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L'AFRICOM dans la politique américaine de sécurité en Afrique: l'évolution doctrinale a l'épreuve des contraintes géostratégiques

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par André Désiré Foumane
Université de Yaoundé II, Soa - Master 2012
  

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Par ailleurs, le commandement américain se sert du Programme Civil d'Action Médical (MEDCAP) et du Programme Civild'Action Vétérinaire (VETCAP) pour assurer les services médicaux de base. Il s'agit de projets liés à des actions civiles médicales et vétérinaires. L'objectif ici est de réduire le risque lié aux maladies à travers la collaboration avec le personnel médical des Etats partenaires. Le MEDCAP par exemple est animé par le 13e Corps Médical Expéditionnaire de la Navy. Il a permis de traiter 550 patient jusqu'en 2003. En outre, le 20 Juin 2012, les soldats du 3e escadron de la Task Force Raptor, stationnés à Djibouti ont apporté un soutien en termes de formation au personnel médical djiboutien290(*).

Ces actions sont sensées créer un environnement sain dans lequel les populations ne seraient pas vulnérables aux tentations des groupes criminels et terroristes internationaux. Puisque vivant dans des conditions de vie acceptables. Donc selon l'approche de l'AFRICOM, l'amélioration des conditions de vie des africains est un élément essentiel dans la prévention des conflits sur le continent. Cependant, si cette démarche s'appuie sur des activités socio-économiques, l'on ne saurait négliger l'importance des actions humanitaires que mène le commandement américain.

2. L'AFRICOM et les questions humanitaires en Afrique

Faisant face - avec d'énormes difficultés - à des catastrophes naturelles et à des conflits endémiques, l'Afrique est régulièrement le théâtre de nombreux désastres humanitaires. Ces situations entrainent très souvent la pauvreté et les épidémies qui constituent des facteurs de détérioration des sociétés locales. Face à de tels cas, même les autorités africaines deviennent impuissantes. La conséquence liée à ce type d'évènement est très souvent la faillite de l'Etat. Or d'après Washington, ce type d'Etat constitue une menace pour sa sécurité. Puisque qu'il abrite des espaces non contrôlés par les autorités. Ce qui constitue autant de havres potentiels pour les terroristes et autres trafiquants de toutes natures. De cette mise au point, transparaît la nécessité d'un soutien humanitaire aux Etats africains. C'est entre autres ce à quoi s'attèle le commandement américain pour l'Afrique.

A travers la CJTF-HOA, l'AFRICOM soutien des missions humanitaires en Afrique de l'Est. Il s'implique dans l'évacuation aérienne, le ravitaillement humanitaire en Somalie et au Kenya291(*). En outre, il a facilité le déploiement de détecteurs de température à travers la région. Ceux-ci devant fournir des données climatologiques afin de prédire les conditions climatiques hostiles et en limiter les effets comme la sécheresse et les inondations292(*). Par ailleurs, de concert avec les forces de défense ougandaises, la CJTF-HOA a organisé, du 18 au 27 Novembre 2012, une opération de formation sanitaire. Cette formation permettrait aux professionnels de mieux faire face aux maladies qui affectent les hommes et les animaux293(*). Un autre exemple qui témoigne de l'implication du commandement américain dans les questions humanitaires en Afrique est ce programme de formation humanitaire de déminage qu'ont dirigé les Marines. Celui-ci a été dirigé avec l'armée kényane du 15 Janvier au 5 Février 2013 à l'école humanitaire de soutien à la paix du Kenya. Le but de l'opération étant de renforcer les capacités institutionnelles du Kenya en formant les futures instructeurs afin qu'ils puissent instruire d'autres294(*).

Cette démarche préventive répond plus à une stratégie à but négatif. C'est un mode de stratégie qui est destiné à protéger l'acteur des buts positifs et des capacités de coercition de l'adversaire, afin de garder le minimum de liberté d'action indispensable pour développer ses propres actions à buts positifs295(*). L'accent est mis ici sur des actions dites d'interdiction. Celles-ci consistent à créer des conditions susceptibles d'entraver la réalisation des buts stratégiques de l'adversaire. Dans le cas d'espèce, l'amélioration des conditions de vie des africains par l'AFRICOM est destinée à rendre les populations moins vulnérables face à la tentation de rallier des groupes extrémistes violents. Il s'agit donc d'une stratégie de nature défensive qui cherche à parer les initiatives et à devancer les intentions adverses296(*).

Selon la doctrine qui encadre le commandement américain pour l'Afrique, la prévention des conflits sur le continent serait le meilleur moyen de traiter l'insécurité qui y règne. Ce qui suppose une posture plus diplomatique que militariste. Or la simple nature de cette institution entrave la priorisation des actions diplomatiques dans son fonctionnement quotidien. Dominée par des militaires, il est très difficile d'imaginer l'AFRICOM privilégier des négociations à la place des interventions militaires. Dans la culture stratégique américaine, l'armée n'est faite que pour punir ceux qui violent l'ordre « normal » des choses. Elle ne doit pas s'encombrer de considérations politiques. Cette conception essentiellement pénale et policière des engagements américains comporte certains corollaires. Premièrement, les problématiques sécuritaires africaines sont abordées avec une grande simplicité. La complexité qui les entoure étant quelque peu négligée.

Malgré le fait que le commandement américain apporte des réponses civilo-militaires aux menaces prégnantes en Afrique, son référentiel praxéologique demeure profondément offensif. Cela se traduit dans la promotion de la politique dite d' « agrégation » qui consacre une assimilation monolithique de toutes les menaces sous le prisme de la menace terroriste. Ce paradigme est destiné à légitimer les actions militaires des Etats-Unis, face à une opinion internationale de plus en plus méfiante à leur égard. Cette campagne de construction des menaces est également perçue au travers de la mobilisation du concept d' « espaces non gouvernés ». Ce concept est destiné à frapper d'incapacité, les gouvernements africains face à la multiplication de « zones grises » sur leurs territoires respectifs. Ce qui constitue des raisons « légitimes » d'intervention pour un commandement qui reste fidèle à la culture stratégique américaine.

Chapitre IV: l'AFRICOM: un commandement fidèle à la culture stratégique américaine

Dans le souci de prévenir les menaces et d'amenuiser les facteurs d'insécurité en Afrique, les Etats-Unis ont décidé d'encadrer leur nouveau commandement sur le continent par une doctrine qui relève d'une démarche plus proactive que réactive. Cette logique qui tire ses racines des expériences d'Irak et d'Afghanistan, relève d'une approche globale de la sécurité. Elle devrait, d'après les USA, entrainer une diminution considérable des actions militaires. Or à l'épreuve de la réalité et au-delà des discours, l'on se rend compte que cet Etat a du mal à démordre avec sa vision militariste des relations internationales. Cela est d'autant plus pertinent qu'avec les incertitudes et l'imprévisibilité de l'environnement du XXIe siècle, il a été emmené à faire de la puissance militaire, un pilier de son leadership mondial297(*). Les raisons liées à la perpétuation de cette logique militariste sont à rechercher dans la culture stratégique américaine dont l'AFRICOM reste prisonnier. La rupture pourtant clamée par les autorités américaines ne peut qu'être non assurée. Puisqu'elle concerne ce qu'il ya de plus compliqué et de plus long à faire évoluer : à savoir la culture298(*). Il serait donc difficilement concevable que ce sixième commandement géographique s'écarte de cette ligne directrice qui sous-tend l'engagement extérieur américain.

La culture stratégique se définit comme « l'ensemble des pratiques traditionnelles et des habitudes de pensée qui dans une société géographiquement définie, gouvernent l'organisation et l'emploi de la force militaire au service d'objectifs politiques »299(*). Vue sous cet angle, la culture stratégique constitue un cadre théorique et conceptuel qui régit l'engagement militaire d'un Etat. Vincent DESPORTES la considère comme le cadre dans lequel les idées stratégiques et les décisions de défense sont débattues. La culture stratégique est productrice d'une double dynamique: non seulement elle limite la liberté d'action, elle constitue également un terreau pour l'agir300(*). Elle se structure et se fossilise au cours de l'histoire d'une société politique, façonnée par les victoires et les défaites, les joies et les peines partagées par un peuple. Née de la pratique et de l'expérience, la culture stratégique s'inscrit durablement dans l'agir collectif d'un Etat. En conséquence, elle prédispose à une démarche plus ou moins prédictible, puisque reposant sur un répertoire d'actions relativement routinier.

Ainsi posé, ce cadre d'action conditionne également la posture, les actions et le fonctionnement de l'AFRICOM. Car lors de sa mise sur pied, Washington était motivé autant par sa culture stratégique nationale (section I) que par la volonté d'inscrire cette structure dans l'offensive militaire américaine en Afrique (section II).

SECTION I: PRESENTATION GENERALE DE LA CULTURE STRATEGIQUE AMERICAINE

Profondément ancrée dans l'histoire, la culture stratégique américaine puise ses sources dans la culture du peuple américain qui façonne les comportements des citoyens de cet Etat. Le comportement américain, en tant que vecteur important de la pensée militaire de Washington, a été en grande partie façonné par les « pères fondateurs » de cette nation. Ces pèlerins d'obédience puritaine ont eu une trajectoire historique déterminante dans leur appréhension du monde. Pourchassés en Angleterre à cause de leur foi, ces religieux se persuadaient de l'aspect divin de leur combat et se considéraient plus tard comme peuple élu de Dieu, le reste du monde étant dans les ténèbres. Par ailleurs vouant un culte à la réussite individuelle et au projet, ils forgent l'optimisme, le dynamisme, le volontarisme ou encore le pragmatisme qui constituent le « rêve américain ». Ces éléments ont pour conséquence le goût de l'action, la propension à aller de l'avant, la recherche de l'efficacité et surtout l'impatience301(*). Même s'ils ne relèvent pas de l'exhaustivité, ces quelques éléments comportementaux donnent à la culture stratégique américaine une forte teneur axiologique (A) qui alimente une stratégie profondément offensive (B).

A. Une forte teneur axiologique

Les « pères fondateurs » des Etats-Unis, depuis leur installation sur leurs nouvelles terres, nourrissent des « mythes fondateurs » qui jusqu'à ce jour, déterminent la façon dont les américains perçoivent le monde extérieur. L'un des mythes les plus saillants est sans doute la « destinée manifeste ». Selon celui-ci, le peuple américain est élu de Dieu et est supérieur à tous les autres peuples du monde. Le sénateur Beveridge relevait fort-à-propos que « Dieu nous a fait les maitres-organisateurs de l'univers pour remplacer le chaos dominant par un autre système »302(*). Cette croyance débouche sur la promotion d'un légalisme et d'un moralisme à l'américaine (1), mais également sur un esprit de croisade (2).

1. Légalisme et moralisme à l'américaine

La croyance en une « destinée manifeste » aux Etats-Unis alimente l'idée de l'exceptionnalisme du peuple américain. Dans ce sens, ce peuple serait unique en son genre et on ne saurait l'assimiler à n'importe quel autre dans le monde. Ce postulat se traduit par un discours « donneur de leçons », n'imposant de sacrifices qu'aux autres et axé sur une prétendue supériorité du plus fort303(*). Ainsi, la politique étrangère des Etats-Unis repose sur des valeurs considérées comme fondatrices de la société américaine. On mobilise à cet effet le concept "American Creed" pour désigner la « dignité essentielle de l'être humain, égalité fondamentale des hommes et droit inaliénable de liberté et de justice »304(*). Les éléments structurant de ce concept sont l'accomplissement personnel qui se traduit par la promotion de l'individualisme et du libéralisme. L'Etat étant désormais contraint de laisser des espaces à l'individu pour que celui-ci puisse s'accomplir et s'épanouir. C'est pourquoi Washington fait de la démocratie, un des principes cardinaux de son action extérieur.

Sur le plan idéologique, le courant idéaliste est de ceux qui impulsent cette dynamique. Basé fondamentalement sur l'exceptionnalité morale des Etats-Unis, il se divise en deux tendances. Pendant que l'idéalisme libéral vise à rendre le système international plus harmonieux et moins propice aux affrontements - et cela grâce aux institutions internationales, - l'idéalisme conservateur s'attèle à mobiliser de grands principes universels pour justifier et fonder une politique vouée à la suprématie américaine et à la promotion du capitalisme305(*). Ainsi, les droits humains et les valeurs démocratiques devraient être des composantes déterminantes de la politique étrangère américaine. Ce qui traduit le désir de façonner le monde à l'image des Etats-Unis306(*). Cela passe par la diffusion à grande échelle, des valeurs américaines et donc par une « moralisation de la politique étrangère ». Ainsi pour le président Wilson, « Nous sommes au début d'une ère où il doit être claire que ce sont les mêmes critères de comportement et de définition du mal valables pour les citoyens des Etats civilisés qui doivent être respectés par les nations et leurs gouvernements »307(*). L'on voit bien qu'il s'agit ici de faire de Washington, le phare de l'humanité. Étant donné que c'est lui qui devrait définir les règles applicables au reste du monde.

Si l'on se fie à la grille de lecture déclinée plus haut, les Etats-Unis ont l'exclusivité de la définition du bon et du mauvais. Et ce, en fonction de leurs propres appréciations et perceptions du monde. Ils sont garants de l'ordre juridique international qui doit primer sans tenir compte des mécontentements des peuples308(*). Tous les peuples du monde doivent tendre vers un même idéal qui est celui américain et qui met l'accent sur des principes tels que la paix, le respect de la règle de droit, la démocratie, le respect des droits de l'homme et des libertés individuelles si fièrement proclamés dans la constitution des 1778.

Cet arrière-plan moral de la culture stratégique américaine aboutit très logiquement au messianisme. Washington s'érigeant en défenseur de grandes causes, un gendarme à l'échelle mondiale. Punissant tous ceux qui transgressent la « loi » largement définie par lui. Ces « délinquants » ne sauraient rester impunis. Ainsi, ils font très souvent l'objet de croisades fortement ancrées dans l'engagement extérieur américain.

2. L'esprit de croisade

Si selon les « pères fondateurs », les Etats-Unis ont été désignés par Dieu pour diriger et veiller sur le monde, on peut bien comprendre le messianisme qui caractérise la perception américaine du monde extérieur. Il est, d'après eux, constitué de peuples qui vivent dans l'impureté et la corruption. C'est cette discrimination du bien et du mal, du bon et du mauvais qui fonde le manichéisme profondément ancré dans la culture stratégique américaine. Cette tendance est portée par la nouvelle droite américaine qui est, elle-même, la traduction politique d'un mouvement religieux des années 1920. Celui-ci se considère comme étant « fondamental ». C'est-à-dire issu des vrais fondements de la foi chrétienne309(*). Au nom de ce fondamentalisme, toutes les autres valeurs qui ne relèvent pas du répertoire axiologique de Washington sont frappées d'illégitimité et d'illégalité. Dans cette perspective, la superpuissance se réserve le droit de se mobiliser pour punir le « contrevenant ». C'est ici que la « Rogue Doctrine » trouve toute sa place. Consistant en la désignation d'Etats parias ou encore « hors-la-loi », cette doctrine est au centre du système américain de classement et de punition310(*). Pour Beveridge, sénateur de l'Indiana, Dieu « nous a donné le goût de l'autorité afin que nous puissions gouverner les peuples sauvages ou délinquants »311(*).

Le discours fondamentaliste qui caractérise la culture américaine forge l'argument selon lequel les engagements extérieurs de Washington sont des croisades. C'est-à-dire des combats du Bien contre le Mal, de Dieu contre le Diable ou encore de l'esprit divin contre la matière corrompue312(*). Cette tendance se traduit dans les noms donnés aux expéditions militaires américaines à travers le monde. L'on parle notamment de l'opération "Restore hope" en Somalie à partir de Décembre 1992. Elle est officiellement destinée à « redonner espoir », en permettant l'acheminement de l'aide humanitaire, afin de sauver les somaliens de la famine utilisée comme arme de guerre par les hommes du Général Farah Aïdid. Ces miliciens sont alors identifiés au Mal. Une autre expédition militaire assimilée à une croisade est l'opération "Enduring Freedom". Elle est destinée à punir, puis reverser le régime taliban accusé d'avoir joué un rôle central dans les attentats du 11 Septembre 2001. Par ailleurs, l'opération "Iraqi Freedom" devait « garantir la liberté des irakiens » en prévenant l'utilisation par Saddam Hussein, d'armes de destruction massive. Cette dernière campagne se fondait sur la nécessité ressentie par l'administration Bush d'éliminer tous les « méchants » qui possèderaient de telles armes313(*). Pour empêcher ce scénario, la National Security Strategy de Septembre 2001 énoncée à West Point par G. W. Bush met l'accent sur l'action préventive, tout en marginalisant la dissuasion. Cette nouvelle approche devrait permettre de faire face à ce que la maison Blache qualifie de l' « Axe du Mal » désignant l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord.

Etant donné la non-détention d'ADM par l'Irak de Saddam Hussein comme le prétendait le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld314(*), l'on voit bien qu'il ya une propension chez les dirigeants américains à construire des ennemis en diabolisant les adversaires potentiels ou existants. Cette tendance est largement animée par les néoconservateurs américains. Conférant une grande importance à la puissance militaire et à l'exportation de la démocratie, les partisans de ce courant de pensée estiment que « l'Amérique doit assurer l'ordre mondial et la défense de la liberté »315(*). Le discours sur la croisade s'est accru dans la politique étrangère des Etats-Unis depuis l'élaboration en 2000, d'un document intitulé: "Rebuilding America's Defenses: Strategy, Forces and Ressources For a New Century"316(*). Ce document a été conçu par un groupe de néoconservateurs appelé Project for a New American Century (PNAC)317(*). Les conclusions qui en ressortent insistent sur le développant et le déploiement d'un système anti-missile; sur le contrôle de nouveaux espaces internationaux et du cyberespace; ainsi que la préservation de la Pax Americana à travers la prééminence des militaires de Washington afin d'assurer un XXIe siècle unipolaire318(*). Ces conclusions particulièrement ambitieuses ne peuvent être réalisées que par une diabolisation des adversaires. La focalisation sur la croisade permet aux dirigeants de soulever les passions et de susciter de l'adhésion d'un peuple marqué par une tradition antimilitariste. En effet, chez les américains, la guerre est considérée comme une aberration, dans la mesure où elle est contraire aux principes et institutions démocratiques. La guerre empêche l'accomplissement personnel et constitue une menace aux libertés319(*). En suscitant l'adhésion populaire, le discours sur la croisade constitue un moteur pour l'action et prédispose à une stratégie profondément offensive.

B. Une stratégie profondément offensive

Comme il a été noté plus haut, la réticence du peuple américain face à l'utilisation de l'outil militaire peut être atténuée par le soulèvement des passions populaires. Cependant, une fois engagée, l'armée américaine est tenue de produire rapidement des résultats satisfaisants à un peuple optimiste et triomphaliste. Dans la mesure où la guerre est considérée comme un phénomène qui bouleverse « l'ordre normal » des choses, la mission des militaires consiste juste à punir et à vaincre celui qui en est responsable et de retourner immédiatement au pays: c'est l'essence même de la stratégie de l' « Uppercut »320(*). Pour y parvenir, les Etats-Unis privilégient l'offensive. Cette stratégie s'inspire des enseignements du théoricien suisse Antoine Henry JOMINIqui, d'après Bruno COLSON, constituent le socle même de la culture stratégique américaine321(*). Comme ce dernier, Les américains accordent beaucoup d'importance non seulement à l'initiative et à la concentration des forces (1), mais également à la manoeuvre et à l'anéantissement de l'ennemi (2).

1. Primat de l'initiative et de la concentration des forces

La culture stratégique américaine s'inspire largement de JOMINI qui lui-même est très admiratif de Napoléon. En effet le théoricien suisse, dans ses travaux, questionne fondamentalement les causes de la réussite de Napoléon dans ses campagnes de 1796-97 en Italie, à Marengo, à Austerlitz et à Iéna. Il parvient à les identifier à travers certaines variables. Par la suite, les facteurs de ces succès militaires sont érigés en principes de la guerre. Ceux-ci servent désormais de guide opérationnel à tous ceux qui veulent s'engager dans l'action militaire322(*). Parmi les principes évoqués se trouvent en bonne place les deux qui structurent cette partie. A savoir l'initiative et la concentration des forces.

En effet, dans son Traité des grandes opérations militaires, JOMINI émet comme premier principe, la nécessité de « prendre l'initiative des mouvements »323(*). Fondé sur la rapidité et la promptitude, ce principe permet de prendre de l'avance et d'anticiper sur les actions ennemies. Il estime « qu'un Etat fait mieux d'envahir ses voisins que de se laisser attaquer lui-même »324(*). L'anticipation ainsi privilégiée procure un avantage significatif dans l'action stratégique. Par ailleurs, célébrant les vertus de l'offensive assimilée à l'initiative des mouvements, JOMINI précise qu'elle « porte la guerre sur le sol étranger, elle ménage son propre pays, diminue les ressources de l'ennemi et augmente les siennes ». Il rassure par la suite que « celui qui a pris cette initiative sait d'avance ce qu'il fait et ce qu'il veut...Celui qui attend est prévenu partout; l'ennemi tombe sur des fractions de son armée; il ne sait ni où son adversaire veut porter ses efforts, ni les moyens qu'il doit lui opposer »325(*).

Le deuxième principe intéressant ici est le quatrième évoqué par le théoricien suisse. Il s'agit de la concentration des forces. A ce sujet, il recommande de garder toutes les forces réunies pour qu'elles soient mieux contrôlées par le chef militaire. La concentration ainsi vantée devrait procurer un avantage en cas de bataille. Car la dispersion des forces peut être fatale en cas rencontre avec l'ennemi. C'est pour cette raison qu'il recommande, au jour de la bataille, de diriger le gros des forces sur le point décisif du champ de bataille, ou sur la partie de la ligne ennemie qu'il importerait d'accabler326(*).

Même si ces éléments font partie d'une doctrine d'action militaire basée sur des guerres du XVIIIe siècle, il n'empêche qu'ils continuent de sous-tendre l'action militaire américaine jusqu'à nos jours. La théorie de JOMINI a été intériorisée dans la culture stratégique américaine, grâce notamment à l'esprit pragmatique lié à l'esprit des Lumières qui imprégnait les « pères fondateurs ». En réalité, le côté scientifique et rationnel de JOMINI correspondait mieux à l' « engineering mentality » des américains327(*). La preuve en est que l'académie militaire de West Point - créée en 1802 - qui deviendra le principal lieu de diffusion de la pensée de JOMINI, était d'abord une école de formation d'ingénieurs. La plupart de ses responsables ont été formés à l'Ecole militaire européenne, alors dominée par les succès de Napoléon. Que ce soit Winfield Scott ou Sylvanus Tayer, la référence au système français des fortifications est de taille. Grand admirateur de Napoléon, l'enseignant de la science de la guerre Dennis Hart Mahan croit, tout comme JOMINI, que la seule chance de succès à la guerre est dans la concentration maximale des forces. Il vante également la concentration des forces au point décisif et y voit le principe fondamental de l'art de la guerre328(*). Un autre grand admirateur de JOMINI issu de l'académie de l'US Army de West Point est Robert Edward Lee. Appartenant au camp des confédérés lors de la guerre de sécession, il est le commandant de l'armée de la Virginie du Nord. Sur le terrain, il privilégie l'opération avec la plus grande masse des forces sur le point décisif. Grand défenseur de la concentration des forces, il a également une obsession pour l'initiative329(*). Comme on peut le voir à travers les officiers formés à l'académie de West Point, la concentration des forces et l'initiative sont des principes structurants de la culture stratégique américaine. Il en ressort que Washington voue un culte aux enseignements de JOMINI qui a également mis l'accent sur la manoeuvre et l'anéantissement de l'ennemi.

2. Entre manoeuvre et anéantissement de l'ennemi

Ces deux principes « jominiens » qui caractérisent l'Américan Way of War sont relativement antithétiques. Pendant que le premier, s'assimilant à l'attrition, privilégie le contournement du dispositif ennemi et son épuisement, l'autre met l'accent sur l'affrontement et la bataille. Cependant, la manoeuvre peut concourir - même si elle prend beaucoup de temps - à anéantir l'armée ennemie. Les grands généraux ont toujours adopté anéantissement et attrition selon les circonstances330(*). Chez JOMINI, la manoeuvre est le deuxième principe. Il parle de la « manoeuvre sur les derrières ». Cela consiste à diriger ses forces sur la partie faible de l'armée ennemie ou de préférence seulement face à ses fractions. L'affrontement massif est marginalisé dans ce cas. La manoeuvre peut consister à se porter sur les communications de l'armée adverse. Cela permettant de réduire l'incertitude dans laquelle le général doit vivre et prendre des résolutions331(*). Ainsi posé, la manoeuvre accorde peu d'importance au choc frontal. Elle est destinée à affaiblir et à épuiser l'ennemi en l'attaquant sur ses points vulnérables. La place qu'occupe cette démarche dans la culture stratégique américaine est traduite dans le règlement américain du service de campagne FM 100-5. Ce manuel reconnait sa capacité à conduire à la victoire, tout en mettant en garde contre une manoeuvre trop enveloppante qui nécessite une supériorité numérique considérable332(*). Dans l'histoire militaire des Etats-Unis, Ulysses Simpson Grant en a été un des grands promoteurs. Nommé commandant en chef de toutes les forces de l'Union en Février 1864 - c'est-à-dire en pleine guerre de sécession, - il ne visait pas prioritairement la destruction de l'armée ennemie, mais plutôt la destruction de ses supports logistiques. Une stratégie d'attrition qui n'était possible qu'à travers le mouvement tournant et peu d'affrontements333(*). Ce fut le cas lors de la bataille de Vicksburg pendant cette guerre en Avril 1863334(*).

Pour ce qui est de l'anéantissement de l'ennemi, il faut noter qu'il s'agit du douzième principe proposé par JOMINI. Ce denier insiste sur la poursuite à outrance de l'armée vaincue. D'où l'importance de la concentration des forces. Cela est pertinent dans la mesure où la marche en masse est destinée à anéantir l'armée ennemie en cas de bataille335(*). En effet, face à une opinion nationale très exigeante et dont les passions sont souvent soulevées par un discours messianique et manichéen, les militaires américains sont très souvent portés vers la guerre totale. Car, selon eux, ce n'est que celle-ci qui peut leur permettre d'en découdre le plus rapidement possible avec l'ennemi. Si la nature d'une guerre s'apprécie sur la base d'une sociologie compréhensive - c'est-à-dire celle qui interprète le sens des conduites humaines, - on peut alors interroger l'enjeu que Washington donne à ses engagements militaires336(*). En réalité, après leur fuite de l'Angleterre et leur installation sur le continent américain, les « pères fondateurs » ont nourri une suspicion permanente à l'égard du monde extérieur. Cette peur étant née des sévices subis en Europe. En conséquence, toute menace est perçue comme une tentative renouvelée d'oppression du peuple américain. Lorsqu'une guerre découle d'une situation pareille, elle est considérée comme un moyen d'assurer la survie de ce peuple et de sa civilisation. De cette logique, transparait une perception absolutiste des enjeux du conflit, l'objet principal étant considéré par Washington comme étant fondamental et non négociable. Or une telle mobilisation pour la survie d'un groupe constitue l'essence même de la guerre totale337(*).

Dans l'Américan Way of War, la référence à l'anéantissement et à la guerre totale apparait de manière flagrante. Ce qui suppose une référence à CLAUSEWITZ. Puisque pour ce dernier, dans la guerre, « les forces - ennemies - doivent être détruites, c'est-à-dire réduites à une condition où elles ne sont plus aptes à continuer la lutte »338(*). Cette tradition tire ses racines des guerres indiennes du XIXe siècle. En effets, pour faire face à ces insurrections, le commandant en chef des forces américaines, le général Shéridan faisait observer que: « La culture de la nation indienne va bientôt intégralement disparaître avec la destruction de la puissance de cette dernière »339(*). Considérées par WEIGLEY comme une lutte pour la survie, ces guerres ont fait montre de l'obsession pour la guerre totale et l'anéantissement. Le Général Sherman recommandait à ses troupes d'exterminer les Sioux y compris les femmes et les enfants. Cela devait, poursuit-il, limiter le travail d'extermination futur340(*). Ce discours focalisé sur la destruction de l'ennemi et ayant pour élément central la puissance, constitue la trame fondamentale de la doctrine stratégique américaine. Il s'agit d'un référentiel qui a constitué le leitmotiv de la plupart des chefs militaires de l'histoire des Etats-Unis. Ce fut le cas de Grant lors de la guerre de sécession dans les années 1860; ou encore de John J. Pershing, lors de première guerre mondiale où les Etats-Unis sont intervenus en 1917.

Profondément ancrés dans sa pensée militaire, les principes sus-dénommés conditionnent toute action entreprise par Washington. Si l'on considère la capacité de « projeter la puissance » comme étant au coeur de la culture stratégique américaine341(*), cela n'étant possible qu'à travers l'offensive, l'on peut bien comprendre que l'AFRICOM reste fidèle à cette ligne d'action. C'est-à-dire qu'il soit un outil de l'offensive militaire de Washington sur le continent africain.

SECTION II : L'AFRICOM DANS L'OFFENSIVE MILITAIRE AMERICAINE EN AFRIQUE

Le commandement militaire américain pour l'Afrique fait partie de l'arsenal stratégique des USA. Il est donc tout-à-fait logique qu'il réponde aux mêmes logiques que les autres commandements conçus dans le contexte de la guerre froide. Même s'il naît dans un contexte sécuritaire particulier et est encadré par une doctrine novatrice, cet outil scelle la militarisation de l'Afrique par Washington. Cela est un impératif dans la mesure où « la Chine est entrain d'acquérir le contrôle des ressources naturelles, elle supplante les entrepreneurs occidentaux dans la réalisation de grands projets infrastructurels et elle accorde des prêts souples et autres éléments stimulants pour soutenir son avantage dans la compétition »342(*). Pour faire face à cette percée inexorable de Pékin sur le continent, Washington s'inscrit dans une dynamique d'occupation territoriale (A) tout en renforçant son interventionnisme (B).

A. La dynamique d'occupation territoriale

La question de l'occupation territoriale est un élément crucial en géopolitique et en géostratégie. Car elle permet le contrôle de régions entières. Si elle relève d'une stratégie de domination adaptée à une époque surannée, elle garde sa pertinence aujourd'hui. Et cela parce qu'elle permet à une entité politique de veiller de plus près à la préservation des ses intérêts. C'est, semble-il, dans cette logique que s'inscrivent les Etats-Unis lorsqu'ils multiplient les bases militaires (1) et se servent de l'APS pour contrôler les mers bordant le continent (2).

1. Multiplication des bases militaires

L'occupation territoriale est une donnée importante de la pratique stratégique américaine qui est, comme il a été démontré plus haut, imprégnée des enseignements de JOMINI. Car ce denier développe une conception beaucoup plus « territoriale » de la stratégie343(*). Il s'agit d'une vision relativement proche de celle de François THUAL. Pour ce dernier en effet, « contrôler et contrer » constituent les deux constantes comportementales qui tissent la trame de tout projet et de toute action géopolitique344(*). Contrôler entendu dans le sens de l'occupation, de la possession et de la maîtrise directe d'un territoire; et contrer consistant à empêcher un autre groupe ou force politique de s'emparer d'un territoire ou de s'y installer directement ou indirectement345(*). Cette logique est assez perceptible dans l'installation des bases militaires américaines en Afrique.

Même si l'occupation dont il est question ici n'est pas identique à celle du XVIIe ou du XVIIIe siècle, qui était assez visible, il ya tout de même lieu de parler d'occupation à des fins de contrôle. Il est vrai que les Etats-Unis ne possèdent qu'une seule grande base militaire en Afrique. Elle se trouve à Djibouti, au Camp Lemonnier, dans le cadre de la CJTF-HOA créée par le CENTCOM en Octobre 2002. Mais si l'on se place sous le seul angle de la visibilité et de la grandeur de ces installations, on risquerait de manquer de lucidité pour aborder ce problème en profondeur. Celui-ci étant plus compliqué que ça.

Il existe en réalité trois types de bases militaires. Les Main Operating Bases (MOB) ou bases principales d'opérations. Il s'agit de très grandes installations qui abritent d'importants moyens logistiques et humains; Il ya les Foward Operating Sites (FOS) ou sites avancés d'opérations. Il s'agit de sites constitués de forces de soutien, d'équipes et d'équipements pré-positionnés; il ya enfin les Cooperative Security Locations (CSL) ou emplacements coopératifs de sécurité. Ce sont des installations de l'Etat hôte avec présence étrangère ou non. Ceux-ci assurent un accès en cas d'éventualité346(*). Cette typologie nous renseigne que le Commandement américain ne dispose d'aucun MOB sur le continent. Par contre il y supervise quatre FOS. Le principal est celui qui a été cité plus haut, c'est-à-dire celui de Djibouti. Un autre est situé sur le territoire britannique d'outre-mer de Saint-Helena dans l'océan Atlantique. Il s'agit d'une base logistique de l'USTRANSCOM qui vient en soutien à l'AFRICOM. Deux autres se trouvent à Dakar au Sénégal et à Entebbe en Ouganda347(*).

Si les grandes bases militaires sont encore peu nombreuses, l'on assiste plutôt à un foisonnement d'emplacements coopératifs de sécurité. Cette prolifération se fait sur la base du « Base Access Agreement for Cooperative Security Locations and Foward Operating Sites ». Signé avec les Etats africains, il permet à Washington d'utiliser les facilités militaires des ces derniers. D'où la mise sur pied d'un véritable « réseau de facilités »348(*). La mise à nue de ce réseau de base a notamment été faite par le Washington Post, le 14 Juin 2012. Selon ce journal, ces emplacements sont supervisés par les forces des opérations spéciales, mais gérés en grande partie par des sociétés privées de sécurité. C'est notamment le cas de la « facilité » située à l'aéroport international de Ouagadougou - mise sur pied en 2008 - où travaillent discrètement une soixantaine d'américains349(*). Cette base qui supervise des opérations de surveillance aérienne sur le Sahara est accompagnée de plusieurs autres. L'on peut citer celle de Manda Bay au Kenya où sont stationnés une centaine de commandos américains prêts à intervenir aux larges des côtes somaliennes en cas de besoin350(*). Il en existe également à Victoria aux Seychelles, à Gao au Mali ou encore à Niamey au Niger.

La faible existence de grandes bases en Afrique s'explique non seulement par la méfiance que suscite la présence militaire américaine sur le continent, mais aussi par la nature actuelle de la menace. Car face à un terrorisme mobile et fuyant, il ya la nécessité d'une nouvelle configuration des bases militaires. Les grandes installations, dans ce cas, s'avèrent relativement inadaptées. Les forces devant se rapprocher de la menace. Ainsi, ces CSL permettent à Washington, selon Carter Ham devant la commission du Congrès, de renforcer les moyens RSR (renseignement, surveillance, reconnaissance)351(*). Cette occupation territoriale se fait donc à des fins de surveillance et de contrôle comme c'est le cas avec l'APS.

2. APS comme instrument de contrôle des eaux africaines

L'Africa Partnership Station (APS) est un programme de coopération sécuritaire mis sur pied en 2007 par l'US Naval Forces Europe-Africa. Supervisé par l'AFRICOM, il a pour mission de renforcer le partenariat maritime mondial à travers la formation et les activités de collaboration afin d'améliorer la sécurité et la sureté maritimes en Afrique352(*). Ce discours altruiste et flatteur ne doit pas oblitérer le fait que ce programme fait partie intégrante de la stratégie navale américaine qui, depuis Alfred Tayer MAHAN, est fondamentalement offensive. Pour ce dernier en effet, l'offensive a une valeur dissuasive353(*). Traditionnellement, c'est une stratégie directe qui encadre le déploiement naval de la Navy. Elle consiste pour une entité à concevoir et à exécuter une manoeuvre des forces qui tienne plus compte de ses propres facteurs de puissance que des vulnérabilités de l'autre354(*). Ce mode a caractérisé l'ensemble de l'oeuvre de MAHAN avec une référence répétitive aux principes tels que la destruction de la flotte ennemie ou l'offensive.

Si cette stratégie était valable dans le cadre d'une guerre conventionnelle, c'est-à-dire face à une flotte adverse clairement identifiée, elle perd quelque peu de sa pertinence dans le cadre d'une guerre asymétrique. De telles fluctuations, d'après POIRIER, nécessitent une adaptation qui aboutit à des combinaisons entre différents modes d'action stratégique. Dans le cas d'espèce, la combinaison qui semble encadrer la nouvelle stratégie navale de la Navy relève de la dissuasion. Il s'agit de la jonction entre l'action d' « interdiction » - destinée à ôter à l'Autre, toute possibilité de réussite dans la dialectique conflictuelle - et l'emploi virtuel des forces - qui consiste à peser sur la volonté de l'adversaire en brandissant ses capacités d'action. L'objectif ici est d'anticiper une intention ou une velléité d'initiative adverse et de la bloquer avant qu'elle ne soit lancée355(*). En l'absence d'une flotte hostile déclarée, c'est cette forme que semble prendre la stratégie navale américaine à l'ère de l'AFRICOM.

Lorsqu'on observe le déploiement naval du commandement américain sur le continent, on perçoit une dynamique centrale issue de la Maritime Strategy des années 1980. Définie par la Navy, elle se structure entre autres autour de la Sea Control. Elle consiste à maîtriser les mers de sorte que l'ennemi ne puisse rompre les lignes de communication essentielles. Cette approche est encadrée par le Livre Blanc publié par la marine américaine en 1994. Intitulé "Fowrad... from the sea", celui-ci met l'accent sur l'action sur le littoral356(*). Cela se perçoit à travers le pré-positionnement de navires américains qui, officiellement mènent des activités de formation des armées africaines. Supervisées par l'AFRICOM, les missions de l'APS consistent en un voyage de six à sept mois au cours duquel ces navires parcourent un certain nombre de pays africains. Ces bâtiments accostent dans les Etats devant bénéficier de la formation. Ce fut le cas de l'USS Nashville en 2009 mais également de Fort McHenry qui ont parcouru une dizaine de pays africains. Cependant au-delà de l'objectif officiel lié à la formation, l'on peut, au travers d'une analyse minutieuse, identifier d'autres intentions.

Il s'agit en réalité de patrouiller en permanence sur les côtes africaines afin de prévenir toute action illégale comme la piraterie ou le terrorisme. Le voyage de six mois permet avec une relative constance, de maintenir une présence sur ces côtes où se déroulent très souvent des activités suspectes. La patrouille ainsi instituée joue un rôle de dissuasion pour divers groupes qui pourraient s'attaquer aux intérêts américains dans le Golfe de Guinée. Les Etats-Unis peuvent ainsi résoudre les deux problèmes que pose la géopolitique du pétrole. C'est-à-dire contrôler les ressources pétrolières et de contrôler les voies d'acheminement357(*).

Par ailleurs, la multiplication de navires américains sur les côtes africaines constitue une alternative à la présence d'une grande base militaire sur le continent. Contrairement aux emplacements terrestres qui font l'objet de nombreuses critiques de la part des africains, les navires sont perçus avec moins de méfiance. Puisqu'étant destinés officiellement à assurer la formation des forces de sécurité locales. Ces bâtiments pourraient ainsi remplir la fonction de bases militaires off-shore358(*) et être déterminantes non seulement dans le contrôle des eaux africaines mais également dans la conduite des opérations militaires sur terre359(*).

B. La perpétuation de la dynamique interventionniste

Malgré une production discursive officielle mettant l'accent sur la prévention des conflits et les actions humanitaires, les activités de l'AFRICOM sont conditionnées par des contraintes géostratégiques. C'est-à- dire la prétention de Washington à demeurer la superpuissance mondiale comme le recommande l'Ecole hégémoniste. Fondée sur une approche unilatéraliste, cette Ecole espère voir les Etats-Unis contrôler le système international à travers la défense de l'intérêt national, la conquête et la guerre360(*). Restant fidèle à cette logique traditionnelle, l'AFRICOM a été accompagné d'une organisation et réorganisation institutionnelle (1) devant lui permettre de mener à bien ses opérations militaires (2).

1. Organisation et réorganisation institutionnelle

Depuis la création de ce commandement en 2007, plusieurs observateurs sont d'avis que la politique africaine des Etats-Unis est de plus en plus militarisée. Cela est du notamment au rôle prépondérant que joue désormais le DOD dans les relations afro-américaines. Mais cette tendance ne s'observe pas qu'avec la création de l'AFRICOM. En réalité, si elle est accentuée avec les attentats du 11 Septembre, c'est à travers le Gold Water Nichols Act de 1986 que l'impulsion est donnée. Cette loi qui réorganise le Pentagone accroit également son importance dans l'élaboration et la formulation de la politique étrangère des Etats-Unis. Cela aboutissant à une « Pentagonisation » de la diplomatie américaine361(*). Cela entraine un déséquilibre entre le civil et le militaire. La priorité étant la lutte contre le terrorisme au détriment de la diplomatie. Du coup, les militaires se voient confiés des missions qui relèvent de la compétence civile. Cette tendance est aujourd'hui accentuée par l'AFRICOM qui intègre le DOS et l'USAID ou encore le MCC. Cela s'explique par la nécessité d'avoir des soldats prêts à intervenir sur le sol africain et se traduit par le maintien de budgets militaires élevés.

Ce dernier aspect est particulièrement crucial. Car il permet d'explorer le rôle que joue le complexe militaro-industriel dans la militarisation de la politique étrangère américaine. Constitué de grands groupes industriels de production d'armements tels que Lockheed Martin, Northrop Grumman ou encore Raytheon, ce complexe est une source de financement des campagnes de certains candidats américains. En conséquence, il compte également jouer un rôle important dans la prise de décisions en matière de politique étrangère362(*). Cela pourrait expliquer la configuration institutionnelle militariste qui entoure le commandement américain pour l'Afrique. En effet, dès sa création, l'AFRICOM a été doté de composantes issues de différents corps d'armées américains. L'on peut citer l'US Naval Force Africa (USNAVAF). C'est la composante "Navy" de cette structure. Elle est destinée à mener des opérations anti-terroristes, à assurer la sécurité maritime et à renforcer les capacités des africains à parvenir à un environnement sécurisé363(*). Il existe également une composante terrestre appeléeUS Army Africa (USARAF). Elle est destinée à renforcer les capacités terrestres des armées africaines, soutenir les opérations de l'AFRICOM ainsi qu'à mener des actions décisives afin de créer un environnement sûr364(*). L'US Air Force Africa (USAF) pour sa part en est la composante aérienne. Basée à Ramstein, elle mène des opérations de sécurité en Afrique. Au-delà de ces trois détachements, il ya également l'US Marines Corps Forces Africa - qui est la composante "Marines" de ce commandement ; et la US Special Operations Command Africa (USOCAFRICA) qui en est la composante des opérations spéciales.

L'autre facette de la réorganisation institutionnelle liée à l'AFRICOM concerne la création d'une Régionally Aligned Force (RAF) - ou force à vocation régionale - pour l'Afrique. Il s'agit d'un ensemble d'équipes et de sections hautement entrainées et formées pour des missions spécifiques et dans des situations régionales365(*). Dans le discours officiel américain, cette force répond plus à des besoins d'assistance sécuritaire et d'adaptation aux cultures locales. Destinée à conduire des missions opérationnelles, des exercices militaires ou des activités de coopération sécuritaire sur le continent366(*), cette force bénéficie d'un pré-positionnement sur le terrain. Ce qui lui permet d'assurer une présence militaire effective.

Le concept de RAF a été matérialisé en 2013 lorsque la deuxième Brigade de la première Division d'infanterie a été désignée comme devant venir en soutien à l'AFRICOM. Connue sous le nom de "Dagger Brigade" ou « Brigade Poignard » et composée de 3500 soldats, elle planifie le déploiement - dans 35 pays à travers l'Afrique - d'unités allant de petites équipes d'entrainement à des bataillons de 800 membres367(*). Autant de soldats qui, bien que concentrés sur la formation militaire, sont prêts à intervenir en cas d'urgence. Ce sixième commandement géographique offre donc à l'armée américaine, des fondations structurelles et organisationnelles pour une action plus rapide en réponse aux crises humanitaires régionales. Il offre également un cadre d'intervention anti-terroriste à Washington lorsque ses intérêts nationaux sont en jeu368(*). Au vu de ce qui a été dit plus haut, il semble claire que la réorganisation institutionnelle qui a accompagné la création de l'AFRICOM est destinée à mieux le disposer à conduire des opérations militaires sur le continent.

2. La multiplication des opérations militaires

Les interventions militaires occupent une place centrale dans le déploiement mondial des Etats-Unis. Reposant sur l'offensive, elles permettent à Washington de préserver son « Grand domaine ». C'est-à-dire toutes les régions destinées à subvenir aux besoins de l'économie américaine. En d'autres termes, il s'agit de l'espace mondial stratégiquement indispensable pour assurer la maîtrise du monde369(*). Cette nécessité permanente a fait de Washington, une hyperpuissance militaire, utilisant l'armée comme le principal outil de sa politique étrangère370(*). Vu sous cet angle, l'AFRICOM est plus un instrument militaire destiné à garantir l'intégrité du « Grand domaine » américain en Afrique. Il mène à cet effet des opérations militaires sur le continent. Que ce soit des interventions spectaculaires comme en Libye ou des opérations beaucoup plus discrètes.

Depuis sa création en 2007 et sa mise en fonction en 2008, la plus grande opération militaire menée par le commandement américain est la guerre en Libye. Il s'agit de l'opération "Odyssey Dawn" - ou Aube de l'Odyssée - lancée officiellement le 19 Mars 2011. Placée sous le commandement de l'AFRICOM, elle fait suite aux résolutions 1970 et 1973 du conseil de sécurité des Nations Unies371(*). Assurant le niveau de commandement le plus élevé, l'AFRICOM supervisait la structure de commandement et de contrôle. Et cela depuis le navire Mount WHITNEY prépositionné en méditerranée372(*) avec pour commandant des opérations, la général Carter Ham. Par la suite, le commandement a été transféré à la Supreme Allied Commander Europe (SACEUR) appartenant à l'OTAN qui en assure l'exécution depuis le premier Avril 2011.

Ce transfert de compétence était un élément de ce qui allait devenir un principe clé de la Stratégie de Sécurité Nationale des Etats-Unis. En effet, dans sa National Security Strategy de 2014, le président Obama insiste sur le « leading from Behind ». Cette « direction par l'arrière » vise à responsabiliser les alliés américains de l'OTAN. Un moyen pour les USA de redéfinir leur rôle. Tout en s'engageant politiquement, ils aspirent à être de moins en moins au-devant de la scène militaire, mais restant la main cachée des opérations militaires373(*). Ainsi, la grande campagne aérienne menée par les pays de l'OTAN, dont la France, contre le régime de Kadhafi était largement soutenue par les moyens matériels que Washington avait mis à leur disposition. De même que plusieurs opérations étaient dirigées par lui depuis la base de l'AFRICOM à Stuttgart374(*). Ce fut également le cas au Mali où les Etats-Unis ont transféré à l'armée française, la direction de l'intervention tout en se contentant de la coordonner et de la soutenir par une technologie avancée comme celle des drones375(*). Même s'il reste relativement en retrait, cet Etat, à travers son commandement pour l'Afrique, reste constant dans la conduite des opérations militaires.

Lorsqu'on observe l'environnement sécuritaire africain, on se rend compte que la posture du leading from behind annoncée dans la NSS de 2014 correspond bien au type de menaces auxquelles fait face l'Etat américain. En effet, en l'absence d'un adversaire africain capable de contrebalancer ses ambitions hégémoniques sur le continent, - même si la Chine est de plus en plus inquiétante - Washington se concentre sur les nouvelles menaces qui sont fuyantes, mobiles et dissimulées. Celles-ci relèvent de ce que les américains ont appelé les Low Intensity Conflicts (LIC) ou Conflits à Faible Intensité. Selon le manuel de l'US Army, ce concept désigne une « lutte limitée de caractère politico-militaire visant à remplir des objectifs politiques, économiques, sociaux ou psychologiques... »376(*). Face à une telle réalité, la mobilisation d'un arsenal de feu écrasant s'avère d'emblée inadaptée. Premièrement en raison de la rapidité avec laquelle surgissent les crises régionales. Celle-ci étant en déphasage avec la lenteur liée au déploiement d'unités classiques et d'une logistique imposante. Deuxièmement, le but de l'action n'est plus forcément de détruire le potentiel militaire ou économique de l'adversaire, mais de le dissuader d'entreprendre ou de poursuivre son action377(*). Pour une entreprise efficace et précise, Washington privilégie des forces spéciales378(*) qui mènent des opérations spéciales379(*). Ces unités non conventionnelles, discrètes et parfois secrètes, opèrent à l'abri des projecteurs de la société internationale. Se trouve ainsi valorisée, une guerre de corps expéditionnaires facilement mobilisables et permanemment opérationnels. Cette tendance avait déjà été annoncée par le secrétaire à la défense D. Rumsfeld lors de la réorganisation de l'armée après le 11 Septembre 2001. Il évoquait le concept d' « armée modulaire » renvoyant à une armée « composée de brigades plus petites et indépendantes »380(*).

Désormais, de petites unités, mieux, des forces expéditionnaires opèrent plus ou moins secrètement à travers le continent africain. Ainsi, en Avril 2014, le Pentagone annonçait l'augmentation du Marine Corps Task Force (MCTF) - ou Corps Expéditionnaire du Corps des Marines - qui apporte son soutien à l'AFRICOM. L'Air-ground Task Force pour sa part devrait passer de 600 à 775 personnels381(*). Ce qui montre bien que la stratégie du commandement américain est caractérisée par des opérations de faible ampleur et des missions spéciales382(*). L'on comprend dès lors pourquoi Washington a déployé une centaine de soldats en Afrique centrale en Octobre 2011 pour se lancer à la recherche de Joseph Kony de la LRA383(*). Ce fut également le cas en Février 2013 lorsque le président Obama avait notifié le congrès sur le déploiement de 100 spécialistes militaires au Niger en soutien aux efforts de renseignement dans la région. Ces derniers entre autres supervisent des drones stationnés dans ce pays384(*). Cette surveillance aérienne s'accentue dans certains pays comme le Nigéria où opèrent des drones de type Global Hawket des avions de surveillance MC-12385(*). Pendant que des Pilatus surveillent le Sahara et le Sahel depuis Ouagadougou, des drones Reaper décollent de Victoria pour surveiller l'Afrique de l'Ouest386(*). A travers ces données, on se rend bien compte que l'AFRICOM est plus guerrier que l'on pourrait le croire. Et ce contrairement aux discours pacifistes et de bienveillance que multiplient les autorités américaines à son sujet.

Carte n° 4: bases de surveillance américaines en Afrique. Sources: www.jeuneafrique.com, consulté le 5 Septembre 2014

Tout compte fait, le commandement américain pour l'Afrique est fidèle à la culture stratégique américaine. Malgré le pacifisme évoqué dans le discours officiel, la mise en avant de la puissance militaire tant vantée par la pensée militaire de Washington permet de maintenir son emprise sur le monde. Façonnée tout au long de l'histoire à travers la pensée des « pères fondateurs », la culture stratégique américaine est caractérisée par une forte teneur axiologique. Les engagements extérieurs américains sont ainsi régulièrement motivés par le légalisme et le moralisme. Il s'agit d'aller en croisade contre ceux qui troublent l' « ordre normal » des choses. Contre un tel ennemi assimilé très souvent au diable, la stratégie la plus prisée par les USA est l'offensive inspirée de la pensée militaire de JOMINI qui lui-même, s'inspire largement de Napoléon. Tout comme le théoricien suisse, les américains insistent sur des principes tels que l'initiative et la concentration des forces d'une part, et la manoeuvre et/ou l'anéantissementdel'ennemi d'autre part. L'American Way of War façonne profondément les actions de l'AFRICOM dans son offensive militaire sur le continent africain. Cette institution s'inscrit dans une dynamique d'occupation territoriale. Et ce à travers la multiplication des bases militaires et les activités de l'APS. Il s'agit d'une militarisation du continent qui se traduit par une réorganisation du dispositif militaire et institutionnel américain. Ce qui crée un cadre propice à la conduite des interventions militaires. L'AFRICOM devient ainsi un outil central dans la préservation de la puissance militaire des Etats-Unis en Afrique.

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Face aux enjeux géostratégiques et au-delà des discours, l'AFRICOM est appelé à répondre à des contraintes de terrain qui ignorent les prescriptions théoriques. Face à une opinion qui voue un culte à l'optimisme, à l'efficacité et au triomphalisme, toute action extérieure est condamnée à réussir. Cette institution ne déroge pas à ces usages stratégiques américains. C'est dans ce sens que malgré la bienveillance de la doctrine qui l'encadre, elle est obligée de contribuer au renforcement de la présence militaire américaine sur le continent. Le constat à ce sujet est clair. Cette structure, bien qu'elle s'implique dans des activités civiles, n'accorde que très peu de place à la diplomatie. Surtout lorsqu'elle fait face à des groupes considérés comme relevant du Mal, selon une vision manichéenne du monde. L'AFRICOM s'attèle donc à mener des croisades depuis des bases militaires de plus en plus nombreuses sur le sol africain. Cette permanence en termes d'offensives militaires - comme le recommande la culture stratégique américaine - s'accompagne d'une simplification évidente des problématiques sécuritaires locales. L'usage orgueilleux de la force, sur la base d'une appréciation monolithique d'une diversité de menaces, loin de stabiliser les Etats en crise, réactive plutôt les conflits. Donc contrairement aux annonces discursives, l'AFRICOM est plus un instrument plus militariste que tout autre chose. Il correspond ainsi à la culture stratégique américaine.

CONCLUSION GENERALE

A l'heure des nouvelles formes de menaces387(*), les USA ressentent le besoin de procéder à une relecture de leur politique sécuritaire sur le continent africain. C'est ce nouveau référentiel qui préside à la naissance du commandement américain pour l'Afrique. Cet acte inédit de la diplomatie américaine s'accompagne d'une production discursive. L'objectif de la manoeuvre est de rassurer l'opinion africaine, assez méfiante de la présence militaire américaine sur le continent. Le discours officiel de Washington insiste sur la bienveillance de la nouvelle institution. Elle devrait, d'après lui, aider les africains à assurer leur sécurité face au terrorisme, à la piraterie ainsi qu'à diverses activités illicites. De telles déclarations donnent lieu à un débat sur les motivations géopolitiques et géostratégiques qui ont présidé à la mise sur pied de l'AFRICOM. C'est la tâche principale que nous nous somme donnée. Cependant, sans se limiter à de simples déclarations relatives aux intentions réelles de ce commandement, nous avons choisi d'interroger son déploiement réel sur le continent africain. Il était question d'étudierl'effectivité de ses actions face aux nouvelles problématiques sécuritaires locales et surtout, face aux enjeux géostratégiques prégnants sur ce continent.

En première analyse, il a été montré que les USA, à travers la création de cet outil, étaient animés par un souci d'adaptation de leurs réponses sécuritaires aux spécificités conflictuelles africaines. Car, face à un environnement stratégique évolutif, la puissance militaire brute s'avère quelque peu limitée. Washington choisit alors de s'attaquer aux causes des conflits au lieu de se contenter de réagir face à eux. C'est dans ce sens qu'il insiste sur le renforcement des capacités des armées africaines. Il s'agit d'habiliter les forces locales à faire face aux crises. Et cela est favorisé par la formation militaire qui est un élément central de l'agenda de l'AFRICOM. La focalisation sur cette activité est le fruit d'une évolution doctrinale. L'on est en effet passé de la doctrine desMOOTW à celle desStability Operations. Tandis que la première envisage la probabilité des guerres de nations, la deuxième met l'accent sur la prévention des conflits. Non seulement cette démarche constitue une source de pouvoir en douceur - puisque promouvant la culture américaine388(*), - elle permet également d'adapter les réponses sécuritaires à l'environnement africain.

La formation militaire ainsi privilégiée se fait au-travers d'une prolifération de programmes de lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime en Afrique. Cela est censé permettre aux africains de combattre efficacement ces menaces pour le bien-être de leurs Etats et populations. Mais sur le plan des résultats, cela n'est pas forcément le cas. Car l'assistance sécuritaire de Washington est très conditionnée par l'ampleur des menaces qui planent sur ses intérêts. Il s'agit là de la toile de fond d'une appréciation critique qui permet de dégager un certain nombre de tendances relatives à ce soutien que les USA apportent aux Etats africains. Il en ressort que cette assistance travaille à une redéfinition du paradigme sécuritaire sur le continent. Elle érige en priorités pour ces Etats, des problématiques sécuritaires qui sont au centre de l'agenda des Etats-Unis. L'on peut par exemple citer la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée où la focalisation sur la piraterie a quelque peu éclipsé des questions considérées comme étant traditionnelles. C'est le cas de la délimitation frontalière ainsi que de l'exploitation harmonieuse des ressources naturelles dans cette zone. Ce thème est quasiment absent lors des grandes rencontres l'institution phare qu'est la CGG. Cela est d'autant plus regrettable que c'est à la faveur de lui que cette institution est née. La majeure partie de la mobilisation institutionnelle concerne plutôt la sécurité des infrastructures et des richesses maritimes. C'est dans le même sillage que l'on a assisté à une reconversion anti-terroriste des efforts sécuritaires en Afrique de l'Ouest. Les Etats de cette région ayant fortement bénéficié de programmes d'assistance contre-terroristes assurés par la CJTF-HOA et plus tard par l'AFRICOM.

Comme autre grande tendance de l'assistance sécuritaire américaine, il ya la sélectivité. Sa nature, son volume et sa fréquence sont conditionnées par l'ampleur de la menace présente dans une région. C'est ainsi qu'elle privilégie des zone d'intérêts stratégiques comme la Corne de l'Afrique, l'Afrique du Nord ou le Golfe de Guinée. Ce sont eux qui bénéficient de la plupart des programmes sécuritaires de l'AFRICOM. D'autres régions et Etats sont considérés comme étant périphériques. Etant donné le fait que les intérêts américains n'y sont pas fortement menacés, ils sont marginalisés. Cette discrimination a fait naître des Etats pivots qui, tout en contribuant à la stabilité régionale, peuvent également être tentés par l'aventure hégémonique. Produisant des résultats contraires à ceux escomptés en réactivant les conflits au lieu de les endiguer.

Au-delà du renforcement des capacités des armées africaines, l'AFRICOM travaille également au renforcement de la présence militaire américaine sur le continent. Cette approche est vérifiable au-travers de la place qu'il accorde à la diplomatie dans ses activités. Si des actions civiles - notamment socio-économiques et humanitaires - sont à noter dans son déploiement, celles-ci restent assez modestes. La plus grande importance étant accordée aux militaires qui, non seulement assurent en grande partie la conduite de ces actions, mais se fondent sur un répertoire cognitif pour mieux mettre en oeuvre leur stratégie. Ils mobilisent à cet effet le concept d'« espaces non gouvernés » dans le cadre d'une « stratégie d'agrégation ». C'est cette réponse qui est apportée à des problématiques aussi complexes que le terrorisme et la piraterie maritime. Cette complexité repose sur le fait que ces deux phénomènes ont tous un ancrage local. Loin des clichés simplistes qui sont véhiculés par les acteurs dominants.

Il s'agit là, d'une démarchequi ne concorde pas avec la nouvelle approche sécuritaire définie par la Stability Operations et l'on se demande d'ailleurs pourquoi. Cela ne devrait pas être surprenant dans la mesure où tous les Etats ont des préférences stratégiques dominantes, enracinées dans leurs expériences formatives et influencées, dans une certaine mesure, par des caractéristiques philosophiques, politiques, culturelles, cognitives de l'Etat et de ses élites389(*). Ces préférences conditionnent fortement leur engagement militaire. L'on comprend alors la tendance militariste de l'AFRICOM. Elle s'explique par sa fidélité à la culture stratégique américaine. Cela est d'autant plus pertinent que la pensée militaire américaine est caractérisée non seulement par une forte teneur axiologique, mais également par un primat reconnu à l'offensive. C'est la raison pour la quelle ce commandement mène une offensive militaire sur le continent. Et ce au-travers d'une dynamique d'occupation territoriale qui se matérialise par la multiplication des « bases militaires » et par l'instrumentalisation de l'APS. La militarisation de l'Afrique se fait également à travers la perpétuation de la dynamique interventionniste. Washington multiplie des opérations militaires sur la base d'une réorganisation institutionnelle qui sert de cadre d'intervention à l'AFRICOM.

Malgré sa mise sur pied dans un cadre doctrinal novateur, le commandement américain pour l'Afrique s'attèle à la réalisation du projet géopolitique et géostratégique américain sur le continent. C'est la raison pour laquelle il accorde une place si négligeable à la diplomatie. S'adossant sur un traitement supposé de questions civiles, il trouve un terrain fertile façonné par l'incapacité des africains à assurer leur propre sécurité. Car si les dirigeants de ce continent avaient réussi à mettre sur pied une architecture de paix et de sécurité, ils ne seraient peut-être pas si dépendants de l'assistance américaine. Ainsi, l'AFRICOM, ne trouverait pas un terreau propice à son déploiement. Donc la militarisation du continent par Washington est favorisée par le déficit de conscience stratégique des africains.

* 290Andrew CAYA (Sgt.), «CJTF assists with Djiboutian medical needs», CJTF-HOA Public Affairs, June 20, 2012.

* 291Lauren PLOCH, « Countering Terrorism in East Africa : The U.S. Response », op. cit. p. 27.

* 292Ibid.

* 293Pulivarti SHEJAL,  «One health training in Moroto improves local infrastructure, builds relationships», CJTF-HOA Public Affairs, Moroto District (Uganda), January 11, 2013.

* 294Rachel WALLER, «U.S. Navy Conduct humanitarian Mine Action Train the Trainers With the Kenyan Army», CJTF-HOA Public Affairs, Nairobi, March 20, 2013.

* 295La stratégie à but positif, qui se fonde sur des actions de coercition, est celle dont les initiatives sont productrices d'effets de transformation ou de création. C'est tout le contraire de celle dont il est question ici. Voir Lucien POIRIER, Stratégie Théorique II, Paris, Economica, 1987, p. 122.

* 296 Ibid., p. 123.

* 297 Nicole VILBOUX, Les stratégies de puissance américaine, op. cit., p. 19.

* 298Vincent DESPORTES (Général), Le piège américain. Pourquoi les Etats-Unis peuvent perdre les guerres d'aujourd'hui, op.cit., p. 291.

* 299Carnes LORD, "American strategic culture," 1985 cité par Bruno COLSON, La culture stratégique américaine. L'influence de Jomini, Paris, Economica, 1993, p. 1.

* 300Vincent DESPORTES, L'Amérique en armes. Anatomie d'une puissance militaire, op. cit., p.3.

* 301Ibid., pp. 22-36.

* 302Cité par Vincent DESPORTES, l'Amérique en armes, op. cit., p. 28.

* 303Bernard VINCENT, La destinée manifeste, cité par V. DESPORTES, Ibid., p. 28.

* 304Gunnar MYRDAL, American dilemma, cité par Vincent DESPORTES, ibid p. 33.

* 305Charles Philippe DAVID, Louis BALTHAZAR, Justin VAISSE, La politique étrangère des Etats-Unis. Fondements, acteurs, formulation, 2e édition revue et augmentée, Paris, Les Presses de Science Po., 2008, pp. 112-118.

* 306Ibid., pp. 104-112.

* 307Discours au Congrès, 3 Avril 1997, cité par Vincent DESPORTES, Le piège américain, op cit., p. 34.

* 308Bruno COLSON, « La culture stratégique américaine, » in Gérard Chaliand, Arnaud Blin, Dictionnaire de stratégie militaire, Paris, Perrin, 1998, p. 130.

* 309Blandine CHELINI, « Au nom du Christ et de l'Amérique, le fondamentalisme américain et son impact géopolitique », in Aymeric Chauprade, Géopolitique des Etats-Unis. Culture, intérêt, stratégies, Paris Ellipses, 2003, p.75

* 310Vincent DESPORTES, L'Amérique en armes, op. cit., p. 49.

* 311Cité par V. DESPORTES, le piège américain, op. cit., pp. 12-13.

* 312Blandine CHELINI, ibid., p. 76.

* 313Georges PERKOVICH, « La révolution nucléaire de Bush. Un changement de régime de non prolifération », in William ARKIN, PhillisBENNIS, William HARTUNG..., Les Etats-Unis à contre-courant. Critiques américaines à l'égard d'une politique étrangère unilatéraliste, Bruxelles, GRIP, 2004, pp. 119-120

* 314Contrairement à lui qui affirmait détenir des preuves en "béton" des liens existant entre Saddam Hussein et Al-Qaïda et à d'autres autorités américaines qui accusaient Bagdad de posséder des ADM, L'AIEA faisant observer que les capacités de l'Irak en matière nucléaire étaient encore presque nulles. C'était également l'avis des chercheurs de l'INR (Bureau of Intelligence and Research) du département américain de l'énergie. Voir à ce sujet John B. JUDIS et Spencer ACKERMAN, « comment on a `vendu' la guerre d'Irak », in William ARKIN, Phillis BENNIS, William HARTUNG..., ibid., pp. 149-155.

* 315 Justin VAISSE, « La croisade des néoconservateurs », cité par Emmanuel Mourlon-Druol, La stratégie Nord américaine après le 11 Septembre. Un réel renouveau?, Paris, L'Harmattan, 2005, p. 30.

* 316Rebâtir les Défense de l'Amérique: Stratégie, forces et ressources pour un nouveau siècle.

* 317A ce groupe appartiennent entre autres Paul Wolfowitz, alors secrétaire adjoint à la défense; Dick Cheney, alors vice président ou encore son secrétaire général I. Lewis Libby.

* 318William ARKIN, PhillisBENNIS, William HARTUNG..., Les Etats-Unis à contre-courant. Critiques américaines à l'égard d'une politique étrangère unilatéraliste, op. cit., pp. 36-38.

* 319V. DESPORTES, L'Amérique en armes, op. cit., p. 112.

* 320Ibid., p.150.

* 321Bruno COLSON, La culture stratégique américaine, op. cit., p. 1.

* 322Ibid., pp. 13-14.

* 323Ibid., p. 15.

* 324Antoine-Henri JOMINI, Précis de l'art de la guerre, Paris, Perrin, 2001, p. 64.

* 325Ibid., pp. 129-130.

* 326Ibid., p. 127.

* 327V. DESPORTES, le piège américain, op. cit., p. 125.

* 328Bruno COLSON, La culture stratégique américaine, op. cit., pp. 52-53.

* 329Ibid., pp. 122-129.

* 330William K.NAYLOR, The Principles of War, cité par Bruno COLSON, ibid., pp. 204.

* 331Bruno COLSON, Ibid., pp. 15-16.

* 332Ibid., p 205.

* 333Ibid., pp. 150-151.

* 334Ibid., p. 148.

* 335Ibid., pp. 17-19.

* 336Laure BARDIES, « Raisonnement stratégique et outils conceptuels: de la guerre aux logiques de la guerre », ResMilitaris, vol. 2, no 3, Eté 2012.

* 337Ibid.

* 338Carl Von CLAUSEWITZ, De la guerre, Paris, Perrin (trad.), 2006, p. 60.

* 339Russel F. WEIGLEY, The American Way of War: A History of United State Military Strategy and Policy, New york-Londres, Macmillan, 1973, p. 162, cité par V. DESPORTES, L'Amérique en armes, op. cit., p. 208.

* 340Russel F. WEIGLEY, The American Way of War, cité par V. DESPORTES, Ibid., p. 225.

* 341Bruno COLSON, « La Culture stratégique américaine », in Gérard Chaliand, Arnaud Blin, Dictionnaire de stratégie militaire, op. cit., p. 135.

* 342Antony LAKE, Christine Todd WHITMAN, "More Than Humanitarianism: A Strategic U.S. Approach Toward Africa," cité par Kevin H GOVERN, «21st Century Africa as an 'Arc of Instability': U.S. and African economic, security and development Policies Advanced Through U.S. Africa Command Initiatives», Connecticut Journal of International Law, Vol. 26:281, 2011, p. 320.

* 343Bruno COLSON, « La Culture stratégique américaine », in Gérard Chaliand, Arnaud Blin, Dictionnaire de stratégie militaire, op. cit., p. 22.

* 344François THUAL, Contrôler et contrer. Stratégies géopolitiques, op. cit, p. 5.

* 345Ibid., p. 5.

* 346 Cette typologie est développée par Dan LAWNER, Nathalie MATTHEWS, Adriana PIOTROWSKA, «The Trust imperative: Challenges and Recommendations for U.S. Africom's African Partnership,»Defense Concepts, Volume 4, Edition 3, Journal of the Center for Advanced Defense Studies, 2009, pp. 90-91.

* 347Ibid. p.92.

* 348Ce concept a été notamment évoqué bien avant la situation qui prévaut aujourd'hui par ZaKiLAIDI, « contraintes et enjeux de la politique américaine en Afrique », Politique Africaine, n° 12, décembre 1983, p. 40-41.

* 349Remi CARAYOL, Claude LEBLANC, « Etats-Unis: leurs guerres secrètes en Afrique », 29 Juin 2012, disponible sur le site de Jeune Afrique www.jeuneafrique.com, consulté le 15 Mai 2014.

* 350Ibid.

* 351Cité par Remi CARAYOL..., ibid.

* 352Telle est sa mission officielle déclinée par le Lieutenant Commander Suzana BRUGLER, « Africa Partnership Station Aims to Organize for 2013 »,U.S. Naval Forces Europe- Africa, U.S. 6th Fleet Public Affairs, Garmish, Germany, April 9, 2012, www.africom.mil, consulté le 2 Janvier 2014.

* 353Alfred Tayer MAHAN, "CurrentFallaciesUpon Naval Subjects", cité par Bruno COLSON, La culture stratégique américaine, op. cit., p. 197.

* 354Lucien POIRIER, Stratégie théorique II, op. cit., p. 128.

* 355Ibid., pp. 122-132.

* 356Nicole VILBOUX, Les stratégies de puissance américaines, op. cit., pp. 130-134.

* 357FweleyDIANGITUKWA, Les grandes puissances et le pétrole africain. Etats-Unis-Chine: Une compétition larvée pour l'hégémonie planétaire, Paris, L'Harmattan, 2009, pp. 32-34.

* 358Robert A. PAPE, "The Strategic Logic of Suicide Terrorism", American Political Review, n° 1, August 2003.

* 359Ce fut le cas du navire USS MOUNT WHITNEY qui, pendant l'opération Aube de l'Odyssée en Libye, a offert une plate-forme vitale en termes de commandement et de contrôle permettant de mener à bien les opérations conjointes. Informations disponibles sur le site de l'AFRICOM www.africom.com, consulté le 15 Mai 2014.

* 360Charles Philippe DAVID, Louis BALTHAZAR, Justin VAISSE, La politique étrangère des Etats-Unis. Fondements, acteurs, formulation, op. cit., pp. 136-137.

* 361Ibid., p. 491.

* 362Michelle CIARROCCA, William HARTHUNG, « Le complexe militaro-industriel associé aux think tanks. Réservoir d'experts et doctrine militaire agressive », in William Arkin, PhillisBennis, William Hartung..., Les Etats-Unis à contre-courant. Critiques américaines à l'égard d'une politique étrangère unilatéraliste, op. cit., pp. 71-92.

* 363Disponible sur www.africom.mil.

* 364Ibid.

* 365Kimberly FIELD, James LEARMONT and Jason CHARLAND, "US Land Power in Regional Focus. Regionally Aligned Forces: Business Not as Usual", Parameters, 43(3), Autumn 2013, p. 55.

* 366Ibid, p. 56.

* 367Bill Van AUKEN, « Etats-Unis: Un autre volet de la 'guerre contre le terrorisme' dans la ruée vers l'Afrique », Global Reseach, janvier 2013.

* 368Timothy HAZEN, "AFRICOM: A New National Securiry Approach for the 21st Century", op. cit., p. 6.

* 369Noam CHOMSKY, De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis, Marseille, Agone, 2004, p. 33-34.

* 370Philippe RICHARDOT, Les Etats-Unis. Hyperpuissance militaire, Paris Economica, 2005, p. 7.

* 371La première adoptée le 26 Février 2011 dénonce l'hostilité et la violence qui émanent du gouvernement libyen, instaure un embargo sur les armes ainsi qu'une interdiction de voyager et le gel des avoirs du clan Kadhafi; La résolution 1973, au-delà d'instaurer une zone d'exclusion aérienne, exige des autorités libyennes, un cessez-le-feu immédiat et autorise les Etats membres de l'ONU à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations et les zones civiles menacées. Ces recommandations ont été reprises par Thierry Esser DUPONT, "Libye: Opération 'Odyssey Dawn", Revue Militaire Belge n° 3, 11 décembre 2011, p.28.

* 372Ibid., p. 29.

* 373Voir Analyse du CSS, « La NSS 2014: Sur la voie d'une doctrine Obama? », n° 134, mai 2013, Zurich.

* 374Ibid.

* 375Ibid.

* 376US army operational concept for low intensity conflict, cité par Eric DENÉCÉ, Forces spéciales. L'Avenir de la guerre, Monaco,EDITION DU ROCHER, 2002, p. 141.

* 377DENÉCÉ, Ibid., p. 14.

* 378 Ce sont des unités hautement spécialisées, capables d'intervenir sans délai et d'une façon non clandestine, sur tout le spectre d'évolution des crises, en menant à bien des opérations militaires non conventionnelles. Voir DENÉCÉ Ibid., p. 15.

* 379« Par opération spéciale, il faut entendre l'ensemble des actions qu'un volume réduit de forces, engagé secrètement, pour une durée pouvant aller de quelques heures à plusieurs semaines, est amené à réaliser afin d'obtenir un résultat décisif dans un contexte hautement hostile ». Ibid., p. 240.

* 380Cité par Emmanuel MOURLON-DRUOL, La stratégie Nord américaine après le 11 Septembre. Un reel renouveau?, op. cit., p. 83.

* 381Andrew TILGHMAN, «DOD quietly expanding Africom missions»,Navy Time, April 16, 2014.

* 382Ibid.

* 383Kristof TITECA, Ronald R. ATKINSON, "Why is the US hunting for Joseph Kony?", May 11, 2014 disponible sur http://www.aljazeera.com, consulté le 13 Aout 2014.

* 384Jim GARAMONE, "Africa Command Deploys 100 Service Member to Niger", American Forces Press Service, Washington, February 22, 2013.

* 385 Disponible sur le site de Jeune Afrique, « Nigéria: des drones américains pour retrouver les lycéennes détenues par Boko Haram », 15 Mai 2014.

* 386Remi CARAYOL, Claude LEBLANC, "Etats-Unis: leurs guerre secrètes en Afrique", op. cit.

* 387 Même s'il s'agit de vielles menaces qui se sont juste modernisées en s'adaptant aux conditions de l'évolution du monde.

* 388 Joseph NYE, Le leadership américain. Quand les règles du jeu changent, Nancy, Presses Universitaires de Nancy (trad.), 1992, p. 175.

* 389 Bruno COLSON, « Culture stratégique », in Thierry de MONTBRIAL et Jean KLEIN, Dictionnaire de stratégie, op. cit., p. 150.

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