissau, (Diallo.B. et al.1999) cité par (Chemgne, 2010), aboutissent pour le cas de la Guinee à la conclusion selon laquelle en Basse Guinée et en Guinée forestière respectivement, 65,48 % et 55,88 % des multipares (2 à4 enfants) et les grandes multipares (5 enfants ou plus) accouchent à domicile contre respectivement 13,09 % et 25,00 % pour les primipares. Pour reprendre les auteurs en leurs propres termes, « L'habitude et l'expérience acquises lors des accouchements antérieurs semblent les pousser à se passer des structures sanitaires.»

Ø Etat matrimonial

L'importance des caractéristiques et de la décision de l'homme (époux, père) pour la santé de la famille est aujourd'hui consacrée dans la littérature. Ainsi, les femmes en union peuvent plus facilement avoir recours aux soins avant, pendant et après l'accouchement, ceci notamment en raison du réseau social plus large favorable à la prise en charge des coûts de santé.

De même, une étude sur les dépenses de santé et budgets des ménages en milieu rural au Liberia indique que les dépenses de santé des femmes et leur manière de gérer leurs revenus semblent varier selon le type d'union qu'elles ont contractée. Les femmes non mariées, les adolescentes qui fréquentent encore l'école au moment de la grossesse ont tendances à avoir un suivi de l'hypothèse selon laquelle l'utilisation des services de santé est sensible aux variations tarifaires appliquées dans les formations sanitaires publiques, est au centre de la problématique coût-utilisation. Dans les pays en développement, les structures de santé souffrent de l'absence de financement due à la fois aux mauvais choix programmatiques et aux causes externes. Avec l'initiative de Bamako en 1985, Après l'accouchement, la préservation de l'intimité de la femme par l'éloignement de toute présence masculine et l'utilisation non collective des salles de séjour et du matériel d'interventions obstétricales, sont autant d'éléments dont l'exclusion influence négativement la qualité perçue et peut constituer une entrave à l'utilisation des services obstétricaux. L'amélioration de la qualité passe donc nécessairement par une adéquation de l'offre aux attentes et préférences et fait appel à une complémentarité dans l'action entre les systèmes traditionnel et biomédical pour la définition d'un paquet minimum consensuel de soins obstétricaux qui garantit à la fois l'efficacité clinique et la satisfaction des clients.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci