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L'autobiographie dans l'univers littéraire tchadien, histoire de migration et d'espoir

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par Emmanuel KALPET
Ngaoundéré (Cameroun) - Master es-lettres 2014
  

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

La littérature est le lieu d'expression des formes variées d'écriture. Ces différentes formes, regroupées sous l'appellation « genres littéraires », répondent chez l'homme à une double préoccupation : le besoin de se divertir et le plaisir de représenter le monde, d'imiter ou reproduire la vie. Cependant, pour atteindre ce « but général », chaque genre trace sa voie. Si le roman se définit par la fiction, le théâtre la mise scène et que la poésie passe par le symbole pour saisir la réalité, naît au XVIIIe siècle un genre appelé autobiographie qui se réclame de la « littérature personnelle » au service de la « vérité » et non de la « vraisemblance ». Dans notre champ circonscrit, nous envisageons d'étudier le récit autobiographique en rapport avec la thématique de la migration. Pour éviter toute confusion dans l'analyse qui suivra, il importe pour nous de comprendre, de prime abord, la signification, les caractéristiques, l'histoire et les réalités du genre autobiographique et du thème de la migration.

Pour saisir le sens de l'autobiographie, nous nous intéresserons à la définition qu'avait donnée Philippe Lejeune. En effet, dans son ouvrage intitulé Le pacte autobiographique1(*), il définit l'autobiographie comme étant un « récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité2(*) »(Lejeune, 1975, p. 14).

Le genre autobiographique n'est pas isolé, plusieurs autres genres semblables l'entourent et prêtent à confusion à défaut d'attention. Ces genres voisins sont : les Mémoires, le Journal intime, l'Autoportrait,la Biographie et le Roman personnel(l'Autofiction et/ou roman autobiographique). L'autobiographie se distingue donc de ses voisins par certains éléments qu'intègre sa définition. Ainsi, elle s'oppose aux mémoires par le fait que le sujet qu'elle traite porte sur la vie individuelle, sur l'histoire de la personnalité. Ce qui n'est pas vrai des mémoires dont le mémorialiste, qui est un personnage public, donne par écrit le récit des choses, des événements auxquels il a participé ou a été témoin. Du journal intime dont le récit se fait au jour le jour, elle se distingue par la perspective rétrospective du récit. Cette perspective rétrospective du récit permet encore de la séparer de l'autoportrait ou essai qui exclut le récit et prend l'allure d'une dissertation dont le thème porte sur une vie. Enfin, la situation de l'auteur qui donne lieu à la notion d'identité, permet d'éviter la confusion entre autobiographie, biographie et roman personnel. En effet, si la biographie (qui peut être aussi vraie que l'autobiographie) s'écrit à la troisième personne avec écart entre auteur, narrateur et personnage principal,dans l'autobiographie, ces trois instances ne sont pas dissociables. Cette mesure écarte aussi bien le roman personnel qui, comme l'autobiographie, peut s'écrire à la première personne mais dont le pacte référentiel demeure bien flou : pas d'identité commune entre auteur-narrateur-personnage et présence des éléments fictifs dans le récit.

Comme tous les genres, l'autobiographie a une histoire. Son origine remonte à l'Antiquité où Marc Aurèle (IIe siècle) écrit ses Penséeset invite à la libération des passions par l'écriture. ? sa suite, dans une perspective de l'aveu des fautes, Saint Augustin (IVe siècle), écrira Les Confessions. Au XVIe siècle, avec l'humanisme, le genre s'affirme grâce à l'intérêt centré sur l'individu. On le voit avec Montaigne et ses Essais (bien que l'absence de chronologie nous défende d'yapposer le nom d'autobiographie au sens strict).

De l'Antiquité au XVIe siècle, le genre autobiographique n'était qu'à ses balbutiements. C'est dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle que Jean-Jacques Rousseau avec Les Confessions3(*) (publication posthume 1782-1789) jettera le jalon d'une véritable autobiographie au sens moderne du terme. ? la suite de Rousseau, le XIXe siècle, marqué par l'esthétique romantique, met l'accent sur l'écriture du moi et place ainsi les récits de vie au-devant de la scène. Beaucoup d'auteurs de cette époque, tels Chateaubriand (Mémoires d'outre-tombe4(*)) et Stendhal (Vie de Henri Brulard) avaientécrit leur autobiographie. Au XXe siècle, le genre sera influencé par le développement des sciences humaines telles que la psychanalyse, la sociologie et l'ethnologie ; notamment avec la naissance de la notion d'inconscient qui intériorise l'autobiographie et fait penser à la difficile quête de soi5(*). Aujourd'hui, le genre est en vogue.Tel fut le parcours de l'autobiographie dans le contexte européen.

En Afrique, le genre date de la période coloniale. Les premières autobiographies africaines furent écrites en langues africaines (éwé, igbo, zoulou, mendé...), en anglais et en allemand.Cette méthode des « récits de vie » a été découverte par les ethnologues. Ainsi, le grand linguiste et anthropologue allemand Diedriche Westermann publie en 1938 Onze autobiographies d'Africains6(*).Cet ouvrage, considéré comme première anthologie de l'autobiographie africaine est une collection des confessions venues de toute l'Afrique, qui a pour but, selon son auteur, de « démontrer l'unicité de l'Homme noir ».JânosRiesz, spécialiste en littérature africaine à l'université de Bayreuth donne en 1943 une traduction en français qui paraît aux éditions Payot7(*).C'est dans les années 1950 que paraissent des autobiographies d'auteurs africains respectant les canons occidentaux. En Afrique francophone, L'Enfant noir de Camara Laye est l'un des classiques.

Un fait sur l'autobiographie en Afrique mérite d'être mentionné. En effet, certains critiques occidentaux ont tendance à nier la possibilité de l'existence d'une autobiographie africaine. Cette position a été souvent justifiée par le fait de la culture essentiellement orale de l'Afrique et la notion de la collectivité qui, selon ces critiques, fait que le `'je'' se confond avec le `'nous''. Bernard Mouraliscité par Nicolas Martin-Granel8(*)dira à cet effet que « l'introspection n'existe pas dans les littératures africaines ».

Dans l'univers littéraire tchadien, Joseph Brahim Seid fonde le genre en 1967 avec L'Enfant du Tchad. D'autres auteurs tels qu'Antoine Bangui, Ahmat Kotoko, Zakaria Fadoul Khidir, Mahamat Hassan Abakar, Michel N'Gangbet Kosnaye,Hinda DebyItno, AvoksoumaDjona,NgarlejyYorongar, pour ne citer que ceux-là, lui emboitent le pas et donnent au genre une place importante dans ce champ littéraire. Aujourd'hui, beaucoup de Tchadiens continuent d'écrire leurs autobiographies. S'ils ne le font pas dans le respect du pacte, c'est dans une autofiction9(*) flagrante qu'ils livrent les angoisses du moi. Ce grand intérêt pour l'écriture intimiste dans un espace en perpétuelle instabilité comme le Tchad, devrait, à notre avis, susciter beaucoup d'interrogations.

Parler de l'autobiographie, c'est aussi évoquer les problèmes qu'elle rencontre. En effet, pour ce qu'elle relève d'une littérature personnelle, l'autobiographie souffre d'un préjugé défavorable, car parler de soi implique une vision individualiste et narcissique de l'écriture. Blaise Pascal ne manque pas de souligner que « le moi est haïssable ». Aussi, il se pose un problème de sincérité. Même si l'autobiographe, par le pacte de lecture prétend être sincère, il est illusoire de croire en une vérité absolue (nous le verrons avec l'analyse de notre corpus). La mémoire étant sélective, l'autobiographe peut oublier des moments de son existence, manquer d'objectivité sur sa propre vie, omettre volontairement les aspects de sa vie qu'il ne souhaite pas rendre publics, ajouter des éléments fictifs dans le récit ou faire un choix subjectif de la partie de la vie qu'il décide de narrer. Eu égard à cela, André Gide cité par Lejeune déclare que « les mémoires ne sont jamais qu'à demi sincères, si grand que soit le souci de vérité ; tout est toujours plus compliqué qu'on ne le dit. Peut-être même approche-t-on de plus près de la vérité que dans le roman. » (Lejeune, 1975, p. 41).

Toutefois, Lejeune n'a pas manqué de souligner dans Le pacte autobiographique le fait que toute autobiographie est sous-tendue par un projet. Ce projet peut se définir par la volonté qu'a l'autobiographe d'accéder à la postérité ou encore la nécessité de se soulager, de se libérer, voire de se confesser. Le motif peut être aussi l'envie de s'analyser pour mieux se connaître, dresser une image de soi, un bilan de sa vie, de se remettre en question. L'écriture autobiographique est aussi le lieu de justification, de défense d'une thèse, ou de transmission d'un message, de création d'une image, une apparence voulue pour changer le regard des autres sur soi.

Les propos qui précédent, loin d'être un aperçu général et complet sur le genre autobiographique, nesont que quelques choix éclectiques parmi tant de réalités qui l'entourent. Notre sujet de recherche porte sur  l'autobiographique dans l'univers littéraire tchadien, histoire de migration et d'espoir. Par « histoire », nous faisons allusion au signifié et/ou contenu narratif. Comme le précise Gérard Genette, « je propose [...] de nommer histoire le signifié ou contenu narratif [...], récit proprement dit le signifiant, énoncé, discours ou texte narratif lui-même, et narration l'acte narratif producteur et par extension, l'ensemble de la situation réelle ou fictive dans laquelle il prend place. » (Genette, 1972, p. 72). Nous envisageons donc étudier isolément et comparativement les fonctionnements du récit dans les oeuvres formant notre corpus afin de montrer en quoi elles sont le produit des expériences migratoires. Le récit tel que nous l'employons ici « désigne la succession d'événements, réels ou fictifs, qui font l'objet de ce discours, et leurs diverses relations d'enchaînement, d'opposition, de répétition. ». (Genette, 1972, p. 71).

Par migration, nous entendons le déplacement d'une personne ou d'une population d'un pays dans un autre pour s'y établir. Perçu comme phénomène, la migration en tant que notion recèle deux pans que sont l'« émigration » et l'« immigration ». Le premier se conçoit comme le départ d'un pays pour aller vivre temporairement ou définitivement dans un autre pays, pour des raisons politiques, économiques ou personnelles ; tandis que le second se définit comme l'entrée dans un pays de personnes étrangères qui souhaitent s'y installer. Signalons pour préciser que la notion de la migration entretient des relations de familiarité avec d'autres notions connexes telles que « voyage », « exil », « errance», « nomadisme ».10(*)

Il faut aussi noter que la question de la migration était au départ la préoccupation des historiens, juristes, économistes et sociologues. Aujourd'hui, elle paraît non moins essentielle en littérature. En effet, elle a été source d'inspiration pour beaucoup d'auteurs ayant le souci de témoigner de l'endurance et de l'expérience de l'ailleurs, soit en tant qu'acteurs, soit en tant qu'observateurs lucides. C'est ce qui justifie la présence d'une abondante littérature (romans, carnets de route, récits autobiographiques, etc.) mettant en scène le destin commun et/ou individuel des voyageurs en quête d'un idéal.

Plusieurs raisons ont contribué à asseoir notre intérêt pour un tel sujet.De prime abord,nous avons fait le constat selon lequel le genre autobiographique, qui, longtemps semblait être méconnu, attire l'attention de beaucoup de critiques ces derniers temps. Cet éveil se lit à travers l'engouement qui lui est témoigné dans les universités. Ce qui concourt à dire que le genre est en quête de positionnement dans le vaste champ de la littérature. Nous nous sommes ainsi dit que l'autobiographie reste encore un genre en friche qui nécessite un investissement. Cette intuition a trouvé confirmation chez Philippe Lejeune, l'un des grands théoriciens de l'autobiographie. En effet, dans son ouvrage intitulé Autogenèses(avril2013), il affirme clairement : « je crois que l'autobiographie est un genre en train de naître. On en est aux balbutiements, dans l'état où en était le roman il y a trois siècles. Il y a plein de choses à inventer. » (Lejeune, Autogenèses, Les Brouillons de soi 2, 2013, p. 19)11(*).

Aussi, nous avons remarqué que les phénomènes migratoires sont toujours d'actualité et donc, méritent que l'on s'y penche. Ainsi, nous avons constaté qu'il y a une abondante production autobiographique dans le champ littéraire tchadien dont, pour la plupart, le voyage constitue la trame essentielle du récit. Ces hommes issus de ce pays, ont émigré pour des raisons sociales et politiques et ont décidé, par le biais de l'autobiographie, dans un style simple et sobre, de témoigner de leur aventure, de l'expérience de leur pérégrination dans des contrées lointaines. Notre motivation, en plus de questionner la récurrence d'une thématique dans un champ circonscrit, serait de voir ce que l'expérience de l'ailleurs signifie pour ces autobiographes tchadiens et, par ricochet, tenter de percer la portée idéologique de leur récit.

Ainsi, en ayant pour corpus des textes autobiographiques, nous entendons proposer une nouvelle lecture de la thématique de la migration qui, jusque-là, n'a été abordée (dans la majorité des cas) que dans les oeuvres de fiction.

Plus encore, la question de la migration est vue sous l'angle d'un déplacement de l'Afrique vers l'Europe suivi, dans certains cas, d'une `'migration retour'' Europe-Afrique. Or, nous estimons que l'ailleurs ne peut pas forcément se mesurer qu'en terme de continent même si le mythe de l'ailleurs est fondé sur le bon-vivre et que l'Europe par rapport à l'Afrique est vue par les migrateurs comme « paradis à conquérir à tout prix ». Eu égard à cela, et vu que la migration dans les oeuvres de notre corpus s'effectue en grande partie en Afrique donnant lieu à une errance  et/ou à une pérégrinationà travers plusieurs pays africains, notre motivation est de voir la qualité de l'accueil que l'Africain réserve à son « frère » Africain migrateur (s'il faut considérer le mythe de l'Afrique hospitalière) en comparaison aux types d'accueil auxquels les Noirs migrateurs sont confrontés en Europe.

Le corpus de notre sujet de recherche est composé de trois oeuvres. Il s'agit de Loin demoi-même de Zakaria Fadoul Khidir, Un Tchadien à l'aventure de Mahamat Hassan Abakar et Tribulations d'un jeune Tchadien de Michel N'Gangbet Kosnaye, toutes publiées chez L'Harmattan, respectivement en 1989, 1992 et 1993.Ce sont des récits autobiographiques faits par des auteurs tchadiens qui ont émigré et séjourné loin de la terre natale.Dans ces écritures du moi, chaque `'je'' qui prend la parole peint le tableau du temps fort de son expérience de l'ailleurs. Cet ailleurs dont il est question n'est pas indubitablement l'Occident, comme ce fut le cas dans plusieurs romans s'inscrivant dans cette logique. Ici, il est majoritairement question d'une migration à travers le continent africain (Tchad, Cameroun, Congo, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Gabon, Egypte, Côte-d'Ivoire...) qui va donc s'acheveren Occident (France) via l'Orient (La Syrie, le Liban) dans le cas de Mahamat Hassan Abakar.

Loin de moi-mêmeest composée de 223 pages et s'articule autour de trois parties qui présentent un récit d'une durée de 27 ans. La première partie qui constitue l'intrigue est intitulée `'Mon enfance''. Zakaria Fadoul nous présente par là le tableau de son royaume d'enfance : une enfance caractérisée par l'innocence, la naïveté mais surtout comblée d'affectionmaternelle, paternelle et fraternelle. S'ensuit l'entrée à l'école dont il retrace les difficultés (l'apprentissage du français) du premier contact avec une culture étrangère. Ce contact l'éloignera peu à peu du milieu familial : du village, il sera transféré à Biltine, chef-lieu de la circonscription puis à Abéché, chef-lieu de la région. Dans la deuxième partie intitulée `'Les Moments de désespoir'', il retrace son expérience migratoire, une migration qui fait place à l'errance dont il évoque les traumas. Ce fut d'abord un premier voyage en Europe, sans anicroche majeure. Ensuite, vient le départ pour l'université de Kinshasa (Congo) qui se solde par un échec. Puis un deuxième échec à Dakar (Sénégal),et s'ensuit le retour au pays natal. Commence l'errance qui va du Tchad au Cameroun (Kousseri, Maroua, Garoua, Ngaoundéré, Meiganga, Yaoundé, Ambam, Ebolowa) jusqu'aux frontières congolaises et gabonaises suivi d'un retour au Cameroun (Yaoundé) et le rapatriement pour le Tchad. Enfin, la troisième partie qui a pour titre `'Réminiscences'' nous replonge dans l'enfance. Le narrateur qui prend la posture d'un chroniqueur, rapporte des anecdotes et/ou incidents qui s'étaient déroulés dans son village et dans sa famille.

Un Tchadien à l'aventure compte 123 pages. Le récit qui prend en compte 10 années de vie est présenté sous forme de tableaux dont les titres retracent l'itinéraire du personnage. L'oeuvre s'ouvre tout d'abord par une introduction qui donne un tableau sombre de la vie politique du Tchad de 1960 à 1990. Le narrateur situe ensuite son récit dans les années 1972, une période pendant laquelle le Tchad est en pleine ébullition politique et où la rébellion fait rage au Nord du pays et attire beaucoup de jeunes révolutionnaires. Mahamat Hassan qui rêve comme tous les jeunes de son âge, décide de rejoindre le FROLINAT (Front de Libération Nationale). Ainsi, « un bon matin », il quitte N'Djamena et se retrouve au Cameroun (Kousseri). Là, commence ses pérégrinations. Il traverse le Nigeria et la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), arrive au Niger dans l'espoir de descendre au nord du Tchad. Cependant, ayant appris la présence des agents secrets de Tombalbaye (président du Tchad à l'époque), il décide de contourner par l'Algérie. Un trajet qui l'amène au Mali. N'ayant plus d'argent pour continuer son voyage, il se met en quête de travail. L'accès au travail étant difficile au Mali, il quitte pour la Côte d'ivoire où il séjourne pendant deux ans et parvient à économiser. De là, il change le projet initial au profit des études. Ce nouveau motif le conduit en Égypte. Confronté aux problèmes d'accès à l'université, il s'envole pour la Syrie où il obtient une licence en droit au bout de quatre années d'études. La guerre se poursuivant de plus belle au Tchad, il juge inutile de revenir grossir le nombre des refugiés tchadiens au Cameroun ; alors il décide d'aller parachever ses études en France. Fin juin 1982, ayant obtenu son diplôme de magistrat délivré par l'E.N.M (Ecole Normale de Magistrature) de Paris, il prend l'avion pour N'Djamena où il se met au service de son pays en discorde sociale.

Enfin, Tribulations d'un jeuneTchadien narre une période de vie d'une durée de 54 ans formant 179 pages divisées en six parties. A la manière de Zakaria Fadoul, N'Gangbet Kosnaye nous livre dans la première partie intitulée `'L'Enfance'', un tableau du cadre familial dans lequel se meut son enfance. Issu d'une famille polygame dont la mère a été répudiée, le jeune Gago12(*) sera envoyé à l'oncle paternel, cuisinier du commandant de cercle qui devient son père adoptif. Ce premier voyage l'éloigne de son village Hollo.Ce fut le contact avec l'école (deuxième partie intitulée `'L'école primaire''). Le narrateur fait mention des difficultés du premier apprentissage et déroule l'itinéraire de l'errance sur lequel l'a placé l'école. Chaque niveau de classe correspond à une nouvelle ville. Ainsi, il erre de Doba à Moundou en passant par Laï jusqu'à Bongor où il fréquente le collège (troisième partie intitulée `'Le collège''). Le parcours de Bongor, sanctionné par l'obtention du BEPC (Brevet d'Etude du Premier Cycle), il devient fonctionnaire de l'administration coloniale, affecté à Fort-Lamy au poste de comptable à la mairie (quatrième partie intitulée `'Employé à l'administration coloniale''). Après quelques mois de service, il s'envole pour Brazzaville (Congo) où il suit une année de formation professionnelle. De retour au Tchad, il reprend service mais cette fois-ci à Bousso en qualité d'agent spécial de l'administration coloniale. Nous sommes en 1958 et la France obligée, est sur le point de libérer les colonies. Mu par l'idée de se faire une place sous le soleil des indépendances, Gago, conseillé par son chef partant (un Blanc), décide de reprendre le chemin de l'école. Il obtient de ce fait une bourse et se rend en France (cinquième partie intitulée `'Le séjour en France). Là-bas, lesétudes s'accompagnent d'un militantisme béat. Il devient leader de l'Association des Étudiants Tchadiens en France (AETF) et, avec ses compatriotes, ils font face au pouvoir de Tombalbaye qu'ils taxent d'antinationaliste.? la fin de ses études, il revient au pays (dernière partie intitulée `'Retour au pays natal''). ? peine repris service, au terme d'une conférence que lui et ses amis avaient animée, le gouvernement l'accuse de menées subversives et d'incitation à la révolte. Ce qui lui vaut, au terme d'un procès, cinq années de prison dans des conditions insalubres. N'GanbetKosnaye termine sonrécit par une petite dissertation sur le devenir de l'Afrique en général et du Tchad en particulier.

Avant d'en arriver à l'analyse appropriée, il importe pour nous de faire le point sur l'état de la question afin de montrer les travaux jusque-là fait sur la littérature tchadienne en rapport avec notre corpus, puis ceux impliquant la thématique de la migration.En effet, bien que l'étude de la thématique de la migration dans notre champ circonscrit donne lieu à une vacuité, nous recensons ici quelques travaux esquissés sur les oeuvres formant notre corpus ainsi que quelques ouvrages, articles et mémoires ayant traité de la migration.

En 2002, MarcelBourdette-Donon publie chez L'HarmattanLa Tentation autobiographique ou la genèse de la littérature tchadienne. Dans son ouvrage, le critique français s'adonne à une analyse psychologique des auteurs ainsi que leur rapport avec leur société. Pour lui, l'écriture autobiographique au Tchad a vu le jour grâce à ce goût narcissique qu'avaient des hommes qu'apparemment, « rien ne prédisposait à écrire » mais que la pression de l'histoire avait amené à écrire pour se justifier. Il parvient à la conclusion selon laquelle, l'autobiographie au Tchad est le lieu d'expression d'une fêlure existentielle et, en essayant d'écrire pour témoigner de faits venus bouleverser le cours paisible de leur vie, ces autobiographes ont jeté en même temps le jalon de ce qui sera appelé la littérature tchadienne.13(*)

Une année plus tard, Ahmed Taboye publie au centre Almouna de N'Djaména un Panorama critique de la littérature tchadienne.Dans cet ouvrage qui fait une part belle à l'autobiographie, le critique se livre à une analyse socio-historique des textes autobiographiques. Il arrive à conclure que l'écriture du moi au Tchad est l'expression de la quête de la personnalité à travers le regard rétrospectif imbriqué de la vicissitude. Il place de ce fait la question politique comme fondement de toutes les autobiographies des auteurs tchadiens.

De même, Félix Asguet Mah a produit un mémoire de DEA en 2006-2007 à l'université de Ngaoundéré sur le thème : « L'écriture du Moi dans la littérature tchadienne : expression d'une adversité politique et de création littéraire ». L'étude arrive à la conclusion selon laquelle, l'adversité politique est la trame de l'écriture du moi dans la littérature tchadienne et, par ailleurs non seulement l'exposition du moi est source de culture littéraire mais la prison en soi est motif littéraire chez ces auteurs.

Dans la même année, toujours à l'université de Ngaoundéré, BemadjingarDjimnoudjingar a traité de « La reconstitution de l'identité personnelle dans Loin de moi-même de Zakaria Fadoul Khidir ». Abordant dans une perspective psychanalytique, il conclut que la question de l'identité revêt une importance capitale dans la littérature africaine. En spécifiant un cas, il remarque que l'éloignement est un vecteur déconstructeur de l'identité personnelle dont la reconquête passe par la littérature conçue comme moyen thérapeutique.

En 2006-2007 toujours (l'université de Ngaoundéré), Clarisse Julie ChuemelaLontsi traitait « le mythe de l'ailleurs et l'immigration dans l'oeuvre romanesque de Daniel Biyaoula et de Jean Roger Essomba ». La candidate postule à la base de la lecture de son corpus que les phénomènes migratoires sont fruit du développement des mythes de l'ailleurs par les personnages migrateurs.

En 2007-2008, Louis Marcel Ambata de même soutient à l'université de Ngaoundéré un mémoire sur « La migration retour chez quatre écrivaines africaines : Calixte Beyala, FatouDiome, Fatou Keita et Aminata Sow-Fall ». Il met l'accent sur la phase retour de l'immigré qui, l'aventure vouée à l'échec, échoue de nouveau sur sa propre terre natale.

En dehors de l'université de Ngaoundéré, nous faisons état du mémoire de maîtrise d'IvesSangouingLoukson intitulé : « représentation et migration dansThe pickupde NadineGordimer »,présenté à l'université de Yaoundé I en 2008. Dans sa démarche, l'aspirant chercheur établit un rapport entre la représentation et la migration.Il ressort que la migration constitue une sorte de scène théâtrale où se déploie non seulement la représentation (ses mécanismes, ses manifestations, ses conséquences) mais aussi la remise en question de cette représentation. Il arrive à la conclusion selon laquelle, Nadine Gordimer se sert de la migration pour proposer une nouvelle manière de se représenter le subalterne dans The Pickup et que la nouveauté de la représentation en question réside dans sa rupture avec l'ancienne représentation qui a conduit à la colonisation.

Blaise Bangnadji soutient en 2009-2010 à l'université de Ngaoundéré un mémoire portant sur le « Phénomène migratoire et mutations sociales dans Nous enfant de la tradition de Gaston-Paul Effa et Le Ventre de l'Atlantique de FatouDiome ». Il fonde son travail sur l'analyse des causes et conséquences de l'émigration perçue par rapport au milieu d'accueil. Selon lui, la migration reste liée aux situations de guerre, de famine, des conditions de vie. Elle est également liée à la quête d'identité, à un déracinement profond. Il conclut en observant que la migration est un phénomène social qui unit et transforme les personnes, les lieux.

Pour ce qui est des ouvrages traitant de la migration, nous convoquons par devers nous l'ouvrage collectif publié en 2011 aux éditions Ifrikiya sous la direction de Pierre Fandio et Hervé Tchumkam, intitulé : Exils et migrations postcoloniales, de l'urgence du départ à la nécessité du retour. Dans cet ouvrage qui compte dix-neuf articles, nous nous intéresserons à ceux de  KaserekaKavwahirehi intitulé « L'exil/diaspora comme lieu de discours critique et de configuration du monde » ; de Lise MbaEkani : « Kétala de FatouDiome : poétique de l'iciet de l'ailleurs entre écriture du souvenir et expériences du temps », de Alphonsine Florentine Tchokoté : « Images de soi, images de l'autre : vision transgressive du stéréotype dans la littérature africaine de l'immigration », de Joseph Ndinda : « Migration et atopie ou l'impossible retour dans L'Impasse et La Source de joie de Daniel Biyaoula » et de Edouard Mokwe : « La ville de là-bas dans le roman antillais contemporain : un point de mire obsédant ».

Aussi, la Revue Internationale de Langue et Littérature de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Yaoundé I publie Écritures XI : Littérature et migration dans l'espace francophoneen juin 2012. Cet ouvrage collectif aborde largement la question de la migration. Parmi les quinze articles que compte l'ouvrage, ceux de quelques contributeurs nous intéressent :

AtanganaKouna écrit « Expérience migratoire et conscience du bercail dans le roman francophone ». Dans son article, il postule que le bercail peut également être le lieu d'une utopie de liberté. Selon lui, si les motivations du départ sont multiples, le retour cependant se présente comme une nécessité, une urgence pour le bien des pays de départ des migrants. Il conclut en soulignant que l'expérience migratoire peut aider à transformer l'Afrique, donc, il peut y avoir des retours heureux et le bercail peut être lieu de reconfiguration du monde.

Jean Bernard EvoungFouda signe « La décivilisation du migrant colonial au XXe siècle ». Il analyse les mouvements coloniaux (déplacement du colon vers la colonie et celui du colonisé vers la métropole pour se faire former) ainsi que les transformations mentales, spirituelles, physiques subies par les uns et les autres. Il arrive à conclure que le voyage, conduisant à la rencontre de l'autre, à la découverte de l'altérité, modifie toujours le moi, positivement ou négativement.

En écrivant « Les Hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra. Une migration diégétique : le romancier et ses visages », Patricia Bissa Enama parvient à conclure que la migration a servi de prétexte à l'écrivain pour dévoiler son mal être et mettre à nu la société algérienne déchirée par les guerres.

Mathilde Zoa quant à elle écrit « Allégorie migratoire dans Le Voyage du pèlerin de John Bunyan » dans lequel elle met l'accent sur la migration dans sa dimension à la fois physique et onirique. Elle parvient à conclure que la migration dans son corpus cesse d'être un phénomène qui implique la simple quête de l'identité physique, la simple réalisation de soi, pour devenir aussi la quête de l'identité spirituelle du migrant.

Enfin, le dernier article qui nous intéresse dans cet ouvrage est celui de Marie-Louise MessiNdogo intitulé « Échec de l'expatriation dans Les Noyers de l'Altenburg d'André Malraux. Le récit rapporté des expériences ottomane et africaine des professeurs Vincent Berger et Möllberg ». Le critique arrive à la conclusion selon laquelle, de tout temps, la migration est déterminée par l'ambition de réussite sous-tendue par l'inquiétude du lendemain. Selon lui, celui qui émigre se met dans une posture conquérante et se fonde toujours un eldorado qui, pourtant, est un pari perdu d'avance ; dans la mesure où, très souvent, la terre d'accueil s'avère moins favorable, réduisant ainsi l'immigré à un « bouc émissaire », sujet à tous les traitements désastreux possibles.

Il se dégage de l'aperçu de ces travaux, l'absence du traitement du thème de la migration dans des textes autobiographiques. Par ailleurs, presque tous les critiques abordent la question de la migration sous l'angle d'un déplacement de l'Afrique vers l'Europe. D'où, l'originalité de notre travail qui, non seulement évalue la migration dans le récit autobiographique et l'aborde dans sa dimension transafricaine, mais traite aussi d'une migration qui cède le pas à l'errance.

Pour parvenir aux résultats escomptés dans ce travail, nous axons notre réflexion autour du questionnement suivant : en quoi l'expérience migratoire est-elle motif d'écriture autobiographique chez Mahamat Hassan Abakar, Michel N'gangbet Kosnaye et Zakaria Fadoul Kidhir ? Comment cette écriture se matérialise-t-elle chez chacun de ces auteurs ?

Eu égard à notre problématique, nous posons comme hypothèse que les récits autobiographiques de Mahamat Hassan Abakar, Michel Ngangbet Kosnaye et Zakaria Fadoul Kidhir mettent l'accent sur ce qui est vu et vécu par les personnages migrateurs lors de leurs séjours et/ou passages dans les espaces migratoires. Toutefois, les visions diffèrent à certains égards en raison de la situation d'appartenance socio-culturelle et religieuse de chaque personnage ; d'où, la singularité d'esthétisation de l'ici et de l'ailleurs chez chacun d'eux.

Pour vérifier l'hypothèse que nous venons d'émettre, nous envisageons faire une lecture autobiographique de ces oeuvres suivant la démarche de Philippe Lejeune telle que exposée dans Le pacte autobiographique. La nécessité d'une telle lecture est motivée par le fait de son ouverture. En effet, elle nous permettra de faire à la fois la poétique et la critique de ces récits autobiographiques. Lejeune lui-même ne manque pas d'en souligner la pertinence :

« Cette lecture de l'autobiographie se place à deux niveaux [...] l'analyse se développe dans deux directions : celle de la poétique, description théorique du genre et des formes qu'il utilise ; et celle de la critique, lecture interprétative des textes particuliers assumée comme telle [...] Etude poétique et interprétation analytique se rejoignent au demeurant en ce qu'il s'agit toujours d'étudier d'abord l'autobiographie en tant que phénomène de langage. » (Lejeune, 1975, pp. 7-10).

Étant donné que notre corpus regroupe trois oeuvres parues presque simultanément (1989, 1992 et 1993) et écrites par des auteurs différents, (distincts plus ou moins culturellement et religieusement) quoique issus d'un même pays, établir une comparaison se pose comme nécessité. C'est pourquoi l'approche comparatiste s'impose à nous comme grille d'analyse dans cette lecture autobiographique. Pierre Brunel, Claude Pichoiset André Michel Rousseau nous donnent la définition de ce que c'est que la littérature comparée dans leur ouvrage Qu'est-ce que la littérature comparée ? :

La littérature comparée est l'art méthodique, par la recherche des liens d'analogie, de parenté et d'influence, de rapprocher la littérature des autres domaines de l'expression ou de la connaissance, ou bien les faits et les textes littéraires entre eux, distants ou non dans le temps ou dans l'espace, pourvu qu'ils appartiennent à plusieurs langues ou plusieurs cultures, fissent-elles partie d'une même tradition, afin de mieux les décrire, les comprendre et les goûter. (Brunel/Pichois/Rousseau, 1996, p. 150)

Il s'agira pour nous de rapprocher et/ou opposer ces récits autobiographiques de la migration afin de dégager les similitudes et les divergences qui en découlent. Philippe Lejeune met en exergue le bien-fondé de cette approche lorsqu'il est question d'entreprendre une lecture autobiographique :

L'histoire de l'autobiographie, ce serait donc, avant tout, celle de son mode de lecture : histoire comparative où l'on pourrait dialoguer les contrats de lecture proposés par les différents types de textes (car rien ne servirait d'étudier l'autobiographie toute seule, puisque les contrats comme les signes, n'ont de sens que par des jeux d'opposition), et les différents types de lectures pratiquées réellement sur ces textes. (Lejeune, 1975, p. 46).

Notre travail s'articule autour de deux parties comportant chacune deux chapitres. Dans la première partie intitulée `'esthétique de l'ici et de l'ailleurs'', nous montrerons en quoi le projet autobiographique donne lieu à la peinture du cadre initial (vecteur de la motivation du sujet émigrant), et des espaces migratoires, (lieux de la traversée du sujet immigré). Ainsi, le chapitre premier vise à montrer les situations d'origine qui poussent les personnages à quitter la terre natale. Nous mettrons l'accent sur les modes de présentation de ces états initiaux par chaque auteur en tenant compte des exigences du genre autobiographique. Le chapitre deuxième s'attachera à analyser dans un premier temps les regards évaluateurs que posent les personnages sur les espaces migratoires. Il sera donc question d'ausculter le savoir-voir de chaque personnage afin de saisir le foyer normatif qui est à la base de ce projet axiologique. Cela nous permettra, somme toute, de mesurer la dimension subjective de l'autobiographie. En second temps, nous nous attarderons sur les conditions d'accueil des personnages migrateurs. L'espace migratoire étant pluriel, nous montrerons que l'accueil peut varier selon les milieux, et l'insertion, facile ou difficile, en Afrique, ou en Europe, est tributaire du savoir-vivre de chaque personnage.

Dans la deuxième partie titrée `'autobiographie et expériences migratoires'', nous montrerons la dimension littéraire que recouvre la thématique de la migration. Nous partirons du constat selon lequel, en choisissant d'écrire leurs expériences migratoires, Zakaria Fadoul Khidir, Mahamat Hassan Abakar et Michel N'Gangbet Kosnaye ont, en même temps, fait oeuvres littéraires. C'est pourquoi le chapitre premier de ladite partie visera à faire la poétique de leurs textes suivant les règles du genre dans lequel ils s'inscrivent. Ce sera ici le lieu de repérage des critères de l'autobiographie énumérés et théorisés par Philippe Lejeune. Le dernier chapitre enfin, mettra l'accent sur les expériences migratoires perçues comme point d'orgue de la vicissitude. Il sera question de montrer comment ces auteurs trempent leur plume pour parler de leurs expériences. C'est ici que le récit de la migration prendra tout son sens. Nous verrons que ces expériences non seulement permettent une prise de conscience du bercail mais déterminent aussi la réinsertion sociale du candidat au retour. Nous analyserons les conditions de la réinsertion sociale tout en dégageant, pour finir, la symbolique du récit de la migration en tenant compte du projet autobiographique.

* 1 LEJEUNE, Philippe, Le Pacte autobiographique, Paris, Editions du Seuil, 1975.

* 2 Notons que Lejeune n'est pas le seul théoricien de l'autobiographie. Il n'est pas non plus le seul à en donner une définition. Georges Mish, Georges May, Jacques Lacarme, Gusdorfe et al ont aussi théorisé ce genre. Dans le cadre du présent travail, nous nous inscrivons dans la logique de Philippe Lejeune. Raison pour laquelle nous nous conformons à sa définition. Néanmoins il convient de souligner que cette définition fut remise en cause par Lejeune lui-même. Il va donc admettre l'autobiographie aussi bien sous d'autres formes (en vers par exemple) qu'en prose uniquement. Point de vue identité du narrateur, il rectifie en soulignant que le récit autobiographique peut aussi se faire à la deuxième et troisième personne pourvu que l'auteur, le personnage et le narrateur aient une identité commune.

* 3 Rousseau, Jean-Jacques, Les Confessions, Librairie Générale Française, 1972.

* 4 Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, « Classiques Garnier », Paris, 1998.

* 5Cf. ARON, Paul, Le Dictionnaire du littéraire, Paris, Quadrige, juin 2010.

* 6 Westermann, Diedriche, Onze autobiographies d'Africains, Paris, Khartala, 2001 (réédition).

* 7 La version originale était en allemand et avait pour titre `'Afrikaner erzählenihr Leben : Elf SelbstdarstellungenafrikanischerEingeborener aller BildungsgadeundBerufeundausallenTeilenAfrikas''

* 8NicolasMartin-Granel, « Riesz, János &Shild, Ulla, eds. - Genres autobiographiques en Afrique. Berlin, Dietrich Reimer Verlag, 1996, 211 p. (« MainzerAfrika-Studien » Band 10) », Cahiers d'études africaines [En ligne], 157 | 2000, mis en ligne le 02 janvier 2000, consulté le 19 mai 2014. URL : http://etudesafricaines.revues.org/16

* 9Nous pensons ici par exemple aux textes de Ali AbdelrhamanHagar : Le mendiant de l'espoir et Le prix du rêve tous deux publiés au Centre-Almouna de N'Djamena, respectivement en 2000 et 2002.

* 10 Ces notions seront définies tout au long du premier chapitre

* 11 Cité par Jean-MichelBaudouinetNataliaLeclerc, « Temporalités et autobiographie », Temporalités [En ligne], 17 | 2013, mis en ligne le 24 juillet 2013, consulté le 25 avril 2014. URL : http://temporalites.revues.org/2499

* 12Signalons que Gago est le nom du narrateur-personnage qui assume le récit à la première personne dans Tribulations d'un jeune Tchadien. Logiquement il ne devrait pas être confondu avec l'auteur ; cependant, dans le contexte de l'autobiographie, il n'y a pas d'écart identitaire entre personnage-narrateur-auteur ; c'est pourquoi nous assimilons Gago à N'Gangbet Kosnaye. La désignation alternée que nous ferons tout au long du travail, dans ce cas, ne relèvera pas de la confusion entre ces trois instances, car elles forment un seul et même corps. Voir chapitre troisième pour plus de précision.

* 13 Thèse contestée par Josué Tobiana, Antoine Bangui et Ahmad Taboye qui pensent que Bourdette-Donon traite des auteurs et d'une littérature qu'il semble ignorer. Selon Tobiana et Bangui, certaines analyses faites sur les autobiographes par Bourdette-Donon sont fausses. Taboye pour sa part démontre que les récits autobiographiques qu'évoque Bourdette-Donon ne fondent pas la genèse de la littérature tchadienne comme ce dernier l'affirme. (Cf. Taboye, 2003, p.372).

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault