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Les fondements de l'émergence économique de la République Démocratique du Congo : défis et perspectives.

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par Merseign LUZONZO
Université Catholique du Congo - Licence 2016
  

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1.2.2 Les grands pays émergents : les BRICS

« La chute du mur de Berlin en 1989, puis la mondialisation ont accentué l'émergence de nouvelles puissances du Sud, alors que les pays riches connaissaient, à l'exception des USA, une croissance modérée. Au début des années 2000, le concept d'émergence économique est repris par certaines grandes banques (anglo-saxonnes) comme Goldman Sachs et HSBC, pour classifier les économies prometteuses dans lesquelles il faut investir. En 2001, Jim O'Neill, chef économiste de la banque Goldman Sachs, publie une note dans laquelle il définit les nouveaux pays émergents. Il y présente la notion de BRIC, pour désigner le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine comme des puissances économiques montantes appelées à remettre en cause la domination des pays riches dans l'économie mondiale. Pour cela, il part d'un critère simple, l'impact de la population sur la sphère économique. Le plus petit pays démographiquement est alors la Russie avec ses 140 millions d'habitants, avant l'ajout de l'Afrique du Sud en 2011. Il en déduit que si les pays augmentaient leur productivité, ils deviendraient des géants économiques du fait de la taille de leur marché intérieur, de la croissance du commerce mondial et de la globalisation. Ses calculs lui montrent qu'en 2037, le PIB combiné de ces quatre pays pourrait être plus élevé que le PIB combiné du G7. La Chine est devenue la deuxième économie mondiale devant le Japon, la Russie, le Brésil et l'Inde ont dépassé le Canada. En 2011, l'Afrique du Sud rejoint le groupe, malgré sa dimension démographique modeste (48 millions d'habitants en 2011) par rapport aux géants indien, chinois, brésilien et russe, grâce aux efforts des milieux d'affaires sud-africains très influents et très intégrés au monde économique anglo-saxon, et de la bourse de Johannesburg qui est une plaque tournante pour les matières premières.26(*)».

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) constituent sans conteste le groupe de pays émergents le plus important, assurant aujourd'hui plus de 30% de la croissance mondiale contre moins de 10% il y a 20 ans27(*). Les pays du groupe BRICS occupent 26% du territoire mondial, et totalisent 42% de la population mondiale. Dans le tableau suivant sont consignés le PIB (en milliards USD), la population (en millions d'habitants) et le PIB par habitant (en milliers USD) de chaque pays membre du BRICS.

Tableau 1.2 : PIB et PIB/habitant des BRICS en 2015.

Indicateurs

Brésil

Russie

Inde

Chine

Afrique du Sud

PIB

1.773

1.325

2.091

10.983

312,957

Population

204

143,5

1.270

1.400

55

PIB/habitant

8.691

9.233

1.646

7.845

5.690

Source : Elaboré sur base des données du FMI et de la Banque mondiale, Avril 2016.

Les BRICS ont donc des économies qui font presque jeu égal avec les économies occidentales et ils s'organisent avec l'intention de mettre en place une nouvelle gouvernance économique et politique mondiale, malgré des intérêts parfois divergents et des antagonismes profonds. Ces pays se sont développés en suivant un modèle économique fondé sur un Etat fort et une priorité à l'exportation, un marché intérieur protégé et un effort considérable d'épargne et d'éducation, comme le Japon et les dragons avant eux.

Encadré 1.3. Le consensus de Washington

Le consensus de Washington présente les recommandations de politique économique d'inspiration libérale préconisées par le Trésor américain, le FMI et la Banque Mondiale. Elles sont au nombre de dix, à savoir :

- Une discipline budgétaire, avec une préférence pour la réduction des dépenses plutôt que l'augmentation des recettes ;

- Une réorientation vers les dépenses de santé et éducation, réduction des subventions ;

- Une réforme fiscale avec assiette large et taux marginaux pondérés ;

- Un taux d'intérêt déterminé par le marché ;

- Un taux de change déterminé par le marché ;

- Une libéralisation des importations ;

- Une libéralisation des investissements ;

- La privatisation ;

- La dérégulation, suppression des barrières internes et externes et du contrôle des prix ;

- Un renforcement des droits de propriété.

GOLDSTEIN A. et LEMOINE F., L'économie des BRICS, La découverte, Paris 2013.

Les transformations structurelles se sont opérées au sein des BRIC. Ces changements structurels qui ont accompagné la croissance sont :

- Une contraction de l'agriculture pour se lancer dans les industries et les services, sauf au Brésil, pays éminemment agricole.

- Une présence de plus en plus forte dans les productions mondiales : les BRIC couvrent un large spectre des productions mondiales depuis les produits manufacturés (Chine) jusqu'aux matières premières industrielles et agricoles (Brésil) et aux ressources énergétiques (Russie), en passant par les services (Inde).

- Une accumulation du capital : capital naturel, capital humain et capital physique.

Ces pays ont mené des politiques de réforme et d'ouverture économiques au cours des trente dernières années, qui leur ont permis de mobiliser plus efficacement leurs ressources internes. L'Etat a réduit ses interventions directes dans l'activité économique et endossé un nouveau rôle : celui de mettre en place les institutions nécessaires pour réguler l'économie (système fiscal, bancaire, régime de propriété, etc.). A la faveur du Consensus de Washington, ces pays ont opéré :

- Des réformes systémiques dans un contexte de relative stabilité macroéconomique : à partir des années 1990, les gouvernements de ces pays lancent une série de réformes qui vont transformer leurs systèmes économiques. En Mars 1990, le gouvernement brésilien lance une nouvelle politique industrielle qui comporte un vaste programme de libéralisation du commerce extérieur et un plan de privatisation. En juillet 1991, l'Inde négocie un accord d'urgence avec le FMI et met en place un programme de stabilisation et de réformes structurelles. Le gouvernement russe, quant à lui, opte pour une « thérapie de choc » en 1992, c'est-à-dire une libéralisation brutale des prix, une réduction drastique des tarifs douaniers et une forte dévaluation du rouble. En Chine, on relance les réformes et l'ouverture engagée en 1978 et gelées depuis 1989.

- Des privatisations : dans ces pays, des PME, des grandes entreprises d'Etat, ont été privatisées, restructurées. En Chine par exemple, le processus a fait une place aux investisseurs étrangers, tout en gardant un contrôle étatique. Ainsi, plusieurs entreprises à capital mixte ont été constituées, et beaucoup introduites dans la bourse de Hong Kong.

- La maîtrise des finances publiques : les BRIC sont parvenus à équilibrer leurs finances publiques par des réformes fiscales, une plus grande discipline budgétaire, mais aussi grâce à leur forte croissance économique. Ces réformes ont eu une forte incidence sur les finances publiques, les dépenses (réorientation au profit des dépenses sociales) comme sur les recettes. Au Brésil par exemple, la loi de responsabilité fiscale (2000) a plafonné les dépenses de personnel de l'administration centrale et des Etats, et mis des limites à l'endettement public.

- La réforme du système bancaire : la libéralisation du secteur bancaire dans les BRIC.

Avec la libéralisation des mouvements de capitaux, les BRICS font figure d'eldorado pour les multinationales du monde entier, dans toutes les industries. Les raisons qui ont déclenché cet engouement sont d'ordre économique (forte croissance et montée des classes de consommateurs aisés, abondance des ressources naturelles, disponibilité en main d'oeuvre bon marché y compris par les travailleurs qualifiés, voire hautement qualifiés) et institutionnel (suppression d'obstacles à la libre circulation des capitaux, privatisations, réductions des barrières commerciales avec le MERCOSUR pour le Brésil et l'accession à l'OMC pour la Chine). Les mesures d'aide que les autorités ont offertes aux sociétés étrangères sous forme d'exonérations fiscales, de mise à disposition de terrains et d'infrastructures, et autres subventions, ont aussi joué leur rôle. Les entreprises étrangères qui investissent dans ces grandes économies émergentes ont deux objectifs, à savoir tirer parti des bas coûts salariaux de ces pays en y délocalisant la production de certains segments de la chaîne de valeur pour desservir les marchés extérieurs (délocalisation), et produire pour satisfaire la demande intérieure, ce qui nécessite d'être proche du marché, afin de se positionner au mieux pour répondre aux exigences des consommateurs en termes de prix, de qualité, de variété.

Alors qu'ils ne comptaient que pour 8,5% du PIB mondial en 2001 (Brésil pour 1,7%, Russie pour 0,9%, Inde pour 1,5%, Chine pour 4,1%, Afrique du Sud pour 0,3%)28(*), ces cinq pays émergents, regroupant à peu près la moitié de la population mondiale et plus d'un quart de la superficie mondiale, représentent un peu plus de 22% du PIB mondial en 2015 (Brésil pour 2,4% , Russie pour 1,8%, Inde pour 2,8%, Chine pour 15%, Afrique du Sud 0,4% pour %)29(*). En effet, le PIB mondial en 2015 s'élève à 73434 milliards USD, et celui des BRICS à 16484,957 milliards USD30(*). Pour l'année 2015, les BRICS connaissent de légères baisses dues à la situation économique mondiale. Ainsi, le Brésil connaît un taux de croissance négatif qui s'élève à environ -3,5% par rapport à l'année précédente. La Chine affiche son taux de croissance le plus bas depuis 25 ans, soit 6,9%. Les taux de croissance de la Russie, de l'Inde et de l'Afrique du Sud s'élèvent respectivement à -3,8%, 7,4%, 1,3%. Le graphique suivant illustre parfaitement cette réalité.

Graphique 1.1 : Evolution des taux de croissance des BRICS, 2000-2015.

Source : Elaboré sur base des données ci-haut citées.

« Les BRICS ont fait d'immenses contributions à l'économie mondiale dans la création d'emplois, la réduction de la pauvreté, l'afflux de capitaux, les exportations et importations, entre autres. Au cours des deux dernières décennies, leur rôle dans le commerce mondial s'est considérablement accru et leur part a plus que quadruplé, passant de 3,6 % en 1990 à 15 % en 201031(*). » Leur présence exportatrice est passée de 7,5 % du total mondial des exportations de marchandises en 2000 à 18,3% en 2014, avec 12,3 % pour la seule Chine32(*).

Tableau 1.3 : Evolution des exportations en valeur des BRICS, 2001-2014 (mlds USD).

 

2001

2014

Brésil

58

225

Russie

102

498

Inde

43

322

Chine

266

2.342

Afrique du Sud

29

91

Source : Elaboré sur base des données issues des statistiques du commerce international 2001, 2010, 2014.

Graphique 1.2 : Evolution des exportations en valeur des BRICS, 2001-2014 (milliards USD).

Source : Elaboré sur base des données contenues dans les Statistiques Internationales du Commerce 2001, 2010, 2012, 2015.

Le graphique 1.2 montre l'évolution des exportations en valeur des BRICS entre 2001 et 2014.

Tableau 1.4 : Part des BRICS dans les exportations mondiales de marchandises, 2000-2014 (%).

 

2000

2005

2008

2009

2014

Brésil

0,9

1,1

1,2

1,2

2,6

Russie

1,6

2,3

2,9

2,4

1,2

Inde

0,7

0,9

1,2

1,3

1,7

Chine

3,9

7,3

8,9

9,6

12,3

Afrique du Sud

0,5

0,5

0,5

0,5

0,5

BRICS

7,5

12,2

14,8

15,1

18,3

Source : Elaboré à partir des données recueillies dans la base de données UNCTAD stat, et des Statistiques internationales du commerce 2015.

Cette formidable ascension commerciale est largement due aux performances chinoises. Ce dynamisme permet aux BRICS et autres pays émergents d'accumuler des réserves de change supérieures à celles des pays développés.

Tableau 1.5 : Réserves de change de certains pays émergents en 2012 (milliards UDS)

 

Réserves de change

Chine

3.330

Brésil

373,910

Russie

511,213

Inde

286,692

Afrique du Sud

48,916

Thaïlande

173,204

Source : Elaboré sur base des données du FMI, Juin 2012.

Graphique 1.3 : Réserves de change de quelques pays émergents et de quelques pays développés en 2012.

Source : Elaboré sur base des données de la Banque Mondiale.

« En matière d'IDE, les pays BRICS restent les principaux pays d'accueil des flux d'IDE à destination des pays en développement. Au cours de la dernière décennie, les flux d'IDE vers ces pays ont augmenté de manière tendancielle.33(*)»

Tableau 1.6 : Evolution des IDE entrants dans les BRIC 2005-2014 (mlds USD).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Chine

72

73

84

108

95

115

124

121

124

129

Brésil

15

19

35

45

26

49

67

66

64

62

Russie

16

38

56

75

37

43

55

51

69

21

Inde

8

20

25

47

36

27

36

24

28

34

Total

111

150

200

275

191

234

282

262

285

246

Sources : Elaboré sur base des rapports sur l'investissement dans le monde 2012, 2013, 2014, 2015, et la base des données de la CNUCED.

Les BRIC reçoivent à eux seuls 20% des flux mondiaux IDE entrants en 2014. La Chine à elle seule reçoit 10,5% des flux mondiaux d'IDE. Lorsqu'on sait que l'investissement est une variable importante dans le processus d'émergence, l'on comprend mieux pourquoi les BRICS sont considérés comme les grands émergents.

Quoi qu'il en soit, les pays membres du BRICS ne connaissent pas d'évolution que sur le plan économique. Comme nous l'avons précisé plus haut, plusieurs transformations s'opèrent dans les pays émergents, notamment en ce qui concerne les aspects sociaux de la vie. C'est ainsi qu'on a pu constater une nette évolution de leur Indice de Développement Humain entre 1980 et 2015. Le tableau 1.7 présente l'évolution de l'IDH des BRICS : la Chine passe d'un IDH faible de 0,427 à un IDH élevé de 0,727. L'Inde passe d'un IDH faible de 0,369 à un IDH moyen de 0,609. Ceci dénote une nette amélioration du niveau de vie dans ces pays émergents.

Tableau 1.7 : Evolution de l'IDH dans les BRICS 1980-2014.

 

1980

1990

2000

2005

2010

2014

Brésil

0,545

0,612

0,682

0,705

0,739

0,755

Russie

-

0,729

0,717

0,750

0,773

0,798

Inde

0,369

0,431

0,483

0,527

0,570

0,609

Chine

0,423

0,502

0,591

0,645

0,701

0,727

Afrique du Sud

0,569

0,619

0,628

0,608

0,638

0,658

Source : Elaboré sur base des données du RDH 2014, PNUD.

Intéressons nous maintenant de près aux caractéristiques généralement reconnues aux pays émergents.

1.2. Les caractéristiques des pays émergents

Bien qu'il n'existe pas de définition précise de l'émergence, on peut déceler, en analysant les pays émergents, quelques caractéristiques communes à ces derniers. Parmi ces caractéristiques, les changements structurels sont cités : rénovation juridique et institutionnelle, passage d'un type de production agraire à un type industriel, ouverture au marché mondial des produits et services et aux flux internationaux de capitaux. François LAFARGUE, docteur en géopolitique, dans un article intitulé : « Des économies émergentes aux puissances émergentes 34(*)», propose les caractéristiques suivantes :

- Des revenus intermédiaires : les pays émergents ont un revenu par habitant en PPA compris entre 10 et 75% du revenu moyen de l'Union Européenne. Ainsi, les pays les moins avancés de la planète tels que la RDC, le Niger, et les pays développés comme la France, l'Allemagne, sont exclus du groupe. Cependant, on observe une hausse régulière du PIB et du revenu par habitant des pays émergents. Le Brésil par exemple, affiche un PIB par habitant de 8691 dollars USD, contre 37728 dollars USD pour la France et 531,2 dollars35(*) pour la RDC. En 1990, le Brésil, la Chine, l'Inde, la Russie et l'Afrique du Sud représentaient 8,4 % de la richesse mondiale. Cette part s'établit désormais à 22%. Avec un taux de croissance annuel de 8 %, le PIB de l'Inde devrait dépasser celui de la France dès la fin de la décennie 2010.

- Une croissance et un rattrapage économiques : durant ces dernières années, les pays émergents ont connu une croissance économique soutenue et rapide, supérieure à la croissance mondiale et à celle des pays développés. A titre d'exemple, le taux de croissance de la Chine s'est élevé à 6,9% en 2015 (le taux le plus faible depuis 25 ans), celui de l'Inde à 7,3% contre 3,3% de taux de croissance mondiale. Ce rattrapage du retard économique qu'ils ont subi notamment à cause de la colonisation, permettent à ces pays de peser aujourd'hui dans la balance mondiale.

- Une progression du commerce extérieur supérieure à celle des échanges internationaux : par exemple, la part de la Chine dans le commerce international qui est passée de 3,65 % en 2000 à 9,6 % en 2009, ce qui représente en valeur une augmentation de 380 %36(*). Pendant cette même période, les échanges internationaux ont été multipliés par deux. Ce dynamisme commercial permet à ces États d'accumuler des réserves de change indispensables à l'acquisition de technologies et de biens de consommation à l'étranger (Tableau 1.5). La Chine a ainsi accumulé 3.330 milliards USD de réserves de change en 2015.

- Des transformations institutionnelles et une ouverture économique : durant les 20 dernières années, ces économies ont connu une série de transformations institutionnelles qui les ont davantage intégrées aux échanges mondiaux. En effet, ces pays ont mis en place des stratégies d'import-substitution (substitution des importations par les productions nationales), et de facilitation des investissements nationaux et étrangers37(*). Il s'agit surtout d'investissements productifs dans les secteurs de l'industrie manufacturière et la haute technologie (Embraer au Brésil, Samsung, Daewoo en Corée du Sud, International SOS à Singapour), de l'industrie des Bâtiments et Travaux Publics, etc.

- Des entreprises de taille mondiale implantées dans plusieurs pays (multinationales) et dont le capital est en majorité ou en partie détenu par des actionnaires privés. Il existe ainsi de nombreuses sociétés chinoises (comme Petrochina et la China National Petroleum Corporation), indiennes (Reliance, Oil and Natural Gas Corporation) et brésiliennes (Petrobras, Vale), qui développent leurs activités à l'étranger. Ainsi, pour la première fois, les capitaux brésiliens placés à l'étranger ont été en 2008 d'un montant supérieur à ceux venus de l'étranger et accueillis dans le pays. La Chine a été en 2009 le cinquième investisseur mondial, ses investissements se concentrant pour les deux tiers en Asie. Entre 2000 et 2009, le montant du stock des investissements directs à l'étranger du Brésil, de la Chine, de l'Inde et de la Russie a été multiplié par sept. Ces investissements concernent tous les secteurs d'activité économique : la construction automobile, avec les achats des constructeurs automobiles Jaguar par l'indien Tata et Volvo par le chinois Geely ; l'agroalimentaire, le brésilien JBS, qui est le premier producteur et transformateur au monde de viande de boeuf, a notamment pris le contrôle de plusieurs de ses concurrents en Europe et aux États-Unis ; les hydrocarbures , le rachat par des entreprises chinoises du canadien Addax Petroleum et de l'argentin Bridas. Il s'agit également de prises de participation par le biais de fonds d'investissements privés ou publics. L'État chinois à travers l'agence publique State Administration of Foreign Exchange, gestionnaire de ses réserves de change, détient 1,6 % du capital de Total et 1,1% de celui de British Petroleum. Le russe Digital Sky Technologies a pris des participations dans de nombreuses sociétés informatiques comme la messagerie ICQ ou le réseau social Facebook.

- Diversification de l'économie qui ne repose pas seulement sur l'exportation de matières premières. Cette diversification permet à ces pays d'éviter de subir les effets négatifs dus à la volatilité des prix de ces produits. Ceci dans le but de préserver la stabilité des recettes d'exportation. Le Brésil, pays bien doté en ressources naturelles a su diversifier son économie, exportant à la fois des matières premières, des produits semi-manufacturés et des produits manufacturés.

- Un dynamisme démographique et un nombre croissant de consommateurs qui permettent au pays d'offrir de bonnes perspectives économiques, surtout avec la naissance d'une classe moyenne assez large (100 millions de personnes au Brésil). En effet, ces économies émergentes sont de véritables locomotives locales dans leurs régions avec une forte population, des ressources naturelles substantielles, de grands marchés de consommateurs avec un certain pouvoir d'achat. Ce qui leur confère un certain leadership régional. (Le Brésil en Amérique latine, la Chine en Asie). Dans ces pays, une très grande proportion de la demande potentielle est transformée en demande effective donc solvable.

Mamadou KOULIBALY, président d'Audace Institut Afrique, dans un ouvrage intitulé « Pourquoi certains pays sont émergents et d'autres pas ? 38(*)», ajoute :

- Des politiques macroéconomiques ouvertes et responsables : avec ces dotations naturelles en hommes motivés et en ressources, ces pays ont adopté de bonnes politiques macro-économiques qui ont stimulé l'émergence des marchés. Ces politiques créent des marchés financiers où les capitaux peuvent découvrir des opportunités de placement qui rassurent les investisseurs. Ces politiques macroéconomiques portent sur l'ouverture de leur système bancaire aux marchés mondiaux et la libéralisation des marchés financiers locaux pour les rendre susceptibles de recevoir les IDE et les capitaux privés (Cas du Brésil). Elles portent aussi sur des politiques monétaires prudentes et responsables agencées à des politiques fiscales qui maîtrisent les déficits publics et assurent le remboursement de la dette publique intérieure et extérieure. Elles s'engagent dans des opérations de privatisation des entreprises du secteur public et du patrimoine foncier de l'Etat.

- Une rupture avec les structures traditionnelles inefficaces : dans ces économies, le choix a été fait clairement de rompre avec les structures traditionnelles politiques et économiques archaïques pour en adopter de plus modernes et de plus simplifiées. Elles sont donc en transition avec des reformes structurelles de fond aussi bien dans le domaine économique que dans les domaines politique et social. Les anciennes structures fondées sur l'action de l'Etat, puissance publique, ont été jugées inefficaces ou inutiles. Les reformes ouvrent et libèrent des marchés qui apportent la croissance économique au pays, l'emploi aux populations et la stabilité politique aux citoyens. La tradition, dans ces pays, était, par exemple, en matière de commerce international, d'exporter des produits bruts sans y apporter de valeur ajoutée. Mais, très rapidement, avec les capitaux privés et les IDE qui sont arrivés, les exportations ont été diversifiées et se sont intégrées correctement dans l'économie mondiale non pas par le protectionnisme ou par l'assistance d'autres Etats, mais par le commerce libre et la finance privée. Ces nouveaux marchés en retour créent des opportunités profitables à tous et permettent à ces économies qui traditionnellement souffraient du moindre choc exogène, de devenir plus résistantes aux chocs, ce qui rassure les investisseurs et stabilise encore plus les pays. La valeur ajoutée dans les activités exportatrices est devenue de plus en plus forte et les recettes fiscales des Etats se sont aussi élevées, ce qui leur a permis de réduire leurs dettes et les déficits publics tout en réalisant d'ambitieux programmes sociaux en direction des populations les plus vulnérables.

A ces caractéristiques, on peut ajouter :

- Une inégale distribution des revenus : l'indice de Gini au Brésil par exemple est de 51.

- La forte prédominance de l'informel : le secteur informel représente à peu près 60%39(*) des activités économiques ;

- Des écarts de productivité du travail entre entreprises particulièrement prononcés ;

- La corruption y est très répandue, et une opacité dans les décisions gouvernementales est également observée, malgré les efforts pour l'instauration de l'Etat de droit : on peut citer ici le scandale de corruption Petrobras au Brésil, ou encore le maquillage des comptes publics par l'ex-présidente brésilienne Dilma Roussef.

* 26 DAZIANO L., Les pays émergents, approche géo-économique, Armand Colin, Collection U, 2014.

* 27 SANNAT C., Les BRICS locomotive de l'économie mondiale [en ligne], Le contrarien, 2015, Disponible sur : www.lecontrarien.com/les-brics-locomotive-de-leconomie-mondiale-20-05-2015-economie. (05/10/2015)

* 28 TOURE F.S., La coopération de l'Afrique avec les pays « BRICS », une troisième voie pour le développement de l'Afrique ? Mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en sciences politiques, Montréal : Université du Québec, 2013, 185 p, p. 9

* 29 Résultats obtenus après des calculs effectués sur la base des données du FMI et de la Banque Mondiale.

* 30 FMI et Banque mondiale, Avril 2016.

* 31 TOURE F.S., op.cit.

* 32 OMC, Statistiques Internationales du Commerce 2015.

* 33 TOURE F.S., op.cit. P.9

* 34 F. LAFARGUE, « Des économies émergentes aux puissances émergentes », Questions Internationales, Septembre-Octobre 2011

* 35 Banque Centrale du Congo, Condensé d'informations statistiques, Juillet 2016.

* 36 Données de l'OMC, Statistiques Internationales du Commerce 2010.

* 37 La politique de l'Economic Development Board (EDB), Bureau créé par le gouvernement singapourien pour faciliter, et éventuellement subventionner les investissements étrangers, tant que Singapour y a un intérêt.

* 38 KOULIBALY M., « Pourquoi certains pays sont émergents et d'autres pas ? », Audace Institut Afrique.

* 39 SALAMA P., Des pays toujours émergents ?, La documentation française, Paris 2014, Collection Doc' en poche Place au débat.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand